Nous ne sommes pas surpris de cette tentative des renseignements généraux de créer une dissidence au sein de l'IRA. Nous sommes poursuivis au quotidien, nous sommes harcelés, nous sommes surveillés. Malheureusement pour eux, ils sont tombés sur un militant aguerri. Notre ami Lahbouss Ould Oumar tient beaucoup à ses principes, au combat que nous menons ensemble. Les renseignements généraux sont passés par le mauvais chemin. IRA-Mauritanie, ses cadres, ses militants, et ses sympathisants sont décidés à aller de l’avant, nous sommes convaincus et ne souffrons d’aucun doute que notre combat portera ses fruits et nous arriverons Inch'Allah très bientôt à une Mauritanie débarrassée de toutes ces tares que sont l’esclavage, le racisme, l’exclusion. Il n’y aura plus de place pour les racistes, plus de place pour les esclavagistes en Mauritanie.
À l’issue du dialogue qui a réuni trois partis de l’opposition et la majorité, il a été décidé d’inscrire l’interdiction de l’esclavage dans la constitution. Est-ce une avancée à vos yeux?
Porter la criminalisation de l’esclavage au niveau de la constitution ne change rien à la situation. Il existe une loi criminalisant l’esclavage, cette loi renferme bien des insuffisances mais du moment qu’elle existe, commençons, d’abord par l’appliquer. Malheureusement, la volonté politique ne suit pas. Nous avons vu, jusque-là, les autorités locales, les walis, hakems, commissaires de police, et commandants de brigade de gendarmerie prendre part clairement pour les esclavagistes, faire tout pour empêcher leur poursuite devant la justice.
Nous ne sommes pas naïfs, les autorités actuelles comme celles qui les ont précédées n’ont pas intérêt à ce que cette pratique s’arrête. Le régime tire sa force de sa connivence avec les groupes féodaux dominants. L’esclavage est d’abord matériel. L’esclave c’est une main-d’œuvre gratuite, très docile. Suivre les dromadaires, entretenir les troupeaux demandent beaucoup d’efforts, beaucoup d’argent. Mais la présence de l’esclave et de sa descendance offre une main gratuite et évite aux esclavagistes de délier les cordons de la bourse. Par ailleurs nous savons aussi que les esclaves mineures servent, excusez-moi du terme, de chair fraîche pour les maîtres qui s’adonnent sur ces mineures à des violences qu’aucune morale ne saurait justifier, tolérer. Les viols sur ces filles, dès l’âge de douze ans, sont quotidiens. Les esclavagistes tiennent à l’esclavagisme pour le profit matériel et l’assouvissement de leur libido bestial.
Propos recueillis par Samba Camara
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