Pour ce qui
est de l’esclavage et du racisme en Mauritanie. Le texte de Monsieur Ba est le
signe d’une souffrance réelle, une souffrance quotidiennement vécue par des
milliers de Mauritaniens d’origine négro-africaine (de souche Harratins et
d’autres ethnies).
Ce texte démontre la persistance, évidente, en
Mauritanie, d’une forme de séparation, une sorte de mur culturel et sociétal
entre les différentes ethnies qui composent ce pays auquel le colonisateur
Français a donné le nom de Mauritanie, en souvenir de la Mauritanie antique qui
couvrait l’actuelle Tunisie et l’Algérie orientale.
Figure 1 : Jeunes esclaves
chaînes au cou et leur geôlier fusil sur l’épaule.
Les principales victimes de « cet apartheid » sont,
incontestablement, les esclaves et les Harratins qui sont, depuis des siècles,
réduits à des objets ou au mieux sont considérés comme des sous-hommes.
L’esclavage est la pire pratique, la plus
criminelle, que l’homme ait inventée. Les écrits les plus anciens qui nous
soient parvenus relatent l’existence de sociétés et même de civilisations
essentiellement esclavagistes depuis la haute antiquité. Par exemple, le code
de Haammurabi (1792 avant J. -C.) regroupait un ensemble de lois dont plusieurs
portaient sur les esclaves en tant que biens ou « objets » qui pouvaient être
vendus, cédés, reçus en héritage ou acquis en réparation d’une dette ou d’un
crime.
La persistance de l’esclavage en Mauritanie tient
essentiellement à deux facteurs. D’abord, à l’instar de tous les pays
africains, il s’agit d’un pays très jeune qui n’est pas encore totalement sorti
d’un mode de vie antique, dans un espace géographique dans lequel l’esclavage a
probablement toujours existé. Il y a aussi le fait que cette situation
particulière rend l’émancipation des individus (« maîtres » et « esclaves »)
très lente.
Figure 2 : Jeunes esclaves cordes
au cou et chaînes aux pieds et leur geôlier musulman, à gauche en retrait.
Par ailleurs, dans cette partie de l’Afrique,
l’esclavage fut, pendant des siècles, l’objet d’un commerce des plus inhumains.
Les Arabo-berbères de la Mauritanie actuelle y ont évidemment participé. Mais
ils ne sont pas les seuls. Ce qui ne les excuse point ! Les négriers Bretons et
les rois musulmans Mandingue et Toucouleur (qui ont été, à l’apogée de leurs
pouvoirs, plus riches et plus puissants que n’importe quel émir arabo-berbère
de la Mauritanie ancienne ou actuelle et même de toute l’Afrique du Nord) y ont
joué un rôle de premier plan, durant toute la durée de cette tragédie. Les
premiers ont convoyé des bateaux entiers remplis, à fond les cales, d’esclaves
noirs vers les Amériques, les Antilles et les Caraïbes et les seconds en furent
les principaux fournisseurs en Afrique de l’Ouest bien avant même la traite
transatlantique.
Figure 3 : principales routes du commerce
d’esclaves noirs au Moyen âge
Avant que l’homme Blanc ne pénètre en profondeur en
Afrique de l’Ouest, un témoin incontournable, le premier Blanc a avoir parcouru
une grande partie de cette Afrique, à pieds, René Caillé, est un témoin
oculaire, qui rapporte, dans ses mémoires, le cas d’esclaves noirs vendus aux
caravaniers maures par les rois de Ségou sur les marchés de Tombouctou et de
Djenné pour être acheminés vers l’Afrique du Nord à travers le désert du
Sahara. René Caillé décrit avec force détails les châtiments cruels que
subissaient les malheureux esclaves par le chef de la caravane avec laquelle il
voyageait vers le Maroc. Selon René Caillé, il s’agissait d’un homme de la
tribu des Tajekant, la tribu de l’actuel Premier ministre de Mauritanie. Les
esclaves étaient revendus par les caravaniers Maures sur le marché de Goulimine
(alors frontière entre le monde maure et le monde berbère) en bordure du Sahara
aux Berbères Marocains. Nul part ailleurs, en Mauritanie, René Caillé, qui a
séjourné longtemps dans le Trarza (région qui regroupe le plus grand nombre de
Harratins et d’esclaves en Mauritanie et qui est aussi la première à avoir noué
des contacts avec les Européens), ne relate de faits semblables. René Caillé
décrit cependant les mauvais traitements que subissaient des esclaves noirs,
dans les campements Maures Trarza où il avait été accueilli pour apprendre
l’arabe et quelques rudiments de l’Islam. Mais il n’évoque aucun cas de vente
d’esclave ni aucun marché où étaient vendus des esclaves noirs. On peut donc
penser que les pistes caravanières qui reliaient Tombouctou à Goulimine, Alger
et le Caire ont acheminé, pendant des siècles, le plus grand nombre d’individus
noirs victimes du commerce criminel, transsaharien, d’esclaves noirs.
