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dimanche 15 novembre 2020

Droit de réponse à l’Interview de Messaoud Ould Boulkheir du 5 novembre 2020 au Calame


Dans une interview au Calame en date du 5 novembre 2020, Messaoud OULD Boulkheir a répondu à une dizaine de questions. Je souhaite revenir sur deux de ces réponses en clarifiant certains points et en débattant d’autres. Entrons donc dans le vif du sujet…

Tout d’abord… êtes-vous réellement un précurseur ?

Citation 1 :  « Calame : Pouvez-vous nous expliquer pourquoi le président Messaoud ne participe pas aux manifestations du Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux créé, il y a quelques années ? A-t-il servi à faire avancer la cause de cette composante ?Messaoud ould Boulkheir : Il faut être un parfait taré pour accepter volontairement de troquer sa place de précurseur contre…rien. C’est aux « fondateurs du Manifeste » qu’il faut poser la question. »

Monsieur Messaoud OULD Boulkheir, vous dîtes être un précurseur de la lutte, entendons par là un précurseur du mouvement ElHor. Hélas, vous disséminez une méprise si ce n’est un mensonge éhonté. El Hor a été créé le 2 décembre 1974. Son premier noyau était constitué de 3 personnes : Bilal ould Werzeg, sa sœur Koumbeït mint Werzeg (que son âme repose en paix. Elle a conseillé à Bilal d’accepter de faire partie du premier noyau de libération des Haratine) et votre serviteur Mohamed Yahya OULD CIRE .

S’il est nécessaire de le rappeler, vous vous êtes engagé dans le premier noyau en 1977 au moment où vous commenciez le cycle C de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration) de Nouakchott. Ce sont les membres du premier groupe qui sont à l’origine de votre adhésion . Il s’agit notamment de Bilal Ould Werzeg, Ahmed Salem Ould Demba (que j’avais convaincu), Abderrahmane Ould Mahmoud (je profite de l’occasion pour saluer le rôle joué par la cousine de ce dernier qui a accueilli à plusieurs reprises nos réunions clandestines dans son domicile) ainsi que Amar Ould Ahmed Deina (qui a également hébergé certaines de nos réunions chez lui). Vous avez alors apporté au premier noyau votre expérience dans le domaine de l’administration publique. Et puis, rendons à César ce qui est à César, c’est ensuite que vous avez joué un rôle qui n’était pas des moindres, c’est-à-dire entretenir la flamme qui avait été allumée plus de trois (3) ans avant votre engagement. C’est là l’historique authentique.

Outre la volonté de rétablir la vérité, je vous invite à l’humilité. Les objectifs d’ElHor et de toutes les organisations abolitionnistes, dont A.H.M.E. que j’ai créée en 2001, sont loin d’avoir été atteints. Et, ne réduisez pas notre lutte à tous, à une bataille d’égo. Nous valons tous mieux que cela !

Ensuite…la controverse sur l’identité haratine

Citation 2 : « Calame : Que pensez-vous de cette querelle entre ceux qui disent que les Haratines sont une composante à part entière, donc différente des Beidanes et ceux qui défendent leur appartenance à la communauté arabe ?Messaoud ould Boulkheir : Pour répondre moins énigmatiquement, je ne me considère pas Beidhane (Blanc) J’ai hérité de sa culture, de sa langue et de son mode de vie qui est dorénavant le mien à tout point de vue et sans aucune ambiguïté. S’il est considéré par les autres comme Arabe, je suis aussi Arabe ; s’il n’est considéré que comme Beidhane, je partage avec lui notre culture Hassania que je considère personnellement comme culture arabe que j’assume avec fierté et en toute conscience. »

Nous faisons au début presque les mêmes constats, en reprenant vos termes. Il est certain que les Haratine partagent avec les Beidhanes la culture à savoir, notre dialecte, le hassania, les mêmes habillements, les mêmes célébrations, nous cuisinons le nguëmou (plat traditionnel) de la même manière, nous logeons dans des tentes similaires, des hangars et des haillons.
Mais vous semblez oublier que notre musique rythmique Bandgë (gospel haratine), Neifarrë (flûte) et Leeb debouss ( jeu de bâtons) et je ne peux être exhaustif, sont différents. Et encore, je ne parle même pas de nos similitudes avec les Négro-mauritaniens.

Je ne vais pas rappeler ici la spécificité haratine, que j’ai longuement étudié dans le journal « le cri du hartani », dans ma thèse, dans mon livre (Harmattan) traduit en arabe (voir www.haratine.com). Il va sans dire que, nous, les Haratine, sommes des sang-mêlés. Et les éléments culturels ne constituent pas une preuve suffisante pour confirmer notre arabité.

En vous lisant, je comprends que votre définition du terme « culture » et du concept de « communauté » qui en découle sont biaisés. Vous avez fait de votre totem le mot « communauté » si bien qu’il apparaît 7 fois dans votre interview avec tous les adjectifs: la ‘communauté nationale’, la ‘communauté haratine’, ‘communautés ethniques et tribales’, ‘communauté arabe’, ‘communauté nationale négroïde’.
Vous et moi appartenons à différentes communautés : la communauté des humains sur Terre, la communauté musulmane, la communauté africaine, la communauté noire de Mauritanie et même la communauté militante. Chacune de ces communautés a une spécificité qui est due, respectivement, à une unicité génétique, une obédience religieuse, une appartenance continentale, une ressemblance ethnique, une convergence de lutte.

Quand A.H.M.E. parle des Haratine, nous les considérons comme un groupe spécifique, monolithique, avec des caractéristiques particulières qui le distingue des autres groupes de la même échelle en Mauritanie. Voilà la réalité sociologique des Haratine.
Mais, si je suis votre raisonnement, un hartani n’a pas de spécificité vis-à-vis d’un maure (outre le fait que ce sont deux personnalités différentes). Pourquoi donc utilisez-vous un mot, en l’occurrence le mot « haratine », qui n’a aucune réalité dans votre logiciel ? Comment définissez-vous la communauté haratine ? Et à qui vous adressez-vous quand vous nommez les Haratine ?

Cependant, comble du paradoxe, vous faîtes la différence entre les Haratine et le reste de la population mauritanienne lorsque vous dîtes qu’ils « [vivotent], confinés dans leurs réserves sans eau potable, sans santé, sans écoles, sans terres, sans espace vital pour cultiver, forer un puits, construire une diguette, sans droit vis-à-vis et par rapport à leurs anciens et toujours maîtres actuels. ». Vous décrivez fidèlement la misère dans laquelle vivent les Haratine du fait d’un esclavage séculaire. Vous ajoutez même que les Haratine « subissent tout cela avec la complicité coupable du président de la République, du Premier ministre, de tous les départements ministériels impliqués, des Gouverneurs, des Préfets, des Chefs d’Arrondissement, des Juges, des Députés, des Policiers, des Gendarmes, des Militaires, des Chefs de tribus, et pour finir de tout citoyen au teint un peu plus clair que le leur en général. ».

Vous apportez en réalité ici la réponse au questionnement plus haut formulé. Un hartani ou une hartania n’est pas plus maure qu’un maure n’est haratine. Le désintérêt des beidhanes/arabes/maures pour notre communauté apporte une preuve que les Arabes et nous ne formons pas une communauté monolithique. D’ailleurs, les Maures n’ont jamais émis le souhait de nous intégrer à leur communauté si ce n’est à un rang subalterne, méprisé et tu.

Les organismes (Tadhamoum remplacé par Taazour) de lutte contre les séquelles de l’esclavage ne sont pas gérés par des haratine auxquels ils sont principalement destinés. Leur création répond à un double objectif : tromper l’opinion publique nationale et internationale et enrichir la clientèle politique essentiellement maure.

Cette situation rappelle la fameuse phrase de Nelson Mandela « Quand vous faites pour nous, sans nous, vous faites contre nous »

En guise de conclusion…

Le mouvement d’émancipation et de défense de la communauté haratine doit avancer de la manière suivante :
– Il doit se définir lui-même. Une barque sans cap ne peut qu’échouer ;
– Respectons les acteurs de notre lutte, de l’activiste discret au militant médiatisé ;
– Accordons une place au débat sur tous les sujets car personne n’a la science infuse, encore moins quand il s’agit d’idées-clés dans notre lutte ;
– Faisons bloc face aux forces qui mettent en place ou soutiennent l’oppression de notre communauté ;
– Cessons les attaques ad hominem qui n’ont d’autres conséquences que notre affaiblissement.

Le 13 Novembre 2020

Docteur Mohamed Yahya OULD CIRE
Président de A.H.M.E (Association des Haratine de Mauritanie en Europe)
www.haratine.com

lundi 7 septembre 2020

La diaspora s’est mobilisée pour dénoncer le crime de Diandioumé


La diaspora africaine est sortie ce dimanche 06 septembre 2020 pour montrer son indignation face aux crimes odieux commis sur des abolitionnistes Soninké. Les victimes de cette barbarie dans la nuit du 01 au  02 septembre 2020 sont :

Mountagha Diarry Sow
Issou CISSOKHO
Diani Hamet CISSOKHO
Gossi CISSOKHO


Ils ont été ligotés, battus jusqu’à ce que la mort s’en suive  avant d'être jetés dans l'eau. Leurs familles ont été lynchées à coups de machettes et coupe-coupe. La cause  est tout simplement incroyable, surtout inadmissible. Vous refusez de rester nos esclaves traditionnels, donc, on vous tue comme des bêtes de somme et l'état malien reste passif. Le laxisme de la justice malienne encourage ces crimes horribles en 2020.L'état malien ne dispose même pas d'un arsenal juridique qui combat l'esclavage et ses séquelles. Les auteurs ne sont pas punis à la hauteur de leurs odieux crimes, les peines restent très symbolique voire  ridicules.

 

Nous interpellations la junte militaire au pouvoir pour sécuriser ces  populations vulnérables victimes du crime de l'esclavage pendant que les criminels esclavagistes  bénéficient l'impunité totale.

Nous interpellations les chefs d'État suivants :
Mohamed Cheikh El-Ghazouani président de la Mauritanie;
Macky Sall président du Sénégal ;
Adama Barro président de la Gambie
Les présidents des deux Guinées et tous les autres chefs d'État Ouest-Africains à mettre fin aux crimes de l'esclavage coutumier qui se perpétuent dans le milieu Soninké et les autres .

