Chers frères noir d’Afrique du Nord j’ai bien
reçu votre lettre, nous étions trop pris par l’exercice du pouvoir et ce qui
suit car l’Afrique du Sud avait plus que besoin de notre présence physique et
moral.
Mais ce fut
un immense plaisir pour nous de recevoir votre lettre. Aujourd’hui dans mon lit
d’hôpital j’ai eu enfin le temps de vous répondre et d’apporter aussi quelques
petits conseils au combat que vous menez.
Mr Mandela
« Mandiba »
Ancien
président d’Afrique du Sud
Prix Nobel
de la paix 1993
A Monsieur Ibrahim Moktar Sarr
President d’AJD/MR
Chers frère
noir d’Afrique du Nord j’ai bien reçu votre lettre, nous étions trop pris par
l’exercice du pouvoir et ce qui suit car l’Afrique du Sud avait plus que besoin
de notre présence physique et moral.
Mais ce fut
un immense plaisir pour nous de recevoir votre lettre. Aujourd’hui dans mon lit
d’hôpital, j’ai eu enfin le temps de vous répondre et d’apporter aussi quelques
petits conseils au combat que vous menez.
Nous avons
commencé jeune ce combat que nous avons hérité de nos parents. Nous nous sommes
donné corps et âmes avec toute la détermination que cela requiert. La
fougue de l’adolescence s’y est ajouté l’empressement nous a conduit à
commettre des actes de vandalisme pour ne pas dire terrorisme au nom de l’ANC.
Cela nous a valu les remontrances des nos ainés mais aussi a servi
d’alibi à nos oppresseurs pour nous mettre en prison 27 années durant.
Nous n’avons cependant pas abandonné ni notre combat ni la dynamique de notre
mouvement au sein duquel certains leaders m’ont reproché le manque de tact.
Nous sommes amélioré, refais, reconstruis puis repris le combat de nos cages et
nous avons continué, encore continuer sans jamais s’arrêter mais surtout en
suivant notre ligne de conduite.
Nous avons
appris peu de chose de la Mauritanie et de l’apartheid qui y réside mais nous
constatons que nos frères noirs de l’Afrique du Nord manquent de détermination
et de constance dans leur combat et surtout d’inspiration dans leur vision.
L’ANC que
nous avons hérité est la mère des mouvements de lutte noire en Afrique mais
elle n’a jamais été reconnue, ni accepté par le pouvoir en place dans notre
pays et pourtant il m’a été donné de savoir que l’Action pour le Changement dont
vous étiez le secrétaire général a pris fin le jour qu’il a été dissout par le
pouvoir à l’époque comme si toute votre action dépendait de la
reconnaissance par le pouvoir.
De 1912 à
1992 l’ANC a existé malgré la répression mais l’AC n’a pas vécu plus de
10 ans sans la moindre répression et les dirigeants se sont séparés comme s’ils
prient d’être dissout par le pouvoir. La différence avec l’ANC c’est que chez
nous, nous avons compris que le plus important est nos objectifs communs mais
pas nos égos.
Nous avons
constaté la même erreur avec les FLAM, avec qui vous avez rédigé le
manifeste des negro-mauritaniens opprimés. Votre compagnonnage n’a pas
duré et si j’ai une observation à faire de ce manifeste est qu’il présente
certes toutes les souffrances de votre peuple noir d’Afrique du Nord mais je me
demande à qui il est destiné. Car nous n’avons jamais attendu du pouvoir
d’apartheid qu’il nous libère mais nous avons juré de nous battre jusqu’à être
libre car un FREDOOM ne se gagne pas à la loterie et il y’a une grande
différence entre un mouvement de lutte et un syndicat. Je constate alors que
nos camarades noirs d’Afrique du Nord comptent beaucoup sur l’oppresseur alors
que cela ne devrait pas être le cas. Il faut faire face à vos problèmes et
refuser l’oppression jusqu’à ce que l’oppresseur soit obligé de reculer.
Apres
plusieurs années de dictature la Mauritanie a vécu un coup d’Etat que certains
qualifient de salutaire même si le coup d’Etat n’est jamais la meilleur
solution. Vous avez créé un parti politique, vous étiez candidat à une élection
présidentielle transparente où vous avez d’ailleurs obtenu un bon score malgré
que 16 mois après le premier président démocratiquement élu de votre pays a été
victime à son tour d’un coup d’Etat. Vous avez alors pris acte (cautionné) et
accepté de participer à des élections dont l’objectif et de légitimer le coup
d’Etat. l’ANC n’aurait jamais accepté de participer à des élections sans que
toutes les conditions de transparence ne soient établies.
Nous avons
appris ces derniers mois que vous avez rejoint le pole des partis proche du
pouvoir. Ce même pouvoir qui n’a entrepris aucune politique allant dans le sens
de changer la situation de votre peuple. Ce pouvoir n’a jamais fait d’effort
allant dans le sens d’établir la vérité sur les exactions effectuées pendant
les années 90 et n’a jamais montré sa détermination à faire appliquer la loi
criminalisant l’esclavage dans votre pays…. Je me passerais de beaucoup
d’autres exemples qui vont à l’encontre de la ligne de conduite de l’ANC. L’ANC
au sein duquel nous avons milité a refusé tout compromis avec le pouvoir
d’apartheid sans le respect complet des droits des noirs dans notre pays.
Dans mon lit,
je me permets de vous donner quelques conseils d’un vieux sage qui attend
sereinement son dernier souffle.
- Il ne faut
jamais faire de compromis avec l’oppresseur sans avoir la certitude qu’il y’a
une véritable volonté de respecter sa parole.
- Apprenez à
oublier votre personne si vous décidez de mener un combat pour votre peuple car
le peuple est plus important que l’intérêt personnel.
-Ne pleurer
plus jamais si on se s’en prend à vous mais battez-vous car cela
constitue votre seul salut dans ce bas monde. Un combat comprend des moments où
tout le monde vous lâche et un moment ou tout le monde vous accompagne.
Vous avez
mon cher cadet d’Afrique du Nord certes beaucoup de détermination mais vous
manquez de mobilité. Votre peuple dans le plus profond de lui-même manque de
vous comprendre. Pour souligner l’importance de ce fait, chez nous, ce ne sont
pas quelques dirigeants de l’ANC qui ont fait notre combat mais des femmes et
enfants venus de tous les horizons de l’Afrique du Sud.
Personne ne
peut mener un combat et le gagner pour un peuple inerte. Aller voir votre
peuple et faites tout pour qu’il vous suit car seuls ceux qui sont accompagnés
sont des leaders les autres se débattent et s’agitent dans le vide.
Je finirais
par vous adresser mes vivent salutations et mon soutient absolu mais sans
oublier de vous exprimer tout mon optimisme quant à une suite heureuse dans
l’immédiat de votre quête de « freedom ».
Johannesburg
le 19 Juillet 2013
Dr Ousmane
Sy
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