A-t-on déjà vu un pays au monde reconnaître la citoyenneté de ses
populations par la présentation d’un document étranger ? C’est pourtant
là une décision mauritanienne dans le cadre de l’enrôlement des
citoyens mauritaniens établis en France.
Pour ces derniers, la présentation de la carte séjour est obligatoire, une condition pour que la mauritanité du citoyen soit acceptée afin qu’il puisse se faire enrôler. C’est comme si le Sénégal, la Tunisie ou le Mali disaient à leurs citoyens, après l’introduction de la carte séjour en Mauritanie, que l’obtention de la carte consulaire est tributaire de la présentation de la carte séjour mauritanienne. Une décision abjecte. Ridicule. Humiliante.
Incivique. Incongrue. Une décision inqualifiable dans les annales du monde moderne des pays souverains. On a refusé, ici et là, à Nouakchott, la Mauritanité de Mauritaniens parce que le candidat à l’enrôlement ne connait pas telle ou telle personnalité de la République.
Et les comportements des agents recenseurs diffèrent d’un centre à un autre. Des comportements qui dénotent de conduites qui frisent parfois le chauvinisme le plus crasse. L’humeur de l’agent en charge d’enrôler le citoyen qui dispose de tous ses papiers est déterminante. Ainsi, par la volonté de quelques hommes, d’autres hommes peuvent devenir, du jour au lendemain, apatrides car leur citoyenneté mauritanienne dépend du bon vouloir du recenseur d’en face … Centre de Tevrag-Zeina, situé à coté de l’Ecole Justice de Nouakchott.
Le policier en faction dans ce centre a opposé son veto à l’enrôlement d’un citoyen parce que celui-ci répond au nom de famille Touré, alors même qu’il est muni de tous ses papiers. Le brigadier a dit qu’il ne peut être recensé car Touré n’est pas mauritanien. Ses collègues ont cherché à le raisonner mais rien n’y fit.
Il a fallu, pour ce citoyen, petit-fils du chef de village de Djigueni, de faire bouger des personnalités des tribus Laghlal et Oualad Mbarek pour faire entendre raison au décideur dans ce centre, apparemment décidé à retirer au pauvre Touré ce qui lui était le plus cher : sa nationalité. L’incongruité de cette situation avait failli déboucher sur un malheur car un officier supérieur de l’armée, venu au secours de « l’apatride d’un jour », s’était presque résolu à lyncher l’étonnant brigadier après que celui-ci l’ait affublé de tous les noms d’oiseaux. Question : Que se serait-il passé si Monsieur Touré n’avait pas cet appui ?
Quand on sait que dans le même centre un fils d’une famille émirale s’est recensé sans présenter certains éléments exigés, parce qu’une dame dans l’équipe dit connaitre notre émir. Et le fils de la famille émirale de lui demander : « Et si je n’étais pas de cette famille qu’alliez-vous faire ? ».
La réponse de la dame se résumera en un simple sourire en coin qui en disait long sur son embarras. Les mesures iniques visant à exclure certains citoyens de l’enrôlement et qui avaient engendré des frustrations des Mauritaniens noirs continuent à se pratiquer encore dans quelques centres, sans que l’on se soucie que c’est le comportement inconscient des « recenseurs » qui est à l’origine des protestations du Mouvement « Touche Pas à Ma Nationalité » (TPMN) qui a opté pour le langage de la rue pour dénoncer et s’opposer aux injustices qui ne semblent toucher, en grande partie, que les citoyens noirs.
Avec cette déferlante qu’a connu les rues de certains grands centres urbains, les autorités publiques avaient reculé et une sensible amélioration dans les opérations d’enrôlement avait été constatée. Hélas, les Mauritaniens de France sont entrain de vivre des moments terribles pour avoir voulu continuer à appartenir à leur pays, la Mauritanie. Pour cela, le système fait tout pour rendre impossible l’enrôlement à des centaines des Mauritaniens parce que la volonté politique actuelle, tout comme celle du passé, veut que l’appartenance à ce pays des uns se décide par d’autres.
L’exigence du titre de séjour n’est rien de plus qu’une méthode honteuse pour exclure des centaines de milliers de citoyens en situation irrégulière, mais aussi des citoyens qui sont admis pour la double nationalité. Brimer les citoyens dans leur propre pays et ailleurs semble être l’option choisie par le régime actuel pour exclure, frustrer ceux dont on a la charge d’administrer.
Ce régime écrase le citoyen ; c’est un régime de division, de racisme, de mépris parce qu’un régime d’ignorance et d’insouciance. La Mauritanie ne mérite pas ce destin, un destin d’incertitude. Cette Mauritanie veut être un pays normal où les citoyens se sentent en sécurité en droits et en devoirs. Est-ce trop demander ?
