NELSON MANDELA, UN DERNIER REPOS
POUR LE HÉROS DES «BOBOS»
Le post-apartheid
On dit de Nelson Mandela qu’il
fut une icône de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud et un symbole de
la lutte antiraciste en Afrique. Nelson Mandela fut beaucoup plus que cela, il
fut le héros de la classe des « bobos » et le dernier des échoués de l’Arche de
Noé des non-alignés, un agglomérat échevelé de 120 États et de nombre de
potentats -- tous aussi compromis les uns que les autres avec un « bloc » ou
un autre -- réunis sous le leadership de l’Iran, de Cuba castriste, de
l’Indonésie « soekarniste », de l’Inde « ghandienne » et de
l’Ex-Yougoslavie « titiste », et de la Chine « maoïste », etc.
On célèbre le héros de la fin de l’antiapartheid, mais l’apartheid a-t-il été
aboli au pays des Zoulous ? Réconciliation nationale et pardon collectif ont
été mis à l’honneur par les « bobos » sud-africains pacifistes (eh oui, là
aussi ils sévissent), mais qu’en est-il de la population zouloue pauvre à qui
on a offert de mourir en silence dans ses townships-bantoustans ? Un article
récent dévoilait les règles de fonctionnement du néo-apartheid contemporain en
Afrique du Sud “libérée”, si chagrinée de voir la fin de son « père
fondateur-libérateur » :
« Avec une énorme tristesse, je pleure avec vous la perte de tant de
collègues » (sic) a déclaré le 23 août 2013, pendant le deuil national en
Afrique du Sud, le président de Lonmin (monopole du platine
NDLR). Ses « collègues » sont les 34 mineurs noirs en grève tués par la police
à Marikana où Lonmin, société dont le siège social est à Londres,
possède une grande mine de platine. Les mineurs faisaient la grève non
seulement pour des salaires plus élevés, mais contre un insoutenable système
d’exploitation d’apartheid. » [http://www.legrandsoir.info/les-armes-du-nouvel-apartheid-il-manifesto.html
].
Beaucoup plus abominable que la mort de Nelson Mandela, le 16 août
2012, 34 mineurs désarmés, en grève spontanée, ont été assassinés par la police
raciste de l’Afrique du Sud post apartheid. Plus de 78 autres ouvriers ont été
aussi blessés, la police tirant à l’arme automatique dans le dos de ceux qui
fuyaient ce carnage d’africains au pays de Madiba l’Africain (1). Où était donc
le père de la nation «libérée» pendant cette sauvage tuerie des pestiférés et
des damnés ?
Quatre jours plus tard, la multinationale assassine Lonmin – où siègent
les patrons de Nelson Mandela l’ex-président, et de son présent
remplaçant, le sous-fifre Jacob Zuma, président d’opérette de l’Africain
National Congres (ANC) –, annonçait qu’« à Marikana, la
situation est calme » et qu’un tiers des vingt-huit mille mineurs avait repris
le travail » d’esclaves salariés post-apartheid.
La sanction tribale de Madiba
Tout cela se passait onze ans après la soi-disant abolition de l’apartheid (30
juin 1991), date où l’oligarchie blanche minière et milliardaire de l’Afrique
du Sud raciste acquérait ses lettres de noblesse internationales, contresignées
par un roi-noir pacifiste tenant du non-alignement, l’avocat « Madiba»-Mandela,
le héros des «bobos» occidentaux http://fr.wikipedia.org/wiki/Apartheid
Après la procession du pardon, le bourreau capitaliste et raciste s’excusa
d’avoir occis, ostracisé, opprimé et exploité ses esclaves enferrés. Mais le
ferme propos n’y était pas et, sitôt confessé et pardonné, le criminel
capitaliste fit ce qu’il faut pour que la potiche Mandela ne dérange rien à ses plans de
brigand. L’exploitation du travail salarié, maintenant hors lois d’apartheid,
mais désormais sous le racisme rampant et vagissant allait se poursuivre
implacablement. Terminé l’esclavage raciste classique, bonjour l’esclavage
salarié modernisé ! Un pays industriel puissant et techniquement évolué comme
l’Afrique du Sud se devait de moderniser sa superstructure judiciaire, légale,
gouvernementale, policière et militaire. Même le réactionnaire ex-premier
ministre conservateur canadien, collaborateur des minières multinationales
sud-africaines, l’Honorable Brian Mulroney, en convenait et exigeait un
changement de tactique dans l’exploitation de la classe ouvrière d’Afrique.
