Au terme de
cette première semaine d’enrôlement des mauritaniens en France, je tiens
d’abord à remercier nos compatriotes
pour leur sang froid et leur sens élevé des responsabilités, lesquels en dépit d’énormes difficultés
d’ordre multidimensionnelle, rencontrées,
constituant autant de motifs de révolte, sont restés calme tout au long de
cette semaine. Je les conseille à persévérer dans cette voie. Ensuite il
conviendra de tirer un bilan de cette première semaine, dans le but d’apporter
des améliorations sur les aspects défaillants de l’opération en cours.
Rappelons
que le là sur cette opération avait été donnée par la mission de l’agence
nationale pour l’enregistrement, conduite par son directeur Mr mouraby, lequel
était accompagné lors de cette mission, du secrétaire général du ministère de
l’intérieur et du directeur des centres
d’enrôlement, venue installer la commission d’enrôlement des mauritaniens en
France. Et c’était dans une totale désorganisation.
Arrivée un
vendredi, c’est dans une impréparation absolue, que la mission a convoqué à
l’ambassade pour le lendemain une réunion d’information, sur les conditions et
les modalités de l’enrôlement. Lors de cette réunion, faute de propagande,
l’audience a été médiocre. La qualité de la tenue de la réunion était également
très déplorable. Mr MOURABY face à un enjeu aussi important que l’enrôlement,
au lieu d’adopter la sobriété qui sied à l’événement, avait plutôt fait le choix d’une attitude théâtrale,
donnant constamment dans le comique à
tout va, comme s’il s’agissait d’une scène. Sans doute que c’était sa façon à
lui d’éviter les questions gênantes.
Ainsi la
qualité de la réunion s’en est trouvée fortement altérée. En effet mise à part
des déclarations orales souvent teintées d’absurdité, qui ne peuvent lui être
opposées en cas de problèmes, aucun
document n’a été distribué, ni sur les fondements légaux de l’enrôlement ni sur
ses modalités pratiques. C’est dans cette même logique d’opacité, comme pour
entretenir le flou à bon escient et ainsi modifier les règles à sa guise, que
notre mission diplomatique à paris a pris le relai, sur l’organisation de l’opération. Ainsi donc les
choses étaient mal engagées dès le début.
1- La première surprise de la série des
multiples loupés liés à l’enrôlement, provient de la profonde carence de notre
ambassade en matière de communication :
-
Aucune note,
détaillant les conditions du déroulement et les critères de l’opération n’a été
rendue publique. C’est de façon tout à fait informelle que des informations
sont glanées ici et là par nos compatriotes. La « débrouillardise »
en fait.
-
Pas de
standard téléphonique pour informer, sinon inopérant. Cela aurait été un
minimum
-
Absence d’un
site internet pour l’ambassade. Son existence aurait pourtant permis à nos
concitoyens de toute part de s’informer directement sur le portail sur tout.
C’est quand même un comble que de constater qu’à l’heure de l’électronique,
notre ambassade ne dispose toujours pas de site Internet.
2- L’absurdité de certains critères et conditions est de nature à compliquer
l’enrôlement pour bon nombre de nos compatriotes :
-
Parmi les
documents exigés, il y’a la présentation de la carte de séjour. Or les textes
régissant l’enrôlement n’évoquent en aucun cas, cet élément. Aussi il est
étonnant de savoir que le mauritanien, pour demeurer mauritanien en France,
doit aussi disposer d’une carte de séjour, comme si ce document faisait partie
de la caractérisation du lien de nationalité avec notre pays.
-
Curieusement
la carte nationalité d’identité est également exigée. Pourtant détenir ce
document n’est point une obligation. Aussi en France depuis le recensement de
1998, l’administration mauritanienne n’avait rien fait pour permettre à ses
concitoyens de bénéficier d’une CNI. Quand on sait également que c’est un
document qui est établi sur la base de l’extrait de naissance, la présentation
de celui-ci devrait suffire comme élément d’état civil.
-
Sur ce point en dernier lieu, le point de
référence retenu comme base des données est le recensement Ranvec de l’année
1998, comme si la Mauritanie n’avait existé qu’à partir de cette date.
-
Les enfants
mineurs nés à l’étranger sont soumis à l’obligation de présenter un acte de
naissance mauritanien, alors que l’acte de naissance de leur pays de naissance
pouvait être considéré.
3- Le déroulement de l’opération se passe dans
la pagaille et sans aucune imagination.
-
Il semble
que l’opération soit déclinée en étapes et que la première étape ne
concernerait que les mauritaniens disposants de la carte de séjour.
Aujourd’hui, beaucoup de mauritaniens clandestins en attente de régularisation
se trouvent pris en otage par cette organisation et par la disposition de la
présentation de la carte de séjour.
-
Une deuxième
étape est programmée pour les autres cas. Mais personne ne sait à partir de
quand son effectivité sera décrétée.
-
Il semble
aussi que la première semaine a été consacrée aux mauritaniens de paris, le
week-end aux mauritaniens des autres pays d’Europe et aux étudiants. Qu’est ce
que l’ambassade a à aller chercher à enrôler prioritairement les mauritaniens des autres pays, avant
d’avoir fini ou bien avancé sur le cas des mauritaniens vivant d’abord en France ? C’est absurde tout simplement.
-
Il faut
ajouter que les mauritaniens passent la journée parqués devant l’ambassade,
sans pouvoir bénéficier de commodités, comme aller aux toilettes ou accomplir
les prières journalières. A noter que parmi ces personnes on trouve des enfants,
des femmes qui halètent et des personnes
âgées.
-
Enfin le comptable qui ne tient aucun compte
de la santé physique des usagers, se permet d’aller se percher au 3ème
étage, obligeant les handicapés, les personnes à mobilité réduite et les
personnes âgées à escalader les marches pour aller s’acquitter des frais qu’ils
doivent. Tout cela est évidemment déplorable. Dès lors des changements
s’imposent pour le succès de l’opération.
Il se déduit en effet de ce bilan que
l’ambassade doit mieux communiquer. Les voies allant dans ce sens sont nombreuses :
établissement de notes, création d’un site internet, nomination d’un chargé de
communication dans la commission ainsi que la mise en opération d’un standard
digne de ce nom.
Elle doit également ouvrir l’enrôlement à tous les mauritaniens, quitte à fixer une
capacité d’accueil par jour, c’est plus simple pour tout le monde que le mode
de segmentation actuelle qui ne tient d’aucune logique.
Un minimum de commodités doit être offert aux
usagers (accès aux toilettes, possibilité de prières et installation des bancs
sous le porche de l’ambassade et du hangar du service d’état civil, pour
humaniser l’opération et éviter les attroupements devant l’ambassade, gênant à
la fois pour le voisinage et pour l’image de notre mission.
Rendre les critères plus cohérent
(suppression du critère de la carte de séjour, en l’absence de carte
d’identité, permettre aux personnes disposant d’un acte de naissance de pouvoir
être enrôlé, étendre la base des données aux registres d’avant indépendance et
rendre possible l’enrôlement des enfants nés en Europe avec l’acte de naissance
du pays d’accueil).
C’est ainsi Mr MOURABY, que nous
voudrions appeler à votre bon sens, pour
qu’à la lumière de ce bilan plutôt constructif, vous donniez à vos agents, des consignes aussi simples et de rationalité basique
pour permettre à ceux qui en ont le droit, de pouvoir se faire enrôler sans
difficultés. Enfin mes remerciements à l’équipe d’enrôlement qui est très
dévouée à la tache et à la commission d’identification dont les membres sont
très volontaires pour accompagner le processus.
Mohamed Elmoctar
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