Kaédi. Pour « une posture
commerciale » la ville a tremblé au rythme de la vindicte populaire. Une
vindicte qui s’explique par la mauvaise gestion des autorités d’une banale histoire
de gifle « inadéquate ». Les populations ont encore décrié la
partialité des autorités dans le traitement de leurs affaires quotidiennes.
Résultat : une colère d’une expression dangereuse a affecté Kaédi.
La cohésion entachée.
L’entente mise à rude épreuve. On a crié vendetta par réaction à un geste puni
par les lois et notre quotidien de peuple d’une société civilisée. Ce qui s’est
passé à Kaédi, nous renseigne, si besoin était, de la fragilité des règles du
vivre ensemble dans ce pays.
Vivre ensemble des citoyens
dans leur pays, égaux en droits et en devoirs. Un pays chancelant qui a perdu
tous ses repères. Un pays « planté » qui fait peur, sans que nos
gouvernants ne saisissent l’ampleur de la flétrissure du devenir de la
Mauritanie.
La tournure des événements de
Kaédi nous démontre le degré de la fracture dans notre société. La société des
communautés peuplant la Mauritanie. Cette Mauritanie qui nous a tout donné et
qu’on veut continuellement tirer vers le bas. Et une fois encore de la plus dangereuse
des manières.
Et pourtant, est-il encore
besoin de le rappeler, personne n’a intérêt à souffler sur les brindilles de ce
feu qui couve.
Kaédi nous a surpris. D’autres
villes et villages peuvent aussi nous surprendre. Surprendre par le comment du
bourgeonnement de la mauvaise semence, notre mauvaise semence. Par notre
incivisme ou notre « moutonisation » par les différents régimes, nous
avons semé la haine, le mépris dans la culture de la méconnaissance de l’autre
et du rejet entre nos communautés. Aujourd’hui , la mauvaise herbe née de cette
mauvaise culture a donné ses mauvais fruits : la frustration et la colère
populaire.
Ce qui est du reste
prévisible, notre élite sous les ordres de l’uniforme ou du kaki ayant
démissionné en hypothéquant le devenir du pays soumis à l’ostracisme, la
division et l’inégalité, les armes imbéciles utilisées par nos gouvernants pour
se maintenir au pouvoir. Et en face, un peuple abêti pensant trouver le salut
dans le comportement propre aux béni-oui-oui.
Avec Kaédi, le désaveu des
autorités dans la gestion des conflits bénins entre les citoyens est cinglant.
Cette région de la Vallée a
ses blessures et les autorités devraient le comprendre pour anticiper sur le
prolongement des gestes et faits de certains de nos citoyens. Avec, en tête, de
gérer sans complaisance ni parti pris les desiderata des gouvernés...
Que Dieu nous garde de
l’irréparable ; qu’Il garde la Mauritanie, en cette période de misère et
de vache maigre, de l’incertitude des lendemains.
L’incident du village de
Diawara qui a engendré les événements 1989 est encore vivace dans les
mémoires ; qu’on ne vienne pas encore nous en créer d’autres.
L’espoir est qu’avec Kaédi la
sagesse prévaudra.
Qu’à Kaédi la justice
triomphera.
Que « Kaédi »
sonnera le véritable départ d’une justice verticale pour une cohésion sociale
déjà assez écorchée comme ça.
Mais Kaédi nous rappellera que
jamais nous n’avons été aussi fragiles, le manque de vision et d’anticipation
des pouvoirs publics dans la gestion de notre quotidien étant passé par là.
Que le commerçant s’excuse
auprès de celle qui pourrait être sa maman. Et que cette dernière accepte de
pardonner, pour la Mauritanie.
Et que l’excès ou abus des
forces de l’ordre soit puni.
Camara Seydi Moussa
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire