Le dialogue, parcellaire et partiel, pompeusement baptisé «dialogue politique national », vient de prendre fin au palais des congrès.
S’il faut saluer les vertus du dialogue et de la concertation, en soi, ces assises-là nous paraissent anachroniques au regard du contexte spécial, particulier dans lequel elles se sont tenues; contexte marqué et par la répression de manifestations pacifiques, ayant conduit à la mort tragique du jeune martyr Lamine Mangane le 17 septembre 2011 à Maghama, et par la fissure sociale doublée d’une crise de confiance des populations négro-mauritanienne vis-à-vis de l’Etat et du pouvoir qui l’incarne
A l’issue des résolutions de ces conciliabules entre l’Upr, ses partis satellites, et les résidus du Prds, quelques avancées timides comme la création d’une Ceni, les nouvelles modalités de désignation des membres du Conseil constitutionnel, le choix des maires, l’interdiction du vagabondage politique, la lutte contre cette flopée de partis cartables, tous points qui œuvrent à l’instauration de la démocratie.
Si ces points, mineurs, ont été abordés, l’on ne peut ne pas regretter, une fois de plus, que l’on soit passé à côté de l’essentiel; l’on a éludé les questions centrales!
Notre pays n´est pas comme les autres, il est spécifique; de par son caractère multiethnique et bi-racial, il ne saurait emprunter les voies classiques, sans crever l´abcès.
Or hier comme aujourd’hui, les questions cruciales de la cohabitation et de l’esclavage ont fait l’objet de réponses évasives. En effet, les acteurs du dialogue retiennent la diversité culturelle et le droit à la différence dans le préambule mais se refusent à la fois à proclamer l’officialisation des langues nationales qui les consacre et à prendre en charge l’identité négro-africaine et arabe, du pays qui la fonde ! Ils disent tout juste « refuser » l’esclavage, affichant ainsi un recul manifeste par rapport au passé.
Le choix , par chauvinisme et ethnicisme, de la seule langue arabe comme seule langue officielle dans un pays multi-culturel, ne peut plus continuer, sans danger.
Le régime du Président Mohamed Ould Abdel Aziz ne pouvait réussir son dialogue, pour avoir omis de poser certaines conditions préalables, indispensables à sa réussite.
C’est d’abord l’étape de l’apaisement du climat social qui passe par des gestes forts, cohérents et suivis, au lieu de ce pilotage à vue, ponctué de tâtonnements, d’avancées minimes qui alternent avec des reculades manifestes, que traduit une vision floue du cap. Alors que le pouvoir prétend vouloir régler le passif humanitaire, voilà qu’il fait tirer à balles réelles sur des manifestants pacifiques; il affirme vouloir rapatrier les refugiés mais nie toute existence aux 12.000 déportés au Mali. Enfin le président de la République se dit soucieux de l’unité nationale et de la réconciliation entre mauritaniens mais parallèlement démarre une opération d’enrôlement à caractère raciste qui suscite émoi et défiance chez les Négro- Mauritaniens.
Si le processus d’apaisement était sincère, il aurait associer à ce dialogue et la société civile et toute l´opposition interne et externe, qui sont parties prenantes pour toutes les questions d’intérêt national.
II aurait fallu, enfin, face à un chef d’Etat qui s’est rendu expert dans l’art de manœuvrer ses partenaires politiques, nécessairement rassurer sur les garanties de respect et de l‘applicabilité des décisions qui sortiraient du dialogue.
Bref, le fameux dialogue national n’aura pas accouché d’une souris mais d’un rat!
La lutte continue !
Stockholm le 29 octobre 2011
Le département de la communication
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