Translate

lundi 16 avril 2018

Communiqué de presse: Le combat de Biram Dah Abeid inspire l’artiste peintre néerlandaise Ruth Benschop




مبادرة إنبعـــاث الحــــركة الانعتـــــــاقية
INITIATIVE DE RESURGENCE DU MOUVEMENT ABOLITIONNISTE EN MAURITANIE
IRA – Mauritanie

Communiqué de presse
Le combat de Biram Dah Abeid inspire l’artiste peintre néerlandaise Ruth Benschop

L'artiste peintre néerlandaise Ruth Benschop, qui a lu un article sur le combat de Biram Dah Abeid, président d'IRA-Mauritanie, dans le journal de Amnesty International Pays-Bas, déclare avoir été vivement inspirée par la trajectoire militante du leader abolitionniste mauritanien. Cette inspiration a poussé madame Benschop à user de son art de peintre, pour dessiner plusieurs portraits de l'activiste mauritanien, récipiendaire de plusieurs  distinctions internationales dont le prix des Nations-Unies pour la cause des droits de l'Homme en 2013. Ruth Benschop a remis des exemplaires de son œuvre à Biram Dah Abeid, au cours d'une rencontre à l'hôtel Marriot dans le cœur de la ville de Rotterdam, le 14 avril 2018.

Notons que depuis la fondation par un groupe de hollandais et de mauritaniens basés au Pays-Bas, dirigés par l'avocat hollandais d'origine mauritanienne, Harouna Sy, de la section néerlandaise d'IRA-Mauritanie, la presse et la société civile et politique des Pays-Bas, se sont intéressées de manière de plus en plus vive à la lutte que mène Biram Dah Abeid et IRA-Mauritanie contre l'esclavage et le racisme.

Ruth Benschop a écrit :
Quand j'ai lu l'article sur la Mauritanie et  Biram Dah Abeid dans la magazine d'Amnesty International d'Hollande,  j'étais profondément touchée. Je suis consciente que la Hollande a une histoire cruelle liée à l'esclavage. J'ai honte pour cela.
J'étais vraiment choquée d'entendre qu'il y a toujours un pays où l'esclavage est toujours en vigueur. Bien-sûr je sais qu'il y a des pays où des gens travaillent pour presque rien, et que nous en Europe achetons les vêtements et les marchandises trop bon marché car fabriqués dans des pays où les normes de travail ne sont pas respectées.

Alors, nous pouvons dire que ce sont des situations d'esclavage.
Mais je ne savais pas qu'en Mauritanie il y a vraiment l'esclavage ancestrale et par ascendance. Que des hommes et des femmes, peuvent naître possédés comme esclaves.
Ça me choque très fort que des femmes peuvent être violées parce qu'elles sont la propriété d'un propriétaire d'esclaves. Et que des hommes doivent faire les travaux qui sont physiquement trop lourds et harassants. Qu'ils n'ont pas la possibilité de refuser.
C'est trop bizarre et inimaginable qu'une personne est la propriété d'une autre personne.
Le fait que Biram Dah Abeid s'insurge pour les esclaves et contre l'esclavage, malgré le danger pour sa propre vie, malgré l’emprisonnement, malgré la torture, m'a profondément marqué, émue et forcé mon estime.

Et en conséquence, je voulais le dessiner. Alors j'ai fais des dessins inspirés des photos de Biram Dah Abeid, publiés dans le magazine d'Amnesty International Pays-Bas.
Et après avoir terminé les dessins, je me suis dis que Biram devait savoir qu'il m'avait inspirée et touchée. Je comptais lui envoyer les dessins par Whatsapp où email, et, à ma grande joie, la section de IRA-Mauritanie-Netherland organisa  cette rencontre impressionnante avec le président d'IRA-Mauritanie, rencontre qui a enrichi ma vie. Et j'appréhende beaucoup mieux encore, dans quelle horreur l'esclavage a plongé la vie des mauritaniens.

