Excellence, Monsieur le
président de la république d’Irlande
Mesdames et Messieurs les ministres
Mesdames et Messieurs les
députés et élus
Mesdames et Messieurs les représentants
des ongs des droits humains
Mesdames et Messieurs les
membres et dirigeants de l’organisation FrontLine Defenders
Je m’adresse à vous
aujourd’hui, tout d’abord, pour vous remercier de m’avoir accordé votre
soutien, le long de ces dernières années au cours desquelles j’ai été
confronté à la dangereuse hostilité de segments intolérants, au sein de ma
société, et au sein du pouvoir politique et judiciaire de mon pays, la
Mauritanie.
Je remercie en substance, le
jury Européen et Irlandais de FrontLine, qui me distingue, ainsi, d’une liste
des 90personnes, les plus valeureuses dans le monde, en terme d’abnégation, de sacrifice
et de contribution à la défense et protection des droits humains.
A cet instant solennel,
honorable assemblée, ma pensée va directement, à ces milliers de femmes et
d’hommes, militants et sympathisants d’IRA-Mauritanie et d’organisations amies,
à mes loyaux compagnons de lutte, qui m’assistent et me secondent dans la rude
épreuve de gestion d’une organisation non reconnue et victime d’une mise à
l’index ;ma pensée, elle va aussi au comité de la paix, ces dizaines de
jeunes d’IRA, qui ont décidé de me défendre par leurs corps, cœurs et
plumes au péril de leur liberté, et de leurs vies; ma pensée va à mon
épouse et aux membre de ma famille, qui, fidèlement et stoïquement, partagent
avec moi, le difficile quotidien de la lutte et se battent à mes cotés et en
premières lignes ;je n’oublie pas, non plus, les enfants et les femmes
libérés par IRA du joug de l’esclavage ; leur gaité retrouvée et le gout,
redécouvert, d’une vie sans maître, me comblent d’un réconfort moral et d’une
satisfaction intérieur, ma pensée va, enfin, aux amis de l’ombre, y compris
dans la système de domination, qui le trahissent, chaque jour, pour nous
informer, nous prévenir, nous révéler les failles de l’oppresseur. Sans
leur concours précieux et discret, l’effort s’avèrerait bien plus ardu.
Je voudrais aussi réitérer ma solidarité
aux voisins infortunés dans la prison civile de Nouakchott, victimes de
l’injustice comme Jibril Amoss etCheikh Ould Maouloud, maillons faibles de la
chaine (un noir et un hratin) prisonniers bouc-émissaire de la « lutte
contre la gabegie ». je transmets aussi à partir de cette tribune, toute
mon empathie de croyant et de défenseur des droits humains, avec les femmes,
les enfants et les mères des quatorze jihadistes mauritaniens condamnés à mort
et à d’autres peines lourdes ; ces familles se retrouvent privées de
visite et leurs proches soumis à l’isolement carcéral.
Je rappelle en outre, mon engagement
indéfectible en faveur des veuves, veufs ou orphelins qui ont perdu tant de
parents, au cour de la tentative de génocide qui a endeuillé les noirs de mon
pays entre 1986 et 1992 ; je me souviens ici, de toutes les familles
noires qui ont eu à souffrir par l’humiliation, l’expropriation et/ou l’exil.
Chers amis, le lutte pour la sanction
et l’éradication du crime d’esclavage se trouve dans le centre des préoccupations
et des activités d’IRA-Mauritanie ; en République Islamique de Mauritanie,
posséder un être humains, le vendre, le donner, le gager, le céder,
l’astreindre aux violences et exploitations sexuelles, travaux forcés,
dangereux et /ou dégradants et sans rémunération, le priver de l’éducation, du
mariage ou du voyage, exercer sur la personne des châtiments et des mutilations
corporels, c’est l’ESCLAVAGE, qui était totalement légal jusqu’en 1981. A cette
date, une junte militaire qui a pris le pouvoir par les armes et gérait le pays
par décret, a adopté une ordonnance d’abolition de l’esclavage sans toutefois
le délégitimer ni le désacraliser ; d’ailleurs, ironie du sort, l’article
2 de la nouvelle norme ordonne « l’indemnisation financière de ceux
qui doivent se séparer de leurs esclaves qui sont considérés des biens de
manière implicite par cette ordonnance. » !!!!!
Le décret d’application de la loi,
n’ayant pas vu le jour, les pratiques esclavagistes et les rapports maitres-esclaves,
resteront en l’état ; en 2007, face à l’activisme désorganisations
anti-esclavagistes, l’Etat mauritanien, dominé et dirigé depuis toujours par
des segments tribaux - qui ont fondé leur mode de vie, code d’honneur et
échelle de valeur sur l’esclavagisme - édictent une loi élevant l’esclavage
au rang de crime passible d’une peine d’emprisonnement de 5 à 10 ans.
