Ich bin ein berliner
(je suis un berlinois)s'était écrié le président John F Kennedy
le 26 juin 1963 lors d'une visite en Allemagne à Berlin-Ouest
enclavée,coupée en deux à cause du blocus de 1948.Si Kennedy a
tenu ce genre de discours c'est que le peuple allemand
martyrisé,défait,avait autant besoin d'un
soutien moral du monde dit libre par rapport au "rideau de fer"
qui s'est abattu sur l'autre Allemagne coté soviétique,mais aussi
d'une compassion pour une guerre que le 3eme Reich avait
inopportunément déclarée et perdue.Plus qu'un soutien
moral,c'est un plébiscite en faveur de leur cause que les
Haratines sollicitent auprès de tous les esprits épris de
justice. Pourquoi ne serions-nous pas un temps tous des
haratines ,ce peuple qui a tant souffert,et qui souffre encore et
encore?Certes le comportement de quelques individualités
haratines qui,une fois montées sur le
piédestal ,refusent désormais de descendre
jusqu'au parterre pour continuer le combat à la base,doit-il
nous interpeller.S'il n'existe que du particulier, il ne peut
cependant « avoir de science que du général ».Vouloir
trouver une solution à la question haratine en évoquant ça et là
des singularités ou des attitudes intrinsèques, propres à tel ou
tel hartani ,relèverait de l'alchimie.Au delà de la
problématique culturelle ou historique soulevée par l'ensemble
haratin ,l'équation ne trouvera sa résolution définitive que dans
une approche sociologique tenant compte surtout de la
spécificité spatio-temporelle de ce qu'on appelle « Mauritanie ».
Dans cette partie de l'Afrique,musulmane de rite malékite,les textes
régissant les relations entre maître et esclave sont
discriminatoires : le maître est blanc,l'esclave noir.Et si
l'inverse se produisait,des maures blancs réduits en esclavage par
des haratines,quelle sera la lecture des textes ? Qui a dit qu'il y a
deux choses sans fin :l'univers et la bêtise humaine?
Composante
non négligeable, pour ne pas dire épine dorsale de la communauté
mauritanienne,le passé,le présent et le futur des haratines n'ont
cessé d’être relatés surtout depuis l’avènement de la
« démocratie ».On constate même tacitement une
émulation entre maures blancs et négro-mauritaniens depuis la
création de l'IRA de Biram
Ould Abeid quant
à la captation ou l'empathie à l'égard des
haratines. Cette infantilisation du hartani assis entre deux
chaises,tiraillé par deux pôles "l'un voulant le
garder,l'autre le voulait vendre", a tendance à corrompre
la noblesse de la lutte émancipatrice en la réduisant à un
jeu de yo-yo.Pour juguler ce manichéisme ambiant,il devient
impérieux aux descendants d'esclaves de prôner une troisième
voie salvatrice,seul rempart à la gratuité de l'arabité qui leur
est offerte mais aussi aux cornemuses de la négritude .C'est aux
haratines de décider s'ils veulent être des peuls ou des maures
ou ni-ni.
Depuis la création
du mouvement « el hor » il y a environ 35 ans,la
lutte anti-esclavagiste a perdu du souffle et ceci pour les raisons
évidentes que nous tenterons de faire ressortir.Il est
incontestable que la création de l'IRA a donné une bouffée
d’oxygène aux défenseurs des droits de l'homme en général
et aux abolitionnistes en particulier.Avec l'IRA ,jamais on
a autant parlé de la lutte contre l'esclavage
à l’intérieur,aussi bien qu'à l’extérieur de la
Mauritanie.Les pouvoirs publics sentant cette nouvelle menace,par
rapport à la traditionnelle opposition dont ils connaissent les
limites,les tenants et aboutissants pour mieux l'endiguer,ont
infiltré l'IRA, en la poussant dans ses derniers retranchements.
