C’est avec délectation, après
m’avoir longtemps léché les babines, que je me suis, telle misère sur le
pauvre, jeté sur votre article. Vous avez fait étalage d’un champ sémantique si
riche que j’ai douté, à un moment, de ma capacité, quant à le cultiver en une
nuit.
Que dire de vos envolées lyriques, sinon que vous avez volé si haut que, malgré un cou tendu et une main en visière, j’ai eu de la peine à vous distinguer. Jamais un écrit auparavant ne m’a flanqué autant de torticolis. Chapeau bas, ou plutôt, béret bas ! Très bas !
Un soldat qui est prêt à donner sa vie pour protéger la vie de ses compatriotes et son pays exerce, nul doute, une tâche bien noble. Mais au regard de vos démonstrations, aussi bien psychologiques que mathématiques, je demeure convaincu que vous pouviez rendre meilleur service à ce pays dans d’autres départements que dans une caserne !
Jugez-en plutôt vous-même, à travers cette exploration psychologique des plus plongeantes. Il faut vraiment être un spéléologue de la pensée pour ramener en surface une telle pépite : « Le Noir ne doit plus s'ériger constamment en dernier rejeton des clichés qui émaillent l'Histoire Humaine. D'ailleurs à force de parler de racisme, d'exclusion à son égard, on reconnait de manière latente son infériorité vis à vis de son interlocuteur. »
En somme, un gâchis ! Mais que voulez-vous, mon Capitaine ? Qu’est-ce qui est ici, dans ce pays, est à sa juste place ? Tenez, j’ai même rencontré un ingénieur, expert en culture de blé, alors que nous n’en cultivons même pas ! Mais après tout, l’essentiel n’est-il pas de palper du blé ?
Parlant sémantique, j’ai beaucoup apprécié aussi votre leçon sur « l’analogie » ! C’est grâce à vous que j’ai compris combien mes profs de littérature m’avait copieusement roulé dans la farine ! Vous m’avez ouvert les yeux ! Ainsi, « se comparer à » ou « se prendre pour » ne serait plus synonyme de « tendre vers », « de prendre pour modèle » mais carrément « Être » !
Le Pelé blanc ne serait pas un joueur blanc rêvant de devenir ou de tendre vers les performances de son idole Pelé, mais bel et bien Pelé. Et naturellement le Platini noir n’est autre que le Platini blanc, du moins dans sa tête de mégalo ! Et vous faites bien de le lui rappeler : « Biram, tu n’es ni Mandela ni M. Luther King »
Dire que je croyais, naïvement, qu’il avait le plein droit d’avoir un idole, le plein droit de tendre vers ce dernier, mais sans être ce dernier, le plein droit d’y parvenir ou le plein droit de faire chou blanc ! Comme j’ai été bien naïf de croire que « ressembler » n’est synonyme pas de « Être ». Mais à ma décharge, n’est-ce pas ce timbré de Bergson qui m’a fait avaler que toute œuvre ou talent commence par l’imitation !
J’aurais volontiers englouti également vos théories mathématiques sur les « asymptotes parallèles », n’eût été « vlane », ce « fouineur », à traîner ses gros sabots partout et à semer le doute ! Et là où je suis, je ne sais plus à quoi m’en tenir. Les maths, à l’image du « maafé guerthé », m’ont toujours donné sommeil !
Vous avez, comme dirait Brel, mille fois raison. En effet, nous négro-africains, tels singes agrippés à une branche par temps de bourrasque, nous nous accrochons des deux mains à notre passé. D’emblée aveuglés, nous sommes proprement incapables d’apprécier à leur juste valeur les avantages que nous offrent un système pourtant égalitaire !
Quel négro-africain oserait prétendre qu’il y a discrimination dans votre corps, que chaque mauritanien y est admis et y occupe la place qui sied à son profil ? Et lequel de ces gens-là oserait lever le doigt et nous affirmer mordicus qu’il n’a pas été accueilli avec des fleurs et un verre de thé dans les centres d’enrôlement ?
