J’ai lu avec beaucoup d’attention l’interview de l’ex-commandant Sidi Ould Lekhdeyem parue au Calame et publiée le 4 juillet 2013 sur Cridem.
Mon propos ici n’est pas de confirmer, d’infirmer ou de porter un
jugement de valeur sur les passages (l’essentiel du texte) qui
concernent le Général Ndiaga Dieng : je ne le connais tout simplement pas.
Par contre, je puis apporter, moi aussi, mon témoignage, ayant présidé la première commission d’enquête au niveau de la Garde Nationale en 1987 et dont étaient membres les Lieutenants Camara Mamadou (aujourd’hui à la retraite) et Khattar Ould Mohamed M’Barek (actuellement Chef d’Eta-Major Adjoint de la Garde Nationale).
Si comme l’affirme Sidi Ould Lekhdeyem, les enquêtes à la gendarmerie «se déroulaient selon les règles de l’art et respectaient toutes les règles édictées par les lois et règlements en la matière », ce ne fut malheureusement pas le cas partout.
A la Garde Nationale, la commission que je présidais, n’ayant pas voulu utiliser des méthodes peu orthodoxes au cours des interrogatoires, a été remplacée par une autre dont les membres n’avaient pas les mêmes scrupules. La torture a bien été utilisée à la Garde Nationale en 1987 contre les éléments accusés de participation à une tentative de coup d’Etat.
Ce ne sera pas la dernière fois qu’elle le fut dans ce Corps. En 1990, la torture a été utilisée contre des officiers (Sogho Alassane, Dembélé, Daouda Niang, Camara Mamadou …) pour leur soutirer des aveux. La torture était à l’époque une pratique généralisée. C’est un fait.
Ce qui est reproché au régime dans le traitement de cette affaire de 87, c’est surtout la sévérité du verdict. La condamnation à mort était inutile, inhumaine et sans commune mesure avec les faits reprochés. Le terme même de « tentative » est à mon avis impropre et inapproprié pour qualifier une intention qui n’a pas eu de début d’exécution.
Des « tentatives » qui ont précédé celle de 87 n’ont pas abouti à des condamnations ; d’autres lui ayant succédées et où il y a eu mort d’hommes - et lesquels ! - ne se sont pas soldées par des peines capitales. Croyez que je me réjouis pour les auteurs de ces tentatives.
J’attire ici simplement l’attention sur le traitement inégal que le régime de l’époque a fait de ces affaires. Et je comprends ceux de mes compatriotes qui soulignent que la sévérité d’un côté et la clémence de l’autre sont mues par un fort penchant raciste.
Enfin, l’argument de « politisation de l’armée », et des forces Armées en général, comme explication aux évènements qui s’y sont déroulés est un peu court. Et affirmer que ce sont les trois courants idéologiques (Nasséristes, Baathistes et Flamistes), qui s’agitaient à l’époque, « qui ont conduit, par à-coups et vengeances, à ce qui s’est produit dans l’armée » est tout simplement faux.
C’est la propagande des régimes d’exception qui veut imposer cela. Quelqu’un peut-il me dire auquel de ces courants politiques appartient Maaouya Ould Sid Ahmed Taya ? Peut-on ranger Né Ould Abdel Malek dans la case « Flamiste » ? Pensez-vous qu’en rangeant Ould Minnih dans celle de « Bathiste » cela peut lui coller ?
Et Brahim Ould Aly N’Diaye dans la case « Nassériste », ça peut tenir ? Et Ould Boïlil ? Et Ould Mohamed Saleh ? Où peut-on les ranger ? Aidez-moi ! Pourtant ce sont-là les vrais responsables qui étaient en place au moment des faits :
Ahmed Ould Minnih patron de l’armée en 87 et 91 ; Né Ould Abdel Malik à la Gendarmerie ; Brahim Aly N’Diaye à la Garde ; et les deux derniers (Boilil et Mohamed Saleh) commandant les régions militaires où il y a eu le plus de morts parmi les victimes de 90-91.