Nouakchott le 16/04/2018
La commission





jeudi 12 avril 2018

Mauritanie: Les coulisses du procès en diffamation qui opposait Diagana, Jeilany et Diko.

D’abord, je tiens à rappeler aux deux messieurs : Diagana Abdoulaye et Mohamed Abba Ould Sidi Jeilany, lors du procès  qu’ils avaient engagés contre Diko, il n’y avait pas que le témoignage de Biram Dah Abeid à ma faveur. Il faut réconnaître qu'ils ont eu leur salut qu’à travers l’interview de Biram Dah Abeid  parue le 15 Juin 2017 sur le site lautenthic-info. Ils  l’ont durement négocié, démarché plusieurs mois, ils l’ont versé dans leur dossier lors de la première audience en mon absence le 22 juin 2017 et également  celle du 22 février 2018.  Voici le lien :http://lauthentic.info/Politique/article/Birame-Dah-Abeid-Nous-continuerons-a-attaquer-ces-codes-negriers-de-la-fausse

Pourquoi vous n’en parlez pas dans vos sorties mediatiques? Elle vous gêne seulement maintenant où  aujourd’hui ?  Pourquoi, vous minimisez la portée de cette interview qui est à l’origine de votre triomphe dans la réalité en s’agrippant seulement sur le témoignage de Biram Dah Abeid en faveur  Diko Hanoune? Vous étiez loin d’être à l’aise lors du jugement et je comprends votre soulagement de justesse.

Quoi qu'ils puissent  dire où  me reprocher,  Jeilany et Diagana seront désormais mes témoins clés  jusqu'à devant le créateur,  tout ce que, disent certains Mauritaniens  sur ma  personne, ma famille  est faux. Je n'ai jamais eu un casier judiciaire ni en Mauritanie, ni en France, je ne vis pas de l'assistance sociale en Europe, je  travaille et vis sur la sueur de mon front depuis 20 ans, même si je gagne peu, ma dignité me suffit comme bon salaire et ce n'est pas une amande en diffamation qui va figurer dans mon casier judiciaire  ni m'envoyer en prison comme vous avez  laissé entendre à mes amis et parents pour faire peur.

 L'histoire retiendra, il est plus facile pour un Diagana  Kaédien « aristocrate » opposant, c'est lui qui l’a  dit devant le jury, associé avec un fonctionnaire maure, de  traîner Diko devant un tribunal qu'à  chercher  les coupables de crimes de sang soient jugés par les mêmes tribunaux en France. M. Diagana  a dit  lors de son plaidoyer, il a reçu le témoignage de l'un mes « acolytes » aux USA pour renforcer son dossier pour que Dicko soit condamné pendant qu'ils nous crient à tort et travers que les veuves et orphelins sont laissés à leur triste sort. Cette condamnation m'immunise sincèrement, ils ne pourront jamais s'approcher de mon cercle  car le « fou connaît l'endroit d'un chien méchant » selon l'adage soninké.

Je vous  remercie de nous avoir ouvert le chemin vers Rome car tout le monde sait, les abolitionnistes sont les plus diffamés par cette soi-disant élite, nous ne subirons  plus les attaques, assauts de pseudonymes Mohamed Ould Boilil, Oumar Ould Bilal et j'en passe dans kassataya sans riposte sèche par un procès. Curieusement les deux pseudonymes  ont disparu lorsque  j'ai publié certaines informations, cela me console assez, Dieu merci. Sachez une chose je ne suis pas de nature à courber l'échine  devant quiconque, cette dette n'est qu'une partie remise qui sera honorée un jour.

Ils  le savent au fond d'eux, M. Diagana et Jeilany seront tenus dans l’obligation de respecter Diko jusqu'au dernier jugement. Ils ont vu et su que personne ne peut me manipuler quelque soit le cursus scolaire. Ce n'est guère l'orgueil mais je n’aime pas qu'on tourne autour de moi sur des petites futilités. En vérité, je suis condamné plutôt à payer le flot de larmes déversées par   Diagana  dans le tribunal de Paris .Quoi de plus ? Je suis condamné pour langage excessif, et puis quoi d’autre ? Mon seul regret, est que, vous avez réussi à manipuler avec ruse beaucoup de gens pour arriver à pas grand chose.

