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vendredi 8 mars 2013

L’armée mauritanienne est-elle prisonnière de la destinée peu enviable du général AZIZ?



Feux commandant Jiddou Ould Salek, colonel Yall Abdoulaye, colonel Ahmedou Ould Abdallah(la liste est loin d'être exhaustive) réveillez-vous, car la pleutrerie gagne de plus en plus les rangs des officiers mauritaniens..   Dans l'état actuel de déliquescence de la Mauritanie, les forces armées et de sécurité, ont-elles été à l'abri du système de prédation mis en place par le pouvoir azizien? Assurément non!, mais il peut être retenu que certaines capacités nécessaires aux forces ont été améliorées et une tortueuse valorisation de la hiérarchie entreprise. Cette dernière  ne trouve son équivalent que dans les annales de notre passé lointain.  L'Histoire dit-on est le « récit des événements du passé » duquel on tire des enseignements pour construire de manière rationnelle un   futur probant, en déjouant si possible la répétition mécanique des turpitudes orchestrées par d'autres hommes, sous d'autres cieux.  .L'attitude despotique du très général AZIZ rappelle étrangement des comportements, il y a plus de deux siècles  d’un prince de la prestigieuse tribu arabe des Oulad M'Barek du Hodh. Lors d'une bataille, une balle ennemie, cette fois-ci, a pu éviter le ventre vide de l'émir Ould Sid'Ahmed Dlil pour loger dans son bras droit. A défaut pour l'émir de pouvoir se faire évacuer sur Paris, la blessure s'était infectée .Sous la tente une odeur nauséabonde se dégageait de la plaie .Ses proches cousins, les courtisans, encore moins les « niais du parterre » ne  pouvaient   lâcher un « Euf euf » de désapprobation   sous peine de subir le courroux de son altesse. Il fallait trouver un modus vivendi qui satisfasse les Oulad M'Barek d'un coté et de l'autre, atténuer l'orgueil démesuré du chef tribal. C'est ainsi qu'un jour tous les griots hommes et femmes décidèrent de se diriger  vers la tente émirale et se mirent à chanter un poème que «  Ehel Nané moderne »  savent reproduire avec talent : « Guewatt leriam kaamlatt we whig inein vaatine.... » L'Emir, en homme d'Etat avisé, doté également d' « une oreille blanche » à l'opposé de notre AZIZ national,  leur dit « je vous ai compris » .Il tendit son bras droit infecté et on procéda à l'ablation afin de lui éviter une gangrène qui pouvait  sans doute  affecter tout le corps. Notre guerrier n'avait qu'un seul souci. C'est de ne pas décevoir son peuple quand son bras droit qui « a sauvé tant de fois son émirat », son bras droit que tout le Trab Beidane « admirait » se trouverait désormais coupé. Ce, contrairement au général AZIZ qui, blessé, ne pensait qu'au système Rachad, donnant ses ordres depuis son lit d'hôpital de Paris-Percy. Du  temps des Oulad M'Barek jusqu'aux Etats post-coloniaux, qu’est-ce qui a changé ? Presque rien, en dehors de l'infrastructure qu'exige le positivisme, la superstructure, elle, est restée figée. Certes à  la création de l'Armée mauritanienne au lendemain de notre indépendance ,nous pouvons évoquer ça et là des actes de résistance de certains officiers de valeur qui refusent d'être réduits en loques humaines. Aussi la kyrielle de coups d'Etat survenus après celui du 10 juillet 1978 reflètent-ils l'aiguisement sans fard  d'égos surdimensionnés des différents protagonistes. A noter que la tentative avortée du 16 Mars 1981 des valeureux officiers Ahmed Salem Ould Sidi, Abdelkader Ould Bah, Niang Salla, Doudou Seck et compagnons s'inscrit dans ce contexte.A chaque chef d'Etat militaire, son ou ses frondeurs, à l'exception du temps du général AZIZ où les officiers ,surtout généraux, semblent « se cacher ,comme des oiseaux pour mourir ».Lors du coup d'Etat de 1978,jusqu'à sa mort ,le commandant Jeddou Ould Salek donnait du fil à tordre à ses collègues officiers de par son curseur moral transcendant les réalités matérielles devenues plus tard   le « credo pascalien » de l'Azizanie. Du temps d'Ould Haidalla ,je me souviens d'un officier tremblotant devant lui à Bir Mogrein .N'eut été l'intervention du colonel Ahmedou Ould Abdallah alors cdt la 2eme région militaire qui a dit devant Haidalla « mon lieutenant ,tu as l'habitude de me parler, pourquoi trembles-tu devant un colonel  comme moi ,soit-il président de la république ». Il y en avait même des officiers figures de proue de leur ensemble tribal, sans l'accord desquels rien ne pouvait se décider en Mauritanie. Le colonel Yall Abdoulaye avait une telle autorité étant chef d'Etat-major que même les mouches avaient peur de bourdonner dans l'enceinte dudit établissement .Il s'imposait de par son autorité de droit d'abord et de fait ensuite .Sa mort subite désorganisa totalement les negro-mauritaniens qui sortirent des  fonds de  tiroirs et à la hâte des plans de rechange .Mais il se trouve que la  stature de Yall ABdoulaye, sa force tranquille hantent encore l'inconscient collectif de tous ses contemporains. D'ailleurs l'adage maure le confirme, à savoir qu'un homme seul peut bâtir une hélé mais une hélé ou émirat ne bâtir un homme.  