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mercredi 27 mars 2013

IL NOUS FAUT UNE LIGUE ISLAMIQUE POUR LE MONDE NOIR.

 Il nous faut une Ligue Islamique pour le Monde Noir.
Cet article intitulé « La Ligue Islamique pour le Monde Noir » a plu, comme il a aussi dérangé, ce qui est tout à fait normal. Dans la vie on ne peut pas satisfaire tout le monde.
Par contre mon objectif n’est autre que de susciter le débat et contribuer à l’élaboration de modes de vie plus adaptés à nos peuples musulmans et non musulmans qui vivent ensemble dans nos pays que différentes invasions n’ont pas épargné et qui obligatoirement doivent cohabiter dans le respect mutuel des spécificités de chacun. Dans souratou Bagara, ayat 185 on nous dit «Le bon Dieu veut de vous la souplesse, il ne veut pas de vous la dureté» donc, un Islam violent n’est pas celui de Dieu.

Je suis sûr de ne pas détenir toute la vérité mais, aussi certain de ne pas avoir tout faux.
Notre légendaire Amadou Hampaté BA dit « Ma vérité n’est pas la vérité, ta vérité n’est pas la vérité. La vérité se trouve entre nos deux vérités ». Donc, cherchons la vérité ensemble par ces débats. Un proverbe Pulaar (Fulfulde) dit « So hunuko haalaani goonga ko gaza vuri zum » : un cul est meilleur qu’une bouche qui ne dit pas la vérité.
Cela veut dire que je souhaite dépassionner le débat mais, que l’on n’attende pas de moi de tourner autour du pot.

Dans les commentaires sur les sites comme Boolumbal, Ocvidh, Haratine, Seneweb, et d’autres, ces sites que je remercie infiniment d’avoir permis ce débat, j’ai eu des félicitations qui m’ont surpris, parce que j’attendais plus des attaques que des compliments. J’ai aussi été insulté et traité d’anti islam, c’est normal et tout à fait normal par ce que je me suis exposé, chose que je fais depuis 38 ans.
Comme j’ai eu la chance de vivre plus longtemps après mes maitres à penser sur ce combat, j’ai le devoir de faire vite avant de connaitre les mêmes sorts qu’eux : je veux nommer Tafsirou Djigo, tué en prison à Walata et Aboubakri Kalidou, radié et clochardisé dans son propre pays, la Mauritanie. Pourtant, ils furent les meilleurs et les premiers arabisants de ce pays mais ils étaient noirs, victimes de la couleur de leur peau. Quoi qu’il m’arrive c’est le prix du combat et les peuples africains valent plus que ma vie. D’ailleurs, « les morts ne sont pas morts » pour citer Birago Diop.

Avant toute chose, je voudrais rectifier que je ne suis pas historien de formation, même si c’est une discipline que j’aime et que j’ai la chance de côtoyer l’historien Ibrahima Abou SALL lequel a mis à ma disposition sa bibliothèque, je lui en remercie.

Certains commentaires ne m’ont pas laissé indifférent :
Sur Boolumbal, MHADY « il ne faut pas que la haine et le complexe d’Arabe (…) sortir de l’Islam.»
Je pratique ma religion convenablement. Je suis tijjani, oumarien. Je lis chaque matin à l’aube mes deux hizib, ce qui fait que chaque mois, je lis le Coran en entier. Pour moi, le Coran, c’est avant tout une question de foi inculquée dès le bas âge, puis devenu un support pour perpétuer le rapport que j’ai avec mon père qui fut mon maitre coranique ; c’est aussi une discipline familiale. Néanmoins merci pour les conseils que vous m’avez donnés et là nous sommes d’accord.
La où nous ne sommes pas d’accord, c’est : « tu as la haine contre les Arabes.» Je n’ai pas de haine contre les Arabes et je ne peux pas en avoir non plus:

1) Parce que ce sont mes compatriotes, qu’on le veuille ou non, nous vivrons et mourrons ensemble ; il est même possible que le même cimetière soit notre dernière demeure.
2) On m’a appris chez moi au Fuuta Tooro, qu’un être humain ne doit pas haïr un autre être humain. En Pulaar, la langue Peul qui est la mienne, on dit «nevvo anyataa nezzo govvo», un être ne doit pas haïr un autre.
3) Même si j’ai vécu le racisme dans le monde arabe, j’ai aussi de très beaux souvenirs de là-bas et je dois à cette partie du monde une part de ma formation scientifique.