De toute façon, dans cette lutte j'ai décidé de donner ma vie entièrement comme sacrifice pour la libération, l’émancipation des esclaves et anciens esclaves en Mauritanie, je préfère cette condamnation qui a sauvé certains innocents militants d'une prison dans le désert que de se taire comme un lâche peureux pour laisser les pauvres souffrir d’assauts mensongers via la propagande dans la presse. Je pense qu'ils diront la vérité un jour car ils sont plutôt déçus par le verdict en appel. Ils avaient demandé une belle somme me semble t-il ? Le double, voila.  Ils ont eu la moitié. 

En tout cas Diko n'a rien inventé et Jeilany l'a  avoué devant le juge. Pourquoi avoir des regrets ?  J'ai eu ce que je voulais malgré les manipulations, manigances depuis en 2014, tricherie, méchanceté gratuite, délation auprès de mes amis ,chantage  et fumisterie à tort et travers, alors je ne regrette rien. Je sais également, l'homme que vous continuez à viser pour le discréditer,  n'est autre que Biram Dah Abeid, président des réseaux  IRA-Mauritanie,  s'il avait participé au procès, je pense qu'il se rendra compte ô combien vous haïssez son  combat et celui  IRA-MAURITANIE. En tout cas les militants et militantes doivent se méfier de ces soi-disant « opposants »  à  double face. Voilà mon conseil et j'attends que vous veniez me menotter   chez moi pour  cette condamnation en diffamation direction la prison.

En conclusion : Au lieu de brandir Dicko a perdu son procès malgré le témoignage de Biram, vous devriez dire,  Diagana et Jeilany ont gagné leur procès grâce à l'interview de Biram Dah Abeid  sur le site lauthentic-info, qui a respecté sa promesse en le suppliant de vous citer dans ses sorties. Il y a des témoins qui sont vivants encore donc soyez modestes, vaut mieux de s'attaquer à moi en laissant cet homme mener tranquillement son noble combat. Il a respecté sa parole donnée, cela vous a aidé  à sortir la tête hors de l'eau malgré que  vous l'aviez caché la vérité sur vos ambitions me concernant comme d'habitude. Mais qui vit, verra et assistera. On verra également si Diagana et son ami  Jeilany vont  continuer à occuper la tête du peloton d'opposants au régime de Ould Abdel Aziz comme il l'ont défendu haut et fort devant le juge. Je remercie ma défense qui a été de très haute qualité, mes soutiens à l'intérieur comme de l'extérieur, le procès n'a été gagné que sur manipulation d'individus qu'ils ont induis en erreur dans leur intérêt. Tous m'ont exprimé leur regret, ils s'en ont rendu compte trop tard. La balle était dejà parti. Tôt où tard, ils tomberont dans leur propre Guet-apens

Diko Hanoune 

samedi 7 avril 2018

Mauritanie: Le Congrès américain s’en prend au FMI au sujet d'un Etat esclavagiste


By Yassine Chamakh
Casablanca – Utilisant Un langage rarement utilise entres les nations, certains des plus proches alliés de Donald Trump ont attaqué Le Fond Monétaire International pour le prêt qu’il a accordé a un pays qu’ils accuse de torture, de vol et d'esclavage. Six des plus proches républicains de Donald Trump au Congrès ont pris la mesure inhabituelle d’ignorer la Maison-Blanche et le gouvernement pour condamner l'un des plus proches alliés de Washington en Afrique.