Pourquoi s’agripper à un passé lorsque ce dernier a été soldé ? Les pendus, fusillés, expulsés et autres parents des pendus et fusillés ont eu respectivement droit, qui à une prière, qui à une réintégration ou ses terres, qui à un dédommagement financier… A la vérité, nous nous plaignons, mais la bouche pleine !
Enfin, je ne peux clore ma liste de superlatifs, sans saluer, tout aussi bas, votre courage ! Si jamais un jour vous devriez vous retrouver sur quelque ligne de front, je ne doute pas de vous voir en tête, dans le genre torse bombé, invitant vos troupes : « Allez, suivez-moi ! » et non « Allez-y, attaquez ! ».
En effet, il n’est pas donné au premier soldat venu de s’exprimer publiquement, de livrer son opinion sur la politique, l’économie, allant jusqu’à indiquer son nom, son grade, en plus d’afficher sa photo ! C’est là un exercice courageux, surtout lorsqu’on est pris en étau entre les Lieutenants et les Commandants, sans compter ceux qui sont largement au-dessus de vous !
Par cet acte héroïque, vous venez de fermer la gueule aux mauvaises langues, celles-là qui croient encore que la démocratie n’est que parlotte et loin d’être une réalité vécue au quotidien, même du côté de la Grande Muette où pourtant tout est corps, cellule, brigade, mais surtout hiérarchie.
Une fois de plus, merci pour votre vision clairvoyante, et quant à toi Biram, redescends sur terre ! Je ne sais pas si je t’apprends quelque chose de nouveau, mais sache que génétiquement, culturellement, religieusement, tu n’ « es » pas Mandela ! Et tu ne le « seras » jamais ! Pourquoi se fatiguer à chercher à « ressembler » à « imiter » quelqu’un avec lequel tu n’as aucun lien ?
Je voudrais enfin partager (pas avec vous mon Capitaine, mais) avec mes frères négro-africains, ces nostalgiques, la pensée suit. D’autres ont des livres de chevet, moi, c’est tout juste une pensée. Son honorable Nietzsche prétend que le meilleur moyen de nuire à une bonne cause, c’est de la défendre intentionnellement avec des arguments malhonnêtes !
Que dire de vos envolées lyriques, sinon que vous avez volé si haut que, malgré un cou tendu et une main en visière, j’ai eu de la peine à vous distinguer. Jamais un écrit auparavant ne m’a flanqué autant de torticolis. Chapeau bas, ou plutôt, béret bas ! Très bas !
Un soldat qui est prêt à donner sa vie pour protéger la vie de ses compatriotes et son pays exerce, nul doute, une tâche bien noble. Mais au regard de vos démonstrations, aussi bien psychologiques que mathématiques, je demeure convaincu que vous pouviez rendre meilleur service à ce pays dans d’autres départements que dans une caserne !
Jugez-en plutôt vous-même, à travers cette exploration psychologique des plus plongeantes. Il faut vraiment être un spéléologue de la pensée pour ramener en surface une telle pépite : « Le Noir ne doit plus s'ériger constamment en dernier rejeton des clichés qui émaillent l'Histoire Humaine. D'ailleurs à force de parler de racisme, d'exclusion à son égard, on reconnait de manière latente son infériorité vis à vis de son interlocuteur. »
En somme, un gâchis ! Mais que voulez-vous, mon Capitaine ? Qu’est-ce qui est ici, dans ce pays, est à sa juste place ? Tenez, j’ai même rencontré un ingénieur, expert en culture de blé, alors que nous n’en cultivons même pas ! Mais après tout, l’essentiel n’est-il pas de palper du blé ?
Parlant sémantique, j’ai beaucoup apprécié aussi votre leçon sur « l’analogie » ! C’est grâce à vous que j’ai compris combien mes profs de littérature m’avait copieusement roulé dans la farine ! Vous m’avez ouvert les yeux ! Ainsi, « se comparer à » ou « se prendre pour » ne serait plus synonyme de « tendre vers », « de prendre pour modèle » mais carrément « Être » !
