Translate

mardi 7 août 2012

La rencontre du peuple … une aberration pour les Hratin


Nous avons suivi avec amertume le sketch du samedi soir appelé, abusivement, « rencontre avec le peuple » organisé par le général Président et ses acolytes. Nous avons alors compris que le peuple, pour la clique du général, c'est les Bidhanes et un peu, nos frères négro-africains. Pour ce qui est des Hratin, ils ne sont donc pas du tout du peuple ! Ainsi j'ai décidé de partager cette amertume avec les dirigeants et cadres des petites gens (Hratin), en guise d'interpellation d’un pouvoir qui, décidément, n’a pas fini de nous étonner avec ses inconséquences qui font, de plus en plus, sa principale caractéristique.
Aucune présence pour les hratin samedi  soir ou, en tout cas, ce que nous avions vu à travers l'écran de la TVM, pas de journaliste hratin, pas d'intervenants sauf le Grand Boidiel ... Exactement comme la dernière fois, c'est le représentant colorant des Negros qui pose le problème de l'esclavage, lors de l'édition précédente, c'était Camara Seydi Moussa et cette fois-ci c'est mon ami Cheikh Tidjane Dia. Et n'eut été la présence de l'un de ces frères, notre problème, notre Cause et même notre existence, allait être esquivée tout simplement. Et les journalistes Beydhane trouvent cela normal. Voila ce qu'ils ont vécu chez eux, et c'est son contraire qui serait incongru !
Aziz a démontré, une fois de plus, son hostilité et sa haine pour cette frange de la population, qui a certainement tout préparé pour la soirée : La place, le méchoui, le thé et la sécurité…, et qui aura certainement a charge de ranger les choses le matin du fameux ( liqa’e echaab)… Mais quand il s'agit des choses sérieuses: parler des problèmes de l'Etat, par exemple, leur présence n'est pas nécessaire ni recommandée ; ils ne sont plus du « peuple », ou du moins pas celui que le président voudra entretenir.
Aziz a prouvé qu'il déteste les hratin en ne choisissant même pas un parmi ceux qui ont été trié pour poser leurs problèmes comme les anciens combattants, les sourds, les femmes Négro-africaines d'Atar. Comme si les hratin n'avaient aucun problème lié à leur condition, à leurs métiers spécifiques, à leur rang social et leur poids démographique. C'est là une grande, très grande aberration !
Rien ne justifie donc, aux yeux du général-président, la présence des Hratin, encore moins  leur prise de parole. Ils n'on rien  à dire ? Car ils n'ont pas de problèmes ! Ils n'ont pas de cheptel menacé par la sécheresse, ils n'ont pas de palmiers ni d'auberges ni de voitures de location abandonnés par les touristes ; ils n'ont pas de diplômés chômeurs et leurs petit métiers sont bien réservés pour eux ; ils ne cherchent pas à être élus à Atar car Ould Maham est là pour cela, comme Ould Bebana à Barkéol, Ould Cheikh à Rkiz et Mohcene à Rosso. Ils ne sont pas concernés par les relations extérieures parce qu'ils ne voyagent pas et ils n'ont pas d'étudiants ni de commerçants  ailleurs…

 Voila les raisons pour lesquelles notre problématique n'a pas avancé d'un iota, parce qu'elle n'existe pas. Le président ne les rencontre pas, comme à Atar. Et c'est pourquoi il ignore nos vrais problèmes, il les réduit à la pauvreté, géographiquement délimitée dans le triangle de la pauvreté – celui que lui et ses applaudisseurs patentés font miroiter comme le futur « triangle de l’Espoir ». Pour le président, il n'y a pas de hratin, il y a des pauvres et lui c'est leur président fondateur et il pense bien à eux mais, paradoxalement, pas dans les rencontres avec le peuple ! Ce sont les pauvres auxquels on a ouvert les boutiques Emel, et distribué du poisson pour les empêcher de participer à la marche de la COD. C’est un réservoir électoral important et acquis pour le président des pauvres qui n'est pourtant  pas prêt à écouter leurs problèmes. … et pour duper l'extérieur, nous avons des ministres de l'Intérieur, de la Justice et du Commerce et un ambassadeur à Genève auprès des organisations des Droits de l'Homme et pour domestiquer plus les hratin et piétiner leurs cadres,  nous avons des directeurs de grands établissements qui ne reculent devant rien dans ce sens.
Aziz insulte les Hratin en niant l'esclavage et en disant que ceux qui le dénoncent le font pour leur survie en contradiction claire avec le chef charismatique de cette entité, le président de l'Assemblée nationale, qui persiste et signe que l'esclavage existe bel et bien et dans toutes ses formes et les chancelleries occidentales et les institutions spécialisées des Nations Unies confirment la même chose.  Comment peut-on qualifier donc les propos de Aziz?  sinon de pur mensonge, quand on sait que la justice a condamné les maîtres de Said et Yarg pour pratiques esclavagistes en Novembre 2011 ?  
Nous ne demandons pas à ce que les hratin aient un représentant dans ce débat, ni un porte-parole, car nous savons que le laisser parler d'une société opprimée ne sera pas permis par les « Gardiens du temple, nos bourreaux qui sont eux-mêmes les organisateurs de cette farce appelée rencontre avec le peuple . Tout ce qu'on voulait dénoncer ainsi, c’est cette propension, reprise à chaque occasion, de ternir l’image de notre pays en le présentant comme étant un pays d’exclusion. Il fallait dire à nos amis occidentaux qu'il y a un journaliste hratin du nom de Sneiba ou Oumar el Moctar ou Jemal Ould Oumar… Il fallait leur montrer que les hratin ont leur petit métiers de bouchers , de chauffeurs, de boys  de plantons et  de domestiques et que dans ces petits métiers, ils ont parfois des problèmes à soumettre au président-général.
Il est devenu aujourd'hui clair pour tous que le général n'a aucune considération pour les hratin car pour lui c'est le petit peuple qui n'est nullement à sa mesure. Un petit peuple de parasites qui se suffit du blé avarié et de poisson pourri de mauvaise qualité… le président est là pour les grands commerçants qui ont déjà chipé à l'Etat des milliards d'ouguiya, ils sont donc grands à la hauteur du président qui est devenu le mauritanien  le plus riche en l’espace de trois ans.
Je remercie donc Cheikh Tidjane Dia pour avoir rappelé à l'audience qu'il y a un fléau qui s'appelle l'esclavage qu'il y a plus d'un demi-million de victimes et un million de rescapés. Et qu'il y a sept détenus d'opinion dont le seul crime est d'avoir osé dire que Said et Yarg sont des preuves vivantes de l'esclavage beydhane que le président nie sans aucune honte ni scrupule.
Toute l'aberration donc c'est de parler de rencontre avec le peuple alors que 50% de ce peuple était out, de façon systématique, dans une manifestation officielle qui sent le racisme et la xénophobie. Et je ne pense pas que le peuple mauritanien tolérera encore longtemps cela qui, pour moi, est plus dangereux que l'autodafé de livres dépassés par le temps et par la raison. Plus dangereux car cela menace fort l'unité nationale et c'est un acte provocateur et insultant.
Brahim Ould Bilal EBEID
Vice-président de l'IRA

1 commentaire:

  1. Une excellente mise au point de la mentalité des maures esclavagistes vis-à-vis des Hratin. Ils ne les considèrent même pas comme des êtres huamins dignes d'atention ou de préoccupation.

    Merci pour cet exposé remarquable.

    RépondreSupprimer