Les membres du Congrès ont écrit à Christine Lagarde, chef du FMI, et lui ont demandé de mettre fin au financement de la République islamique de Mauritanie, pays situé en Afrique de l'Ouest.
Finie la finesse diplomatique, remplacée par une condamnation du président Mohamed Aziz qui dépasse même les tweets de M. Trump, accusant la Mauritanie et son gouvernement de vol, d'esclavage, de corruption et d'un "odieux bilan des droits de l'homme".
La lettre datée du 5 mars a été signée par une poignée de noms que vous ne connaissez peut-être pas, mais ce sont des hommes qui ont soutenu Trump au début de son ascension, et tous sont indispensables pour faire passer ses projets de loi au Congrès.
- Mark Meadows de la Caroline du Nord est l'un des amis les plus proches du président et préside le Freedom Caucus, un groupe de 40 politiciens dont le nombre de votes est suffisant pour faire ou défaire la législation.

- Thomas Garrett de Virginie est un ancien officier de l'armée et une étoile montante du Parti républicain.
- Jeff Duncan parmi les plus fervents partisans de M. Trump au Congrès et siège au Comité des affaires étrangères, avec Lee Zeldin et Scott Perry, qui ont tous deux signé la lettre.
- Gus Bilirakis de Floride qui a l’habitude de critiquer les mauvais leaders, mais jamais utilisant un tel langage.

Il est vrai que M. Aziz dirige l'un des gouvernements les plus oppressifs du monde, mais les États-Unis se lient d'amitié avec un certain nombre de mauvais pays, y compris Djibouti, la Chine et l’Arabie Saoudite.
En général le Congrès prend soin de laisser la politique étrangère à l'exécutif, sachant avec quelle facilité un langage peut diplomatique de la Chambre des Représentants peut nuire aux échanges commerciaux, la défense et la soi-disante "Guerre contre le terrorisme".
Mais dans ce qui a été surnommé le "Mémorandum Mauritanie", la Chambre semble avoir averti M. Trump qu’elle va jouer un rôle plus agressif.

 La Mauritanie couvre plus d'un million de kilomètres carrés - principalement désertique - et arrive en tête de la liste des pays qui comptent plus grand nombre d'esclaves par tête d’habitant.
Mais son gouvernement est carrément contre des groupes comme Al-Qaïda, Al Shabaab et Boko Haram, et permet aux troupes américaines libre règne pour les traquer sur son territoire.
Le FMI a récemment approuvé une ligne de crédit de 163 millions de dollars. Christine Lagarde a tweeté  que ce prêt améliorerait le niveau de vie des Mauritaniens qui souffrent d'un niveau de pauvreté des plus élevés même selon les normes africaines.

Mais la lettre du Congrès prétend que cet argent va "alimenter les poches" du président Aziz, qu'il accuse de "manipulations d’appel d’offres" dans toutes les soumissions, de réception de pots de vin et de corruption.

"On estime que jusqu'à 20% de la population de la Mauritanie est asservie, le taux le plus élevé au monde", indique la lettre.
Aziz a "refusé l'entrée à des groupes de défense des droits de l’homme, a employé la torture et détenu des dirigeants de l'opposition sans motif".

Et la lettre se termine par un appel à l'action. "Si le président Aziz continue de promouvoir un environnement contraire aux normes internationales", alors le patron du FMI devrait mettre fin au financement pour s'assurer que le FMI ne devienne pas complice du régime Aziz.
À Paris, où des milliers de Mauritaniens ont fui en exil, les manifestations sont fréquentes en dehors de l'ambassade de leur pays. Il y a  toujours Thomas N'diaye qui a longtemps appelé le gouvernement français à sévir contre son ancienne colonie.

"Je crois que cette lettre peut changer la donne dans notre lutte pour la liberté", a-t-il déclaré.
"Nous savons que l'armée américaine a besoin de la Mauritanie pour son travail contre le terrorisme, mais cela donne-t-il au président Aziz le droit de terroriser encore plus son propre peuple ? »

Le Congrès, a-t-il dit, vient de découvrir la Mauritanie, "de la même façon dont il a soudainement découvert l'apartheid dans les années 1980 après des décennies de collusion avec le gouvernement blanc minoritaire. Nous sommes la capitale de l'esclavage du monde et il est vrai que nos dirigeants s'enrichissent de prêts et de l’aide destinée aux pauvres.

