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vendredi 14 octobre 2011

Monsieur le président !


 
Monsieur  le président, une fois encore, loin de vous donner des leçons de morale, c’est plutôt pour moi un devoir impérieux de vous interpeler, pour vous permettre de vous ressaisir tant qu’il est temps dans l’espoir de mettre terme à cette crise sociale honteuse qui secoue et déstabilise tout en salissant d’avantage l’image de notre pays eu égare à votre fameux enrôlement. En effet, les causes de ce cri de révolte sont lointaines et véritablement à chercher dans un système de gestion inadéquat à notre cher pays : un système ou la violation des Droits de l’Homme est un phénomène récurrent avec une souffrance sociale quasi endémique et une  misère extrême (selon le rapport sur le développement humain 2010, 62% de la population vivent en dessous du seuil de la pauvreté c'est-à-dire touchent moins de 1,25 dollars /jours).

Monsieur le président, honnêtement, aujourd’hui la Mauritanie a besoin des hommes d’avenir et non des hommes du passé ; c’est-à-dire d’un vrai gouvernement collégial, de consensus national, véritablement au-dessus des clivages communautaires et idéologiques autrefois instaurés par les différents régimes d’exception, c’est à dire antidémocratique  pour se maintenir au trône. 
C’est pourquoi, pour éviter la discorde et cette méfiance toujours mesurée de nos différentes sociétés, vous devez tout simplement céder souvent pour ne pas dire se défaire de vos prérogatives du type pouvoir présidentiel et  le copier coller de vos experts  s’ils ne sont pas concomitants aux attentes et aspirations de nos communautés : c’est ça général, le préambule de la démocratie ; si non c’est de la dictature masquée. Aussi, cette population très traumatisée et très fragile n’est-elle pas plus que jamais décidée et déterminée à mourir pour préserver sa dignité et ses droits légitimes ? En tout cas l’éclatement nous guette monsieur le président.
 Monsieur le Président, assurément optimistes ou désespérément pessimistes  il est de notre devoir tous de transcender nos différends et de mettre en exergue l’intérêt général, c’est-à-dire celui de la Mauritanie et de tous les mauritaniens, tout en restant pétri de ses convictions et de ses valeurs pour participer à la mise en place tant souhaitée d’un pays égalitaire et d’éviter tous les conflits providentiellement meurtriers.  En effet, fruit de la dépravation des hommes, la guerre a une finalité forcement  atroce, horrible et sans avantage aucun même pour le vainqueur et comme le disait Protagoras : la guerre  « est le père de toute chose et la mère de toute chose ; pour quelques uns elle fait des dieux, des uns des hommes libres d’autres des esclaves ».
Monsieur le président, peut-on prétendre alors rechercher la paix en usant de tous ses pouvoirs ; en mobilisant autour de soit ses représentants et chefs de service pour les dresser contre leurs propres collègues afin de les intimider ou de les senctionner, parce que ne partageant pas la même idéologie ou ne militant pas le même parti politique ? C’est encore la rééducation impossible des adultes.

Monsieur le président, sans sauter  du coq à l’âne, l’assassinat barbare de souleymane Mangane par vos hommes de loi lors la manifestation à Magama contre l’enrôlement en cours est injustifiable quelque soit la légitime défense insinuée. Une arme lourde est-elle proportionnelle à la réaction spontanée ou irréfléchie d’un manifestant quelles qu’en soient ses revendications ? L’oppresseur ne doit-il pas  avoir une autre arme de dissuasion que la violence ? En tout cas, ce n’est pas avec de telles méthodes issues des régimes d’exception  entre autres, celle de 1989 dont les échos retentissent encore dans certains esprits, que notre unité sociale retrouvera tous azimuts son équilibre pour notre épanouissement.
Monsieur le président, le dialogue politique national est sans doute une chose importante et probablement aussi, une des portes de sortie de crise mais malheureusement, il  n’était pas du tout représentatif et n’étant que l’affaire d’une minorité de partis politiques entre autres El Wiam, dont les idées latentes de son président sont contraires à l’esprit rassembleur et démontrent combien, il est assoiffé d’autorité : "Les partis qui veulent dialoguer sont les bienvenus. Mais s'ils sont des partis de l'opposition, ils doivent être derrière nous. Et s'il s'agit de partis de la majorité, ils doivent être derrière la majorité"
Il était ainsi prévisible que ce simulacre de dialogue politique national allait forcement céder place à un jeu de scrabble, ou le vocabulaire de  jeu de mots : la limitation des prérogatives du président, la structure électorale, le rôle de l’armée, allait constituer les points de divergences des protagonistes. Dans tous les cas, les résultats attendus très prochainement doivent forcement refléter la Mauritanie des profondeurs aussi bien sur le plan social, économique que politique.   
Monsieur le président, retenez bien que notre salut à tous et donc, celui du pays dépend de la façon dont nous marchons ensemble pour ainsi dire que vos projets de développement, quelque soit leur nature et quel qu’en  soit l’avis de vos honorables conseillers, ne seront vraisemblablement conséquents, sans l’implication, la consultation et spontanément la sensibilisation de nos communautés.        

Yacouba Lebkam Lô

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