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=uoqI-A6qZ-M&feature=youtu.be































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dimanche 16 août 2020

Le fameux communiqué de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz

Ould Abdel Aziz nous dit : « J'ai mené avec succès une campagne électorale présidentielle pour l'actuel président mauritanien, en 2019, au milieu de la concurrence intense de cinq candidats représentant des partis politiques puissants, parmi lesquels le candidat des Frères musulmans, ancien premier ministre de la période exceptionnelle, qui a obtenu d'énormes fonds de partis étrangers réputés hostiles à la sécurité. Et la stabilité de la région »

A la lecture du communiqué de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, on comprend parfaitement qu’il regrette du bout des lèvres son putsch électoral de juin 2019. Il est temps que Ould Abdel Aziz passe aux aveux en disant la vérité au peuple. Que son ami Ghazouani n’avait pas gagné l’élection présidentielle  au premier tour, mais, qu’il a volé l’opposition en imposant son ami. Sinon, qu’il explique au peuple pourquoi  avait-il sorti  l’artillerie lourde  comme des chars de combat dans les rues en déployant des soldats  dans chaque rue comme si nous étions un pays  sous une occupation étrangère ? Pourquoi   avait-il coupé toutes les voies et moyens de communications entre les mauritaniens mais également avec l’étranger ?

Selon Ould Abdel Aziz : « Il y a trois jours, les autorités ont décidé de fermer un parti politique, dans un précédent que le pays ne reconnaît pas, simplement parce que ses dirigeants sont considérés comme politiquement proches de moi. »

Lien : http://cridem.org/C_Info.php?article=739223


Aziz est-il devenu amnésique en si peu de temps ? Comment cet homme violent, barbare,  vulgaire, arrogant, et insolent peut-il se plaindre de l’interdiction de son parti politique ? Ghazouani n’est rien d’autre que son élève. Aziz a passé ces deux mandats à combattre injustement l’ONG IRA-Mauritanie, la personne de Biram Dah Abeid  au point que pour la première fois dans l’histoire de notre pays, on a été  confronté à l’élection d’un candidat à la  députation depuis sa cellule crasse de la prison Dar-Naïm sur du faux et usage faux .Ni la famille de Biram moins encore ses amis et proches n’étaient épargnés  par la fureur barbare d’Aziz pendant plus de 10 ans. Tout le peuple peut en témoigner donc revenez sur terre. Ghazouani utilise les mêmes hommes et femmes que vous avez utilisés pendant dix ans pour mater Biram Dah Abeid.

Diko Hanoune 

mardi 21 avril 2020

Interview du député Biram Dah Abeid, président du mouvement IRA : «Notre bloc est la seule contre-proposition historique à l’ordre de l’oligarchie militaro-féodale»


Interview du député Biram Dah Abeid, président du mouvement IRA : «Notre bloc est la seule contre-proposition historique à l’ordre de l’oligarchie militaro-féodale»

S’étant rendu en Belgique pour des soins médicaux, l’honorable député Birame Dah Abeid, Président de l’Initiative de résurgence abolitionniste en Mauritanie (Ira-M) et double candidat de l’alternance au pouvoir depuis 2014, se retrouve coincé en Belgique, depuis le 18 mars 2020, par la fermeture des frontières aériennes entre l’espace Schengen et le reste du monde à cause du Covid-19. Dans cet entretien exclusif (via watsapp), il commente l’actualité politique de son pays et lève un coin du voile sur plusieurs questions que se posent les Mauritaniens à son propos, notamment ses rapports avec les pouvoirs successifs, ainsi que l’état de la lutte contre l’esclavage.

L’Authentique : actualité oblige, quel regard jetez-vous sur l’arrestation de l’une des militantes de la première heure du mouvement IRA, en l’occurrence Marièm Cheikh, en détention depuis le 13 avril 2020 ?

Biram Dah Abeid : l’arrestation de Marième Cheikh c’est du déjà-vu. Nous sommes toujours et sans doute les mieux préparés à affronter de telles situations. Hier nous menions la bataille contre la sacralité du code négrier, de l’impunité des esclavagistes et tortionnaires, et de l’esclavage agricole ; en somme, l’expérience de la lutte nous a forgés; le pouvoir ne sortira pas grandi de cette bataille autour du discours de la haine comme il le dit, ou du concept d’Apartheid comme nous disons. Nous cultivons et entretenons la certitude que la vérité et le droit inclinent sans cesse vers nous. Marième Cheikh hérite de cette assurance en l’avenir. 
Néanmoins, l’attitude d’hostilité ouverte du pouvoir tranche, non sans paradoxe, sur le sacrifice et à l’effort que nous avons fait depuis la dernière élection présidentielle dont nous fûmes le principal acteur au sein de l’opposition. L’Ira-M et la coalition Rag-Sawab, représentent l’unique bloc de la contre-proposition historique à l’ordre de l’oligarchie militaro-féodale, des tribus et de la ségrégation, en vigueur depuis 40 ans. Nous incarnons, seuls, le choix du peuple s’il lui est donné, un jour, la faculté de décider, dans les urnes, s’il doit vivre dans la misère, l’obscurantisme religieux et les inégalités ou, enfin, oser la rupture. Voici le message que nous portons ! 

En face de nous, persiste le même ressentiment, malgré le changement de personne à la tête de l’Etat ; la reproduction des méthodes qui avait prévalu contre nous à l’époque de Mohamed Abdel Aziz, l’expliquent assez : ce n’était pas un homme qui nous réprimait mais des hommes, des femmes, bref un système solidaire dans ses pratiques, atteint de cécité et par-dessus les risques, suicidaire. 

L’Authentique : quelle appréciation faites-vous du travail de la Commission nationale des droits de l’homme et celui du Commissariat dans l’ancrage des droits de l’homme et leur amélioration depuis l’avènement du pouvoir de Ghazouni ?

