Translate

samedi 29 octobre 2011

"Touche Pas à ma Nationalité" :porte-étendard d'une communauté meurtrie

"Touche Pas à ma Nationalité" :porte-étendard d'une communauté meurtrie image manquante Finalement, le mouvement "Touche Pas à ma Nationalité" (TPN) a battu le macadam, le samedi 8 octobre dernier, à Nouakchott, pour protester contre l'enrôlement discriminatoire à l'encontre de la communauté négro-mauritanienne. La mobilisation s'est, ainsi, accentuée, espérant fléchir la position du gouvernement, peu enclin à la prise en compte de la revendication des jeunes protestataires Les manifestants, fortement mobilisés, ont tenu à afficher leur détermination à poursuivre le mouvement de protestation, jusqu'à satisfaction complète de leurs doléances.

Tout au long de la procession, les manifestants ont exigé la mise sur pied d’une commission indépendante d’enquête pour faire la lumière sur la mort du jeune Lamine Mangane ; la mise en branle de poursuites judiciaires à l’encontre de l’ancien directeur régional de la sûreté du Gorgol, du commandant de brigade de gendarmerie de Maghma. Sur leurs banderoles et pancartes, on pouvait lire leurs appels à la "fin de cette opération" et à la "prise en compte de l'identité plurielle des communautés", dénonçant "le racisme, la discrimination et l'exclusion" dont les Négros-mauritaniens sont victimes. "La composition des commission doit être revue, de façon à ce qu'elle prenne en compte la diversité de la population et mette en place les interlocuteurs qu'il faut".

En clair, "le message adressé aux autorités", renseigne Abdoul Birane Wane, coordinateur du mouvement, "est la suspension de l'enrôlement, en attendant la révision des procédures et de la composition des commissions chargées de cette opération". Les manifestants ont scandé, du centre d'enrôlement de Tevragh Zeïna, jusqu'à l'Assemblée nationale: "Touche pas à ma nationalité", "Aziz Louga" - "Aziz mécanicien" et brandi leurs slogans: "Aziz Zéro", "libérez les prisonniers", "recensement raciste" ; « zéro Boilil », « zéro Mrabih ».

Les protestataires ont, vigoureusement, fustigé l'attitude des autorités qui refusent de prendre en compte cette donne et ont entrepris la répression, violente, de ce mouvement pacifique, notamment à Kaédi et à Maghama, où, dans la journée du 27 septembre dernier, la gendarmerie a tiré, à balles réelles, sur des manifestants désarmés. TPN souligne: "Nous tenons pour responsable le régime d'Ould Abdel Aziz de la tournure, grave et violente, qu'ont prise les choses à Kaédi, à Maghama, à Nouakchott et ailleurs". Les sympathisants ont remis une lettre de protestation aux députés Saleck Ould Sidi Mahmoud, de Tawassoul, Khadiata Malick Diallo, de l'UFP, et de Yacoub Ould Moïne, du RFD, venus les accueillir devant l'Assemblée nationale. Les jeunes protestataires ont lancé un appel, à l'endroit des parlementaires, afin "qu'ils fassent preuve d'une solidarité, sans faille, avec les revendications légitimes, exprimées par une importante frange de notre peuple, et exigent l'arrêt des opérations d'enrôlement en cours".



Jeunesse désabusée face à un système exclusionniste


TPN, en pointe dans le combat contre la discrimination, se positionne, de plus en plus, comme le porte-étendard d'une communauté meurtrie, durant les années de plomb et évoluant à la périphérie d'un système exclusionniste. Face à l'échec, patent, des leaders politiques négromauritaniens, plus soucieux de leur politique alimentaire que du sort de leurs frères de couleur, TPN a réussi à reléguer dans l'ombre, voire aux oubliettes, ces politicards en mal de discernement ou de vision de rupture. Le collectif a mis à nu les carences d'une classe politique négro-mauritanienne plus prompte à s'aligner sur un système étatique exclusionniste que sur les revendications, légitimes, de leur communauté.

La recomposition politique en marche clouera, au pilori, la vieille garde corrompue, composant une classe politique sans âme, toujours avide d'une ascension, d'un strapontin, d'un dessous de table et, jamais, d'une attention active aux problèmes des gens. L'enrôlement discriminatoire a accentué le fossé. Pour la quête des plus élémentaires droits citoyens, c'est une jeunesse désabusée, meurtrie par l'absence de toutes perspectives d'avenir, qui a pris, à bras le corps, le problème d'une communauté qui exige une redistribution, équitable, des richesses et réaffirme son appartenance au pays. Ce n'est plus un secret de polichinelle, le malaise est profond.

Dans le Fouta, les horizons sont bouchés. Des milliers de jeunes "galèrent" et vivent dans de misérables conditions d'existence. Et cette jeunesse désabusée est prête à en découdre, avec des forces d'occupation, toujours promptes à tirer sur le nègre. Le dernier mouvement de fronde révèle un très profond malaise. Les différentes manifestations d'exclusion sont légion, au-delà du recensement, comme, par exemple, les derniers concours de l'ENAJM et de la SNIM. En brousse, des terres ancestrales du waalo sont expropriées et "cédées", moyennent des sommes colossales, à des saoudiens et autres émirs richissimes. De quel droit? Au nom de quels principes? Les vieilles habitudes ont la peau dure.

Des touaregs ont envahi la Mauritanie, en 1992, à la faveur de la guerre civile au Nord du Mali, tandis que des sahraouis étaient, déjà, omniprésents, dans le pays. Personne n'a osé rien dire. Depuis quelques temps, on voit ressurgir, au grand jour, des décisions et des comportements qu'on pensait, à jamais, révolus, avec la chute du régime génocidaire et ségrégationniste d'Ould Taya. Cette résurgence nous ramène, malheureusement, à la pénible raison. Politique arbitraire d'exclusions, de vexations quotidiennes, de discriminations à l'embauche et de contrôle de faciès, à tous les check points...

La Mauritanie pouvait, pourtant, se passer de cette mauvaise publicité qui ne témoigne que de la dangereuse immaturité citoyenne de nos dirigeants, sinon de leur incapacité à contrôler le sectarisme de fonctionnaires, affectés, sans discernement, à des tâches éminemment sensibles. Mais voilà: les enfants impuissants de 89 ont grandi et TPN est devenu le symbole de la lutte pour la liberté et l'égalité de tous les Mauritaniens. C'est un vent puissant, qui vient de loin et qui voit loin.



THIAM Mamadou




LE CALAME

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire