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dimanche 3 février 2013

Mise au point : L'enfer d'Inal pouvait-il être évité?




Au-delà du déferlement verbeux suite à l'interview que j'ai accordée en décembre 2012 au site Haratine c'est, me semble-t-il  toute une stratégie de communication, pire une soviétisation des esprits qui prirent un coup  de grisou. Ou de semonce pour le moment. Un quarteron de mauritaniens ayant élu domicile en France, croit, qu'à partir d'archétypes, voire de stéréotypes, la mondialisation informatique aidant, pouvoir manipuler l'Histoire. Mettre ainsi au rebut tous ceux qui n'ont pas la même vision des réalités terrestres comme eux. Or ces compatriotes ignorent que l'Histoire se doit de répondre à une nécessité  rationnelle, à un impératif psychologique. Paul Ricoeur un philosophe français disait  « nous attendons de l'Histoire une certaine objectivité, prise en son sens épistémologique strict». Certes à la différence des sciences expérimentales ou normatives, l’Histoire elle est plutôt subjective. Ceci l'expose malheureusement à toutes sortes d'interprétations fallacieuses et souvent à caractère vindicatif. Est-ce possible de dire le vrai sur le passé du moment que le « fait » historique est subjectif car soumis à la perception de l'homme issu cependant d'un milieu ou d'un groupe social?
    Mes parents, mes vieux cousins, en relatant le passé de notre ensemble tribal, s'arrangeaient toujours à s'arroger les faits glorieux, ne cédant à l'adversité que la débandade dans la honte. Aux questions intelligentes, ils me disaient « tu verras quand tu seras grand, j'ai grandi et je n'ai rien vu ».

  Ah si j'ai vu des choses horribles en 1990 au pk 55 au nord de Nouadhibou, où il y a eu mort d'hommes. Sy Mouhamadou et d'autres    me reprochent de n'avoir rien fait pour empêcher ce massacre et que j'étais même au courant   du « complot » maure contre les peulhs. Mais au courant de quoi? Mettons d'abord les choses dans leur contexte initial. En septembre 1990 un groupe de militaires negro-mauritaniens à Azlatt est accusé de « vouloir marabouter » le commandant de la 7eme région Cheikh Ould Mohamed Saleh. « Banalité en deçà d'Aleg, horreur au-delà ».

 Soumis à un interrogatoire musclé, certains probablement torturés en sont morts. Sans doute pour brouiller les pistes à l'arrivée du chef du 2eme bureau pour enquêter, le commandant de région lui souleva une tentative de coup d'Etat fomentée par les militaires halpular. Certains chefs militaires maures pour conserver leurs postes, donc leurs privilèges ne reculent devant rien. Tous, du moins la majorité croyant trouver un alibi pour plaire au président Maawiya en s'en prenant aux peulhs dans leur « récidive » à vouloir faire basculer son régime. Ceux qui attestent la théorie du complot  doivent revoir leurs affabulations à la baisse. Seule une poignée d'officiers proches de Maawiya, aidés par des laudateurs attirés par l'appât du gain matériel immédiat, se souciant peu de l'avenir, concoctèrent cette fois des théories mensongères imbibées de racisme pour éliminer le maximum de militaires peulhs de l'Armée mauritanienne. A mon avis rien n'était préparé à l'avance. De Mai 1989 à Septembres 1990, j'étais commandant de batterie d'artillerie. Mes canons étaient pointés sur l'usine de sucre de Richard Toll. Mes chefs de pièces étaient tous des peulhs, mes chauffeurs etc...Il n'y avait aucune méfiance à leur égard, au contraire. Ils étaient tous armés, commandaient leurs canonniers. En AOUT 1990, j'ai eu une altercation avec le colonel Alioune ould Mohamed ould Hweichi, alors commandant de région par intérim, le colonel titulaire Ould Sabar étant malade en Algérie. Je me suis rendu à Nouakchott pour dire à l'Etat major que je ne peux pas servir un malhonnête. On me mit aux arrêts de rigueur au BCS. Je n'avais pas tort car Alioune est de mauvaise moralité et toute l'Armée le sait, bénéficiant d'appuis tel celui de son « promo » le chef du 1er bureau le colonel Abderrahmane Ould Boubakar. Par coïncidence la 1ere région exigeait des moyens antichars, les incursions des Marocains de l'autre coté du mur se faisant de plus en plus pressantes. En septembre 1990, on me sortit des arrêts, la batterie, les éléments, moi  tous mutés au pk 55 à 200 mètres de la digue, les autres étant à 2 km.
        Au pk 55 il y avait la batterie de 105 mm, la demie batterie de 23 mm commandée par adjudant-chef Dia, le peloton blindé dont l'adjoint est le lieutenant Kane Mansour, un sympathique garçon, le sous-groupement 10, force de frappe de la région cependant très incomplet .Tout ce monde était armé car faisant face aux Marocains qu'on voyait à partir de la digue. Si les Peulhs étaient désarmés pourquoi donc continuer à servir une Armée d'Apartheid, traités de citoyens de second rang? Aucun militaire mauritanien, depuis la guerre du Sahara jusqu'à nos jours n'est obligé de servir de force .Il suffit de faire une demande de libération pour résilier le contrat qui vous lie à l'Armée.
    Le but de cette mise au point n'est ni de parler de la « prétendue lâcheté » des peulhs, ni de vouloir les « diviser », mais plutôt  d'établir une réalité historique. Je respecte tous ceux qui sont morts, d'ailleurs pour rien .Et vouloir dire la vérité ne signifie pas qu'on « pilonne » ces malheureux disparus. Voilà ce que doivent retenir les bataillons de civils peulhs innocents pour qui on veut vendre une armoierie d'ailleurs à l'image d'Epinal et qui n'était qu'un épisode oiseux de notre maudite histoire de Mauritaniens. Enfin pour répondre à toutes les calomnies distillées à mon encontre par Sy Mouhamadou, le docteur Ousmane SY de Dakar, Abou Sarr, une autre interview s'impose. Si les militaires du pk 55 avaient tiré une seule cartouche contre leurs tortionnaires, peut être que l' « Enfer d'INAL » n'aurait pas eu lieu. C'est comme « le nez de Cleopatre qui allait changer la face du monde »...si et seulement SY.......

Le capitaine Ely Ould Krombolé

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