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lundi 25 mars 2013

Emprisonnement d’un présumé esclavagiste : Menaces de mort et tentatives de tirs contre les militants d’IRA

Le déferrement du vieux Mohamed Salem Ould Mohamedou, accusé de pratiques esclavagistes sur le dénommé Esseh Ould Moussa a suscité une vive tension aux alentours du Palais de justice, mardi 19 mars dernier. En effet, face aux militants d’IRA (Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste) qui scandaient des slogans réclamant l’application de la justice, se tenaient les proches du prévenu dont le sort a été scellé par le parquet. Inculpé de pratiques esclavagistes, Mohamed Salem Ould Mohamedou a été déposé en prison, alors que son fils furieux déboulait d’une 4X4, une arme à feu pointée sur les militants d’IRA, selon les témoins oculaires. Conduit au commissariat de police, il a été mis aux arrêts avec l’un des militants d’IRA. Aux dernières nouvelles, ils ont été tous les deux relâchés.
Genèse de cette affaire
Selon un communiqué publié par IRA, le jeune Esseh dont le cas alimente aujourd’hui l’actualité de l’esclavage en Mauritanie, serait la propriété de Mohamed Salem Ould Mohamedou par ascendance. La mère du garçon, la défunte Acha ferait partie du lot d’esclaves que Feue Deida Mint Amar Ainany, aurait donné à son fils Mohamed Salem Ould Mohamedou, au même titre que ses autres enfants, Feu Mohamed Ould Meïssa et Feu Mohamed Ould Moctar Vall qui avaient reçu chacun une partie du bétail humain qu’elle possédait.
Parmi les esclaves de Feu Mohamed Ould Meissa figurait une esclave du nom d’Aichana Mint Beilil, qui a été libérée en 1996 par SOS Esclaves. Elle en sera quitte pour sa liberté mais jamais ses maîtres ne furent inquiétés. Lors de sa libération, Aichana aurait évoqué une sœur du nom d’Acha, toujours en captivité avec ses enfants par la famille Mohamed Salem Ould Mohamedou.
Cette Acha mourra quelques années plus tard, laissant ses enfants, Esseh, son grand frère Daoud, sa sœur Mahmouda et son jeune frère El Id entre les mains de ses maîtres. Pendant qu’Esseh était envoyé à Nouakchott où il s’occupait depuis l’âge de 8 ans (il a aujourd’hui 23 ans) de toutes les corvées de la famille Ould Mohamedou entre l’Ilot V à Nouakchott et Arafat, ses autres frères étaient restés dans la localité des maîtres, près de Boutilimit, pour garder les troupeaux et servir comme bêtes de somme.
Dans sa déposition à la police comme à la Justice, le jeune Esseh affirme n’avoir jamais été payé. Il ne sait ni lire ni écrire, n’ayant reçu aucune formation ni éducation scolaire et n’a jamais obtenu d’actes d’état-civil dans sa vie.
Ce présumé cas sera-t-il jugé ?

JPEG - 18.9 ko Les militants d’IRA craignent cependant que ce énième cas d’esclavage avéré, prouvé par l’inculpation prononcée par les magistrats, ne se termine en queue de poisson comme ce fut le cas dans les précédentes affaires, dont la plus récente est celle de Rahme Mint Legreïvy, libérée au bout de quelques jours d’emprisonnement. IRA évoque dans ce cadre la complicité du commissaire de police de Tevragh-Zeine1 qui aurait « aménagé une entrevue rapide entre le maître Mohamed Salem et son esclave, Esseh, le temps que le premier demande au jeune homme de déclarer à la police qu’il n’est pas esclavage de la famille mais son Hartani (esclave affranchi) et qu’il travaille moyennant un salaire de 30.000 UM mensuel ». Auparavant, le jeune Esseh avait déclaré que Mohamed Salem le mettait ces derniers temps en garde contre un certain Birame « qui capture les esclaves et les vends aux Toubabs chrétiens. » IRA évoque aussi la réputation du Procureur de la République, connu selon l’organisation pour son « zèle et sa réputation à faire libérer les contrevenants aux lois antiesclavagistes. »A noter que Boubacar Ould Messaoud de SOS Esclaves et Aminetou Mint Mokhtar de l’ONG Association des femmes chefs de famille suivent attentivement le dossier.
C.A.


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