"L'Union africaine ne fait rien à propos de milliers d’esclaves dans mon pays, la France collabore avec le régime et les dirigeants américains nous regarde simplement comme un pays  qui coopère avec eus dans la guerre contre les extrémistes. Ce mémo du Congrès pourrait changer cela. "
Peut-être que M. N'diaye et ses exilés sont trop optimistes. Peut-être que le mémo de Mauritanie est une tentative de hauts responsables républicains qui voulaient, comme tous les politiciens, avoir leurs noms dans la presse et devant le président.

Si beaucoup plus de lettres similaires suivent, peut-être sur les tarifs chinois, les espions russes, la menace de prendre des terres en Afrique du Sud sans compensation, alors, peut-être pouvons-nous dire qu'il y a un nouveau climat d'action, un Congrès prêt à forcer la main du Département d'Etat, de la Maison Blanche, et même le FMI.

Ce qui aurait commencé avec un endroit obscur comme la Mauritanie pourrait être une stratégie: si l'attaque tournait mal, les retombées seraient autour d'un pays (la Mauritanie) que la plupart des Américains ne pouvaient pas trouver sur la carte.
Pour le peuple mauritanien, rarement cite dans les dépêches, la lettre est un coup de pouce dans leur long combat pour la démocratie, la liberté et la fin de l'esclavage.
Et Christine Lagarde devra peut-être repenser son prêt.

CAJ News Agency (Johannesburg) » 4 APRIL 2018
allafrica.com/stories/201804050220.html

vendredi 6 avril 2018

Information Judiciaire


« Par jugement en date du 05 avril 2018, la  chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris a condamné Monsieur Vincent Diko Hanoune à une amende de 500 euros avec sursis  pour avoir diffamé  Messieurs : Mohamed Abba Ould Sidi Ould Jeilany et Abdoulaye Diagana dans un article mis en ligne le 7 février 2014 et intitulé « Abdoullaye Diagana et son ami Mohamed Abba Ould Jeilany sabote les efforts des cadres mauritaniens de l’extérieur CCME ».

Lyon le 06 Avril 2018

Diko Hanoune

lundi 2 avril 2018

Interview avec Seif Kousmate, photojournaliste marocain expulsé de Mauritanie pour avoir enquêté sur l'esclavage

Le photojournaliste franco-marocain Seif Kousmate, basé à Casablanca, a été arrêté en Mauritanie alors qu'il réalisait un reportage la problématique de l'esclavage. Après quatre jours de détention, il a été relâché pour être expulsé vers le Maroc.

Samedi 24 mars, Seif Kousmate, photojournaliste franco-marocain, arrivait à Casablanca après s'être fait expulser de Mauritanie où il réalisait un reportage sur la problématique de l'esclavage. La Mauritanie est l'un des derniers pays à avoir aboli l'esclavage en 1981, mais selon un rapport d'Amnesty International publié la semaine dernière, 43.000 personnes, soit 1% de la population en serait encore victime.

Quelle était la raison de votre séjour en Mauritanie?

Seif Kousmate: Je réalisais un reportage photo sur la situation actuelle des esclaves et plus précisément des descendants d'esclaves. Je suis rentré sur le territoire par la frontière terrestre du nord de la Mauritanie avec le Maroc avec mon passeport marocain et un visa touriste.
Le passeport marocain c'était pour éviter d'attirer l'attention, car dès qu'un étranger entre sur leur territoire, les autorités pensent que c'est un journaliste. Mais, sur place il y a beaucoup de Marocains, dont ceux qui sont de passage. Donc c'était vraiment plus facile pour travailler et ne pas éveiller de soupçons.

Quelle est situation de l'esclavage aujourd'hui en Mauritanie?