L’incinération des livres,l'inculpation du président de
l'IRA portèrent un coup de grisou à l'opposition radicale en
la divisant en pro et anti-Biram, ralentissant ainsi son élan .A sa
sortie de prison et en s'attaquant constamment à certains
dirigeants de l'opposition tout en ménageant le pouvoir,on se
demande si Biram n'a pas fait un deal avec le general
AZIZ,champion des coups bas,et des pratiques dolosives.N'a-t-on pas
fait disparaitre l'ANAIR au profit d'une autre structure visant à
« aider les haratines »? Considerant que le
général AZIZ,n'est point généreux, ne « tendant la main
qu'une fois endormi » (allusion faite aux pingres chez les
maures) l'on se demande les dessous de cet altruisme spontanément
sorti du chapeau du gnome de Louga. Biram va-t-il jouer les
thuriféraires à son insu ? Bien que n'approuvant pas les
discours prolixes et haineux du president de l'IRA,mais séduit par
la persévérance de l'homme à vouloir « simplifier le réel
tout en compliquant notre raison »,je mets en garde Biram
Ould Abeid contre toute approximation d'avec le pouvoir central
de Nouakchott dont il n'en récoltera justement que
des ....séquelles. Aziz sait ce qu'il veut car l'élection
présidentielle qui s'approche accouchera sans doute
de beaucoup de coups fourrés,d'illusions et de
subterfuges.N'a-t-il pas amadoué Messaoud Ould Belkheir,le
président de l'Assemblée pour mieux l'utiliser?Ceux qui croient
que l'initiative de Messaoud n'a pas la bénédiction
d'AZIZ,se trompent .Dans ce marché de gagnant-gagnant, Aziz compte
sur le passé charismatique de Messaoud pour une décrispation
de la scène politique, en vue de berner une seconde fois
l'opposition radicale comme cela s'est passé après les
accords de Dakar. Messaoud,n'ayant plus la cote auprès de
l'ensemble haratin, doublé par l'IRA et surtout le
nouveau parti progressiste Moustaqbel de Samoury Ould Beye et
Mohamed Ould Berbosse,qui réfutent le service de
« l'oncle Tom »,veut séduire les maures voire
au-delà.En s'investissant corps et ame dans une
réconciliation nationale qui n'a aucune chance d'aboutir tant que
le césarisme ,comme l'harmattan soufflant sur le ventre
vide des mauritaniens toutes tendances confondues ,tiendrait le
haut du pavé,le president de l'Assemblée Nationale joue gros .
Messaoud en décrétant d'autre part la fin de la mission du
mouvement « EL Hor » pour des raisons peu
convaincantes,corrompt de facto le paradigme de
bienfaisance auquel aspirait et aspire encore les descendants
d’esclaves,rabougris par une privation et une spoliation
séculaires de leurs droits.. « El Hor » n'a fait
que poser les jalons en vue de baliser le chemin qui mène à la
délivrance. Certains haratines essayeront d'emprunter des
bretelles,certes juteuses mais pro domo et n'ayant aucune incidence
salvatrice sur le quotidien précaire de la
majorité silencieuse.Ceux qui,au contraire se seront armés de
patience en évitant le piège de la mélodie Circéenne,bravant
au passage les nombreuses promesses aiguisant les appétits,les
brimades,les dols des pouvoirs publics,accéderont sans doute
un jour au royaume de l'égalité des chances,de la justice et du
bien-être. Les Haratines,en dehors des gens de bonne volonté ,ne
doivent compter que sur eux-memes. C’est à dire ceux d'entre eux
qui revendiquent la condition d’être hartani ,fier de
l’être,comme jadis les chantres de la négritude tels Aimé
Cesaire, Senghor, Leon G Damas,au moment où « il ne faisait
pas bon d’être un nègre ».Il arrive que certaines
personnes d'origine esclave,une fois au sommet d'une relative gloire
,tronquent leur condition sociale au profit d'un statut
dit « supérieur ».Nous constatons ici que
l'émancipation financière bouscule la stratification millénaire
de la société bouleversant ainsi l'ordre de la nature .Ce qui
pousse certains à vouloir garder leurs privilèges tout en
empêchant d'autres à aspirer au bien-être socio-économique.Les
Maures ne doivent pas ignorer que l'émancipation des Haratines qui
se fait dans la douceur est dans l’intérêt de tout le peuple
mauritanien.
Dans le cas
spécifique de notre pays,les Haratines de par leur démographie
galopante,la main-d’œuvre entreprenante,la
disponibilité,l'allant patriotique,constituent la proue de ce
qu'on adviendra d'appeler un jour la Mauritanie nouvelle.Il faudra
juste attendre la disqualification du dernier et septième chef
d’État militaire ,à l'instar du serpent de Koumbi Saleh(à sept
tètes coupées l'une après l'autre)pour que la légende se mue en
réalité.Car la dictature est incompatible d'avec le progrès .
Ely
Ould Krombelé ,Orléans,France
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