4) Je suis le fils d’un marabout coranique, mon père Thierno Sileymani BAH fut l’un des premiers ijaziers du Coran dans tout Halayve, au Fuuta Tooro, la région que le système beïdane appelle actuellement BARKNA pour tuer notre passé africain. Mon père est le deuxième diplômé de la célèbre école coranique de Thierno Demmba Jaawando de Mboumba Law au Sénégal en 1950. De 1950 à sa mort en 2003, il a enseigné le coran et dirigé une mosquée dont il était à l’origine de la construction aux années 1970-80 à Boggee Dow. Si vous êtes en Mauritanie allez faire un tour chez moi à Boggee, vous verrez son duzal, ma première école.

5) Enfin, je suis le descendant de deux jihadistes oumariens; Mammadu Sammba Ummu, le père de mon père, qui est revenu à Demette à la suite de la défaite oumarienne au Mali actuel. Je suis aussi l’arrière petit fils d’Aliou Ndiaye DIA qui est le père d’Abdrahmani DIA, qui est le père de ma mère, revenu dans les mêmes conditions que mon grand père paternel.
Vous voyez MHADY, je ne peux pas vous haïr, mais je n’accepte pas non plus que l’on passe par la religion musulmane pour me coloniser ou me dominer psychologiquement et culturellement ; mon passé africain, fuutankais et Kalajjo est là pour me le rappeler à chaque instant : un bon musulman, fier d’être africain.

Venons-en au point le plus important sur lequel vous êtes revenu deux fois, à savoir les aides des pays arabes envers les pays africains ; des aides selon vous grâce auxquelles les pays africains ne sont pas tombés dans des guerres, lorsque mes maitres européens et américains m’ont laissé et vous finissez par me dire que je ne connais pas l’histoire.
Premièrement : si les pays arabes ont des moyens pour aider les Africains à ne pas tomber dans des guerres, ils auront mieux fait de s’entraider eux-mêmes pour ne pas les vivre.

Deuxièmement : au début de l’Islam, l’année de naissance de notre prophète Mohamed Salallahou aleyhi wa salam, cette année s’appelle dans l’histoire islamique Aamul fiili (l’année des éléphants). Pourquoi Aamul fiili ?
Parce que le roi d’Ethiopie de l’époque ABRAHATA, avait envoyé des guerriers qui montaient des éléphants. Ils étaient venus pour détruire la Kaaba. Cela veut dire que les africains étaient puissants avant l’Islam. C’est Allah pour sauver la Kaaba et les Arabes qui a envoyé des nuées d’oiseaux qui jetaient sur ces cavaliers des pierres venant de l’enfer Sijjil, ces pierres qui ont broyé ces hommes comme des restes des cannes. D’où le verset souratoul fiili, nommé (alam tara kayfa).
Ce qui témoigne que la civilisation africaine noire est très ancienne avec à la clé une attestation de ce verset du livre saint, le Coran.
C’est ce même royaume africain qui a accueilli le premier hijra avant celui de Médine, les premiers exilés de l’Islam. Ces chrétiens noirs n’ont pas vu que ces exilés n’étaient ni noirs, ni chrétiens, ils ont vu seulement que c’était des humains et qu’il fallait les sauver. De ce fait, 100 hommes et 17 femmes qui fuyaient la Mecque ont été accueillis, ce fut le premier Hijra avant celui du Madinatoul Mounawwara.
Donc, ce sont des Noirs qui ont aidé l’Islam et les arabes avant tout. Cf : Ben Abd Assalam, Tarikhoul Islam, 1984-1405 Casablanca, Page 27.
L’ouvrage est en arabe, donc, il faut connaitre albadala, wal haal, baadal faaili, wal mafouli. Bi jarril faaili, wal mafouli ! Nous reviendrons un jour sur la coopération entre l’Afrique noire et le monde arabe.
Les pays africains étaient des pays de droit de l’homme 1100 ans environ avant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1789 en France. Ces pays de Nègres pour parler SENGHOR, DAMAS, et CESAIRE étaient aussi laïques en acceptant d’accueillir les autres et les laisser vivre comme ils voulaient. C’est justement cette culture laïque et naturelle chez les Noirs qui a permis beaucoup d’installations en Afrique.
Ce qui corrobore les propos de notre aîné Mohamed Yahya Ould Ciré, le 25 septembre 2006 lors de sa soutenance : « L’abolition de l’esclavage en Mauritanie et les difficultés de son application », Thèse de Sciences Politiques à l’Université de Paris II Les Arabes dans leur pénétration en Afrique ont introduit l’esclavage là où il n’était pas. Et là où il était, ils l’ont aggravé.

