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dimanche 3 mars 2013

Enrôlement en France : bilan de l’opération après une semaine de démarrage



Au terme de cette première semaine d’enrôlement des mauritaniens en France, je tiens d’abord  à remercier nos compatriotes pour leur sang froid et leur sens élevé des responsabilités,  lesquels en dépit d’énormes difficultés d’ordre multidimensionnelle,  rencontrées, constituant autant de motifs de révolte, sont restés calme tout au long de cette semaine. Je les conseille à persévérer dans cette voie. Ensuite il conviendra de tirer un bilan de cette première semaine, dans le but d’apporter des améliorations sur les aspects défaillants de l’opération en cours.
Rappelons que le là sur cette opération avait été donnée par la mission de l’agence nationale pour l’enregistrement, conduite par son directeur Mr mouraby, lequel était accompagné lors de cette mission, du secrétaire général du ministère de l’intérieur  et du directeur des centres d’enrôlement, venue installer la commission d’enrôlement des mauritaniens en France. Et c’était dans une totale désorganisation.
Arrivée un vendredi, c’est dans une impréparation absolue, que la mission a convoqué à l’ambassade pour le lendemain une réunion d’information, sur les conditions et les modalités de l’enrôlement. Lors de cette réunion, faute de propagande, l’audience a été médiocre. La qualité de la tenue de la réunion était également très déplorable. Mr MOURABY face à un enjeu aussi important que l’enrôlement, au lieu d’adopter la sobriété qui sied à l’événement, avait  plutôt fait le choix d’une attitude théâtrale, donnant constamment  dans le comique à tout va, comme s’il s’agissait d’une scène. Sans doute que c’était sa façon à lui d’éviter les questions gênantes.
Ainsi la qualité de la réunion s’en est trouvée fortement altérée. En effet mise à part des déclarations orales souvent teintées d’absurdité, qui ne peuvent lui être opposées en cas de problèmes,  aucun document n’a été distribué, ni sur les fondements légaux de l’enrôlement ni sur ses modalités pratiques. C’est dans cette même logique d’opacité, comme pour entretenir le flou à bon escient et ainsi modifier les règles à sa guise, que notre mission diplomatique à paris a pris le relai, sur  l’organisation de l’opération. Ainsi donc les choses étaient mal engagées dès le début.
1-      La première surprise de la série des multiples loupés liés à l’enrôlement, provient de la profonde carence de notre ambassade en matière de communication :
-          Aucune note, détaillant les conditions du déroulement et les critères de l’opération n’a été rendue publique. C’est de façon tout à fait informelle que des informations sont glanées ici et là par nos compatriotes. La « débrouillardise » en fait.
-          Pas de standard téléphonique pour informer, sinon inopérant. Cela aurait été un minimum
-          Absence d’un site internet pour l’ambassade. Son existence aurait pourtant permis à nos concitoyens de toute part de s’informer directement sur le portail sur tout. C’est quand même un comble que de constater qu’à l’heure de l’électronique, notre ambassade ne dispose toujours pas de site Internet.
2-      L’absurdité de certains critères  et conditions est de nature à compliquer l’enrôlement pour bon nombre de nos compatriotes :
-          Parmi les documents exigés, il y’a la présentation de la carte de séjour. Or les textes régissant l’enrôlement n’évoquent en aucun cas, cet élément. Aussi il est étonnant de savoir que le mauritanien, pour demeurer mauritanien en France, doit aussi disposer d’une carte de séjour, comme si ce document faisait partie de la caractérisation du lien de nationalité avec notre pays.
-          Curieusement la carte nationalité d’identité est également exigée. Pourtant détenir ce document n’est point une obligation. Aussi en France depuis le recensement de 1998, l’administration mauritanienne n’avait rien fait pour permettre à ses concitoyens de bénéficier d’une CNI. Quand on sait également que c’est un document qui est établi sur la base de l’extrait de naissance, la présentation de celui-ci devrait suffire comme élément d’état civil.
-           Sur ce point en dernier lieu, le point de référence retenu comme base des données est le recensement Ranvec de l’année 1998, comme si la Mauritanie n’avait existé qu’à partir de cette date.
-          Les enfants mineurs nés à l’étranger sont soumis à l’obligation de présenter un acte de naissance mauritanien, alors que l’acte de naissance de leur pays de naissance pouvait être considéré.
3-      Le déroulement de l’opération se passe dans la pagaille et sans aucune imagination.
-          Il semble que l’opération soit déclinée en étapes et que la première étape ne concernerait que les mauritaniens disposants de la carte de séjour. Aujourd’hui, beaucoup de mauritaniens clandestins en attente de régularisation se trouvent pris en otage par cette organisation et par la disposition de la présentation de la carte de séjour.
-          Une deuxième étape est programmée pour les autres cas. Mais personne ne sait à partir de quand son effectivité sera décrétée.
-          Il semble aussi que la première semaine a été consacrée aux mauritaniens de paris, le week-end aux mauritaniens des autres pays d’Europe et aux étudiants. Qu’est ce que l’ambassade a à aller chercher à enrôler prioritairement  les mauritaniens des autres pays, avant d’avoir fini ou bien avancé sur le cas des mauritaniens vivant d’abord  en France ?  C’est absurde tout simplement.
-          Il faut ajouter que les mauritaniens passent la journée parqués devant l’ambassade, sans pouvoir bénéficier de commodités, comme aller aux toilettes ou accomplir les prières journalières. A noter que parmi ces personnes on trouve des enfants, des femmes  qui halètent et des personnes âgées.
-           Enfin le comptable qui ne tient aucun compte de la santé physique des usagers, se permet d’aller se percher au 3ème étage, obligeant les handicapés, les personnes à mobilité réduite et les personnes âgées à escalader les marches pour aller s’acquitter des frais qu’ils doivent. Tout cela est évidemment déplorable. Dès lors des changements s’imposent pour le succès de l’opération.

Il se déduit en effet de ce bilan que l’ambassade doit mieux communiquer. Les voies allant dans ce sens sont nombreuses : établissement de notes, création d’un site internet, nomination d’un chargé de communication dans la commission ainsi que la mise en opération d’un standard digne de ce nom.
Elle doit également ouvrir l’enrôlement  à tous les mauritaniens, quitte à fixer une capacité d’accueil par jour, c’est plus simple pour tout le monde que le mode de segmentation actuelle qui ne tient d’aucune logique.

Un minimum de commodités doit être offert aux usagers (accès aux toilettes, possibilité de prières et installation des bancs sous le porche de l’ambassade et du hangar du service d’état civil, pour humaniser l’opération et éviter les attroupements devant l’ambassade, gênant à la fois pour le voisinage et pour l’image de notre mission.

Rendre les critères plus cohérent (suppression du critère de la carte de séjour, en l’absence de carte d’identité, permettre aux personnes disposant d’un acte de naissance de pouvoir être enrôlé, étendre la base des données aux registres d’avant indépendance et rendre possible l’enrôlement des enfants nés en Europe avec l’acte de naissance du pays d’accueil).
C’est ainsi Mr MOURABY, que nous voudrions  appeler à votre bon sens, pour qu’à la lumière de ce bilan plutôt constructif, vous donniez à vos agents,  des consignes aussi simples et de rationalité basique pour permettre à ceux qui en ont le droit, de pouvoir se faire enrôler sans difficultés. Enfin mes remerciements à l’équipe d’enrôlement qui est très dévouée à la tache et à la commission d’identification dont les membres sont très volontaires pour accompagner le processus.
                                                                                     Mohamed Elmoctar

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