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mercredi 1 août 2012

Génocide et délits de complicité en Mauritanie (I)


Aujourd’hui, les citoyens mauritaniens ressentent plus que jamais le besoin de la création d’une société égalitaire, juste et politiquement démocratique sur tous les plans.
D’ailleurs, d’aucuns parlent de la reconstruction d’un Etat dans lequel on bannit le favoritisme ethnique et tribal, l’exclusion des identités nationales et l’esclavage. La recrudescence des mouvements d’avant-garde issus de toutes les sensibilités nationales devrait interpeller les dirigeants afin de mettre un terme à toutes les formes d’injustices sociales et politiques. Il y’a lieu donc de repenser au système politique, si l’on souhaite encore préserver notre intégrité nationale. L’Etat doit incontestablement inventer des stratégies consensuelles pour repousser toutes les éventualités susceptibles de replonger notre pays dans une instabilité. Car partout des voix s’élèvent pour exiger la réhabilitation de la justice et de la mémoire collective et nationale des victimes ayant sombré dans des crimes de l’Etat mauritanien.
Il n’y a nul doute que nous devrions oeuvrer pour la réhabilitation d’un Etat e droit où tous les citoyens sont libres et égaux davant la justice. Tous les citoyens aspirent à un renouveau. Il fait un grand temps que notre pays retrouve certaines valeurs humaines afin de construire dans un avenir proche, un Etat dans lequel tous les citoyens sont égaux. Un Etat dans lequel il n’y a aucun sentiment de distinction raciale, ethnique ou régionale. Cet idéal requiert l’union des âmes afin de nous extirper de l’anarchie minant toutes nos institutions.
Il y a lieu aussi de reconstruire nos liens dans le but de réinstaurer la confiance entre l’Etat et les citoyens, mais aussi entre les individus. Mais pour aboutir à ce projet de société tant rêvé et tant convoité par des discours démagogiques, il convient de s’accorder sur certains principes fondamentaux d’un Etat juste, égalitaire et démocratique.
En 1960, date notre indépendance : on nous promit une nation forte, mais l’histoire nous donne une autre version de notre Etat. Des générations ont hérité de nos dirigeants une nation désunie et déchirée dans laquelle on cultive la haine et la constante oppression des minorités tribales et ethniques. Et un demi-siècle après, des hommes ont changé, mais les systèmes de fonctionnement ont demeuré. Notre malheur réside dans le fait qu’une poignée de militaires s’est accaparée du pouvoir en vouant aux gémonies tous les rêves d’un Etat civil, démocratique et représentatif de toutes les composantes militaires.
Un peuple maintenu sous le joug militaire est un peuple opprimé. En Mauritanie, les dirigeants, souvent soutenus par des officiers ou des grands notables, ignorent que le terme justice désigne un idéal de responsabilité en ce qui concerne la protection, la revendication des droits et la prévention. Dans son sens générique, la justice implique la prise en considération des droits de l’accusé, des intérêts de la victime et du bien-être de la société entière. La discrimination et la ségrégation sont monnaie courante. Et les victimes de ces traitements abjects et humainement dégradant sont connues : Les noirs, les haratins et les maures  » castés  » ou issus de « basses tribus ». C’est une injustice pour laquelle il faut s’en émouvoir. On dirait que le régime de Taya va durer à perpétuité.
En Mauritanie, l’appareil judiciaire souffre de graves dysfonctionnements et de délimitation. Il est sous le monopole d’une élite maure au détriment des autres composantes. D’ailleurs dans ce pays, il n’y a aucun équilibre. La frustration des citoyens noirs s’explique par leur exclusion sur toutes les sphères publiques. Le constat est partout le même: Une absence totale d’égalité des chances. L’armée nationale est entre les mains des minorités tribales qui distribuent les concours d’entrée en favorisant leurs descendants. Tous les secteurs importants tels que les Banques, la finance publique, les offres d’emploi, la diplomatie et les médias publics nous offrent une image monocolore. D’où l’image arabo-berbère de la Mauritanie vendue à l’étranger. Même nos timbres sont discriminatoires…
Et selon des statistiques dignes de foi, ceux-qui s’accaparent de nos biens et au grand dame de la majorité, ne constituent que 15% de la population mauritanienne. Les harratins estimés à 50% du peuple mauritanien, sont marginalement exclus et ne bénéficient d’aucune visibilité. Ainsi que les noirs ( halpularr, Soninké, Wolof et Bambara) qui constituent 35 % de la population mauritanienne. Malgré les dénonciations, ces derniers ne bénéficient depuis notre indépendance jusqu’à nos jours que de 3 portefeuilles ministériels. Cette politique d’exclusion a été exacerbée par les théoriciens nationalistes sous le règne de Taya. Ces derniers ont poussé les autorités à favoriser des cadres maures afin de marginaliser les élites noires et les conduire à l’exil. Administrativement, ils nous ont légué un découpage électoral injuste qui attise des inégalités dans le choix des élus parlementaires. Comment peut-on expliquer que dans une région, l’on choisit un député avec seulement 760 électeurs alors que dans d’autres il en faut 10.000 voix ? En réalité, c’est face à ce découpage injuste et oppressif qu’une minorité est parvenu à occuper majoritairement l’Assemblée Nationale et le Senat au détriment des autres communautés de ce pays. Il faut donc dénoncer avec énergie cette politique discriminatoire. Car en l’absence d’une représentativité au niveau de l’Assemblée et du Sénat, les injustices infligées aux noirs, aux haratins et aux minorités maures vont persister.
