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vendredi 17 août 2012

Biram Dah Abeid a raison et son combat n’est que méritoire


 
En effet, toute personne qui connait les maures ou qui a vécu parmi eux sait
qu’ils ne sont enclins ni au changement ni à la révolution. La société maure est
une société d’immobilisme, d’inertie et de fatalisme. Il n’est point ici
nécessaire d’en faire la démonstration, sinon que de constater que depuis
l’indépendance, cette société n’a évolué ni dans ces mœurs, ni dans sa mentalité
ni dans ses habitudes, ni même dans sa musique( autant dire jamais dans le reste
de sa culture) !

Pire encore durant ces trente dernières années, elle s’est ankylosée sous les
coups d’une arabisation forcenée qui a produit des « élites » fermées aux idées
carrées rejetant tout changement et toute ouverture et sous l’influence
extrémiste de mouvements panarabo-baathisto-nassériste, qui réduisent l’horizon
à la compression forcenée des cultures et des communautés à l’expression de
leurs idées réductrices.

Pire encore (bis ! puisque pire que pire n’existant pas), la société maure a
développé sous les coups de boutoirs de régimes politiques corrompus et
népotiques, des antivaleurs (mensonge, détournements, malversation, trahisons
partisane, opportunisme…) qui sont actuellement le code de conduite de
l’ensemble d’une « élite » maure guidée par la politique du ventre qui dirigeant
le pays ou peuplant le semblant d’opposition n’est obnubilée par le partage de
pouvoir et non point pour changer le modèle de société ou d’œuvrer à
l’instauration d’une vision ou s’inscrirait le bonheur du peuple ou son
développement.

A cela s’ajoute (et il ne faut pas craindre de le dire haut et fort !) que la
société mauritanienne est tenue en tenaille par une pléiade d’oulémas qui ne
prône que l’allégeance perpétuelle au pouvoir en place (quel qu’il soit),
neutralisant toute volonté et tout libre arbitre du peuple, justifiant tous les
régimes et l’appuyant jusque dans les mosquées. Une pléiade d’oulémas appuyée
par des contingents d’imams et de prêcheurs qui s’emploient à maintenir le
comportement et la conscience du citoyen dans un fatalisme réducteur de tout
effort de réclamer le changement ou de vouloir défendre ses droits (tout est
voulu par Dieu et toute vengeance se fera dans l’au-delà). Ici-bas, baisser les
bras.

La société mauritanienne est aussi prise en étau dans un tissu économique et
financier monopolisé par des commerçants et des hommes d’affaires maures,
acoquinés au pouvoir qui détiennent 95% des structures économiques et des moyens
de production du pays et qui déploient une force d’inertie extraordinaire à
maintenir le statu quo quitte à ce que rien ne change sinon la manipulation du
pouvoir à leur profit.

C’est une société qui se morfond dans un immobilisme culturellement entretenu,
un fatalisme religieusement voulu , une aliénation politiquement soutenue, un
appauvrissement économiquement maintenu qui la conservent dans un état de
passivité et d’inertie propice à ceux qui la dirigent et l’exploitent.

Aussi, il est absolument faux et éminemment naïf de croire ou de penser que le
changement viendra naturellement de la société maure ou de ses élites politqiues
(ou des négro-mauritaniens et des haratines » acquis » à leur cause).

C’est autant dire que la question de l’esclavage qui taraude et échauffe les
esprits n’est pas une véritable question pour la société maure. Elle n’en fera
que ce que ses oulémas lui diront et l’opportunisme de ses tribus lui dicteront.
Le politique lui, ne gérera jamais la question de l’esclavage à l’encontre de la
société maure. Il préfère le statu quo que de la sortir de son immobilisme qui
peut lui être fatal.

Biram Dah Abeid a bien compris cela. Il a surtout compris qu’il fallait secouer
la termitière sinon rien ne se fera ! Et cette stratégie est la seule voie pour
que la société maure esclavagiste reçoive des coups de boutoir la poussant à
réagir.

En effet,cette société ne saura bouger par elle-même pour les raisons précitée.
Il fallait une stratégie du défi , de la provocation et de la crise bâtie sur la
remise en cause des fondements de l’immobilisme . Et c’est ce que Biram fait !

Il dénonce, l’arbitraire et la complicité politiques , la corruption des élites,
l’exploitation économique, l’influence des oulémas… soit les tabous sur lesquels
toute la société maure actuelle vit et qui la maintiennent elle-même dans un
esclavage… qui justifie son esclavage.



Pour conclure, il ne fait pas de doute que Biram a raison.

La situation actuelle en Mauritanie lui donne bien raison et il ne fait pas de
doute non plus que sa stratégie de la provocation et de la crise sont bien à
propos. Et je crois pour ma part que c’est la seule voie pour que les problèmes
qu’il soulève fassent l’objet d’une quelconque attention.

La société maure (nonobstant les autres communautés négro-africaines
esclavagistes) a besoin d’une gifle pour qu’elle puisse sortir de sa torpeur
auto-entretenue. Et cette gifle, jusque-là, ni son histoire, ni le reste du
monde ne le lui a encore donnée.

Biram est une gifle. Et l’histoire lui donnera raison. Probablement au péril de
sa personne ou de son mouvement mais certainement pas à celui de ses idées. Ces
dernières sont tenaces du fait même qu’elles prennent leur source dans une
volonté de justice exprimée face à une société qui, malgré elle, est prise dans
la gangue de son environnement politico-soci-eco-théologique. Et n’en sortira
qu’à travers une crise ; ça aussi Biram l’a compris.

Enfin, je me suis évertué très tôt , dans quelques articles, à analyser la
stratégie et la dialectique utilisées par Biram dans sa dénonciation de
l’esclavage, elles corroborent tout ce qui précède.

Pr Ely Mustapha

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