Le convoi, parti de Nouakchott dimanche vers les coups de 8h, sera bouleversé d’abord par le Groupement Général de la Sécurité Routière (GGSR) et ensuite par le contrôle à compte-gouttes d’eau de la Gendarmerie Nationale, arrivera à Inâl lundi vers 13h.
La journée de commémoration a été marquée par une cérémonie de lecture des versets du Saint-Coran et une prière pour les disparus. Au total, plus de 250 militaires ont été incarcérés, torturés à Inâl. Quatre vingt seize d’entre eux vont survivre. Le lieu où se sont déroulés les massacres et les pendaisons dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990 a été transformé en terrain de football.
"Nous avons constaté que les lieux où se sont déroulés les pendaisons ont été détruites mais nous les avons identifiés. Les lieux où se sont déroulés les enterrements ont été dénaturés mais on les a identifiés. Et cela est le premier acte fondateur de notre lutte pour arriver à amener ici dans un temps proche la justice mauritanienne si on la libère et la justice internationale pour écouter les coupables raconter comment ils ont exécuté leur forfait, comment ils ont reçu les ordres, comment ils ont décidé de supprimer leurs vis-à-vis" , a déclaré Birame Ould Dah Ould Abéid au milieu de la caserne où les massacres et les tortures ont eu lieu de novembre à décembre 1990.
Il l’avait dit et il l’a fait
Au mois de mai 2011, lorsque Birame Ould Dah Ould Abéid lance l’idée de se rendre à Inâl pour commémorer la mémoire des Martyrs d’Inâl, peu de personnes y accordaient du crédit. "J’ai un pacte moral avec les orphelins, les veuves et les victimes du racisme d’Etat", avait-il affirmé dans une conférence de presse.
Puis, petit à petit, son idée a commencé à prendre la forme d’un défi à relever. Notamment face à un pouvoir qu’il a publiquement défié en affirmant qu’il allait se rendre à Inâl. Ce que personne, avant lui, n’avait pas pensé jusqu’à même osé le faire. Aujourd’hui plus qu’hier, il est plus convaincu que ceux qui ont tué répondront de leurs actes.
"Il faut léguer ce que vous avez vu ici aux autres mauritaniens qui ne sont pas ici. Il faut le léguer aux étrangers même, aux enfants. Il faut le léguer à toutes les femmes et à tous les hommes engagés contre l’injustice. L’engagement de tous aboutira à ce jugement, à la vérité, à obtenir la tranquillité pour les victimes et pour les populations traumatisées. Nous serons toujours traumatisés tant que ce problème ne sera pas réglé" , lance-t-il à ceux qui ont fait le voyage d’Inâl.
Vingt un ans après les massacres d’Inâl, toutes les traces qui peuvent rappeler cette période dramatique ont été soufflées par le temps et par notamment ceux qui n’ont pas intérêt à ce qu’un jour la vérité éclate.
Le racisme, c’est de ne pas appliquer le droit
Des hommes politiques comme le sénateur Youssouf Sylla ont fait le déplacement à Inâl pour signifier leur solidarité et leur appui aux mouvements des droits de l’Homme et leur compassion avec les familles des victimes.
"Ce problème est une question nationale. Et, il ne faut pas, à chaque fois qu’on le touche, que quelqu’un nous dise que c’est du racisme. Non, ce n’est pas du racisme. Le racisme, c’est de ne pas appliquer le droit. Ce que nous demandons, c’est l’application du droit" , dit Youssouf Sylla.
"Si, quelqu’un a tué ou fait quelque chose qui n’est pas bien, on doit le démasquer, on doit le juger. Si, on ne sait pas qui a tué qui, on ne peut pas pardonner. Nous sommes unis par le sang, par la foi et par la patrie et rien ne peut nous séparer mais nous refusons l’injustice. Il faut que la justice soit appliquée. Les génocidaires doivent être traduits devant la justice. Nous ne sommes pas venus ici pour faire de la provocation mais nous sommes venus ici pour demander le droit" , a ajouté le sénateur de Mbout.
On a eu la première victoire
Plus de 33 organisations de droits de l’Homme venues du Sénégal, de l’Europe, des Etats-Unis d’Amérique et de Nouakchott ont fait le déplacement à Inâl. Depuis 21 ans, après les massacres d’Inâl, c’est la première fois que les orphelins, les rescapés et les veuves s’y rendent.
"Qui l’eût cru ? Pour nous, Inâl deviendra un lieu de pèlerinage. On viendra ici à chaque fois qu’on le pourra. C’est une victoire pour nous. On a eu la première victoire et le reste va venir. La vérité, il faut qu’on le sache. Tous les tortionnaires sont connus" , a confié, les yeux pleins de larmes et d’émotion, Maimouna Alpha Sy, veuve de Baidy Alassane Ba et secrétaire générale du Collectif des Veuves.
Pour marquer à fers rouges ce 28 novembre 2011, une stèle blanche a été érigée sur le lieu des massacres en mémoire des martyrs d’Inâl. En espérant qu’un jour, l’Etat mauritanien, au nom du devoir de mémoire, décrète une journée nationale dédiée aux martyrs d’Inâl.
Les veuves, les rescapés et les orphelins espèrent aussi, comme à Kaédi, que le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz fasse, l’année prochaine, le déplacement à Inâl. Ils espèrent également, comme au Rwanda, que le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz fasse un effort politique pour que les principaux responsables des massacres d’Inâl soient jugés.
Babacar Baye Ndiaye
Innalillahi wa inna ileyi râjioûne !!!
RépondreSupprimerVraiment nous saluons cette initiative qui émane de Birame ould Abeid!!
Unissons nous pour lutter contre l'injustice!!
La Mauritanie est pour nous!! donc nous voulons qu'elle aie une bonne image !!!