Le 30 juin 1991, les actionnaires et les banquiers capitalistes de
Johannesburg, de Londres, de Rotterdam et de New York venaient de perdre la
mainmise exclusive sur le pouvoir d’État en Afrique-du-sud. Ils se résignaient
désormais à le partager avec une bourgeoisie noire ascendante, assoiffée de
puissance et de capitaux qu’elle obtiendrait par son contrôle de l’appareil
d’État. Les deux factions bourgeoise (blanche internationale et noire
sud-africaine) obtenaient ainsi une paix séparée qu’ils croyaient bien méritée.
Nelson Mandela et l’ANC
s’engageaient à assurer cette paix des braves tant désirée pour exploiter le
travail salarié et les minerais si abondants dans ce sous-continent.
La grande grève des caboots
La grève d’août 2012 de 30 000 mineurs sud-africains est venue briser ce mirage
de paix sociale entre les grands capitalistes monopolistes internationaux; les
petits-bourgeois-noirs, nationalistes chauvins complices, entremetteurs
et arnaqueurs; et finalement les prolétaires de la misère – le sel de la
Terre.
Cette grève fut exemplaire à plus d’un titre : d’abord parce qu’elle était
illégale, ce qui signifie qu’une fraction de la classe ouvrière a enfin renoué
avec ses traditions de défi et de déni du droit bourgeois-capitaliste, qui
cherche à contraindre-judiciariser-écraser les luttes des ouvriers dans les
limites étroites du droit des riches, fait par les riches et au bénéfice des
riches, tels qu’entériné par Madiba, premier roi-noir à la présidence de
l’Afrique-du-Sud post-apartheid mais toujours ségrégationnée.
Qui plus est, cette grève était organisée par une union syndicale illégale
constituée en opposition aux syndicats de collaboration de classe affidés à
l’ANC – le parti politique de Nelson
Mandela, ex-président de ce parti bourgeois pour noirs assoiffés de
profit. Aujourd’hui, l’ANC et ses filiales sont bien accrochées au cargo
de l’État corrompu, comme tous les partis politiques dominants sur le
continent africain néo-colonisé. D’ailleurs, quelques mois après cette première
vague de grèves sauvages, certains chefs syndicaux de cette centrale syndicale
illégale ont été assassinés par des nervis, dont on ne sait pas encore s’ils
ont été recrutés par l’ANC ou par le cartel monopoliste
anglo-australo-sud-africain des minières cotées en bourse. Personnellement,
j’opterais pour une « job de bras » à frais partagés, rien ne vaut la
collaboration dans la répression et l’oppression des révoltés.
La misère mortifère se répand comme du chiendent
Depuis la « Libération de l’apartheid de 1991», les 40 millions de noirs (75 %
de la population du pays) vivent en enfer sur Terre. Selon l'indice de
développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD), l'Afrique du Sud a reculé de 35 places dans leur classement en quinze
ans (1990-2005), traduisant ainsi l'appauvrissement général de la population.
Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil d'extrême pauvreté a doublé
en dix ans, passant de 1,9 à 4,2 millions, soit 8,8 % de la population (des
noirs pour la plupart). Près de 40 % des villes en Afrique du Sud sont
composées de townships (ex-bantoustans) et cette différence entre les riches et
les pauvres est très visible et elle est à l'origine de beaucoup de
tension entre les deux classes sociales. Plus de 43 % de la population vit avec moins de 3 000 rands (260 euros) par an. Le chômage serait
selon l’OIT à un taux officiel de 23,2 %, mais les syndicats l'estiment proche
de 40 % (2). Voilà l’héritage du petit père des peuples noirs d’Afrique du Sud que
d'aucuns ont soupçonné d’être « communiste » ! Rassurez-vous bonnes gens, il
n’en fut rien, révisionniste et réformiste tout au plus.