Biram Dah Abeid : Ahmed Salem Ould Bouhoubeïny, une personnalité qui a déjà mis son empreinte dans la défense des droits de l’homme en Mauritanie et le ministre commissaire chargé des droits de l’homme, Mohamed Elhassen Ould Boukhreïs, se distinguent par des qualités personnelles que nous apprécions ; hélas, celle-ci ne produisent d’incidence significative sur la virulence de l’aversion que le système nous voue. Une posture individuelle de franc-tireur ou de cadre autonome du groupe, à l’image des deux précités, ne peut rien changer aux pratiques structurantes de leur employeur, en l’occurrence l’Etat des prébendiers, de la médiocratie et de l’impunité. C’est pourquoi Me Ould Bouhouneiny fut court-circuité, assez vite, par son entourage hélas trop pourri qui l’a devancé au sein de la Commission des droits de l’homme ; là, siège, toujours, maint fraudeur, rôdé aux faux témoignages et à l’espionnage, sous l’injonction de la cupidité. 

C’est pourquoi (rires) après notre rencontre avec Ould Bouhouneiny et notre satisfaction de son travail, nous envisagions même de collaborer avec l’institution pour promouvoir, en Mauritanie et devant les forums internationaux, le projet d’une collaboration étroite, sur la voie de l’égalité et de la citoyenneté inclusives. A notre arrivée à Genève, nous fumes surpris de découvrir, que des rapports mensongers contre nous, sont distillés, aux interlocuteurs étrangers, au nom de la Commission des droits de l’homme. Il s’avéra que Me Bouhoubeiny était étranger à la manœuvre de ses proches collaborateurs et ne pouvait rien leur opposer. Je dois noter, aussi à sa décharge, qu’il demeure le premier et l’unique parmi les dirigeants d’institutions officielles, de partis politiques ou d’ongs, à avoir demandé la reconnaissance de notre parti et de notre associations, encore arbitrairement interdits, à ce jour. Désenchantement aussi (rires) envers Ould Boukhreiss après que l’ambassadeur de Mauritanie à Genève a commis, sous sa tutelle, toujours pour la consommation extérieure, une correspondance catastrophique, une lettre digne des époques où fleurissaient la langue de bois et le mensonge ; nous avons pu en prendre connaissance, grâce à nos propres circuits. Conclusion, en Mauritanie, difficile, pour les hommes, de changer leur environnement, y compris mental mais hélas, toujours aisé, pour cet environnement, de transformer les hommes, surtout de les maintenir sous le diktat de la réalité. En dépit de leur volontarisme, Ould Bouhoubeiny et Ould Boukhreiss restent prisonniers de leurs conditions de clercs au service d’une banqueroute ambulante qui fuit l’audit. 

L’Authentique : certaines sources proches du gouvernement, partant d’exemples comme celui du Sénégal qui a fortement dit aux Rapporteurs des Nations-Unies que l’homosexualité n’y sera jamais tolérée, semblent accorder peu d’importance aux Rapporteurs spéciaux des Nations Unies quand ils critiquent la loi sur la discrimination appliquée aujourd’hui à l’encontre de Marièm Cheikh ; en effet, selon eux, cette loi constitue une entrave aux libertés. Ils ont même adressé une correspondance aux autorités mauritaniennes dans ce sens. Qu’en pensez-vous ?

Biram Dah Abeid : l’institution des Rapporteurs spéciaux des Nations Unies n’est pas une institution coercitive. Elle n’ordonne pas aux autorités gouvernementales des pays et n’utilise la contrainte. Les Rapporteurs des Nations Unies représentent une autorité morale reconnue dans le concert des nations et leur point de vue a un très grand impact sur la respectabilité des Etats, leur capital symbolique. Le Sénégal est un pays à haute culture diplomatique, donc je doute fort que cette grossièreté rapportée par votre source officielle en Mauritanie, soit l’attitude du gouvernement ou de la diplomatie du Sénégal. Le Sénégal est un grand pays, en avance sur nous dans bien des domaines, en particulier l’égalité ethnique, la tolérance, la visibilité de la femme et le respect de l’intégrité physique des gens. 

Je suis néanmoins surpris que cette source du gouvernement mauritanien compare la majorité du peuple, constituée de communautés d’esclaves et anciens esclaves, de négro-africains et de plusieurs strates de maures castés, à une minorité sexuelle ; c’est beaucoup de myopie, au moins, que de comparer une majorité spoliée de ses droits, à une poignée de gens, marginalisée par leurs revendications spécifiques envers et contre le corpus des mentalités africaines. Il y a, dans cette comparaison, beaucoup de mépris. 

Ces situations de non-intérêt accordé aux injonctions de la communauté internationale peuvent ne pas être dangereuses, à court terme, pour des gouvernements aveuglés et obnubilés par l’insolence, l’omnipotence ponctuelle, bref, la force d’écrasement dont ils disposent…Néanmoins, je le pense, un gouvernement dans le siècle où nous sommes, doit faire de la prudence sa béquille, afin de se ménager la capacité d’anticiper et de prévenir le pire. L’on ne peut se murer dans la conscience d’un rapport de force favorable sur le moment pour adosser son désir sur la dissuasion ou spéculer sur le silence des victimes, leur peur ou résignation. Une telle légèreté de jugement, tôt ou tard, joue de sales tours, d’ailleurs beaucoup plus rapidement que prévisible…L’histoire est un livre d’une écriture nette pour qui sait lire…

L’Authentique : Nombreux sont les gens qui ne comprennent pas encore votre réaction quand vous vous êtes opposés à la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur la gestion des biens publics durant les dix dernières années. Ce qui suscite une autre question sur les relations que vous auriez entretenu avec l’ancien président, pendant et après sa présidence et la question récurrente que vous êtes une fabrication de Mohamed Abdel Aziz.