La Mauritanie c'est 30% d'Arabo-Berbères, 40% de Haratins - de peau noire - amenés en Mauritanie pour l'esclavage à l'époque où ce commerce existait encore. Aujourd'hui c'est donc des descendants d'esclaves qui sont pourtant imprégnés de la culture arabo-berbère et parlent le dialecte hassani. Ils sont Mauritaniens, mais ne sont pas acceptés par les Arabo-Berbères qui malgré le fait d'être minoritaires, sont au pouvoir. Au gouvernement, tout le monde est blanc, les autorités c'est pareil.
Les 30% restants sont composés de Wolofs, Soninkés et d'autres ethnies. Moi je travaillais sur la caste des Haratins, ces descendants d'esclave. Dans les années 80-90, il y a eu une grosse libération d'esclaves, c'est vrai. Mais dès qu'on s'enfonce un peu dans le pays, on se rend compte qu'il y a toujours des personnes en situation d'esclavage.

De quelle sorte d'esclavage parlons-nous ?

Dans la capitale, on peut tomber sur des filles qui se font exploiter en tant que domestique. Une sorte d'esclavage traditionnel. De mère en fille, elles travaillent pour les mêmes familles. Une fois que ces filles ont des enfants, le maître va offrir un des gamins, à sa sœur ou à sa mère.
Un autre problème qui ressort, c'est qu'une fois libérés - car il faut savoir qu'il y a beaucoup d'activistes qui se battent contre ce fléau - ces femmes et ces hommes vivent en marge de la société, dans une extrême pauvreté. Ils n'ont pas accès à l'éducation ni aux services de santé.
Ils n'ont pas de pièce d'identité, pas d'acte de naissance, car ils ne connaissent pas leur père. En général, le père c'est le maître esclavagiste qui se permet d'avoir une relation avec son esclave. Il y a aussi beaucoup de cas de viols.

Existe-t-il des chiffres ?

A l'heure qu'il est, je ne peux pas vous donner de chiffres clairs et précis. L'étude la plus sérieuse qui existe sur le sujet c'est le rapport de Global Slavery 2016. Ils estiment le taux d'esclave en Mauritanie à 1%  (43.000 personnes) même si c'est très compliqué à mesurer.
En 2014, le même rapport parlait de 4% de la population réduite à l'esclavage. Certaines ONG locales dénoncent entre 10 et 20% d'esclaves. Il est donc vraiment très difficile d'établir un chiffre, je ne pourrais pas me prononcer officiellement, mais comme je l'ai dit, le rapport le plus sérieux reste celui de Global Slavery.

Comment s'est déroulée votre arrestation? Quid des conditions de votre détention?

Après 21 jours dans le pays, je me dirigeais vers le sud pour quitter le pays par la frontière terrestre et rentrer par le Sénégal. A la frontière, je me suis fait arrêter. Les autorités ont fouillé mes affaires et trouvé mon passeport français, rempli de visas et tampons des pays que j'avais visités, alors que mon passeport marocain, lui, était vierge.
Ils m'ont posé des questions pensant d'abord que j'étais peut-être un terroriste. Quand ils sont tombés sur mes photos, ils ont alors pensé que j'étais un activiste. Ensuite, je leur ai dit que j'avais rencontré Biram Dah Abeid, ancien candidat à la présidentielle de 2014 et figure proue du mouvement anti-esclavagisme. Là, ils se sont tendus.
Après trois heures d'interrogatoire, ils m'ont transféré le soir même à la police de Nouakchott. Sur place, les conditions étaient normales, on me traitait bien, mais j'ai quand même décidé de commencer une grève de la faim, car je n'avais aucune information sur la durée de ma détention. Ça les a inquiétés. J'y suis arrivé mardi, on m'a libéré vendredi. Samedi matin, j'étais expulsé vers le Maroc. J'ai pu récupérer mes affaires, mais ils m'ont dit qu'ils avaient formaté mon ordinateur, mon téléphone et détruit mes cartes mémoire.
Comme le signale Reporter sans frontière (RSF), ce n'est pas la première fois que la Mauritanie expulse un journaliste pour s'être intéressé au sujet. En avril 2017, Tiphaine Gosse, une journaliste indépendante française qui enquêtait sur l'esclavage avait été sommée de quitter le territoire sous peine de se retrouver en prison.