Et il est évident que les razzias menées par les
cavaliers arabo-berbères en Afrique noire ont contribué à cette pratique
criminelle. Mais leur méfait reste très inférieur, par son ampleur, comparé à
ce qui a été un commerce industriel d’esclaves entrepris par les négriers
européens. Les nombreuses îles et pays, peuplées de populations noires issues
de ce commerce infâme l’attestent mieux que tous les livres d’histoires sur ce
sujet.
Mais que sont devenus les noirs vendus en esclaves
dans « la traite transsaharienne » ? Beaucoup ont regagné l’Orient par le port
de Tanger au Maroc et ceux des villes de Tunis, d’Alger, de Tripoli et le Caire
qui feront, après le Moyen âge, partie de l’Empire Ottoman. Avec l’avènement de
l’empire Ottoman la traite a continué, et la plupart des esclaves terminaient
leur triste périple à Constantinople (Istanbul) avant d’être envoyés pour les
travaux forcés dans tout l’empire Ottoman. Et on trouve encore, aujourd’hui, la
trace, notamment en Irak où il existe une communauté de descendants d’esclaves
africains qui subit les mêmes discriminations qui persistent en Mauritanie ou
aux États-Unis d’Amérique et encore en France (qui sont pourtant de grandes
démocraties où l’esclavage a été réellement aboli mais où les discriminations
contre l’homme noir persistent):
La plupart des esclaves noirs venus d’Afrique
de l’Ouest en Orient ont disparu, car il s’agissait selon toute vraisemblance
d’une population essentiellement mâle et fort probablement « la castration
était largement pratiquée pour éviter leur reproduction ». Cependant, une
minorité d’esclaves noirs passés par le Maroc, à destination de l’Orient, y a
fait souche. Les Gnawas, par exemple, en sont les descendants. D’autres ont été
intégrés dans les armées et les cours des rois ou chefs religieux d’Afrique du
Nord et d’Orient. Et on en trouve même des descendants qui sont princes en
Arabie Saoudite, au Koweït et dans les Émirats Arabes-Unis.
Mais, partout où elle persiste encore, la
discrimination contre les noirs, une discrimination qui n’est pas sans lien
avec l’esclavage, relève plus aujourd’hui d’un problème sociétal que d’un
problème de racisme pur, érigé en politique d’État ou édicté par une religion.
Par exemple, la France et les États-Unis
d’Amérique sont de grandes nations qui ont connu des révolutions, qui ont lutté
pour la liberté de leurs citoyens, qui ont proclamé et qui défendent de grands
principes, qui ont abrité et qui abritent, depuis des siècles, de grands
philosophes, écrivains et intellectuels humanistes, antiesclavagistes,
antiracistes qui se sont élevés contre toutes les formes de xénophobie et de
racisme. Mais les discriminations, en particulier, contre la personne noire y
sont encore et toujours criantes. Pourtant ni la France ni les États-Unis
d’Amérique ne sont des États racistes. Mais au contraire de la Mauritanie, les
pouvoirs y reconnaissent l’existence de ces discriminations, punissables par
ailleurs par les lois de ces grandes nations, mais toujours persistantes,
notamment dans l’accès aux hautes fonctions, autant dans les institutions
publiques que privées.
Figure 4 : châtiment public d’un esclave en
Amérique du Nord
Et pour abolir l’esclave, les États-Unis
d’Amérique ont connu une guerre civile qui a été aussi la guerre la plus
meurtrière, en ce qui les concerne, en vies humaines (plus que chacune des deux
guerres mondiales, plus que la guerre du Vietnam) ! Mais les séquelles de
l’esclavage sont encore bien visibles dans cette grande démocratie.
« Je suis noir et je n’aime pas le manioc »,
crie aux Français un Camerounais « naturalisé français », qui aspire ainsi à
être reconnu comme français à part entière.