Seidi Moussa Camara
Pour ces derniers, la présentation de la carte séjour est obligatoire, une condition pour que la mauritanité du citoyen soit acceptée afin qu’il puisse se faire enrôler. C’est comme si le Sénégal, la Tunisie ou le Mali disaient à leurs citoyens, après l’introduction de la carte séjour en Mauritanie, que l’obtention de la carte consulaire est tributaire de la présentation de la carte séjour mauritanienne. Une décision abjecte. Ridicule. Humiliante.
Incivique. Incongrue. Une décision inqualifiable dans les annales du monde moderne des pays souverains. On a refusé, ici et là, à Nouakchott, la Mauritanité de Mauritaniens parce que le candidat à l’enrôlement ne connait pas telle ou telle personnalité de la République.
Et les comportements des agents recenseurs diffèrent d’un centre à un autre. Des comportements qui dénotent de conduites qui frisent parfois le chauvinisme le plus crasse. L’humeur de l’agent en charge d’enrôler le citoyen qui dispose de tous ses papiers est déterminante. Ainsi, par la volonté de quelques hommes, d’autres hommes peuvent devenir, du jour au lendemain, apatrides car leur citoyenneté mauritanienne dépend du bon vouloir du recenseur d’en face … Centre de Tevrag-Zeina, situé à coté de l’Ecole Justice de Nouakchott.
Le policier en faction dans ce centre a opposé son veto à l’enrôlement d’un citoyen parce que celui-ci répond au nom de famille Touré, alors même qu’il est muni de tous ses papiers. Le brigadier a dit qu’il ne peut être recensé car Touré n’est pas mauritanien. Ses collègues ont cherché à le raisonner mais rien n’y fit.
Il a fallu, pour ce citoyen, petit-fils du chef de village de Djigueni, de faire bouger des personnalités des tribus Laghlal et Oualad Mbarek pour faire entendre raison au décideur dans ce centre, apparemment décidé à retirer au pauvre Touré ce qui lui était le plus cher : sa nationalité. L’incongruité de cette situation avait failli déboucher sur un malheur car un officier supérieur de l’armée, venu au secours de « l’apatride d’un jour », s’était presque résolu à lyncher l’étonnant brigadier après que celui-ci l’ait affublé de tous les noms d’oiseaux. Question : Que se serait-il passé si Monsieur Touré n’avait pas cet appui ?
Quand on sait que dans le même centre un fils d’une famille émirale s’est recensé sans présenter certains éléments exigés, parce qu’une dame dans l’équipe dit connaitre notre émir. Et le fils de la famille émirale de lui demander : « Et si je n’étais pas de cette famille qu’alliez-vous faire ? ».
La réponse de la dame se résumera en un simple sourire en coin qui en disait long sur son embarras. Les mesures iniques visant à exclure certains citoyens de l’enrôlement et qui avaient engendré des frustrations des Mauritaniens noirs continuent à se pratiquer encore dans quelques centres, sans que l’on se soucie que c’est le comportement inconscient des « recenseurs » qui est à l’origine des protestations du Mouvement « Touche Pas à Ma Nationalité » (TPMN) qui a opté pour le langage de la rue pour dénoncer et s’opposer aux injustices qui ne semblent toucher, en grande partie, que les citoyens noirs.
Avec cette déferlante qu’a connu les rues de certains grands centres urbains, les autorités publiques avaient reculé et une sensible amélioration dans les opérations d’enrôlement avait été constatée. Hélas, les Mauritaniens de France sont entrain de vivre des moments terribles pour avoir voulu continuer à appartenir à leur pays, la Mauritanie. Pour cela, le système fait tout pour rendre impossible l’enrôlement à des centaines des Mauritaniens parce que la volonté politique actuelle, tout comme celle du passé, veut que l’appartenance à ce pays des uns se décide par d’autres.
L’exigence du titre de séjour n’est rien de plus qu’une méthode honteuse pour exclure des centaines de milliers de citoyens en situation irrégulière, mais aussi des citoyens qui sont admis pour la double nationalité. Brimer les citoyens dans leur propre pays et ailleurs semble être l’option choisie par le régime actuel pour exclure, frustrer ceux dont on a la charge d’administrer.
Ce régime écrase le citoyen ; c’est un régime de division, de racisme, de mépris parce qu’un régime d’ignorance et d’insouciance. La Mauritanie ne mérite pas ce destin, un destin d’incertitude. Cette Mauritanie veut être un pays normal où les citoyens se sentent en sécurité en droits et en devoirs. Est-ce trop demander ?
Seidi Moussa Camara
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