Le
parcours de notre hôte est un rêve pour beaucoup de gens. Il s’appelle OULD
WERZEG BILAL, né
en 1953 à Monguel (Mauritanie)
Scolarité :
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Ecole
primaire : Kaédi, Maghama, Monguel.
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Ecole
secondaire : Collège et Lycée de Nouakchott
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1973-1974 :
Baccalauréat en série Lettres modernes Option Français
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1974-1976 :
Ecole Nationale d’Administration (ENA) section diplomatique
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1975 :
Stage pratique au ministère marocain des affaires étrangères-Rabat
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1976 :
Diplôme attaché de chancellerie avec mention (major de la promotion)
Position actuelle: Consultant indépendant
Principales
qualifications
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Développement institutionnel et décentralisation
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Formation en gestion administrative
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Formation en droits humains
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Formation des élus locaux
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Conseil en diplomatie, actions préparatoires pour la
réussite de bons offices
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Conseil en matière de contrat entre partenaires
publics et entre partenaires privés
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Spécialiste en prévention et résolution des conflits
inter-Etats et intra-étatique
Fonctions occupées au
MAEC :
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1976-1977 :
Chef de division de la coopération bilatérale et multilatérale
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1977-1978 :
Chef de division de la
Coopération culturelle technique et scientifique, en charge
cumulativement de la coopération avec la Chine.
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Août
1997-Août 2007 : Ambassadeur au MAEC
Fonctions de conseiller dans
les Ambassades :
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Janvier
1979-Octobre 1979 : Chargé d’Affaires
a-i à Abidjan (Côte d’Ivoire)
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Octobre
1979-Juin 1980 : 2ème Conseiller à Abidjan
-
Janvier
1981-Juillet 1988 : 2ème Conseiller à Bruxelles (Belgique)
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Juillet
1988-Mai 1989 : 1er Conseiller à Dakar (Sénégal)
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Mai
1989-Août 1989 : Chargé d’affaires à a-i à Dakar.
Fonctions de Consul Général : Décembre 1989-Juin 1992 :
Consul Général à Bissau (Guinée Bissau) où en Juin 1991 les deux ministres des
affaires étrangères de la
Mauritanie et du Sénégal ont signé un accord de paix entre
les deux pays mettant un terme à la rupture des relations diplomatiques suite
aux malheureux événements survenus en 1989.
Fonctions d’Ambassadeur
extraordinaire et plénipotentiaires :
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Septembre
1992-Mai 1996 : Ambassadeur au Mali, au Burkina-Faso et au Niger avec
résidence à Bamako.
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Mai
1996-Juin 1997 : Ambassadeur aux Etats-Unis d’Amérique à Washington DC
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Septembre
2007-Avril 2009 : Ambassadeur au Yémen et Oman avec résidence à Sanaa.
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Négociations, Conférences et
Séminaires :
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Session
de l’ECOSOC, conseil économique et social des Nations-Unis en 1978 à
Genève.
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Plusieurs
commissions mixtes de coopération entre la Mauritanie et des pays
tiers.
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Membre
de la délégation mauritanienne chargée des négociations avec le Sénégal
jusqu’au rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays en
1992.
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Session
à l’Université de défense Nationale dépendant du Pentagone en Janvier-Février
2002 à Washington DC U.S.A.
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Session
Internationale Euro-méditerranéenne à l’IHEDN (Institut des Hautes Etudes de
Défense Nationale, Janvier 2004 Paris-France.
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Sessions
des Nations-Unis à New-York U.S.A.
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Point
focal du forum des Nations-Unis sur les forêts UNFF de 2004 à 2007.
Décorations, Médailles :
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Médaille
d’honneur de la fédération mauritanienne de Football 1994.
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Chevalier
de l’Ordre National du Mali.
Niveau des langues connues: Excellent en Arabe,
Français et assez-bon en Anglais
1- Monsieur
l’ambassadeur Bilal Ould Werzeg bonjour, vous avez été haut fonctionnaire
dans l’Administration mauritanienne, vous avez été ambassadeur de la Mauritanie
au Mali, à Washington et à Sanaa, vous avez surtout été un diplomate au service
de notre pays pendant de longues années. Vous êtes un de nos compatriotes dont
l’expérience internationale riche peut encore servir. En ce moment, un sujet
est sur toutes les lèvres : la crise au Mali. Pour y avoir été ambassadeur
pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez en relation avec la position de
notre pays sur la situation de ce pays ?