Par ailleurs, le rôle de Bilal radiya Allah anhu dans l’Islam, sa fidélité inébranlable au prophète malgré les déboires qu’il a connus pour l’Islam, montre aussi que les Noirs, dès le début de l’Islam, se sont impliqués. Mais, 1434 années après, Bilal s’appelle toujours chez les Arabes abdan habassiyyan. (Esclave éthiopien), bi fathil kalimatayni.
C’est le Coran écrit en langue arabe et l’histoire de l’Islam, écrit en langue arabe par un arabe qui vous parle, ce n’est pas «l’esclave des Européens et des Américains» que vous avez interpellé.
Et à ce titre, vous devez faire un petit effort de compréhension et vous demander pourquoi je préfère vivre l’esclavage de « mes maitres » en Europe ou aux Etats-Unis que ma liberté dans notre pays la Mauritanie.
Comme dans votre éducation tout Noir est un esclave, vous n’avez pas pu rater l’occasion de me le rappeler.

D’ailleurs, Imamou Al zawahari, le second de BEN Laden a récemment traité Barak Obama d’esclave, c’est culturel chez vous.
Donc, si toutes ces grandes personnalités sont comptabilisés parmi les esclaves chez les Arabes parce qu’ils sont noirs, moi Sayku Umar BAH je dois m’habituer d’autant plus que je l’entends depuis 33 ans, date de mon arrivée en Lybie.
C’est tout l’intérêt d’enseigner l’histoire des peuples telle qu’elle est et non en créer d’autres de toutes pièces comme celle forgée par le système beïdane.

Pour finir avec vos questions, vous dites qu’on ne sera jamais un pays laïc.
Donc, vous ne croyez pas à Allah qui dit dans son livre saint au souratou HOUD, verset 118 « S’il voulait ton Dieu, il aurait fait tout le monde un seule peuple », donc, c’est lui-même qui veut cette différence. Ne pas le respecter est pour moi non obéissance à Allah.
Toujours dans souratou HOUD, verset 107 il dit « ton Dieu fait ce qu’il veut », ça veut dire que Dieu a voulu qu’on soit différent ça doit être respecté.
En plus de ça, les démocrates arabes qui manifestent aujourd’hui en Tunisie et en Egypte n’ont pas le même avis que vous, je pense que vous ne savez pas la vraie signification de ce mot qui veut dire vivre ensemble avec nos différences.

Monsieur Sy Salah Eddine, a fini son commentaire sur Boolumbal « Nous sommes tous musulmans, ne suivez pas mon ami Cheikh Oumar ».
Et pourtant il dit «Alarabou assadou koufran».
Prières de bien vouloir compléter et traduire cet ayat pour que les internautes puissent comprendre l’incohérence des propos avancés.
Cet ayat 98 est dans souratou Tawbati.
Il continue : « Nous sommes tous frères, nous ne devons pas nous diviser, même ceux qui nous mal traitent sont des frères ».
Libre à vous de choisir ces frères, les miens sont les pauvres maliens à qui les mains ont été coupées, lesquelles mains ne sont ni les tiennes ni celles de tes proches. Si ces gens- là sont tes frères, dis leur d’arrêter. Notre différence fondamentale est que moi, je ne suis pas psychologiquement colonisé. Notre Prophète dit « qouloul haqqa, walam kaana murran » « dites la vérité, même si elle est amère ».
J’aurais aussi voulu que vous proposassiez quelque chose au lieu de dire aux Africains mal menés, humiliés de rester inertes. Moi je propose encore :
UNE LIGUE ISLAMIQUE POUR LE MONDE NOIR avec un diagnostic partagé par l’ensemble des pays qui veulent y adhérer, une réflexion approfondie sur les contenus des programmes qui doivent servir à une cohabitation pacifique respectueuse de tout un chacun

Un autre intervenant sur seneweb dit être tellement choqué de ce qui se passe à la mosquée de Paris qu’il n’y va plus.
Et pourtant cette mosquée lui appartient comme pour tout musulman.
Pour l’Histoire, cette mosquée est dédiée aux grands Tirailleurs de la première guerre mondiale par l’Etat Français au lendemain de la bataille de Verdun. D’ailleurs, le premier imam nommé officiellement par la France en 1926 est notre grand érudit Fuutanke, Cheikh Moussa Camara de Ganguel Sénégal qui n’a jamais siégé. On imagine pourquoi.
Comme actuellement tout est politisé, on fait comprendre aux gens que c’est une mosquée algérienne.
Cher internaute, une mosquée dans laquelle on ne parle pas de Dieu, n’est plus une mosquée.
Dans Souratou Jinni verset 18 « les mosquées sont à Dieu, il ne faut pas y appeler un autre Dieu » Donc, une mosquée où on prêche autre chose que le Coran et la sounna n’en est pas une.