Figure 5 : un négrier sciant à bord les fers
d’un esclave
Figure 6 : esclaves en attente de départ aux
Amériques avec leurs geôliers musulmans
Comme s’il suffisait d’opposer sa « négritude
» à cette plante nourricière originaire des Amériques et largement consommée en
Afrique noire pour devenir Français à part entière ! Non, Monsieur, hélas, cela
ne marche pas ainsi ! Pour lutter contre toutes les formes de discriminations
il faut être plus sérieux. Il s’agit là d’un effort, qui doit être universel,
collectif et continu. Et certainement un effort de longue haleine :
http://societieswithoutborders.files.wordpress.com/2011/12/parker2011final.pdf
La Mauritanie quant à elle est très
insignifiante. Elle sort à peine de l’antiquité. Hier encore, il y a moins d’un
siècle, on y vivait partout sous la tente, comme aux temps bibliques d’Abraham,
avec comme seuls biens son troupeau de chèvres, de moutons, de dromadaires ou
de vaches et quelques palmiers et hélas ses esclaves noirs avec leurs petites
tentes d’esclaves, faites de milles et une pièces de chiffons rapiécées,
dressées devant les pavillons imposants, en laine de moutons noirs, de leurs
maîtres et qui ne choquaient même pas le colonisateur français lorsqu’il venait
prélever l’impôt chez les indigènes !
Et, la Mauritanie n’a jamais compté, dans sa
petite histoire, un seul philosophe, ni aucun écrivain, aucun Voltaire, aucun
Zola, digne de cette appellation pour s’élever contre cette pratique
abominable.
Figure 7 : Un panneau publicitaire annonçant
l’arrivage prochain d’un négrier chargé de 250 esclaves (en bonne santé)
Le racisme existe bel et bien en Mauritanie
et il y est porté par des extrémistes de tous bords, aussi bien Beïdanes que
Négro-africains. Et il y est même enraciné bien avant que la Mauritanie ait vu
le jour, le 28 novembre 1960. Et ce racisme tire sa source exclusivement de
l’esclavage. Des rois noirs musulmans avaient eu dans leurs harems des épouses
mauresques. Et un émir maure avait eu comme épouse une princesse noire dont les
descendants sont reconnaissables en Mauritanie par la couleur noire de leur
peau. Tous ces émirs maures et tous les rois noirs d’Afrique de l’Ouest,
Toucouleur ou Mandingues notamment, musulmans ou animistes ont été tous
esclavagistes ! Et les victimes en sont et ont été massivement et exclusivement
noires !
Hélas, l’esclavage en Mauritanie n’est pas
seulement une pratique qui n’existe que dans la communauté mauresque. Dans la
région du fleuve, dans le Gorgol, dans le Guidimaka et dans l’Assaba où
Deyloule a vécu jusqu’à l’âge de 16 ans, il existe aussi des descendants
d’esclaves noirs, aux noms de famille bien identifiés, ayant été réduits à la
servitude par leurs frères noirs et qui subissent eux aussi cette
discrimination.
Figure 8 : la traite transatlantique (et ses
chiffres tragiques)
L’esclavage en Mauritanie est un fléau
national.
Enfin, ce n’est pas en affirmant que telle ou
telle communauté est minoritaire (ce du reste aucune statistique fiable ne
confirme qui contredirait les écrits du colonisateur qui a nommé ce pays aussi
celui des Beïdanes qui en comptait près d’un million à l’indépendance) que
l’on va résoudre le problème de l’esclavage et du racisme en Mauritanie.
Dresser, par ce biais, les communautés les unes contres les autres ne va jamais
résoudre ces problèmes sociétaux qui concernent le destin de groupes humains
devenus, par le hasard des choses, citoyens d’une même nation en devenir.
La diversité du peuple mauritanien constitue,
sans aucun doute, sa principale richesse. Il faut sauver cette diversité. Mais
il est à craindre que le chemin soit long et semé d’embûches étant donné la
médiocrité des militaires qui gouvernent le pays depuis 1978.