Bilal Ould
Werzeg : Le Mali est un pays qui me
tient à cœur pour y avoir servi pendant quatre ans comme ambassadeur de 1992 à
1996: J'aime le pays et le peuple et je suis profondément triste pour le Mali
mais je suis sûr que le pays à les ressources nécessaires pour s'en sortir. La
position de la Mauritanie ne peut être que solidaire du Mali car nous
partageons à peu près 2400 kilomètres de frontière et nul régime en Mauritanie
ne peut l'ignorer.
2- Vous
êtes également un homme politique d’envergure national et une grande figure
parmi les pionniers du militantisme de la cause haratine. Vous ne parlez pas
beaucoup de cet aspect de votre vie est-ce à cause d’une déformation
professionnelle dû au long exercice de la fameuse réserve diplomatique ?
Bilal Ould
Werzeg : J’ai assisté l'année dernière
et cette année aussi aux 34ème et 35ème anniversaires de
la création d'El Hor sur invitation de mes amis Samory Ould Bèye et Mohamed Ould
Bourboss. Je n'ai jamais caché mes convictions en El Hor ni ses rôles de
libération et d'émancipation des Harratines.
3-
Cette interview intervient au moment où El Hor célèbre, souffle ses 35 bougies.
Pouvez-vous nous dire ce que vous savez de la genèse de ce Mouvement ?
Bilal Ould
Werzeg : J'ai personnellement rédigé la
charte d'El Hor dans les années 1974-1975 et j'ai convaincu beaucoup de mes
cousins d'y adhérer, notamment Boubacar Ould Messoud, Boydiel Ould Houmeid et
j'ai coopté Messoud Ould Boulkheir pour être membre de la direction d'El Hor.
4- Dans
une interview, votre ami et collègue Mohamed Yahya Ould Ciré a dit ceci :
« S'agissant d'El Hor, j'en suis l'initiateur, en 1974 à l'ENA de Mauritanie.
C'est Bilal Ould Werzeg et moi qui avons fondé El Hor en décembre 1974. Nous
nous trouvions en première année de la section de diplomatie. J'ai mis deux
mois pour le convaincre. C'est sa sœur Koumbeïtt Mint Werzeg ancienne
secrétaire de ministère, aujourd’hui décédée (paix sur son âme) qui m'a aidé à
le convaincre. J'ai la liste des dix premières personnes que nous avons
sensibilisées en fin 1974. Dans la liste des membres fondateurs d'El Hor,
établie le 5 mars 1978, il y a quatre éléments qui sont mes anciennes recrues,
y compris Bilal lui-même qui ne peuvent le contester. J'ai quitté le noyau d'El
Hor suite à des divergences avec Bilal qui portaient sur deux faits. Je voulais
créer une structure complexe qui serait à l'abri d'un facile démantèlement.
Bilal voyait dans ma volonté, une manière subtile de s'approprier du mouvement.
Telle n'était guère mon intention. Je recherchai, surtout, l'efficacité. »
Fin de citation.
-
Monsieur l’Ambassadeur avez-vous un commentaire à faire sur cet extrait de
l’interview de votre ancien compagnon de lutte ?
Bilal Ould
Werzeg : Je ne me souviens pas de
divergences entre lui et moi. Ma sœur Koumbeit (paix à son âme) était une
grande militante d'El Hor et c'est elle qui a accompagné les membres d'El Hor à
Rosso lors de leur jugement leur assurant ainsi la logistique (repas, boissons,
etc). Au même moment, j'étais moi-même en exil après avoir démissionné de mon
poste d'Abidjan pour soutenir les détenus et obtenir leur libération. Il faut
demander à Ould Ciré où il était en ce temps-là ? J’apprécie beaucoup Ould Ciré
et je pense que la seule différence entre lui et moi réside dans le courage
décisionnel lorsqu'il s'agit d'agir pour plus d'efficacité.
5- Monsieur
L’ambassadeur, on revient sur le Mouvement d’El-Hor qui vient de fêter ces 35
ans d’existence, pouvez vous nous retracer l’historique de la création du
mouvement, sur quoi était centré vos objectifs initiaux? Le bilan d’El-Hor aujourd’hui
est-il satisfaisant pour vous ?