Le Pelé blanc ne serait pas un joueur blanc rêvant de devenir ou de tendre vers les performances de son idole Pelé, mais bel et bien Pelé. Et naturellement le Platini noir n’est autre que le Platini blanc, du moins dans sa tête de mégalo ! Et vous faites bien de le lui rappeler : « Biram, tu n’es ni Mandela ni M. Luther King »
Dire que je croyais, naïvement, qu’il avait le plein droit d’avoir un idole, le plein droit de tendre vers ce dernier, mais sans être ce dernier, le plein droit d’y parvenir ou le plein droit de faire chou blanc ! Comme j’ai été bien naïf de croire que « ressembler » n’est synonyme pas de « Être ». Mais à ma décharge, n’est-ce pas ce timbré de Bergson qui m’a fait avaler que toute œuvre ou talent commence par l’imitation !
J’aurais volontiers englouti également vos théories mathématiques sur les « asymptotes parallèles », n’eût été « vlane », ce « fouineur », à traîner ses gros sabots partout et à semer le doute ! Et là où je suis, je ne sais plus à quoi m’en tenir. Les maths, à l’image du « maafé guerthé », m’ont toujours donné sommeil !
Vous avez, comme dirait Brel, mille fois raison. En effet, nous négro-africains, tels singes agrippés à une branche par temps de bourrasque, nous nous accrochons des deux mains à notre passé. D’emblée aveuglés, nous sommes proprement incapables d’apprécier à leur juste valeur les avantages que nous offrent un système pourtant égalitaire !
Quel négro-africain oserait prétendre qu’il y a discrimination dans votre corps, que chaque mauritanien y est admis et y occupe la place qui sied à son profil ? Et lequel de ces gens-là oserait lever le doigt et nous affirmer mordicus qu’il n’a pas été accueilli avec des fleurs et un verre de thé dans les centres d’enrôlement ?
Pourquoi s’agripper à un passé lorsque ce dernier a été soldé ? Les pendus, fusillés, expulsés et autres parents des pendus et fusillés ont eu respectivement droit, qui à une prière, qui à une réintégration ou ses terres, qui à un dédommagement financier… A la vérité, nous nous plaignons, mais la bouche pleine !
Enfin, je ne peux clore ma liste de superlatifs, sans saluer, tout aussi bas, votre courage ! Si jamais un jour vous devriez vous retrouver sur quelque ligne de front, je ne doute pas de vous voir en tête, dans le genre torse bombé, invitant vos troupes : « Allez, suivez-moi ! » et non « Allez-y, attaquez ! ».
En effet, il n’est pas donné au premier soldat venu de s’exprimer publiquement, de livrer son opinion sur la politique, l’économie, allant jusqu’à indiquer son nom, son grade, en plus d’afficher sa photo ! C’est là un exercice courageux, surtout lorsqu’on est pris en étau entre les Lieutenants et les Commandants, sans compter ceux qui sont largement au-dessus de vous !
Par cet acte héroïque, vous venez de fermer la gueule aux mauvaises langues, celles-là qui croient encore que la démocratie n’est que parlotte et loin d’être une réalité vécue au quotidien, même du côté de la Grande Muette où pourtant tout est corps, cellule, brigade, mais surtout hiérarchie.
Une fois de plus, merci pour votre vision clairvoyante, et quant à toi Biram, redescends sur terre ! Je ne sais pas si je t’apprends quelque chose de nouveau, mais sache que génétiquement, culturellement, religieusement, tu n’ « es » pas Mandela ! Et tu ne le « seras » jamais ! Pourquoi se fatiguer à chercher à « ressembler » à « imiter » quelqu’un avec lequel tu n’as aucun lien ?
Je voudrais enfin partager (pas avec vous mon Capitaine, mais) avec mes frères négro-africains, ces nostalgiques, la pensée suit. D’autres ont des livres de chevet, moi, c’est tout juste une pensée. Son honorable Nietzsche prétend que le meilleur moyen de nuire à une bonne cause, c’est de la défendre intentionnellement avec des arguments malhonnêtes !
Source : Cheikh-TijaneBathily
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire