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mercredi 12 octobre 2011

Interpellation du ministre de l’Intérieur et boycott de son homologue de la justice : L’enrôlement, les réfugiés et le sort des magistrats

La dernière session de l’Assemblée nationale a été comme toutes les assises de la Chambre basse pleine d’empoignades et de rebondissements. Alors que le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ould Boilil se faisait épingler par les députés de l’opposition, son homologue de la Justice, Abidine Ould Khaïry optait pour le court chemin, en refusant de répondre à la question d’un député.
La députée UFP (opposition) Kadiata Malick Diallo a déclaré que le mérite de faire rentrer au pays quelque 15.000 mauritaniens qui vivaient comme réfugiés au Sénégal revient à l’ancien président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et que ces citoyens " vivent actuellement dans des conditions inacceptables ".
Kadiata Malick Diallo, qui interpellait hier dimanche le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ould Boillil, sur les conditions de retour et d’installation de ces anciens refugiés ainsi que sur les défis posés par l’enrôlement des populations en cours depuis le mois de juin, a ajouté que ces citoyens n’ont pas réussi, à ce jour, à récupérer leurs terres et leurs biens.
Elle a aussi indiqué que les procédures d’obtention des documents d’état-civil par ces citoyens " sont encore lentes et empreintes de routine ". De même, elle a aussi évoqué le cas des fonctionnaires Négro-mauritaniens qui ont été expulsés alors qu’ils occupaient de hauts postes de responsabilité, et qui peinent encore à réintégrer la Fonction publique, sans compter les problèmes qu’ils rencontrent face au recensement.
La députée a interpellé le ministre de l’Intérieur en ces termes : " Vous avez dit qu’aucun mauritanien n’a été expulsé vers le Mali alors qu’ils sont 10.000 qui ont été obligés de quitter leurs maisons à Sélibaby et à Ould Yengé à cause de la pression qui a été mise sur eux par l’armée et par certaines milices ".La députée UFP a conclu son intervention en disant que, jusqu’à présent, quelque 24.000 anciens réfugiés sont rentrés au pays, grâce à une collaboration entre le gouvernement mauritanien, le CICR et des organisations non gouvernementales mais que 5000 demandes de retour provenant du Sénégal " sont restées sans réponse de la part du pouvoir ", selon Kadiata Malick Diallo qui se demande " pourquoi ? "
Le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ould Boillil, a, dans sa réponse aux questions soulevées par la députée JPEG - 12.3 ko Kadiata Malick Diallo, indiqué que le retour des réfugiés " est une décision prise par le gouvernement mauritanien qui a tout fait dans le sens de sa mise en œuvre et du respect des engagements pris ". Il a aussi souligné que les citoyens rentrés au pays ont été " réinstallés dans des sites choisis par le gouvernement mauritanien en accord avec eux " ajoutant qu’ils " jouissent de tous les droits dont bénéficient les autres mauritaniens ".
Ould Boillil a confirmé que 4000 familles ont pu opérer le " retour au pays natal " et que l’enrôlement en cours les concerne au même titre que les autres citoyens " dont 100.000 ont pu être recensés à ce jour dans des conditions satisfaisantes ", selon le ministre de l’Intérieur.
Concernant les demandes formulées par des refugiés encore présents sur le sol sénégalais, le ministre de l’Intérieur indiquera qu’elles font l’objet d’une étude et que la décision les concernant sera annoncée incessamment. Il a cependant réitéré sa déclaration concernant l’absence d’information sur des mauritaniens qui auraient été expulsés vers le Mali au cours des exactions de 89-90.
Enfin, concernant les fonctionnaires et agents qui ont perdu leur travail au cours des évènements d’il y a vingt ans, Ould Boillil a indiqué que leurs dossiers sont traités actuellement par le ministère de la Fonction publique pour permettre à chacun d’entrer dans ses droits de manière légale .
Par ailleurs, le député Mohamed Jemil Mansour, président du parti islamiste Tawassoul trouve que le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ould Boilil, aurait mieux fait de démissionner plutôt que de chercher à défendre les forfaitures du gouvernement. Selon lui, les derniers évènements survenus à Nouakchott, à Maghama et à Kaédi prouvent la détermination du pouvoir à diviser la société mauritanienne et à jongler avec la question de l’unité nationale pour mieux asseoir sa poigne, "exactement comme avait procédé Mouamar Kadhafi en Libye et comme le fait actuellement Béchar Assad en Syrie".
De son côté, le ministre de l’Intérieur a déclaré la volonté ferme de son département à poursuivre l’enrôlement des populations en cours nonobstant les cris de protestation. Et de préciser "nous recenserons tous les citoyens mauritaniens et nous ne recenserons aucun étranger quel qu’il soit". Il a précisé par ailleurs que l’Etat est déterminé à assurer la protection des citoyens et de leurs biens ainsi que les institutions de la République et qu’aucune pagaille ne sera acceptée. Il a ajoutée que les jeunes de TPMN ont demandé et obtenu une autorisation de marche que son département a encadré mais qu’aucun débordement ne sera toléré.
D’autre part, le refus du ministre de la Justice de répondre à la question orale d’un député a constitué le fait du jour qui a ébranlé l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Ce refus a entraîné une véritable polémique entre députés de l’opposition et leurs pendants de la majorité. Ainsi, Abidine Ould Khaïry, ministre de la Justice a tout simplement refusé de se présenter devant le prétoire de la Chambre basse pour répondre à la question que lui a adressée le député du parti Tawassoul, Mahfoudh Ould Mohamed Lemine, relative au limogeage de quelques 70 magistrats et leur affectation au ministère.
Selon le député, cette mesure prise en 2010 par le Haut conseil de la magistrature sur la demande expresse du ministre, alors que les tribunaux de la République souffrent d’un manque cruel en ressources humaines et en compétences dans le domaine judiciaire, reflète le cafouillis dans lequel nage le département de la Justice, sans compter les dommages qu’une telle mesure a causé aussi bien aux magistrats évincés qu’aux justiciables.
Dans sa lettre réponse adressée au député pour expliquer les raisons de son refus, le ministre avance qu’il s’agit de questions judiciaires auxquelles il ne peut répondre, ajoutant que la décision a été prise suivant une proposition qu’il avait faite et qu’il en supporte l’entière responsabilité. Et de préciser qu’il s’attendait à ce que la question du député soit élargie aux magistrats objet récemment d’une sanction collective après le traitement judiciaire de l’affaire de la drogue, notamment le limogeage du juge Mohamed Lemine Ould Mohamed Mokhtar et la punition infligée à ses quatre assesseurs.
Selon le député, les raisons avancées par le ministre sont illégales et non convaincantes.
MOMS.
L'authentic.info

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