DÉCLARATION
L’objet de notre démarche touche des dizaines de milliers de citoyens mauritaniens
en France et dans le monde, c’est pour ces raisons que la Diaspora
Mauritanienne en France et l’Organisation des Travailleurs Mauritaniens de
France se permettent de vous exposer les problèmes rencontrés dans notre
ambassade en France et pour lesquels nous sollicitons votre aide et votre
intervention.
Historique du recensement en Mauritanie
Le
recensement de la population lancé le 28 novembre en Mauritanie par le
Gouvernement en vue de doter notre pays d’un fichier d’état-civil plus fiable
dans le prolongement de 1998, s’est révélé dans des conditions et modalités
d’application humiliant et discriminant contre les mauritaniens noirs.
Toutefois dès le début du recensement, nous avons constaté que le
recensement a été systématiquement utilisé à des fins politiques tendant à
écarter notamment la population noire de Mauritanie, toute tendance confondue,
en la mettant en position de présumé étranger dans leur propre pays. C’est ce
qui expliquent les violentes contestations ayant eu lieu en Mauritanie faisant
des victimes en particulier des enfants dont un jeune du nom de Lamine Mangane
sauvagement abattu par des policiers de notre pays. Cet enrôlement a été
contesté dans sa méthode discriminatoire en France, en Europe, aux Etats Unis
et partout dans le Monde.
Contexte actuel en France
C’est dans ce contexte particulièrement lourd qu’une commission de
recensement a été crée en France. Cette commission logée dans les locaux de
l’Ambassade de Mauritanie a commencé ses opérations d’enrôlement. Ces
opérations se sont révélées humiliantes, juridiquement contestables et
politiquement condamnables.
Cette commission oblige le mauritanien venant de quatre coins de France
et d’Europe à se confiner dans des lieux insalubres, Femmes enfants vieillards compris
dès 5 heurs du matin pour une cinquantaine retenue par jour de travail, les
autres renvoyés chez eux sans explications ni rendez vous possible, le tout
dans des conditions humainement inacceptables, de gêne sur la voie publique et
pour les voisins faute de pouvoir d’organisation et d’informations claires de
la part de l’Ambassade de Mauritanie.
Ensuite, les conditions exigées aux mauritaniens de France et d’Europe ne
nous paraissent pas acceptables parce que ladite Commission exige pour procéder
à l’enrôlement, que le candidat soit en possession d’une carte de séjour
établie par les autorités françaises. Or nous considérons que le citoyen en
possession d’un passeport, d’une pièce d’identité ou même d’une copie intégrale
établie valablement par des autorités mauritaniennes compétentes doit pouvoir
se faire recenser d’autant plus que ce dernier se déroule dans l’enceinte de
l’ambassade de la Mauritanie. La question est de savoir : comment un pays
qui, pour justifier de la véracité des documents qu’il a lui-même établis, doit
demander le titre de séjour d’un pays étranger ? Ce qui nous permet
aujourd’hui de nous poser de sérieuses questions sur l’indépendance de notre
administration nationale.
L’exigence de la carte de séjour a en effet pour conséquence d’écarter du
recensement de catégories entières de mauritaniens :
a- Les
mauritaniens dont les titres de séjour sont en cours de renouvellement, qui ne
pourront les retirer faute de pouvoir présenter le nouveau passeport et
qu’ils ne pourront avoir faute d’avoir été recensés ;
b- Les
mauritaniens qui sont en cours de régularisation de leurs situations, qui ne
pourront avoir leurs titres de séjours que s’ils présentent u passeport qu’ils
ne pourront avoir faute de recensement ;
c- Les mauritaniens
qui n’ont pas de titres de séjour, disposant de pièces d’identité valablement
établies par les autorités mauritaniennes.
Nous constatons avec regret qu’aussi bien en Mauritanie qu’ici, ce
recensement vise à écarter le maximum de mauritaniens noirs du registre de
l’Etat civil donc à terme, de nous priver de la nationalité mauritanienne pour
devenir malgré nous des apatrides. Nous avons identifié beaucoup d’expatriés
mauritaniens noirs qui ne peuvent plus voyager faute de passeport, d’autres qui
devraient renouveler leur titre de séjour en France et qui vont par conséquent
tomber dans la clandestinité avec toutes les conséquences qui en découlent.
Forts
de ce constat, Nous Diaspora mauritanienne en France et l’Organisation des
Travailleurs Mauritaniens en France :
-Exigeons, la suppression immédiate et sans délai de la carte de
séjour pour le recensement pour les mauritaniens en France.
- demandons à notre Ambassade de prendre des mesures immédiates pour
assurer le recensement dans des conditions acceptables qui respectent la
dignité des mauritaniens en France.
- Dénonçons avec force et conviction le caractère discriminatoire et
épuratoire de ce recensement et qu’il soit mis fin sans délai à cette situation
avant qu’elle ne devienne incontrôlable.
-Informons le Ministère de l’Intérieur des risques de désordre public qui
serait provoqués par le comportement des Autorités Mauritaniennes à
Paris.
Attirons l’attention de la communauté internationale, l’Union
Européenne en particulier de la volonté du Gouvernement mauritanien de nous
priver de notre droit en tant que citoyen mauritanien.
Enfin lançons un appel solennel à toutes les forces vives de la nation,
aux amis et sympathisants, aux organisations Syndicales et de défenses des
droits l’Homme de se mobiliser afin de mettre fin à cette situation
humainement, juridiquement et politiquement inacceptable.
Paris le 29 juin 2013
OTMF ET DIASPORA MAURITANIENNE DE FRANCE
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