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mardi 5 février 2013

« Caravane de la liberté » : La marche Harratine ou le « Chaos constructeur »

A l’opposé du « Chaos destructeur » sur lequel l’administration américaine a travaillé pendant des années pour aboutir à cette hydre dénommée « Printemps arabe », la « Caravane de la Liberté » initiée par l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) s’était fixée comme principal objectif, selon ses concepteurs, de développer une thèse sur le « Chaos constructeur », cette révolution idéologique et religieuse dont l’objectif « est d’ébranler le fondement millénaire de la société et du pouvoir politique en Mauritanie ». C’est un tel message que la « Caravane de la Liberté », dirigée par le président du mouvement abolitionniste, Birame Ould Dah Ould Abeid, aurait cherché à véhiculer, du 23 au 29 janvier 2013, tout au long de son périple qui l’a menée de l’extrême pointe orientale de la Mauritanie vers ses récifs les plus occidentaux, parcourant ainsi 2.400 kilomètres et traversant une dizaine de grandes agglomérations urbaines.
A l’opposé du « Chaos destructeur » sur lequel l’administration américaine a travaillé pendant des années pour aboutir à cette hydre dénommée « Printemps arabe », la « Caravane de la Liberté » initiée par l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) s’était fixée comme principal objectif, selon ses concepteurs, de développer une thèse sur le « Chaos constructeur », cette révolution idéologique et religieuse dont l’objectif « est d’ébranler le fondement millénaire de la société et du pouvoir politique en Mauritanie ». C’est un tel message que la « Caravane de la Liberté », dirigée par le président du mouvement abolitionniste, Birame Ould Dah Ould Abeid, aurait cherché à véhiculer, du 23 au 29 janvier 2013, tout au long de son périple qui l’a menée de l’extrême pointe orientale de la Mauritanie vers ses récifs les plus occidentaux, parcourant ainsi 2.400 kilomètres et traversant une dizaine de grandes agglomérations urbaines.

Encadré 1

Les Harratines qui avaient demandé la tête de Birame
Parmi les révélations que le président d’IRA, Birame Ould Dah Ould Abeid a faite au cours de la « Caravane de la Liberté », cette initiative mort-née que des cadres Harratines voulaient lancer, selon lui, dans la trame de la cabale montée contre lui après l’incinération des livres du rite Malékite à Riadh (Nouakchott) le 28 avril 2012. Il s’agit selon lui, d’Ahmed Ould Khattri, ancien Directeur des Procapec libéré en octobre 2011 après plus de 2 ans d’emprisonnement, Yarba Ould Sghaïr, Directeur général de l’Agence mauritanienne d’information et Abdallahi Ould MBareck. Ces quatre personnalités, selon Birame, avaient voulu monter une Initiative pour demander à ce qu’il soit exécuté après son forfait, dans une tentative de s’attirer les bonnes grâces de Mohamed Ould Abdel Aziz. Leur initiative n’ayant pas trouvé preneur, ils l’ont laissé tomber, niant par la suite leur tentative. 

Tout à la fois vécu et démenti, l’esclavage est resté tout au long de l’évolution politique et socioéconomique de la Mauritanie, l’une des plus archaïques survivances de la société féodale, constatent en substance les partisans de Birame Ould Dah Ould Abeid, président d’IRA, à la suite d’un périple qui les a conduit le long de la route de l’espoir, de Néma à Nouakchott, du 23 au 29 janvier 2013. Parmi les plus féroces négationnistes, soutiennent-ils, figurent les maîtres les plus rompus à la tâche, véritables gardiens du Temple. Selon eux, ils défendent mordicus dans les prétoires du parlement et du haut de leur prestigieuse charge administrative ou politique, l’idée que l’esclavage n’existe plus en Mauritanie, et rentrent le soir dans leur campement où les attendent attachés dans les fers de la servitude, une meute d’esclaves léguée par ascendance. Des hommes et des femmes, mais aussi des enfants, relèvent-ils, « ferrés dans la pauvreté la plus abjecte, et l’ignorance la plus totale de leur monde et de leur propre condition ». A Néma, un esclave de 60 ans avouera ne pas réciter la Fatiha ni maitriser le rituel de la prière, au moment où l’on se vante d’avoir porté l’islam dans des contrées lointaines.

Encadré 2

Un cas d’esclavage à Dar Naïm (Nouakchott)
Un cas d’esclavage sur un enfant de 10 ans, Cheikh Ould Hacen a été porté par la section IRA de Dar Naïm à l’attention des autorités judiciaires. Interrogé par la Brigade des Mineurs, le jeune a déclaré avoir été amené à Nouakchott par le maître de ses parents, le nommé Mohamed Lehbib Ould Essouvy Ould Elbar, actuellement au Mali. Le gosse qui étudiait à Tintane se verra désormais confiné aux tâches ménagères au profit de sa nouvelle maîtresse Zeynab Mint Weyah. D’après lui, les enfants de ses maîtres vont tous à l’école et mangent à leur faim, ce qui n’est pas son cas. La Brigade des Mineurs l’a confié aux activistes d’IRA tandis que sa maîtresse déferrée au parquet, a été purement et simplement relâchée par le procureur, en attendant l’arrivée des autres protagonistes, les parents du gosse et le maître. Une démarche qui selon IRA risque de n’avoir pas lieux. Ce qui fait dire à ses militants que le manque de volonté de l’Etat à traiter les nombreux cas d’esclavage avérés portés à sa connaissance, les poussent à initier une série de manifestation à partir du samedi 2 février 2013 simultanément à Nouakchott, Guerrrou et Kiffa, pour forcer les autorités à ouvrir les cinq dossiers d’esclavage notoirement avérés qui leur sont soumis. Il a été également demandé à l’Etat mauritanien d’appliquer l’intégralité des lois criminalisant l’esclavage, notamment la loi 048/2007 et les derniers dispositifs de la Constitution considérant l’esclavage comme crime contre l’humanité.

L’esclavage traditionnel Quel est le statut de l’esclave ? Une question à laquelle n’importe quel Mauritanien peut répondre. L’esclave est cette chose qui n’est porteur ni de droit ni d’obligation. Il appartient à son maître qui peut en disposer comme bon lui semble. Une femme esclave n’est pas libre de choisir son compagnon ; ses parents aussi n’ont pas voix au chapitre. Ils ne sont pas tuteurs de leurs propres progénitures, n’ont aucun droit sur elles. Les maîtres sont seuls habilités à autoriser l’union de leurs esclaves, mâles ou femelles, ou à rompre leur union Ils sont les seuls à décider de leur vie ou de leur mort. Les enfants esclaves n’ont pas de parents. Ils appartiennent au maître qui peut les arracher à leur affection à tout moment, pour les vendre, les échanger, les louer. Un seul esclave peut appartenir à plusieurs personnes. Chacun se prévaudra d’une partie de son corps. Un tel dira que le bras droit de l’esclave lui appartient et un autre revendiquera sa jambe gauche, etc. Le maître peut disposer à sa guise de sa jeune esclave sans entrave. Elle n’a pas obligation à se couvrir le corps en entier. Elle n’est pas une femme normale. Elle est tenue juste de cacher ses parties intimes. Alors que la femme libre doit respecter un délai de veuvage de quatre mois et dix jours pour pouvoir se remarier, il n’en faudrait que la moitié pour l’esclave. Une femme libre peut se dévêtir à moitié devant un esclave mâle, mais n’ose pas montrer la moindre touffe de ses cheveux ni la plus infime partie de son corps à un homme libre. L’esclave n’est pas un homme, mais juste une « chose ». L’esclave est dispensé de la prière du vendredi et il lui est interdit de faire le pèlerinage.