Devrions-nous rappeler que L’Etat de droit ou de légalité désigne un principe de gouvernance en vertu duquel, l’ensemble des individus, des institutions et des entités publiques et privées y compris l’Etat lui-même, ont à répondre de l’observation des lois promulguées. Ces lois doivent être naturellement appliquées de façon identique pour tous et de manière indépendante dans le strict respect des normes internationales et des droits humains. Il s’agit-là, des réalités enseignées à nos étudiants dans les amphithéâtres par des juristes qui observent des irrégularités sans lever le petit doigt pour dénoncer les dérives de notre Etat.
Dans un pays comme la Mauritanie, qui a connu à travers son histoire des exactions extrajudiciaires des centaines d’officiers noirs dans les années 80 et 90, il est plus que nécessaire de mettre en place des mécanismes afin de rétablir la justice. C’est la condition sina qua non pour réussir à réconcilier l’Etat et les noirs. D’ailleurs, c’est le seul moyen efficace pour sauver notre unité nationale. Car l’impunité est une des causes fondamentales de tous les crimes commis en Mauritanie. Et l’absence des mécanismes qui permettent à la population de faire un travail de mémoire sur les différentes vagues de violences qui ont endeuillé une frange de la population noire, fait obstacle à cette réconciliation tant convoitée. Cependant, l’absence de cette volonté de la part de nos autorités, justifie leur complicité de voir se perpétuer cette tradition de l’impunité.
Tout a commencé en 1966. Ensuite, il s’en est suivi des accusations arbitraires et des disparitions des pères de familles, puis leur irradiation de fonction publique en Mauritanie sans aucune autre forme de procès. En 1987, la communauté noire enregistre des arrestations arbitraires des négros-mauritaniens, instiguées, par régime raciste et chauvin de Nouakchott avec l’appui de certains pays arabes. En 1989, c’est l’aboutissement de la politique étatique raciste de l’épuration ethnique. C’est ainsi que des exécutions sommaires, viols collectifs des femmes noires, expulsions massives vers le Sénégal et le Mali ont été perpétué sous le règne de Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya. Et tout c’était déroulé sous le regard complice des chefs de tribus, des clans, notables de régions et pire encore des oulémas. A cette époque, la charia n’ordonnait pas « peut-être » à un « Cheikh » de rentrer dans une prison pour entamer un dialogue de « repentance ». Comme hier, la bénédiction des jurisconsultes est réservée uniquement à certains fils de cette nation. N’a-t-on pas vu des notables se bousculer devant les grilles du palais ocre pour extirper « leurs commerçants « des mailles d’Ould Abdel Aziz ? Les conciliabules des « Oulads » n’ont-ils sauvé plus d’un de la prison. N’ont-ils pas piétiné les lois fondamentales du droit pénal au vu et au su de tout le monde. Mais face à la discrimination des négros, on plie la charia et on range l’humanisme et la pieuse fraternité. Certains maures accepteront-ils de se taire devant cette hypocrisie anti-islamique ?
Pire encore, pourquoi ceux qui revendiquent la justice pour les victimes du crash de l’avion militaire et du décès de l’employé de MCM se taisent, lorsqu’on sait que les tortionnaires sont promus aux postes de responsabilité ?
Des hommes tels qu’Arbi Ould Jidein, premier vice Président de l’Assemblée Nationale devrait être traduit en justice. Et pourtant il est celui qui valide nos décisions nationales. Nos dirigeants sont constitués de tueurs aux mains ensanglantées du sang des noirs.
Comme bon nombre d’ex-officiers de l’armée issus de la composante maure, Ely Ould Mohamed Vall est impliqué dans le génocide contre les noirs. En insultant la mémoire des victimes militaires tuées majoritairement à Inal et Jreida , ce dernier a osé déclarer, au su et vu de tous les citoyens, l’infondé des accusations des familles, des veuves et des associations de rescapés.
Alors, nous demandons qu’il nous indique les fosses communes dont il fut le principal concepteur. Et peut-être avec la mémoire lugubre du criminel Général Mohamed Ould Maguett, Ely Vall nous éclairera sur la mort du sous-lieutenant Tambadou Abdoulaye. Il s’agit d’un marin originaire de Bababé ( Sud de la Mauritanie) engagé dans la Marine en 1969 . Il a été assassiné le 10 décembre 1990 à l’aide d’un pistolet (PA) dans un véhicule dans lequel se trouvaient Ely Ould Mohamed Vall, le Général Ould Maguett et Yezid Ould Moulaye Ely.
L’Armée Nationale est remplie de tortionnaires : il s’agit-là des propos du Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. Alors à notre «  Raiss » nous disons pourquoi leurs crimes restent impunis ? L’Etat protège-t-il des criminels ? Pourquoi une commission  » Vérité et Justice » n’est pas mise en place afin d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur le génocide des années 89-90? Des crimes comme ceux commis par le Colonel Sid’Ahmed Ould Boilil, ex-commandant de la région militaire de Nouadhibou, responsable de la mort de prés de 300 officiers , seront-ils dévoilés aux citoyens de ce pays ? Pourquoi l’Etat a tué ceux qui ont combattu dans l’armée mauritanienne pendant la guerre du Polisario ? A quand l’indifférence des nos hommes politiques vis-à-vis à cette question? Pourquoi des élus, à leurs tête Massoud Ould Boulkheir, ne se prononcent jamais à propos de ces crimes afin d’obliger le gouvernement à créer une commission afin de statuer définitivement sur le dossier du passif humanitaire?
Le silence du Président de la République devant tous ces crimes que l’Etat a reconnu à travers la prière de l’absent à Kaédi ne signifie-t-il pas complicité ?
Bâ Sileye

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