L’effondrement de l’illusionnisme nationaliste chauvin
Aux yeux de la nation sud-africaine, et aux yeux du monde entier, Nelson
Mandela symbolisait la lutte démocratique antiapartheid, ainsi que la lutte
du capitalisme bourgeois zoulou pour l’indépendance nationale sud-africaine ce
que les tristes maoïstes appellent la Révolution de Démocratie Nouvelle
et les altermondialistes-tiers-mondistes prénomme Lutte de Libération
nationale des pays émergents. Mais voilà que l’amère réalité
économico-politique contemporaine nous révèle que sous le règne économique
hégémonique de l’impérialisme mondial, il n’existe aucune possibilité de créer
un État bourgeois capitaliste qui ne soit pas inféodé à un bloc impérialiste ou
à un autre...la troisième voie n’existe pas Monsieur Mandela.
Peuples et ouvriers éplorés ne comptez surtout pas sur la petite-bourgeoise
frivole, veule, hésitante, branlante et inconstante de votre pays pour diriger
jusqu’au bout une lutte d’indépendance véritable (la seule indépendance
qui vaille est celle vis-à-vis de l’impérialisme
international et non pas la «libération» d’une faction d’exploiteurs pour se
mettre sous le joug d’une autre clique de spoliateurs). La
petite bourgeoisie « mandeliste » s’est satisfaite des
manifestations extérieures – ostentatoires et frauduleuses – de l’indépendance,
comme de faire élire un noir corrompu (Jacob Zuma) à la tête d’un parlement de
députés noirs, pantins, larbins, prévaricateurs et parvenus, à la solde de
multinationales minières impérialistes, et elle affirme que cette mascarade est
la « plus grande victoire de l’Histoire de l’Afrique-du-Sud ».
En Égypte, encore récemment, n’avez-vous pas entendu de tels arguments, et à
Tunis après une élection bidon? Au Québec, ils sont pléthore à exiger
l’indépendance par rapport au clan impérialiste de Toronto, afin de placer
les ouvriers sous la houlette de la clique impérialiste de Montréal. En France,
les «bobos» chantres de l’indépendance bourgeoise nationale proposent de
retourner au CNR de 1945, après audit citoyenne de la dette souveraine
(sic), etc.
Partout dans le monde la bourgeoisie
nationale et ses «bobos» affidés préfèrent se vendre aux plus offrants à titre
de meilleur garde-chiourme local de l’impérialisme mondial. En cela Mandela fut le dernier des prétendants
au titre de « Libérateur », le dernier des échoués de l’arche de Noé des
non-alignés après Mugabe, Khomeiny, Kadhafi, Bourguiba, Nasser, Castro,
Tito, Boumédiène, Sihanouk, Chavez, Morales, Allende, Soekarno, Gandhi,
N’khruma, Lumumba et Mao Tze-dong etc.
Demandez aux camarades afghans, irakiens, turcs, kurdes, arméniens, égyptiens,
tunisiens, yéménites, congolais, ivoiriens, maliens, somaliens, soudanais,
argentins, équatoriens, brésiliens, etc. ce qu’ils pensent des «
révolutionnaires de salon » des réseaux sociaux, et autres fadaises d’ados
attardés altermondialisés ainsi que de ces féministes frustrées – «Femens de
leur métier » – et autres réactionnaires venues de l’Occident dépravé, héroïnes
des médias bourgeois et des «bobos» excités de reluquer leurs seins dénudés – ridicule parodie de la liberté.
La classe ouvrière a encore beaucoup à faire !
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Robert
Bibeau/ Canada
Contact : robertbibeau@hotmail.com
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