Un autre internaute dit que Waar Jaabi NJaay s’écrit « War Diabi » : en Français oui, mais si j’écris en Pulaar, parce qu’il est supposé être peul ou Sooninke. Ça s’appelle l’alphabet UNESCO de Bamako, adapté en 1966 pour les langues africaines et par les linguistes spécialistes de ce sujet.
War en Pulaar est l’impératif du verbe « tuer » qui signifie en Pulaar « warde ».
Par contre WAAR est un nom de famille au Fuuta Tooro, il est aussi le radicale du mot « waare » qui veut dire « barbe ». Je laisse ce sujet à nos historiens comme Thierno DIALLO de la Guinée, Abdoulaye BATHILY du Sénégal, Ibrahima Abou SALL et Amadou Oumar DIA de la Mauritanie et certainement d’autres que je ne connais pas. Cette fixation de l’Alphabet africain a permis à certaines langues africaines de traduire le Coran dans leur langue comme le Pulaar, par le feu Dr Oumar BA. Ce grand homme a peiné pour publier ce livre. Toutes les organisations arabes ont refusé de l’aider c’est finalement une organisation française qui est venu à son secours. C’est une réponse à cet internaute qui voulait que le Coran soit publié « en Wolof, à défaut au Sérère au pire en Pulaar ». On ne doit pas s’arrêter là, toutes nos langues méritent cet effort. Le Coran est traduit dans toutes les langues européennes, pourquoi pas en Soninké ou en Diakanké ou en Bassary en Bambara…

Un autre dit me connaitre et que je suis un éboueur : c’est un grand honneur pour moi d’être comptabilisé parmi les Noirs éboueurs de France, parce que ce sont eux qui ont sauvé le Sénégal, le Mali et la Mauritanie. Ils prennent en charge des familles entières, construisent des écoles, des dispensaires et des mosquées, que Dieu les bénisse.
Il y a un autre internaute qui nie ce que j’ai écrit concernant la place des autres cultures au Mali, « mon œil, je connais le Mali mais merci pour l’écrit ». Je lui dis qu’il ne sert à rien de nier une évidence pareille, nous sommes tous africains, devons apprendre à vivre ensemble. Personne ne veut être exclu ou marginalisé dans son propre pays. Ce débat sur les minorités doit immanquablement être pris en compte dans tous nos pays et il faut du courage à nos dirigeants qui doivent faire un réel travail pour dépasser leur appartenance dès lors qu’ils sont investis au plus au sommet de l’Etat.

Quant aux questions par rapport à mes origines, être de telle ou de telle communauté de la Mauritanie, n’a pas d’importance : aujourd’hui, tout Noir vivant dans ce pays est considéré comme hartan, c’est à dire un noir esclave des Maures. Le jour où nous serons libres, chacun de nous pourra revendiquer ses origines. L’heure est à la retrouvaille entre les opprimés.
Mes compatriotes Maures qui se disent démocrates doivent nous rejoindre. Sinon leur silence sera jugé complice et coupable.
Sur souratou Younous ayat 99 « Si ton Dieu voulait, tous les êtres sur terres, seraient des croyants, tous ». Il dit aussi sur souratou Bourouji, ayat 16 « Fa aaloun limaa youridou, en d’autres termes, il fait ce qu’il veut ».
Pour moi, c’est le bon Dieu qui a voulu cette différence de races et de coutumes, il faut la respecter. Vouloir le changer équivaut à une non obéissance de la volonté d’Allah.
Pour rendre hommage à Stéphan Hessel qui vient de quitter ce monde : « Indignez-vous ! »
Donc PEUPLES AFRICAINS, indignez-vous ! Ne serait-ce que pour essayer de tendre vers cette égalité qui caractérise les dents d’un peigne. Et dites-vous bien que, seul votre degré de piété servira d’indicateur pour mesurer vos actes.
« A naasou sawaasiyyatoun ka asnaani al mouchti. Laa fadla li arabiyyin wa laa li ajamiyyin illaa bi taghwallaahi.PSL »

Cheikh Oumar BA.

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