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mardi 21 août 2012

DÉCLARATION : Pour une prise en compte de la question des réfugiés mauritaniens



COORDINATION DES ASSOCIATIONS ET COLLECTIFS DES
 RÉFUGIÉS MAURITANIENS AU SÉNÉGAL ET AU MALI

  DÉCLARATION : Pour une prise en compte de la question des réfugiés mauritaniens 
                                      Dans  une stratégie intégrée des  nations unies pour la région du sahel

Considérant l’invitation du conseil de sécurité de l’ONU faite aux militaires du Mali à retourner dans les casernes et  à s’abstenir de toute ingérence dans les affaires politiques du pays
Considérant l’implication  des Nations Unies, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) et de l’Union africaine, pour un règlement de la crise qui sévit au Mali et consécutive à la violation  de  l’intégrité de son territoire dont la partie nord est occupée et déstabilisée à la fois par des mouvements terroristes islamistes en partie étrangers au pays et par des mouvements irrédentistes touarègues maliens qui revendiquent l’indépendance de  l’Azawad, leur région d’origine
Considérant les intérêts et les attentes du Conseil de sécurité concernant l’élaboration et la mise  en œuvre, en consultation avec les organisations régionales, d’une stratégie intégrée des Nations unies pour la région du Sahel englobant les questions de sécurité, de gouvernance, de développement, des droits de l’homme et les questions humanitaires
La coordination des associations et collectifs des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali (CACRMSM) exige  de la communauté internationale que la question des déportations, dés avril 1989, de mauritaniens toujours réfugiés au Sénégal et au Mali et en raison des conséquences humanitaires désastreuses qui en découlent, soit prise en compte dans la stratégie intégrée susmentionnée
La CACRMS M  estime que si son exigence n’est pas satisfaite, elle tirera la conclusion qu’il existe bien une inégalité de traitement entre  d’une part les populations du nord Mali qui ont fuit l’insécurité qui prévaut dans cette  zone de forte conflictualité en raison de l’occupation illégale dont elle fait l’objet, et d’autre part les réfugiés mauritaniens. En effet, les populations du nord Mali sont forcées de fuir les risques liés aux conflits, qu’il s’agisse de ceux qui à l’instar de nombreux touaregs  se sont réfugiés dans les pays voisins (Mauritanie, Burkina Faso, Niger…)  ou de ceux qui ont été déplacés vers d’autres endroits à l’intérieur du Mali. Toutefois, il faut reconnaitre qu’elles  bénéficient aujourd’hui d’une attention et d’une aide matérielle toute particulière en provenance de la communauté internationale et du monde des organisations non gouvernementales. Ceci contraste et tranche avec l’oubli et le désintérêt dont sont victimes les réfugiés mauritaniens livrés à eux-mêmes  notamment ceux du Mali et cela depuis plus de deux décennies
Par ailleurs, nous attirons l’attention de la communauté internationale sur la différence de traitement dont feront l’objet successivement  le coup d’état militaire  d’aout 2008 fait par le général Abdel Aziz en Mauritanie et celui de mars 2012 exécuté par le capitaine Sanogo au Mali. En effet, le premier coup d’Etat a fini par être recyclé et accepté grâce au concours de la communauté internationale et plus particulièrement grâce à la France , l’Espagne et le Sénégal de l’ancien président Abdoulaye Wade, cela  à travers les accords de Dakar de juin 2009  devant aboutir, entre autres, à une élection présidentielle tenue  en juillet 2009, et que l’on voulait consensuelle afin de mettre fin à une crise aigue qui encore oppose les partisans du putsch du 6 aout 2008 et ceux qui le combattent. En revanche le  second, à savoir le putsch du  capitaine Sanago, n’a pas bénéficié des mêmes faveurs, de la part de la même communauté internationale, comme en attestent, à son propos, les exigences des  Nations unies susmentionnées.