Biram Dah Abeid : Ces attaques contre moi, à travers cet angle, sont conçues et distillées par des lâches, sans courage ni dignité et dont l’impuissance et le défaitisme leur confèrent seulement le choix entre lécher les pattes d’Aziz ou faire profil bas jusqu’à son départ. Les bénéficiaires de Aziz ou simples articles de sa création sont aujourd’hui aux commandes de l’Etat et des forces armées et de sécurité. Le Président Ghazouni et la plupart de ses collaborateurs doivent tout à Aziz qui leur a livré un pouvoir dont il n’avait nullement envie de se départir.  A ce jeu d’accusations, nous allons rire : Biram, lui n’a pas été fabriqué par Aziz. Il y a beaucoup de « made in Aziz » en circulation et Biram ne figure sur la liste. Le peuple connait tout ça, c’est pourquoi il me soutient, malgré les montages, la diffamation et la perfidie des conjectures, comme celle-ci.  Ce sont des dons que Dieu me prête : le peuple me suit, me comprend, même si on me refuse la parole dans les médias de l’Etat, en interdisant le parti auquel j’adhère, l’association que je dirige.

D’autre part, je persiste et signe, au sujet de cette commission d’enquête parlementaire : je ne participerai pas à leurrer le peuple. Cette commission n’est pas destinée à faire la lumière ni à dire la vérité au profit des humbles. Non. Il s’agit d’un règlement de compte entre les protagonistes d’un même système qui se battent pour leurs intérêts divergents et, d’ailleurs, prenons-en le pari, ils finiront par s’entendre et enterrer cette lubie vertueuse, comme ils ont enterré, tant de cadavres, entre 1986 et 1991. Vous souvenez-vous de la fameuse Commission d’enquête contre l’épouse et les enfants de l’ancien Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi ?! Qu’est-elle devenue ? 

Mes rapports avec l’ancien président, nul n’en ignore les violentes confrontations. Je n’ai pas faibli devant son omnipotence ; or, aujourd’hui que tous ces nouveaux opposants sont apparus lorsqu’Aziz n’est plus qu’un simple citoyen et ne représente plus une menace, je ne me mêlerais pas avec eux. Notre agenda ne se recoupe. Non, moi je n’entretiens plus de rapports conflictuels d’opposant avec Aziz, car ce dernier n’existe plus et personne ne peut m’instrumentaliser contre un épouvantail. Non. 

Ma cible, reste le pouvoir. Je dis, encore, que la gabegie n’est pas l’œuvre d’Aziz seul. Il y était le chef d’orchestre d’une troupe de prédateurs, dont ses collègues généraux ainsi que d’autres serviteurs qui l’adoraient, l’élevaient quasiment à la divinité. Je ne regrette, je ne regretterai mon refus de participer à cette « permission inquiète » – oui, je l’appelle ainsi – et n’y participerai jamais. J’avais dit aux députés auxquels l’on a ordonné de proposer ce truc, que je veux une instance sincère destinée à traiter les problèmes cruciaux de la Mauritanie, surtout les plus graves à mes yeux, en l’occurrence l’assassinat pluriel au motif de la race, la torture, la déportation, la spoliation foncière, l’épuration de l’appareil d’Etat et, surtout, le refus de publier la vérité. Ensuite, nous poserions, sur la table, la question existentielle : pourquoi et jusqu’à quand une minorité ethnique s’approprie-t-elle un quasi-monopole sur les instruments de la violence légitime, l’agriculture, la pêche, la religion, les terres arables, les banques, la douane, les permis d’exploitation minière et les chaines de radiotélévision ?!! Voici du travail concret pour une commission digne de son objet ! 

L’Authentique : que pensez-vous du travail de cette commission d’enquête et croyez-vous qu’elle ira jusqu’au bout de sa mission ?

Biram Dah Abeid : J’ai déjà répondu à la question. La commission est sans lendemain, elle n’ira nulle part puisque l’architecture dont elle procède s’appuie sur un fondement d’inégalité et utilise un étai de feinte et de contournement. 
L’Authentique : quel commentaire de votre part après le retour en Mauritanie des personnalités qui ont été forcées à l’exil par l’ancien pouvoir ?
Biram Dah Abeid : je suis très content du rapatriement des hommes d’affaires et des autres, tous forcés à l’exil. C’est leur droit car ils ont été injustement éloignés de leur pays. C’est pourquoi nous n’avons jamais cessé de les soutenir et de dénoncer les injustices dont ils étaient l’objet depuis que le pouvoir les visait. Certains ont commencé à parler d’eux quand Aziz a quitté le pouvoir. Il y a de quoi sourire, avec pitié. Je recommande juste à nos amis de retour de bien faire attention à rester lucides et éviter de se dissoudre dans la gratitude et le désir de plaire aux maîtres du jour. Un gouvernement correct est celui qui a besoin de conseil avisé, point de complaisances. 

L’Authentique : quelles appréciations avez-vous sur le début du pouvoir de Ghazouani, en quoi peut-il être considéré comme différent du régime qui l’a précédé et que pensez-vous de la conférence de presse de Ghazouani et de sa position par rapport à l’esclavage ?