Pour ce qui est des langues et de l’hymne
nationaux. Parlons-en. Le breton, le
castillan, le basque, le poitevin, les créoles, le catalan, le languedocien,
l’alsacien, le corse, le tahitien, l’occitan, le français, etc. sont les
langues parlées et écrites en France. Et si certaines sont reconnues
localement, une et une seule, le Français, est la langue officielle du pays. Et
quelques-unes, comme par exemple les langues amérindiennes de Guyane, sont même
en voie, très avancée, d’extinction. Et l’on constate que la Marseillaise n’est
pas déclinée dans toutes ces langues pour la bonne raison qu’elle a été écrite
par Rouget de L’Isle en Français. Il convient donc, pour des raisons de bon
sens, d’opter pour une et une seule langue officielle, ne serait-ce que pour
éviter la cacophonie. Faut-il choisir le Français, l’Arabe ou une autre langue
? Cette question a été tranchée par la première constitution de la Mauritanie,
dès son indépendance. Mais une constitution peut être modifiée, de préférence
démocratiquement. En revanche, il est inadmissible, qu’en Mauritanie, toutes
les langues nationales n’aient pas leur place dans l’espace médiatique et culturel.
Du temps de Moktar Ould Daddah et même après le coup d’état du 10 juillet 1978,
le journal radiodiffusé était décliné dans les principales langues nationales :
français, arabe, halpoular, soninké. Chacun doit être libre d’avoir sa radio ou
sa télévision privée dans sa langue maternelle.
Pour ce qui est du nom de l’équipe nationale
de foot-ball de Mauritanie. C’est un
grand honneur pour cette équipe de s’appeler « Al-Murabittin ». En effet, dans
les armées Almoravides, les soldats noirs étaient très nombreux. La garde
personnelle de Youssouf Ibn Tachefin comptait pas moins de 7000 hommes noirs.
Donc s’il y est un élément de l’histoire susceptible d’être fédérateurs des
Mauritaniens c’est bien cette appellation. Sauf que les Almoravides avaient
gagné des batailles décisives. La première fut contre le roi de L éon et de
Castille, Alphonse VI et ses alliés Francs aux portes de Saragosse. Les archers
et fantassins noirs armées de lances y avaient joué un rôle de premier plan.
Malheureusement, il est vrai que l’équipe football mauritanienne n’a jamais,
quant à elle, gagné aucun trophée !
En conclusion. Le premier mal que les Mauritaniens devront
combattre c’est l’ignorance. Les Harratins et les esclaves ne s’émanciperont
que par eux-mêmes. Il revient à leur leaders de collecter des savoirs et des
fonds, de par le monde, pour bâtir leurs propres écoles, inventer leur propre
destin, s’émanciper et ainsi damer le pion à tous les descendants de ceux qui
avaient réduits en esclaves leurs ancêtres. Car en effet, la liberté ne se
donne pas. Elle s’acquiert, soit par les armes soit par le savoir. Deyloule est
partisan, tant que faire se peut, de la deuxième méthode qui doit de toute
façon primer sur la première et nécessairement la précéder. Et bien sûr si cela
n’est pas possible pacifiquement, il y aura des révoltes et des révolutions
sanglantes. C’est inévitable !
Monsieur Obama, un métis, né d’un noir
africain, Kenyan, dont les ancêtres n’avaient jamais posé le pied aux
États-Unis d’Amérique et d’une blanche américaine du Kansas, de souche
irlandaise, n’a pas gagné deux élections présidentielles successives, dans ce
qu’est la première puissance économique et militaire du monde, parce qu’il est
noir ou parce qu’il est soutenu par l’un des deux plus puissants partis politiques
des États-Unis d’Amérique, mais essentiellement et d’abord par son intelligence
supérieure. Une intelligence qui crève les yeux ! Il suffit d’entendre l’homme
parlait devant la foule lors de la proclamation de sa première victoire contre
son adversaire républicain, le quatre novembre 2008. Quelle facilté ! Quel brio
! Quelle force morale et intellectuelle ! Son intelligence a fait de lui l'un
des plus brillants étudiants de la très prestigieuse université de Harvard ! Un
de ses professeurs, une femme, dit à son père dont elle avait hérité la chaire,
la plus prestigieuse de cette université, qu’Obama est le plus brillant
étudiant qu’elle ait jamais eu ! Mais le président Obama s’est aussi avéré être
un très grand homme politique, à l’instar des plus grands présidents des
États-Unis d’Amérique. Monsieur Obama est et demeurera un modèle à suivre pour
toutes les classes opprimées, où qu’elles se trouvent, dans l’univers habité
par l’homme :
http://www.youtube.com/watch?v=3K8GWCl7P7U.
Source : Deyloule-Mail : Deyloule@yahoo.fr
Bonjour.
RépondreSupprimerla Figure 4 : châtiment public d’un esclave en Amérique du Nord, a été prise dans le Delaware dans les années 1920, donc ce n'est pas un esclave !
Oui, il s'agit d'un tableau de 1920 qui reproduit des faits qui ont existé !
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