Je vais conclure par une chose : tous les chefs des Forces Armées et de Sécurité sont politisés peu ou prou depuis 1978 : de Moustapha Ould Mohamed Salek jusqu’à Mohamed Ould Abdel Aziz, c’est le contexte qui le veut !
Ahmed Jiddou Aly
Par contre, je puis apporter, moi aussi, mon témoignage, ayant présidé la première commission d’enquête au niveau de la Garde Nationale en 1987 et dont étaient membres les Lieutenants Camara Mamadou (aujourd’hui à la retraite) et Khattar Ould Mohamed M’Barek (actuellement Chef d’Eta-Major Adjoint de la Garde Nationale).
Si comme l’affirme Sidi Ould Lekhdeyem, les enquêtes à la gendarmerie «se déroulaient selon les règles de l’art et respectaient toutes les règles édictées par les lois et règlements en la matière », ce ne fut malheureusement pas le cas partout.
A la Garde Nationale, la commission que je présidais, n’ayant pas voulu utiliser des méthodes peu orthodoxes au cours des interrogatoires, a été remplacée par une autre dont les membres n’avaient pas les mêmes scrupules. La torture a bien été utilisée à la Garde Nationale en 1987 contre les éléments accusés de participation à une tentative de coup d’Etat.
Ce ne sera pas la dernière fois qu’elle le fut dans ce Corps. En 1990, la torture a été utilisée contre des officiers (Sogho Alassane, Dembélé, Daouda Niang, Camara Mamadou …) pour leur soutirer des aveux. La torture était à l’époque une pratique généralisée. C’est un fait.
Ce qui est reproché au régime dans le traitement de cette affaire de 87, c’est surtout la sévérité du verdict. La condamnation à mort était inutile, inhumaine et sans commune mesure avec les faits reprochés. Le terme même de « tentative » est à mon avis impropre et inapproprié pour qualifier une intention qui n’a pas eu de début d’exécution.
Des « tentatives » qui ont précédé celle de 87 n’ont pas abouti à des condamnations ; d’autres lui ayant succédées et où il y a eu mort d’hommes - et lesquels ! - ne se sont pas soldées par des peines capitales. Croyez que je me réjouis pour les auteurs de ces tentatives.
J’attire ici simplement l’attention sur le traitement inégal que le régime de l’époque a fait de ces affaires. Et je comprends ceux de mes compatriotes qui soulignent que la sévérité d’un côté et la clémence de l’autre sont mues par un fort penchant raciste.
Enfin, l’argument de « politisation de l’armée », et des forces Armées en général, comme explication aux évènements qui s’y sont déroulés est un peu court. Et affirmer que ce sont les trois courants idéologiques (Nasséristes, Baathistes et Flamistes), qui s’agitaient à l’époque, « qui ont conduit, par à-coups et vengeances, à ce qui s’est produit dans l’armée » est tout simplement faux.
C’est la propagande des régimes d’exception qui veut imposer cela. Quelqu’un peut-il me dire auquel de ces courants politiques appartient Maaouya Ould Sid Ahmed Taya ? Peut-on ranger Né Ould Abdel Malek dans la case « Flamiste » ? Pensez-vous qu’en rangeant Ould Minnih dans celle de « Bathiste » cela peut lui coller ?
Et Brahim Ould Aly N’Diaye dans la case « Nassériste », ça peut tenir ? Et Ould Boïlil ? Et Ould Mohamed Saleh ? Où peut-on les ranger ? Aidez-moi ! Pourtant ce sont-là les vrais responsables qui étaient en place au moment des faits :
Ahmed Ould Minnih patron de l’armée en 87 et 91 ; Né Ould Abdel Malik à la Gendarmerie ; Brahim Aly N’Diaye à la Garde ; et les deux derniers (Boilil et Mohamed Saleh) commandant les régions militaires où il y a eu le plus de morts parmi les victimes de 90-91.
Je vais conclure par une chose : tous les chefs des Forces Armées et de Sécurité sont politisés peu ou prou depuis 1978 : de Moustapha Ould Mohamed Salek jusqu’à Mohamed Ould Abdel Aziz, c’est le contexte qui le veut !
Ahmed Jiddou Aly
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