Feux commandant Jiddou Ould Salek, colonel Yall
Abdoulaye, colonel Ahmedou Ould Abdallah(la liste est loin d'être exhaustive) réveillez-vous,
car la pleutrerie gagne de plus en plus les rangs des officiers
mauritaniens.. Dans l'état actuel de déliquescence de la
Mauritanie, les forces armées et de sécurité, ont-elles été à l'abri du système
de prédation mis en place par le pouvoir azizien? Assurément non!, mais il peut
être retenu que certaines capacités nécessaires aux forces ont été améliorées
et une tortueuse valorisation de la hiérarchie entreprise. Cette dernière
ne trouve son équivalent que dans les annales de notre passé lointain.
L'Histoire dit-on est le « récit des événements du passé » duquel on
tire des enseignements pour construire de manière rationnelle
un futur probant, en déjouant si possible la répétition mécanique
des turpitudes orchestrées par d'autres hommes, sous d'autres
cieux. .L'attitude despotique du très général AZIZ rappelle
étrangement des comportements, il y a plus de deux
siècles d’un prince de la prestigieuse tribu arabe des Oulad M'Barek
du Hodh. Lors d'une bataille, une balle ennemie, cette fois-ci, a pu éviter le
ventre vide de l'émir Ould Sid'Ahmed Dlil pour loger dans son bras droit. A défaut
pour l'émir de pouvoir se faire évacuer sur Paris, la blessure s'était
infectée .Sous la tente une odeur nauséabonde se dégageait de la
plaie .Ses proches cousins, les courtisans, encore moins les « niais du
parterre » ne pouvaient lâcher un « Euf
euf » de désapprobation sous peine de subir le courroux
de son altesse. Il fallait trouver un modus vivendi qui satisfasse les Oulad
M'Barek d'un coté et de l'autre, atténuer l'orgueil démesuré du chef tribal. C'est
ainsi qu'un jour tous les griots hommes et femmes décidèrent de se diriger
vers la tente émirale et se mirent à chanter un poème que « Ehel
Nané moderne » savent reproduire
avec talent : « Guewatt leriam kaamlatt we whig inein vaatine.... »
L'Emir, en homme d'Etat avisé, doté également d' « une
oreille blanche » à l'opposé de notre AZIZ national, leur dit « je
vous ai compris » .Il tendit son bras droit infecté et on procéda à
l'ablation afin de lui éviter une gangrène qui
pouvait sans doute affecter tout le corps. Notre guerrier
n'avait qu'un seul souci. C'est de ne pas décevoir son peuple quand son bras
droit qui « a sauvé tant de fois son émirat », son bras droit que
tout le Trab Beidane « admirait » se trouverait désormais coupé.
Ce, contrairement au général AZIZ qui, blessé, ne pensait qu'au système Rachad,
donnant ses ordres depuis son lit d'hôpital de Paris-Percy. Du temps des
Oulad M'Barek jusqu'aux Etats post-coloniaux, qu’est-ce qui a changé ? Presque
rien, en dehors de l'infrastructure qu'exige le positivisme, la superstructure,
elle, est restée figée. Certes à la création de l'Armée mauritanienne au
lendemain de notre indépendance ,nous pouvons évoquer ça et là des actes de résistance
de certains officiers de valeur qui refusent d'être réduits en loques humaines.
Aussi la kyrielle de coups d'Etat survenus après celui du 10 juillet 1978 reflètent-ils
l'aiguisement sans fard d'égos surdimensionnés des différents
protagonistes. A noter que la tentative avortée du 16 Mars 1981 des
valeureux officiers Ahmed Salem Ould Sidi, Abdelkader Ould Bah, Niang Salla, Doudou
Seck et compagnons s'inscrit dans ce contexte.A chaque chef d'Etat
militaire, son ou ses frondeurs, à l'exception du temps du général AZIZ où les
officiers ,surtout généraux, semblent « se cacher ,comme des oiseaux pour
mourir ».Lors du coup d'Etat de 1978,jusqu'à sa mort ,le commandant Jeddou
Ould Salek donnait du fil à tordre à ses collègues officiers de par son curseur
moral transcendant les réalités matérielles devenues plus
tard le « credo pascalien » de l'Azizanie. Du temps
d'Ould Haidalla ,je me souviens d'un officier tremblotant devant lui à Bir
Mogrein .N'eut été l'intervention du colonel Ahmedou Ould Abdallah alors cdt la
2eme région militaire qui a dit devant Haidalla « mon lieutenant ,tu as
l'habitude de me parler, pourquoi trembles-tu devant un
colonel comme moi ,soit-il président de la république ». Il y
en avait même des officiers figures de proue de leur ensemble tribal, sans
l'accord desquels rien ne pouvait se décider en Mauritanie. Le colonel Yall
Abdoulaye avait une telle autorité étant chef d'Etat-major que même les mouches
avaient peur de bourdonner dans l'enceinte dudit établissement .Il s'imposait
de par son autorité de droit d'abord et de fait ensuite .Sa mort
subite désorganisa totalement les negro-mauritaniens qui sortirent des
fonds de tiroirs et à la hâte des plans de rechange .Mais il se
trouve que la stature de Yall ABdoulaye, sa force
tranquille hantent encore l'inconscient collectif de tous ses
contemporains. D'ailleurs l'adage maure le confirme, à savoir qu'un homme
seul peut bâtir une hélé mais une hélé ou émirat ne bâtir un homme. Le
colonel Cheikh Sid'Ahmed Ould Babamine a su tenir tête au bouillant Maawiya, qui
l'envoya comme diplomate jusqu'à sa retraite. Qu'a perdu ce colonel? Rien, il
aura plutôt gagné en notoriété et jouit encore de grande estime au plan
national. .Après le coup d'Etat de 2005,AZIZ a continué d'entretenir la rébellion
malgré la présence de plusieurs officiers plus anciens que lui. Pire, il accéléra
le processus de la transition, portera son dévolu sur un homme dont il est sûr
de pouvoir manipuler .Le marché de dupes finit par le maladroit limogeage du parrain
dont la réaction ne se fit pas attendre. Plutôt l'originale que la copie. Après
son putsch, AZIZ a fait de la lutte contre le terrorisme la justification de sa
prise du pouvoir et l'élément majeur de sa politique internationale
particulièrement vis à vis du monde occidental. C’était sa justification et sa
concession au déni démocratique. Grace au tripatouillage des
lois et décrets fixant les conditions d'avancement des officiers supérieurs aidé
en cela par le président SIDIOCA, Aziz et son alter égo Ghazouani
qui ne remplissent ni les conditions d'ancienneté ni celles de compétences par
rapport à beaucoup de leurs supérieurs , ont été promus au grade de général
,entrainant dans leur sillage certains généraux dont la seule qualité est la soumission.
Nous préserverons de garder les noms de ceux qui ,après un cursus normal
remplissent les conditions sine qua non ,sous peine de subir le
courroux du maitre des « lieux peints ». En mauvais officier-auto, en
se faisant élire sans changer le régime du moteur, Aziz a rapidement mis en œuvre
sa politique de hiérarchisation qui a consisté à écarter systématiquement tous
ceux qui n'accepteraient pas de se soumettre à ses diktats ou qui pouvaient
mettre à nu ses insuffisances en matière de compétences. On ne dira pas mieux
pour celui qui, fraichement moulu de l’Académie Militaire de Meknès, écrivait
le mot « permission » avec un « t »(ion)
ou je « voi »,le verbe voir au présent de l'indicatif, à la 1ere
personne du singulier sans un "s" à la fin. Toujours est-il que notre
chef suprême a redessiné l'architecture du commandement des forces armées en
perfectionnant le système de la médiocrité consentante au
détriment de l'excellence, soit-elle discursive. Aujourd'hui même si nos forces
armées sont correctement équipées et passablement restructurées, leur aptitude
se ressent de la mauvaise qualité de l'encadrement de conception et de
direction parce qu'émanant d'un choix discriminatoire .Certes la coopération avec la
France et les USA dans le cadre de la lutte anti-terroriste a permis pour nos
forces armées d'améliorer leur aptitude opérationnelle en leur
donnant confiance après les différents revers subis dans leur confrontation
avec les groupes terroristes. Mais le revers de la médaille ici est que le
parapluie américain une fois ouvert pour honorer une coopération
militaire avec un pays tiers, ne se referme plus. Les Armées Birmane, Thaïlandaise,
latino-américaines sont des exemples édifiants .Donc n'attendez pas
de nos généraux actuels comme ceux à venir tant que le pouvoir est azizien, qu'ils
pensent ou conçoivent une reforme quelconque, stratégique pourtant rendue
urgente et impérieuse face à l'évolution de nos menaces, de nos vulnérabilités et
du monde dans lequel nous vivons. N'attendez pas de nos généraux de se sentir
concernés par la déliquescence de notre Etat, pourtant qui les a tant donné, émancipé
au détriment de la majorité de ce peuple qui souffre en silence .Je ne suis pas
un adepte des complots, mais si j'étais un général azizien ,face à face ,je lui
aurais dit mes 4 vérités .Si Aziz ne fait pas un bon général de forces
armées, il ne pourrait être un bon président d'une « res-publica ».Après
avoir suscité beaucoup d'espoir de par sa témérité, sa hargne, ses slogans
à gauche, il devient de nos jours la constriction à toutes les valeurs de la république. Et
ceci est « un acte de résistance » adressé au
peuple mauritanien qui, un jour, je l'espère prendra son destin en mains. Malheur
à ceux qui bâillonnent leurs peuples!
Capitaine Ely Ould Krombelé
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