Aussi, la communauté internationale en ayant manqué de fermeté vis-à-vis du coup d’Etat en Mauritanie porte une part de responsabilité dans l’élection controversée du général putschiste  Abdel Aziz  devenant président  de  la république de fait. Ce dernier a mis toutes les ressources de l’Etat mauritanien au service de son maintien au pouvoir. La crise politique en Mauritanie auxquelles viennent  s’ajouter des antagonismes socioculturels profonds vont perdurer et s’aggraver, tant que l’un des points les plus importants des accords de Dakar ne sera pas appliqué, à savoir la recherche des voies et moyens permettant de mettre fin à l’ingérence de l’armée dans la vie politique, en tant que le principal acteur de fait. Cette implication de l’armée  mauritanienne dans le champ politique, ce qui n’est pas acceptable dans un Etat démocratique, a été à l’origine  non seulement des violations massives des droits de l’homme perpétrées en Mauritanie dans les années 1980-1990  faisant toujours l’objet de plaintes au niveau de la justice internationale, mais aussi à l’origine de l’exacerbation des antagonismes ethnoculturelles meurtriers, dans le pays. Il faut ajouter à cela, les troubles diplomatiques récurrents que le régime militaire mauritanien provoque entre lui et son voisin sénégalais.  Par ailleurs, le comportement de ce régime militaire qui recèle le plus de danger renvoie à  sa responsabilité dans la crise malienne, compte tenu du soutien  que Nouakchott apporte aux groupes irrédentistes touaregs opérant dans l’Azawad en territoire malien, ceci en raison des attaches tribales et familiales dont ces groupes  bénéficient sur le territoire mauritanien. Par ce comportement qui cache mal une diversion stratégique, le régime militaire  déguisé du général Abdel Aziz entend prendre les populations sous son contrôle en otage, en invoquant des problèmes de sécurité qui justifieront son emprise sur le pouvoir politique et son maintien au sommet de l’Etat, avec la bénédiction de certaines puissances européennes pour qui la Mauritanie, à l’occasion, devient non seulement un allié important pour lutter contre le terrorisme islamique mais aussi leur garde-frontière contre l’immigration clandestine venant de l’Afrique subsaharienne et quittes à le faire au détriment de la stabilité politique de la Mauritanie. Faut-il rappeler que la raison avancée par  le général Abdel Aziz pour justifier son coup d’Etat du  6 aout 2008 fut que le régime démocratique qu’il a déchu ne luttait pas fermement contre le terrorisme islamique ? Une lutte qu’il mènera hors de ses frontières, sur le territoire malien, avec la collaboration  de la France, au nom du droit de poursuite  et contre des terroristes qui menacent le territoire mauritanien et enlèvent des otages européens. Mais ironie du sort ou fait paradoxal, il est établi  aujourd’hui que les protégés maliens touaregs et arabes du général Abdel Aziz  installés sur le territoire  mauritanien sont en collusion avec les forces qui déstabilisent le nord du Mali. Ces mêmes forces qui se livrent à des prises d’otages européens dont le payement des rançons, en vue de leurs libérations, alimentent leur trésor de guerre. Ceci explique évidemment le refus déclaré de la Mauritanie de participer militairement à la libération de la région nord du Mali, à coté des  futures forces sous-régionales qui seront sous contrôle de la  CEDEAO et qui bénéficieront, pour ce faire, de l’appui  politique et logistique de la communauté internationale. Rappelons plus précisément, que le Nord malien est occupé par les mouvements terroristes islamistes à savoir le MUJOA (mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest et celui  d’Ansar Edine  et dont les responsables ont des liens avec Aqumi (Al Quaida au Maghreb islamique) qui est un mouvement terroriste islamique d’origine algérienne issu du GSPC (groupe salafiste pour la prédication et le combat). Il faut souligner que le mouvement  indépendantiste d’origine touarègue appelé  le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) avait pris part à l’occupation militaire du territoire malien  à coté de ses alliés du MUJAO et de Ansar Edine qui actuellement se sont accaparés le contrôle dudit territoire,  en  chassant le  MNLA  et l’excluant de toute gestion.
Aussi, au regard du danger lié à l’insécurité et l’instabilité politique qui  prévalent dans la zone sahélo-saharienne, nous demandons à ce que  la communauté internationale assume pleinement son rôle de maintien de la paix et de la sécurité en conformité avec les lois et conventions internationales, dans un esprit de justice et d’équité.

 Dakar, le 19 aout 2012
                                                                                                              Moustapha Touré

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