Biram Dah Abeid : Je pense que le bilan de ces mois de Ghazouani est très mitigé. Il n’a rien à envier à son prédécesseur sur le plan de l’illisibilité des politiques publiques, notamment des nominations dans l’appareil d’Etat. Parfois, il donne l’impression de vouloir plaire à tout le monde ce qui, bien entendu, interdit la bonne gouvernance. Bref, il sait rassurer, séduire, respecte ses invités, les écoutes et, l’instant d’après, plus rien. Ghazouani veut diriger par la promesse sans délai, la courtoisie, la patience contagieuse et la ruse du fatalisme, l’abus de Incha Allah en guise d’auto-exonération. De telles méthodes comportent des avantages certains dans une contrée prospère où règne une relative harmonie. Tel n’est le cas de notre Mauritanie martyrisée. Le Monsieur, s’il est de bonne foi, parviendra, assez tôt, à la conclusion que le pays est malade et son sauvetage requiert un remède de cheval, administré par des praticiens résolus, gère des mesurettes tremblotantes de scrupule et de spéculation sur la baraka….

Quant à la conférence de presse que vous mentionnez, au cours de laquelle Ghazouani a invité quelques journalistes, ce n’était pas une rencontre d’usage mais plutôt une manière de communiquer. Il a tout maîtrisé et les journalistes étaient quasi inexistants. Ghazouani voulait passer ses messages comme il l’entend, sans protagonistes, juste des témoins dociles. Les journalistes servaient de boîte d’enregistrement et Ghazouani a juste fait passer ses messages comme dans une boîte à lettres. Je pense, par ailleurs, que la position de Ghazouani sur l’esclavage tient du négationnisme habituel parmi les maures, exactement à l’image de son compagnon de 41 ans, Aziz. 

L’Authentique : vous aviez très tôt, aux lendemains de la présidentielle du 22 juin 2019, appelé au dialogue avec les nouvelles autorités, où en est ce dialogue et où en est la situation politique depuis lors ?

Biram Dah Abeid : après les élections présidentielles, juste au lendemain de la proclamation des résultats, mon devoir, en qualité de l’un des deux principaux acteurs, ayant le peuple avec moi, face à une armée dressée à casser du noir, j’ai voulu prendre les devants, éviter l’escalade. C’était de mon option d’assurer la paix civile. Dans ce cadre, j’ai bel et bien appelé au dialogue, même si les opposants autour de moi, jugeaient une faiblesse de proposer la discussion, en premier. Le pouvoir aussi – ses émissaires me l’ont dit – estimait signe de faiblesse, de sa part, que de demander d’emblée, l’apaisement. Finalement, le Président Ghazouani a dit qu’il ne voulait pas de dialogue, car ce n’était pas nécessaire, et il se suffirait de consultations périodiques avec certains hommes politiques triés sur le volet, lesquels, à ses yeux, sont les vrais responsables de l’opposition. 

Les gens qu’ils ont triés, et dont je ne faisais pas partie, se retrouvent à l’aise dans cette situation. Ils pensent que tout est réglé. C’est leur position, ils sont libres de savourer l’illusion. Pour ma part, je crois que toutes les questions pressantes au titre desquelles nous nous battions durant la décennie brutale de Mohamed Abdel Aziz demeurent irrésolues. Afin de sortir de l’impasse, il faut une Ceni indépendante, un Conseil constitutionnel remodelé conformément au vœu de l’impartialité, un recensement libre, l’accès démocratique à l’état-civil, une liste électorale concertée et transparente, la révision des autorisations de média audiovisuels, une administration et une justice indépendante. Il faut d’abord, j’insiste dessus, une entente sur le règlement des dossiers lourds qui plombent encore le développement, la paix civile et la cohésion des Mauritaniens : nous interpellent, plus que jamais, les dossiers de l’esclavage, de l’impunité des crimes racistes, l’exclusion et la misère, le partage des richesses du pays, la discrimination à tous les niveaux, administratifs et socioculturels. 

L’Authentique : que répondez-vous à ceux qui vous reprochent votre absence du pays au moment du Covid-19 ?

Biram Dah Abeid : je ne sais pas sur quoi se basent ces gens pour me reprocher mon absence du pays pendant le Covid-19. Je ne suis pas le Président de la République, je ne suis pas le Premier ministre ni le ministre de la Santé. Je n’ai aucun rôle à jouer dans la riposte du gouvernement à une pandémie. C’est le 18 mars dernier que le médecin m’a libéré. Il n’y avait plus d’avion, la Belgique comme toute l’Europe avait fermé ses frontières. J’attends la fin du confinement ; dès la réouverture des frontières, je reviendrais en Mauritanie, mais dirais, à ceux qui me pensent capable de miracles contre le Covid-19, de déchanter. Même si j’étais là-bas, je n’aurai rien pu faire. L’homme politique, à la différence du religieux professionnel, ne vend pas de la magie dans un emballage de superstition, à une clientèle en panique. 

L’Authentique : certains se demandent aussi quelle est la contribution du mouvement IRA dans la lutte contre le Covid-19 ?

Birame Dah Abeid : IRA et moi-même, nous n’avons pas de contribution que l’on pourrait donner pour la lutte contre le Covid-19. IRA est une organisation interdite et non reconnue en Mauritanie tout comme le parti RAG, en d’autres termes, deux associations de malfaiteurs aux yeux du pouvoir, exactement comme l’ANC et le PAC en Afrique du Sud, à l’époque de l’apartheid. Les deux ne peuvent disposer d’un compte bancaire, recevoir de dons ni récolter de l’argent, encore moins pas s’organiser. 

L’Authentique : êtes-vous d’avis avec les autorités qui considèrent que l’esclavage n’existe plus et qu’il n’existe que des séquelles ?

Biram Dah Abeid : L’Etat considère que l’esclavage n’existe plus en Mauritanie. Bon, c’est une position que nous connaissons bien, celle de tous les régimes, depuis les indépendances. Rien n’a changé, le déni produit encore de la dénégation et les auteurs de cette rhétorique continuent à s’en repaître, comme un exutoire à leur culpabilité. El Hor et SOS Esclaves et bien d’autres associations ont contribué à défaire cet autisme, grâce à la publication, chaque année, de requêtes de prétoire, qui témoignent de l’actualité fondamentale de la servitude de naissance, en République islamique de Mauritanie

L’Authentique : quel est le bilan d’IRA après toutes ces années et qu’est-ce que le mouvement a apporté à la lutte contre l’esclavage et les discriminations ?

Biram Dah Abeid: Ira-M existe depuis 2008, ce qui fait d’elle, chez nous, la plus jeune Ong de défense et de promotion des droits humains. J’aimerais que la question sur les acquis de l’Ira-M soit posée aux citoyens ; vous devriez leur demander pourquoi ils en ont choisi les dirigeants au détriment de tous les autres, plus anciens sur la scène. Je pense qu’il nous revient d’avoir démystifié la peur parmi les noirs, parmi les opprimés, décomplexé leur jeunesse et transformé l’espoir vacillant en espérance de conquête, fierté virile. Nous sommes sans doute les premiers contestataires à rassurer le groupe dominant, notamment sa frange éduquée, que l’égalité et l’équité sont le prix raisonnable de la paix. Nous misons, à présent, sur le succès de cette idée, pour nous épargner les larmes, le chagrin et la ruine consécutifs à toute révolution.

Propos recueillis par
Cheikh Aïdara

mercredi 15 avril 2020

Mauritanie : racisme, faux semblants et fatalité de l’histoire


Note de synthèse

Le 11 avril 2020 Bouceif Ould Hmeiti, cadre à la Société nationale industrielle et minière (Snim) est conseiller municipal de Zouérate (nord) est interpelé, par la police, à la suite d’une plainte, près le parquet, de deux Ong proches du pouvoir.  Le surlendemain, 13 avril, à Nouakchott, des hommes en uniforme s’emparent de Mariem Mint Cheikh, quelques heures après son époux, Mohamed Diodié, également militant de Ira-M, désormais en liberté. Ainsi séparée de l’enfant qu’elle allaite, son lieu de détention reste inconnu.

Postulat

Les griefs retenus à l’endroit des trois renvoient à la pénalisation des discours de haine, en vertu de la loi du 18 janvier 2018, dans le cadre de la lutte contre les discriminations. A l’époque, le texte soulevait les réserves de 3 rapporteurs spéciaux de l’Organisation des nations unies (Onu), en l’occurrence MM David Kaye « promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression », Michel Forst « situation des défenseurs des droits de l'homme » et Tendayi Achiume « formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ». Dans une correspondance adressée, le 24 janvier, au gouvernement de la Mauritanie, ils attiraient l’attention sur les incohérences et les risques de bavure, notamment le musellement des militants abolitionnistes et autres promoteurs de l’égalité. Il n’échappait, alors, aux esprits doués de discernement, que le Parlement légiférait, en la circonstance, à l’unique fin d’endiguer l’indignation des exclus.

Objections

A la différence du prévenu de Zouérate dont l’enregistrement audio énonce une opinion de supériorité sur les noirs et de stigmatisation de ceux-ci, Mariem Mint Cheikh publie, au travers de sa page Facebook, la critique de la domination à la naissance, qu’elle impute à « l’Etat des maures ». A certains passages, elle le maudit et en prédit le déclin. La distinction, ici exposée, établit la comparaison d’une parole relevant du mépris esclavagiste, à la contestation de l’ordre et des valeurs où les auteurs de tels excès trouvent les accents de l’arrogance, l’assurance de l’impunité et la légitimation ethno-religieuse de l’énoncé. A l’insulte héritée de siècles de suprématie et d’exploitation, vient répondre la sédition des mots. Lequel faut-il blâmer ? Pire encore, un fonctionnaire de l’Agence nationale du registre de la population et des titres sécurisés ( Anrpts), parent du Chef de l’Etat et un employé local de l’Ambassade de Mauritanie en Côte d’Ivoire, tous les deux salariés de la fonction publique, s’étaient rendus coupables d’apologie de l’esclavage, exactement selon les termes attribués à Bouceif Ould Hmeiti ; Jusqu’à ce jour, chacun occupe sa fonction, à l’inverse de la diplomate Mint Aoufa, en janvier 2020, le surlendemain de son tweet antisémite.

Constat

Il convient de le souligner ici, les noirs de Mauritanie n’ont jamais exercé la contrainte de groupe sur leurs compatriotes arabo-berbères. L’inverse est copieusement attesté, longtemps durant et nul n’en ignore le bilan ; à une époque récente, de 1987 à 1991, le placard débordait de cadavres, malgré les tentatives avortées de contrefaçon du récit et de ménagement d’une amnésie collective. Allons plus avant, dans l’exégèse des faits : Quand il s’est agi, en 1990, d’actionner la justice, au nom des victimes, pour obtenir réparation de centaines d’assassinats et de milliers de déportations sur le fondement de la race, les députés du moment exacte traduction du rapport des forces social au sortir de la tuerie, s’empressaient d’adopter un texte dit « d’amnistie ». A présent, la loi numéro 93-23 du 14 juin 1993 interdit de juger les commanditaires, exécutants et complices, quel qu’en soit le niveau d’implication. A ce trait d’iniquité, s’ajoute la requalification - quasi mécanique - des plaintes face aux pratiques de l’esclavage et, in fine, l’abandon des poursuites. Il s’agit, juste, d’un exemple, parmi d’autres dans un pays qui réserve, à une seule de ses communautés, l’essentiel de la puissance matérielle et statutaire, le monopole des banques et les agréments de chaines de radiotélévision. Si ce n’est l’Apartheid, la ressemblance confine à la gémellité.

Chiche !

Comme de bien entendu, Ira-M, réprouve la stigmatisation de l’Autre et les diverses facettes du racialisme et s’en tient aux moyens de la non-violence et du droit. A ce titre, s’est-elle séparée d’éléments de valeur sur le terrain, à cause de leurs outrances, parfois proférées ad hominem. Il n’est plus question de revenir sur cette révision, si douloureuse fût-elle. Aussi, l’Ira-M attend-elle, du gouvernement et des magistrats, la mise en accusation judiciaire de l’ensemble des contrevenants à la loi, sans en excepter l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz ; le 3 mai 2016, à Néma, il expliquait la pauvreté des descendants d’esclaves, par le pullulement de leur natalité. La vague de procès que nous proposons s’annonce d’utilité et de pertinence, afin de recouvrer le goût de la vérité et le sens d’une cohabitation féconde à l’épreuve d’un prétoire impartial. Au terme des audiences, les mauritaniens constateront l’évidente vanité de vouloir censurer les mots, quand la réalité les conforte tant et si bien. Ce jour-là, nous parlerions, à l’unisson, le même langage.

D’ici le grand déballage, Mariem Mint Cheikh doit recouvrer son foyer parce qu’elle n’a d’autre asile où fuir l’injustice, que la terre de ses ancêtres humiliés. L’y retiennent, ses enfants en bas âge, son combat et la certitude de les voir grandir sous l’égide du mérite. Mariem Mint Cheikh n’est pas une délinquante, non, plutôt l’héroïne de sa cause, la nôtre aussi.


 Communication IRA-Mauritanie 
Nouakchott, le 14 avril 2020

lundi 16 mars 2020

Affaire Abdallahi Homody militant d'IRA - Mauritanie emprisonné illégalement.

Les Protagonistes sont : Fatimetou Abdi Dia la victime, en état de grossesse de 7 mois, propriétaire d’un terrain situé à Elmina (Château d’eau). Elle est soutenue par sa mère Maty Brahim. L’Affaire est suivie par Abdallahi Homody, militant actif d'IRA- Mauritanie, actuellement jeté en prison sur le seul motif qu’il a soutenu la famille victime dans leurs démarches à protester contre cette expropriation. Abdallahi Homody est ce jeune immaculé de sang  qu’on  a jeté en prison plusieurs fois pour son militantisme en faveur des victimes spoliées. Fatimetou la victime, sa mère et Abdallahi sont emprisonnés depuis le 26 février 2020. C’est vraiment scandaleux, d’autant plus que la victime a tous les documents d’attribution du terrain à son nom.

Le lot 12 secteur CK9 est au nom de Fatimetou Abdi Dia attribué selon un PV d’exécution de l’inspection du MHUAT d’El mina et seule ce document est dans l’ordinateur du ministère.

L’auteur de  l’expropriation en cours  s’appelle : Mahjouba Bah dite Elkhayt, couverte par le cadi (juge) d’Elmina, c’est  ce qu’on appelle avoir  le bras long.

Quand Mahjouba est venue avec une attestation dont on ne connait pas l’origine pour prétendre que le lot lui appartient. Elle s’est plaint devant le cadi qui lui a avoué que les badges sont de la compétence de l’ADU. Alors que Fatimetou Abdi Dia et sa mère son rentrées tranquillement chez elles, Mahjouba a continué son harcèlement auprès du cadi et son greffier Mohamed El Moustaph. Finalement elle a pu manipuler le cadi jusqu’à ce qu’il ouvre un jugement à l’insu de l’autre partie et lui donne la propriété du terrain. Ils ont fait appel d’eux-mêmes et la cour a confirmé le jugement. Maty Brahim qui reste 17 jours en prison avant de bénéficier d’une liberté provisoire. Et donc elle a fait appel à IRA – Mauritanie pour la soutenir.

Le 28 février la police les a conduits à la direction régionale de la police de Nouakchott Sud à Arafat avant de les déferrer le lundi 02 mars 2020 pour avoir refusé d’exécuter un acte judiciaire. Sur recommandation  du procureur Ethmane Cheibany le président du tribunal départemental de El mina Seyidna Ali Mohamed Saghir écroue Maty Brahim et Abdallahi Homody militant d’IRA – Mauritanie venu soutenir les victimes. Le procureur Ethmane Cheibany continue de menacer de mettre en prison tout celui qui vient en soutien aux victimes Fatimetou Abdi Dia et Maty Brahim)

Voilà  l’abus manifeste d'un juge qui a été certainement  corrompus. Comment peut-il juger  une affaire à l'insu de la personne concernée ? Nous exigeons la libération immédiate  des  détenus arbitrairement dans cette affaire sur du faux et usage de faux. C'est quoi cette histoire? Depuis quand, contester une décision judiciaire peut entraîner directement  le dépôt dans une  prison?  Pourquoi le ministre de la justice laisse faire ces gens-là qui dépendent de son département ? 

Quelle image donnent ces juges, procureurs, gouverneurs et préfets au pays ?  C'est quoi ça mon Dieu ? On vous arrache votre bien illégalement malgré vos papiers en règle  et on vous jette en prison avec vos soutiens pour vous faire taire. Nous appelons à la mobilisation tous et toutes pour mettre fin à cette injustice ignoble. Il est temps que le gouvernement Ghazouani met fin aux activités de certains juges et procureurs corrompus.

Diko Hanoune