« En
retirant au jeune écolier la possibilité d’utiliser son parler familier
pour lui fournir un instrument de communication encore totalement
inexploitable en début de scolarité, l’école le met dans l’impossibilité
matérielle d’extérioriser ses sentiments et des intérêts. En lui
supprimant le droit à la langue maternelle ou, du moins familière, elle
le stérilise. »
L’Etat
raciste et esclavagiste de Mauritanie a visiblement conscience de ce
pouvoir inhibiteur de la privation de la langue maternelle, lui qui s’en
sert pour confiner les populations noires du pays dans l’ignorance en
leur refusant toute possibilité d’épanouissement dans leurs différentes
langues.
Après
avoir obtenu de l’instance militaire qui dirigeait le pays en 1979, la
décision d’officialiser toutes les langues nationales, grâce à la
pression populaire, les négro-mauritaniens assistent aujourd’hui à une
marginalisation, chaque jour plus accentuée, de leurs langues. Si la
diversité culturelle a été introduite dans la constitution de la
république à travers les derniers amendements apportés au texte
fondamental, les Noirs de Mauritanie continuent de vivre au quotidien au
rythme des ségrégations et des privations de leurs droits les plus
élémentaires.
En
effet, non content de réduire le temps d’antenne des langues nationales
au strict minimum dans les chaines de l’audiovisuel public, l’Etat
raciste et esclavagiste qui nous gouverne a interdit les licences de
création des radios et télévisions privées aux négro-mauritaniens.
Cette
minoration, pour ne pas dire ce mépris, des langues nationales obéit à
la logique d’arabisation tous azimuts du pays. Les administrateurs
envoyés dans les régions du sud ne reproduisent-ils pas d’ailleurs le
schéma colonial en s’adressant à leurs administrés en arabe,
conformément aux orientations du grand idéologue du racisme d’Etat
mauritanien qu’est le président Mokhtar Ould Daddah pour lequel : « on
doit procéder surtout à une arabisation progressive de notre
administration au niveau de la région et du département. En écrivant en
arabe, en s’exprimant en arabe, en irradiant en quelque sorte la langue
arabe autour de lui, l’administrateur arabisant obligera les autres à
faire un effort dans le même sens. »
En
cette journée internationale de la langue maternelle, Touche pas à ma
nationalité tient à rappeler le droit inaliénable de tout peuple à
s’épanouir dans sa langue et exige des autorités racistes du pays
l’officialisation de toutes les langues nationales pour l’émergence
d’une Mauritanie une et plurielle dans laquelle la diversité deviendrait
un moteur de développement et non un frein. Nous mettons en garde le
régime contre les conséquences incalculables pour l’avenir du pays de
continuer à mépriser la composante noire et ses langues.
Nouakchott le 21 février 2013
La Coordination
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