Mais hélas, c’est l’Etat lui même,
étrange paradoxe, qui conceptualise, parraine et finance la résistance à l’application
du droit ; le contingent assigné au sabotage de la loi se compose d’abord
des préfets, des gouverneurs, des juges, des officiers de police
judiciaires ; les ministres et chefs d’Etat et, bien sur des dizaines
d’ongs, dirigées par des membres ou thuriféraires du pouvoir ou des groupes
dominants, s’ingénient à nier le phénomène, du moins à le relativiser, en
parlant de « séquelles ». En plus de tous ces corps et corporations,
les chefs tribaux, les érudits, les élus, la classe politique, l’élite
instruite, contribuent, en majorité, à empêcher l’application
de la loi contre l’esclavage : la production d’un négationnisme ambiant
passe par la délation à l’intérieur du pays et le faux témoignage dans les
médias, et les forums internationaux. C’est pourquoi, dans mon pays, le
ministère des Droits de l’Homme, la commission nationale des droits de l’Homme
et plus de 99pour cent des ongs des « droits humains », sont les nids
des indicateurs, de faussaires et de contrefacteurs supplétifs de la police politique.
Honorable assemblée je serais dans
l’obligation d’évoquer la démarche de duplicité qu’utilise l’Etat et les groupes
dominants mauritaniens pour narguer le droit international et se jouer des
organismes et partenaires internationaux ; la Mauritanie édicte de plus en
plus des lois modernes contre l’esclavage et ratifie des conventions inter nationales
de promotion et protection des droits humains mais, parallèlement, en
sourdine,, l’Etat continue à promouvoir les anciennes références, tirées de
manuels d’exégèses esclavagistes; ces écrits sont foncièrement et
explicitement producteurs d’inégalité fondées sur la race ; de tels livres
partagent les musulmans en deux catégories : maitres et esclaves ;
ils stipulent que l’esclave est un bien pour son maitre et que le propriétaire
peut vendre son esclave, le céder, le gager, le donner ; le maitre dispose
ainsi de la force de travail de son esclave sans rémunération et du corps des
femmes qui sont ses esclaves même sans leur consentement et abstraction faite
de leur âge ou de leur nombre ; dans un souci d’eugénisme digne du Comte
de Gobineau et des Nazis, le maître y possède la faculté de castrer son
esclave si la beauté de ce dernier est susceptible de susciter la convoitise de
femmes nobles; le maitre pourrait aussi vendre une partie de son esclave
et en excepter une autre, c'est-à-dire vendre une femme esclave à quelqu’un et
excepter son vagin ; en conséquence, l’acheteur exploite la force de
travail et le vendeur continue à disposer sexuellement de l’esclave. Cette
description –non exhaustive - du Code Noir, toujours en vigueur et
enseigné dans bien des écoles de droit et de théologie, se trouve codifié
dans les livres qu’IRA a symboliquement incinéré le 27avril 2012 à Riyadh, à
Nouakchott ; l’Etat, les érudits, les partis politiques
mauritaniens les considèrent sacrés et infaillibles, malgré les
contradictions grandes et flagrantes avec l’essence égalitaire,
libératrice et humanitaire de l’Islam originel. Le gouvernement mauritanien
confère à ces textes infâmes une supériorité établie aux conventions et traités
internationaux ; ces écrits que nous décrions sont à la base de la formation
en Mauritanie, des magistrats, des officiers de police judiciaire, des
administrateurs de commandement, des imams et des érudits ; c’est aussi,
dans ces pages cruelles, que la Mauritanie cherche la substance de sa
législation tels les codes, pénal et du statut personnel.
Mesdames et Messieurs, ces
livres sources de nos malheurs en tant que populations serviles (hratin),
et vecteur d’une publicité du pire à la religion musulmane, représentent
la doctrine de d’Etat et la principale source de loi dans mon pays ; elles
réglementent la vie, par la seule volonté d’une minorité qui domine et fonde sa
continuité sur la nécessité de l’esclavage ; elle trouve dans la
littérature du crime, la caution et la motivation de sa forfaiture,
reproduite depuis des siècles; la duplicité est telle que dans les forums et
organismes internationaux, la Mauritanie se targue du record de ratifications
alors qu’à l’intérieur, les pouvoirs exécutif et judiciaire invoquent la
sacralité des lois traditionnelles, donc leur supériorité sur le droit
international.
Chers amis, nous avons besoin
de vous, pour
1 Amener la
Mauritanie à renoncer à la ligne politique et diplomatique du déni
actif, en reconnaissant l’existence de pratiques massives et multiformes
de l’esclavage contre les Hratin;
2 Pousser la Mauritanie à
rompre avec la duplicité et à conformer ses lois nationales - non seulement
avec ces engagements internationaux qu’elle a souverainement adoptés -
mais aussi avec ses prétentions de République Islamique, et ce en souscrivant
aux préceptes égalitaires, justes et humanitaires de l’Islam originel ;
3 Abroger
l’enseignement et la publicité de l’esclavage et autres formes
d’inégalités contenus dans les livres et codes multiséculaires que seul
notre pays entoure encore d’immunité et d’inviolabilité.
Le 03 mai 2013-05-02
Dublin, Irlande.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire