Au-delà
du déferlement verbeux suite à l'interview que j'ai accordée en décembre 2012
au site Haratine c'est, me semble-t-il toute une stratégie de
communication, pire une soviétisation des esprits qui prirent un
coup de grisou. Ou de semonce pour le moment. Un quarteron de
mauritaniens ayant élu domicile en France, croit, qu'à partir d'archétypes,
voire de stéréotypes, la mondialisation informatique aidant, pouvoir manipuler
l'Histoire. Mettre ainsi au rebut tous ceux qui n'ont pas la même vision des
réalités terrestres comme eux. Or ces compatriotes ignorent que l'Histoire se
doit de répondre à une nécessité rationnelle, à un impératif
psychologique. Paul Ricoeur un philosophe français disait « nous
attendons de l'Histoire une certaine objectivité, prise en son sens
épistémologique strict». Certes à la différence des sciences expérimentales ou
normatives, l’Histoire elle est plutôt subjective. Ceci l'expose
malheureusement à toutes sortes d'interprétations fallacieuses et souvent à
caractère vindicatif. Est-ce possible de dire le vrai sur le passé du moment
que le « fait » historique est subjectif car soumis à la
perception de l'homme issu cependant d'un milieu ou d'un groupe social?
Mes parents, mes vieux cousins, en relatant le passé de notre ensemble tribal,
s'arrangeaient toujours à s'arroger les faits glorieux, ne cédant à l'adversité
que la débandade dans la honte. Aux questions intelligentes, ils me disaient
« tu verras quand tu seras grand, j'ai grandi et je n'ai rien vu ».
Ah
si j'ai vu des choses horribles en 1990 au pk 55 au nord de Nouadhibou, où
il y a eu mort d'hommes. Sy Mouhamadou et d'autres me
reprochent de n'avoir rien fait pour empêcher ce massacre et que j'étais même
au courant du « complot » maure contre les
peulhs. Mais au courant de quoi? Mettons d'abord les choses dans leur contexte
initial. En septembre 1990 un groupe de militaires negro-mauritaniens à Azlatt
est accusé de « vouloir marabouter » le commandant de la 7eme
région Cheikh Ould Mohamed Saleh. « Banalité en deçà d'Aleg, horreur
au-delà ».
Soumis
à un interrogatoire musclé, certains probablement torturés en sont morts. Sans
doute pour brouiller les pistes à l'arrivée du chef du 2eme bureau pour
enquêter, le commandant de région lui souleva une tentative de coup d'Etat
fomentée par les militaires halpular. Certains chefs militaires maures pour
conserver leurs postes, donc leurs privilèges ne reculent devant rien. Tous, du
moins la majorité croyant trouver un alibi pour plaire au président Maawiya en
s'en prenant aux peulhs dans leur « récidive » à vouloir faire
basculer son régime. Ceux qui attestent la théorie du complot doivent
revoir leurs affabulations à la baisse. Seule une poignée d'officiers proches
de Maawiya, aidés par des laudateurs attirés par l'appât du gain matériel
immédiat, se souciant peu de l'avenir, concoctèrent cette fois des théories
mensongères imbibées de racisme pour éliminer le maximum de militaires peulhs
de l'Armée mauritanienne. A mon avis rien n'était préparé à l'avance. De Mai
1989 à Septembres 1990, j'étais commandant de batterie d'artillerie. Mes canons
étaient pointés sur l'usine de sucre de Richard Toll. Mes chefs de pièces
étaient tous des peulhs, mes chauffeurs etc...Il n'y avait aucune méfiance à
leur égard, au contraire. Ils étaient tous armés, commandaient leurs
canonniers. En AOUT 1990, j'ai eu une altercation avec le colonel Alioune ould
Mohamed ould Hweichi, alors commandant de région par intérim, le colonel
titulaire Ould Sabar étant malade en Algérie. Je me suis rendu à Nouakchott
pour dire à l'Etat major que je ne peux pas servir un malhonnête. On me mit aux
arrêts de rigueur au BCS. Je n'avais pas tort car Alioune est de mauvaise
moralité et toute l'Armée le sait, bénéficiant d'appuis tel celui de son
« promo » le chef du 1er bureau le colonel Abderrahmane Ould
Boubakar. Par coïncidence la 1ere région exigeait des moyens antichars, les
incursions des Marocains de l'autre coté du mur se faisant de plus en plus
pressantes. En septembre 1990, on me sortit des arrêts, la batterie, les
éléments, moi tous mutés au pk 55 à 200 mètres de la digue, les autres
étant à 2 km.
Au pk 55 il y avait la batterie de 105 mm, la demie batterie de 23 mm
commandée par adjudant-chef Dia, le peloton blindé dont l'adjoint est le
lieutenant Kane Mansour, un sympathique garçon, le sous-groupement 10, force de
frappe de la région cependant très incomplet .Tout ce monde était armé car
faisant face aux Marocains qu'on voyait à partir de la digue. Si les Peulhs
étaient désarmés pourquoi donc continuer à servir une Armée d'Apartheid,
traités de citoyens de second rang? Aucun militaire mauritanien, depuis la
guerre du Sahara jusqu'à nos jours n'est obligé de servir de force .Il
suffit de faire une demande de libération pour résilier le contrat qui vous lie
à l'Armée.
Le but de cette mise au point n'est ni de parler de la « prétendue
lâcheté » des peulhs, ni de vouloir les « diviser », mais
plutôt d'établir une réalité historique. Je respecte tous ceux qui sont
morts, d'ailleurs pour rien .Et vouloir dire la vérité ne signifie pas
qu'on « pilonne » ces malheureux disparus. Voilà ce que doivent retenir
les bataillons de civils peulhs innocents pour qui on veut vendre une
armoierie d'ailleurs à l'image d'Epinal et qui n'était qu'un épisode oiseux de
notre maudite histoire de Mauritaniens. Enfin pour répondre à toutes les
calomnies distillées à mon encontre par Sy Mouhamadou, le docteur Ousmane SY de
Dakar, Abou Sarr, une autre interview s'impose. Si les militaires du pk 55
avaient tiré une seule cartouche contre leurs tortionnaires, peut être que l'
« Enfer d'INAL » n'aurait pas eu lieu. C'est comme « le nez de
Cleopatre qui allait changer la face du monde »...si et seulement
SY.......
Le capitaine Ely Ould Krombolé
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