Le colonel Cheikh Sid'Ahmed Ould Babamine a su tenir tête au bouillant Maawiya, qui l'envoya comme diplomate jusqu'à sa retraite. Qu'a perdu ce colonel? Rien, il aura plutôt gagné en notoriété et jouit encore de grande estime au plan national. .Après le coup d'Etat de 2005,AZIZ a continué d'entretenir la rébellion malgré la présence de plusieurs officiers plus anciens que lui. Pire, il accéléra le processus de la transition, portera son dévolu sur un homme dont il est sûr de pouvoir manipuler .Le marché de dupes finit par le maladroit limogeage du parrain dont la réaction ne se fit pas attendre. Plutôt l'originale que la copie. Après son putsch, AZIZ a fait de la lutte contre le terrorisme la justification de sa prise du pouvoir et l'élément majeur de sa politique internationale particulièrement vis à vis du monde occidental. C’était sa justification et sa concession au déni démocratique. Grace  au tripatouillage des lois et décrets fixant les conditions d'avancement des officiers supérieurs  aidé en cela   par le président SIDIOCA, Aziz et  son alter égo  Ghazouani qui ne remplissent ni les conditions d'ancienneté ni celles de compétences par rapport à beaucoup de leurs supérieurs , ont été promus au grade de général ,entrainant dans leur sillage certains généraux dont la seule qualité est la soumission. Nous préserverons de garder les noms de ceux qui ,après un cursus normal remplissent les conditions sine qua non  ,sous peine de subir le courroux du maitre des « lieux peints ». En mauvais officier-auto, en se faisant élire sans changer le régime du moteur, Aziz a rapidement mis en œuvre sa politique de hiérarchisation qui a consisté à écarter systématiquement tous ceux qui n'accepteraient pas de se soumettre à ses diktats ou qui pouvaient mettre à nu ses insuffisances en matière de compétences. On ne dira pas mieux pour celui qui, fraichement moulu de l’Académie Militaire de Meknès, écrivait le mot « permission »  avec un « t »(ion) ou je « voi »,le verbe voir au présent de l'indicatif, à la 1ere personne du singulier sans un "s" à la fin. Toujours est-il que notre chef suprême a redessiné l'architecture du commandement des forces armées en perfectionnant le système de   la médiocrité consentante au détriment de l'excellence, soit-elle discursive. Aujourd'hui même si nos forces armées sont correctement équipées et passablement restructurées, leur aptitude se ressent de la mauvaise qualité de l'encadrement de conception et de direction parce qu'émanant d'un choix discriminatoire .Certes la coopération avec  la France et les USA dans le cadre de la lutte anti-terroriste a permis pour nos forces armées  d'améliorer leur aptitude opérationnelle en leur donnant confiance après les différents revers subis dans leur confrontation avec les groupes terroristes. Mais le revers de la médaille ici est que le parapluie américain une fois ouvert pour honorer une coopération militaire avec un pays tiers, ne se referme plus. Les Armées Birmane, Thaïlandaise, latino-américaines sont des exemples édifiants  .Donc n'attendez pas de nos généraux actuels comme ceux à venir tant que le pouvoir est azizien, qu'ils pensent ou conçoivent une reforme quelconque, stratégique pourtant rendue urgente et impérieuse face à l'évolution de nos menaces, de nos vulnérabilités et du monde dans lequel nous vivons. N'attendez pas de nos généraux de se sentir concernés par la déliquescence de notre Etat, pourtant qui les a tant donné, émancipé au détriment de la majorité de ce peuple qui souffre en silence .Je ne suis pas un adepte des complots, mais si j'étais un général azizien ,face à face ,je lui aurais dit mes 4 vérités .Si Aziz ne fait pas un bon général de forces armées, il ne pourrait être un bon président d'une « res-publica ».Après avoir suscité beaucoup d'espoir de par sa témérité, sa hargne, ses slogans à gauche, il devient de nos jours la constriction à toutes les valeurs de la république. Et    ceci est « un acte de résistance » adressé  au peuple mauritanien qui, un jour, je l'espère prendra son destin en mains. Malheur à ceux qui bâillonnent leurs peuples! 

  Capitaine Ely Ould Krombelé

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