Encadré 3

« Une réforme constitutionnelle pour lever toute équivoque sur les sources du droit en Mauritanie »
La « Caravane de la Liberté » initiée par IRA et qui a sillonné le pays d’Est en Ouest, traversant les deux Hodhs, l’Assaba, le Brakna et le Trarza, est arrivée à Nouakchott mardi 29 janvier 2013. Un rassemblement populaire a été organisé à cet effet devant le Stade Cheikha Ould Boïdya de la Capitale, l’occasion pour le président de l’organisation antiesclavagiste, Birame Ould Dah Ould Abeid de faire deux révélations. La première est la conviction presque certaine que son mouvement allait enfin être reconnu par les autorités publiques, trouvant aberrant cette reconnaissance tacite et ces égards officieux dont l’organisation a été l’objet durant son périple, ce qui lui a même permis de soumettre aux autorités régionales des cas d’esclavage qui ont été diligentés. Cette reconnaissance pour une organisation aussi active qu’IRA n’a selon JPEG - 25 ko  
Birame Ould Dah aucune raison valable d’être refusée, d’autant qu’IRA a su faire preuve depuis son existence d’un maximum de respect pour la quiétude publique et la paix sociale. Il s’est engagé ainsi à renouveler sa demande de reconnaissance, dans l’espoir cette fois qu’elle soit exaucée, eu égard au caractère populaire de cette ONG des droits de l’homme et sa forte présence sur le terrain de l’action civique. La deuxième révélation, faite par le président d’IRA au cours de la conférence de presse improvisée est cet ultimatum de six mois qu’il déclare avoir adressé au pouvoir en place pour une révision constitutionnelle. Il s’agit surtout d’un passage dans le préambule de la Constitution où il est question des préceptes de l’Islam, comme seuls source de droit. Selon Birame, cette formule prête à équivoque dans la mesure où dans l’entendement des magistrats et des cadis, d’une manière générale des autorités chargées de dire le droit et de traiter les cas d’esclavage qui leur seront soumis, « préceptes de l’Islam » veulent dire les règles édictées par ce qu’il nomme les livres du « Code esclavagiste » en vigueur et qu’il avait incinéré le 28 avril 2012 dans un geste symbolique. Selon lui, IRA se prépare à saisir par écrit le Conseil Constitutionnel ainsi que le Haut conseil islamique et de la Fatwa pour qu’il soit clairement dit dans la Constitution que la principale source du droit est le Coran et la sunna. A défaut de prendre sa menace au sérieux, Birame Ould Dah a déclaré qu’à la fin de l’ultimatum en juin 2013, il saisira l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), s’assurant d’ores et déjà d’un fort soutien de la part d’Ulémas mauritaniens et d’autres du monde musulman qui sont prêts à le soutenir dans ce combat. « Ce sera IRA et le monde islamique contre la Mauritanie » a-t-il martelé.
L’esclave n’a pas de biens, ceux-ci appartiennent à ses maîtres, qui peuvent le récupérer après sa mort, même si sa veuve et ses orphelins devront rester dans le plus grand dénuement. La seule ambition de l’esclave est de bien servir ses maîtres, pour prétendre entrer au Paradis. C’est ce que ses maîtres lui ont appris, en prenant bien soin de le maintenir dans l’ignorance en l’empêchant d’avoir le moindre accès à la plus petite science. Sa vie n’est qu’un lot sans fin de souffrances et de privations. Une vie d’animal, partagée entre les corvées interminables et la procréation pour agrandir le cheptel humain du maître. L’esclavage idéologique Pour maintenir ces liens entre maître et esclave, IRA soutient qu’il a fallu « inventer tout un arsenal juridico-philosophique, fait d’interdits, de menaces de foudres du ciel ». Parmi cet arsenal, tout un corpus juridique qui serait collé à l’Islam, selon les antiesclavagistes. Pour les partisans de Birame Ould Dah Ould Abeid, « les érudits qui soutiennent de telles thèses sur l’esclavage se basent en réalité sur des règles juridiques édictées voilà des siècles par des penseurs alors qu’elles n’ont rien à voir avec le message divin et prophétique ». L’Islam, selon eux, est venu en libérateur et non en oppresseur. « Il est venu pour redonner à l’homme sa dignité, son honneur et sa grandeur, et non pour le rabaisser au stade de simple primate ».

Encadré 4

« Oulad Cheikh Abdallahi en croisade contre IRA »
Au cours du meeting qu’il avait organisé à Aleg, lundi 28 janvier 2013, Birame Ould Dah Ould Abeid s’est dit profondément choqué et abasourdi par la déclaration que lui avait faite l’ancien président de la République Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Alors qu’il était à la recherche de sponsors pour l’aider dans son périple dans les régions de l’Est du pays, le coordinateur d’IRA au niveau du Brakna, Cheikh Brahim Ould Oudaaa lui avait suggéré de mettre le nom de l’ancien Chef d’Etat, persuadé qu’il n’allait pas refuser de participer à une si noble expédition, dont l’objectif était de sensibiliser les populations de la Mauritanie profonde sur les méfaits de l’esclavage et des lois qui le criminalisent. Birame affirme avoir décidé de lui parler personnellement vu le rang de son interlocuteur, alors que jusque-là, ce sont ses collaborateurs qui s’étaient occupés de cette tâche. Qu’elle ne fut sa surprise, dira Birame, lorsque Sidi Ould Cheikh Abdallahi lui dit avant même qu’il ne put placer le moindre mot « la famille Ehel Cheikh Abdallahi s’est réunie récemment et a décidé de n’avoir aucune relation à l’avenir avec IRA ». Birame considère qu’une telle démarche est dangereuse, surtout émanant d’une famille qui selon lui est connu pour la qualité de ses cadres et de ses intellectuels.
L’Islam, soutiennent en substance Birame et ses camarades de lutte, a mis tous les hommes sur le même pied d’égalité, l’Arabe comme le non arabe (Ajami), les mérites ne se mesurant qu’à l’aune de la Foi. Malheureusement, ces livres de l’exégèse esclavagiste qui font autorité de loi en Mauritanie depuis des siècles, continuent d’après eux, à régir les rapports sociaux. « Ils constituent la seule source du droit et la base fondamentale de la formation des magistrats et des officiers de la police judiciaire » ajouteront-ils. C’est pourquoi, selon eux, toutes les lois interdisant l’esclavage, de 1981 à nos jours, en passant par la loi de 2007 et la dernière tentative de porter dans le corps de la Constitution l’esclavage au rang de crime contre l’humanité, ont de faibles chances d’être appliquées.
Encadré 5
Captage d’héritage
Au cours de son séjour à Guerrou, une femme dénommée Oum Khreïssa Mint Mreïzigh, est venue voire Birame Ould Dah Ould Abeid pour lui exposer son problème. Les maîtres de son défunt mari veulent faire main basse sur la maison qu’elle occupe avec ses deux filles. Selon elle, la maison lui appartient et est inscrite en son nom. Malicieux, les maîtres sont passés par les parents de son mari décédé. Ce sont ces derniers qui poursuivent par procuration la femme dans le dessein de lui arracher la maison pour que les maîtres puissent enfin se l’approprier. Selon elle, l’affaire a déjà fait l’objet d’un procès en première instance près du Cadi de Guerrou qui lui a donné raison. Seulement, la police l’empêche de mettre le moindre bout de brique, ou de bâton dans la maison, sous prétexte que l’affaire est encore entre les mains de la justice. C’est après moult tractations qu’autorisation lui a été donnée de mettre une tente qu’elle occupe en plus d’une chambre en zinc qu’elle a construite du vivant de son mari. Birame, accompagné de ses militants s’est rendu sur les lieux et a pu constater l’extrême dénuement de cette femme et de ses filles. Il lui a remis 6.000 UM comme frais de transport et lui a demandé de le rejoindre à Nouakchott au plus tard hier, samedi 2 février afin qu’il lui engage un avocat. Un érudit partisan de Birame victime d’agression Selon le site Hourriya qui a livré l’information, l’érudit Ahmed Habiboullah El Mehdi, le premier à avoir défendu le caractère licite de l’autodafé de Riadh au cours duquel le président et les partisans d’IRA avaient incinéré des livres du rite malékite, aurait été verbalement agressé vendredi 1er février dernier par l’imam de la mosquée de Kamour, près de Guerrou, sa ville natale. L’imam reprocherait à l’érudit de soutenir le combat des esclavagistes, qualifiant Birame de « criminel qui a osé traîner en justice les filles des Saints », allusion aux femmes impliquées dans des cas d’esclavage à Guerrou et dont le dossier est pendant devant les juridictions à Kiffa. L’imam avait voulu empêcher l’érudit d’accéder à la mosquée et de discourir comme il en avait l’habitude. Seulement, des fidèles dont une majorité de Harratine, l’en ont fortement empêché. L’occasion pour El Mehdi de déclarer qu’il défend la cause antiesclavagiste et que si quelqu’un ose se mettre au travers de cette lutte, ce sont les Harratines qui seront les premiers à le remettre à sa place.
D’après le président d’IRA « ceux qui sont sensés juger les cas d’esclavage portés à leurs connaissances en l’occurrence les magistrats et les officiers de la police judiciaire, ont appris dans leurs études traditionnelles et dans leur formation professionnelle, que l’esclavage est une pratique légale aux yeux du droit musulman ». Ainsi, l’autodafé de Ryadh, survenu en avril 2012, avait pour principal but, dira en substance Birame Ould Dah, d’attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale, sur les contenus de ces livres et du malheur qu’ils ont engendré pendant des siècles en maintenant dans les fers de l’esclavage des centaines de milliers d’individus.