Bilal Ould
Werzeg : Lorsque la Mauritanie a connu
les malheureux événements de 1966 beaucoup d'intellectuels et de jeunes mauritaniens
toutes ethnies confondues ont décidé de créer le Mouvement National
Démocratique (MND) ou Kadihine. Il a été décidé à l'époque de mettre en avant
la solidarité entre tous les mauritaniens afin de faire aboutir des
revendications légitimes et communes. A l'instar des autres composantes
de la nation, les Haratines ont massivement adhéré au MND et ils en
constituaient le fer de lance. A partir de 1973, le régime de feu Moctar Ould Daddah
(paix à son âme) a satisfait la plus grande partie des revendications du MND,
j'étais à l'époque président d'un comité d'action du MND à Nouakchott au 1er
marché du poisson. Lors d'une réunion de bilan, et après avoir constaté
que plusieurs militants du MND avaient rejoint le Parti du Peuple Mauritanien (PPM)
et avaient intégrés le CREA et l'INEEP, j’ai déclaré que n'ayant pu constater
aucune amélioration quant au sort des esclaves et des haratines tout au long de
leur parcours au MND, qu'il me semblait nécessaire de créer un mouvement propre
aux haratines. Cela avait soulevé un tollé au sein du MND dont les membres m'accusaient
de sectarisme, mais j'avais pris ma décision. J'ai discuté l'idée avec Mohamed
Yahya Ould Ciré, mon promotionnaire à l’École Nationale d'Administration (ENA)
et Amar Ould Ahmed Deyna, mon frère de lait, et nous nous sommes mis d'accord pour
la concrétiser.
6- Plusieurs personnalités politiques haratine revendiquent le statut de membres
fondateurs voire la paternité d’El-Hor. Certaines d’entre elles ont
publié un document intitulé « charte El-Hor » dans lequel, à la
surprise générale certains noms comme Mohamed Yahya Ould Ciré ont disparu de la
liste des fondateurs. Pour l’histoire pouvez-vous nous donner des indications
sur les noms du premier groupe des « conspirateurs-créateurs » du
mouvement en 1974 à l’ENA ?
Bilal Ould Werzeg : Le groupe était composé de 3 personnes citées plus
haut, tous les autres ont rejoint le mouvement par la suite et c'est lorsque
nous avons pu réunir les 12 membres que la naissance officielle a été déclaré
mais El Hor a existé bien avant le 5 Mars 1978.
7- L’actuel
président de l’assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheir préconise la
dissolution du mouvement El-Hor, selon lui, El-Hor n’a plus sa raison d’exister
malgré que la situation des esclaves et anciens-esclaves n’a pas vraiment
évolué, ces déclarations ont provoqué une dissidence au sein de son parti l’APP,
Mohamed Ould Borboss, Samory Ould Beye et d’autres cadres haratine ont
pris cela comme une « trahison » de la cause haratine, ils ont
créé un nouveau parti politique qu’ils ont appelé Moustaqbel. Donnez-vous
raison à Messaoud Ould Boulkheir de vouloir placer El-Hor dans les archives de
l’histoire ? Ou alors que doit on faire du mouvement aujourd’hui ?
Bilal Ould
Werzeg : Il avait été décidé à l'époque
que lorsque l'esclavage aura disparu en Mauritanie et que cette dernière sera
devenue un État démocratique, que les haratines en ce moment-là iront dans les
partis politiques qu'ils auront choisi librement. Donc je pense que Président Messaoud
Ould Boulkheir considère que le travail est achevé alors que les autres
estiment qu'il reste encore beaucoup à faire.
8- L’état
Mauritanien, des partis politiques, des Imams et certains intellectuels nient
les pratiques de l’esclavage sur le sol Mauritanien. Leur argument simpliste repose
sur la mise en place d’une législation réprimant l’esclavage et protégeant les
victimes malgré le fait qu’elle ne soit jamais appliquée au grand dam des
abolitionnistes. Pourquoi cette hypocrisie pratiquement générale autour de
l’esclavage et du racisme anti haratine ?
Bilal Ould
Werzeg : L'hypocrisie s'explique par le
fait que le problème Haratine est très sensible et il est central dans l'avenir
de la Mauritanie.
9-La
nouvelle génération consciente des haratine a du mal à comprendre l’attitude de
leurs aînés qui ont crée El-Hor, elle vous reproche d’avoir utilisé la cause
des victimes de l’esclavage à des fins de promotions personnelles. La plupart
des membres fondateurs ont vite déserté le front de la lutte contre l’esclavage
pour une planque ou un portefeuille ministériel. Certains en sont arrivés au
point de nier avec zèle l’existence de l’esclavage en Mauritanie dans le but de
conserver leurs postes en adoptant le discours négationniste de l’état Mauritanien.
Qu’avez-vous à répondre à cette nouvelle génération de haratine?
Bilal Ould
Werzeg : Je ne connais pas de membres
fondateurs d'EL Hor qui ont nié l'existence de l'esclavage même si l’État a
utilisé et continue d'utiliser certains Haratines pour prêcher la propagande
officielle. Lorsque j'étais ambassadeur aux États Unis à Washington, j'ai fait
état de ma lutte contre l'esclavage dans beaucoup d'interviews et je n'ai pas
caché mes antécédents dans la lutte contre les injustices. Malheureusement je
ne suis resté à Washington que 10 mois ce qui est significatif.
10-Lors
des premières arrestations des membres d’El-Hor dont le procès s’est déroulé à Rosso,
avez-vous été soutenu par des mouvements négro-africains ? Si oui
lesquels par exemple ?
Bilal Ould
Werzeg : Je n'étais pas présent au
procès de Rosso.
11-
Les arabo-berbères reprochent souvent aux abolitionnistes de
« taire » les pratiques discriminatoires sur l’idéologie féodale
généralement esclavagiste qui se perpétue dans les milieux des négro-africains,
y-a-t-il une différence entre les deux pratiques ? Pourquoi certains arabo-berbères
et négro-africains se montrent hostiles à la lutte contre l’esclavage que
mènent les harratine ?
Bilal Ould
Werzeg : Vous décrivez la féodalité qui
est partout la même.
12-
L’arabisation des haratines sur fonds de commerce politiquement démographique
qui vient en appui aux faux chiffres de l’état Mauritanien depuis des
années que la Mauritanie est majoritairement « arabe » n’est elle pas
une façon de maintenir les haratine sous la domination de leurs anciens maîtres
esclavagistes ?
Bilal Ould
Werzeg : On ne peut asservir des
personnes par une langue d'autant plus que les enfants haratines aujourd'hui maitrisent
parfaitement cette langue et ils sont en flèche dans la lutte contre
l'esclavage et les discriminations et leurs arguments en arabe portent bien.
13-Pensez-vous
que les haratines ont une histoire à la fois différente de celle des arabo-berbères
mais aussi des autres communautés noires du pays, dans ce cas comment définissez-vous
l’identité des harratines ?
Bilal Ould
Werzeg : Les Haratines sont le fruit de
l'histoire de la Mauritanie et ils constituent ceux sur lesquels la Mauritanie
doit s'appuyer pour sa joie de vivre ensemble et sa pérennité. Leur
intérêt réside dans l'existence en Mauritanie d'un Etat démocratique fort de sa
diversité et fier de l'apport de tous et de tout un chacun pour son devenir.
14-Après
El-Hor, d’autres ONG et associations ont vue le jour: SOS-Esclaves,
association des haratine de Mauritanie en Europe (A.H.M.E), IRA-Mauritanie.
Est-ce qu’un échec d’El-Hor où son relais assuré par ces ONG ?
Êtes-vous fier d’eux ?
Bilal Ould
Werzeg : Toute contribution dans la
lutte contre les inégalités est la bienvenue et je la soutiens.
15-
Quels sont vos sentiments sur le travail fait par l’association des haratine
de Mauritanie en Europe (A.H.M.E) sur la scène nationale surtout
internationale pour dénoncer l’esclavage depuis sa création en juillet
2001?
Bilal Ould Werzeg : Je pense que l'AHME fait une partie appréciable
du travail de lutte contre les inégalités même si je ne connais pas bien cette
organisation.
16-
Avez-vous un message qui est cher à adresser aux lecteurs ?
Bilal
Ould Werzeg : Lorsque
j'étais en exil pour protester contre l'arrestation des membres d'El Hor
j'avais écrit un article dont le titre est « Pour
une Mauritanie mauritanienne ». Je
demande à tous les mauritaniens de travailler pour l'avènement d'une telle
Mauritanie fière de son arabité, fière de son africanité qui doit voir en cela
une grande richesse qui n'est pas donnée à tout le monde et qui réellement
constitue la grandeur du peuple mauritanien.
-Au Secours des Haratine : SOS-Abolition remercie son excellence
Monsieur l’ambassadeur Bilal Ould Werzeg d’avoir accepté de répondre à nos
questions en lui souhaitant paisible retraite.
Si la langue n'asservit q es q asservit alors?
RépondreSupprimerArretez ces hypocrisies et ces larmes de crocodile.
RépondreSupprimerVous étes depuis un certains temps entrain d'amadouer les h'ratines pas puisque vous les aimez,mais simplement pour diviser d'avantage le peuple mauritanien.
Mr Dicko ose tu simplement dire à quelqu'un qu'il est esclave??? bien sur que tu n'ose pas et meme si tu es témerére,la justice de sanctionnera s'il porte plainte.
L'esclavage existait dans toutes les composantes de ce pays y compris ton ethnie les TOUCOULEUR,mais plus maintenant certes. Si tu me dit que ses sequelles existent encore,oui je serais d'accord avec toi.
Quelle était votre réaction et attitude quand on griller vifs nos fréres h'ratines dans les fours de leurs djibiterie au Sénégal???Les h'ratines ne sont pas aussi naifs que vous le pensez!chers fréres POULARS!!!!!