Encadré 6

Des cas d’esclavage à Guerrou
Quatre cas d’esclavage ont été dévoilés dimanche 27 janvier dernier par IRA lors de son passage à Guerrou. Il s’agit de l’affaire de quatre enfants, Sidi Ould Sidina (12 ans) et Momma Ould Jaafar (10 ans) et de deux autres gosses victimes qui ont disparu avec leurs maîtres dès que le problème a éclaté. Les familles qui sont concernées par ces cas d’esclavage, sont la famille Sadvi Ould Ahmed Jidou et sa femme Echayaa Mint Ebouh, la famille Ahmed Maouloud Ould Khaled et sa femme Fatimetou Mint Echawaye. Mais parmi ces quatre cas, seul celui de la nommée Echayaa Mint Ebouh sera transmis aux autorités judiciaires de Kiffa, le commissariat de Guerrou ayant occulté les trois autres cas. Selon IRA, les autorités locales étaient plus préoccupés à aider les esclavagistes à faire disparaître les preuves plutôt qu’à appliquer la loi. Une grande réunion tribale a suivi ces évènements à l’issue de laquelle une marche de protestation a été décidée pour exiger la punition de Birame Ould Dah Ould Abeid, président d’IRA, à l’origine de l’humiliation de la nommée Echayaa devant les tribunaux. Cette marche a été effectivement organisée avec grands renforts de hauts parleurs demandant un châtiment exemplaire contre Birame et ses partisans. Pendant ce temps, à Kiffa, le procureur s’est empressé à libérer la mise en cause sous contrôle judiciaire. Selon la note d’IRA « c’est là une pratique bien classique et tout aussi caractéristique de la justice des Beydanes qui exige de mettre aux arrêts la mère de la victime avec ou à la place des prévenus ».

Aujourd’hui, la revendication d’IRA, soutenue par plusieurs organisations des droits de l’homme, des intellectuels et plusieurs érudits nationaux et du monde islamique, est selon Birame, « d’abattre ces icônes de la division et de l’asservissement, pour ne maintenir comme référentiel religieux que le Coran et la Sunna du Prophète, les seules expressions de l’Islam originel autour desquelles l’unité des Mauritaniens peut se fondre ». Cette révision des fondamentaux religieux locaux, selon la philosophie défendue par IRA, doit s’accompagner d’une révolution sociale visant à rétablir l’Homme dans toute sa plénitude. Il s’agit dans ce cadre de briser le sceau des stratifications sociales qui fondent le privilège de naissance. « Un tel doit être directeur, ministre ou ambassadeur parce qu’il est d’une grande famille, même s’il est d’une médiocrité maladive, et telle autre doit rester au bas de l’échelle parce qu’il est descendant d’esclave, forgeron ou griot de naissance, même s’il est bardé de diplômes, doit être banni » dira Birame Ould Dah. A la place du critère de naissance, qui continue de créer des armées de frustrés, d’exclus et de marginalisés, IRA prône le critère du mérite personnel. Ce schéma social pour lequel Birame Ould Dah Ould Abeid et les militants d’IRA accordent toutes leurs ressources physiques et morales, est pour eux le meilleur programme social et politique que la Mauritanie doit adopter, dans la mesure où il permettra de maintenir la cohésion nationale et d’assurer le développement social et économique du pays. Se tiennent cependant au travers de cette société idéale, selon la lecture propre aux militants d’IRA, des ennemis féroces, aux premiers rangs desquels, les esclaves eux-mêmes et le système politique. La majorité des esclaves, selon IRA, lutte contre les forces progressistes en faisant sienne la théorie de leurs maîtres qui leur décrivent ces organisations antiesclavagistes, telle IRA, comme des émanations du monde occidental et sioniste international, ennemis de l’Islam et de ses fondements religieux. Quant au système politique en vigueur en Mauritanie, il serait basé, selon la terminologie utilisée par IRA « sur la ségrégation et le racisme ». Non seulement, selon les partisans de Birame, « la volonté du pouvoir politique à combattre l’esclavage est nulle, mais il a institutionnalisé un système de nomination abject basé sur les quotas par communauté, en réservant le gros du morceau à la communauté arabe dominante ». Ainsi, les Harratines, les Halpulaars, les Soninké et les Wolof, pris globalement, ne peuvent prétendre à plus de cinq ministres, les trente autres membres du gouvernement étant l’apanage exclusif des Arabes, lesquels considèrent la magistrature, la haute administration publique, la diplomatie, la défense et la sécurité, comme leurs chasses-gardés, sans compter les facilités et les opportunités d’affaires qui leur sont exclusivement réservés. A voir ces centaines de milliers d’esclaves maintenus hors du circuit productif et intellectuel, se désole IRA, « on ne peut que mesurer tout le gâchis créé par un ordre social injuste et inique qui a jusque-là fondé les rapports en Mauritanie ». En conclusion, l’organisation trouve qu’à défaut d’un schéma social égalitaire, la chosification dans laquelle les Harratines (60 à 70% de la population) sont maintenus, risque un jour ou l’autre de provoquer une furie qui pourrait se transformer en un Tsunami difficile à contenir.
Cheikh Aïdara 
Source:
http://lauthentic.info/spip.php?article3114

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