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mardi 7 août 2012

L’éditorial de La Nouvelle Expression : Piétiner Messaoud ou tuer Biram…


Pour l’amour et la stabilité de son pays et pensant bien faire, Messoud Ould Boulkheir avait pris son bâton de pèlerin pour essayer de concilier les deux bords politiques du pays.

Aplanir les divergences et essayer de leur faire prendre ensemble la commande du bateau mauritanien dans une mer si agitée. Le président de l’Assemblée Nationale pense qu’avec un gouvernement d’union nationale, la Mauritanie évitera la décadence politique qui caractérise, depuis quelques temps, son quotidien.

Oui, Messoud croyait, dur comme fer, que son initiative tendant à rassembler les pôles politiques antagoniques pour une gestion commune du pays immuniserait ce dernier des maux qui plombent son avenir au triple plan politique, économique et culturel.

De son côté, Biram, par l’incinération de l’abrégé de khlil, une ancienne jurisprudence malékite (13è siècle) qui fait l’apologie de l’esclavage, voulait interpeller la société des élites mauritaniennes sur la gravité de la situation des ces « autres Mauritaniens ». Des Mauritaniens considérés comme des sous-hommes, réduits en esclavage par des bourreaux qui, pour justifier leur forfaiture, invoquent comme source l’abrégé de Khlil.

Par ce geste, Biram Dah Ould Abeid, cherchait à ouvrir un débat sans ambages sur les sources « islamiques » de l’esclavage, permettant ainsi aux Mauritaniens, dans leur ensemble, de s’affranchir de cette immoralité culturelle entretenue par des obscurantistes qui nuisent plus qu’ils ne servent l’islam.

Curieusement, le pouvoir en place après, avoir accordé un blanc seing à Messaoud, vient, semble-t-il, de le désavouer par le rejet pur et simple de son initiative. Une insulte qui ne laissera pas le vieux tribun indifférent. Qui connait Messaoud sait que l’homme supporte mal de se faire « mariner »

Et Biram, quant à lui, est jeté en prison avec six de ses amis pour atteinte aux valeurs islamiques, son dossier devient une patate chaude entre les mains de l’appareil judiciaire qui se dessaisit de l’affaire. Il est toujours gardé en prison car l’exécutif avait promis de punir cet homme qui dérange. Sous le coup de la torture morale, Biram est entrain de souffrir. Avec son admission aux urgences de l’Hôpital national dans la première semaine du mois de Ramadan, les militants des droits de l’homme craignent que le pouvoir ne cherche à éliminer ce militant encombrant…

Piétiner Messaoud ou tuer Biram ne va que nuire à la Mauritanie. Les pouvoirs publics le savent plus que n’importe qui d’autre, parce que par le passé on a commis toutes sortes des crimes contre des individus qui ne pensent pas de la même façon que le pouvoir en place et on a vu le résultat : déchéance culturelle, économique et politique de la Mauritanie qui a fini par être écartée du concert des nations civilisées.

Messaoud et Biram, sont-ils antinomiques ? La politique est-ce une autre dimension de lutte contre l’injustice ? Y a-t-il démarcation claire entre la politique et les Droits de l’homme dans la gestion des affaires de nos cités, notre relation avec la marche de notre pays ?

Messaoud Biram, y a-t-il dualisme, divergence de vues sur les néfastes problèmes qui tirent le pays vers le bas ? Pourquoi veut-on entretenir cette image, entre ces deux figures qui partagent tout ensemble pour le besoin de la Mauritanie ? Des questionnements qui occupaient le Mauritanien. Avec l’émission sur le négoce des esclaves, la Radio du Coran sans le vouloir a donné la réponse aux citoyens de ce pays sans ambigüité.

L’incinération d’une ancienne philosophie vigh qui « islamise » l’aberration et l’ignominie, a fixé et déterminé le Mauritanien que ces leaders de la Communauté haratine ont plus à partager et les brebis galeuses pour leur opposition peuvent ranger leurs armes même s’ils auront encore du temps à surfer sur la méthodologie de combat de ces deux leaders. Deux lions où l’âge et le contexte diffèrent leur approche de lutte contre l’esclavage et l’injustice qui mine la cohésion sociopolitique du pays.

Pour ceux qui veulent cultiver la discorde entre Messaoud et son poulain, la radio du Coran a levé le voile sur le lien entre ces deux symboles (l’émission sur le négoce des esclaves). Le système a fait comprendre que le combat de Biram, le pourquoi de son emprisonnement aujourd’hui, ce combat a été de tout temps et reste encore celui de Messaoud Ould Boulkheir et de tous les autres citoyens épris de justice pour une Mauritanie égalitaire. La sortie de son parti APP sur l’émission de la radio en témoigne.

On s’est longtemps accommodé de l’amalgame (et ça continue) sur les auteurs des crimes odieux qui ont souillé l’histoire récente du pays (sang, société, voire économie). Cette situation voulue est une façon de reléguer au second plan, comme d’habitude, les solutions des questions importantes de ce pays. On continue à entretenir la division entre les combattants pour une Mauritanie libérée du joug de l’injustice.

« Ils » ont réussi à semer la graine du racisme, d’où la communautarisation de tout les problèmes fondamentaux du pays. Ils ont réussi à faire pousser la mauvaise semence au grand dam et détriment de notre Mauritanie à tous. Mais ne désespérons pas ; cultivons la vigilance, la tolérance pour permettre à la Mauritanie d’expier les péchés de ses indignes fils qui l’ont plongée dans les profondeurs de la déchéance.

Seydi Moussa Camara



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La Nouvelle Expression revient en Septembre.

Chers lecteurs et partenaires, votre journal «La Nouvelle Expression » prend des vacances pour tout le mois d’Août, sauf cas exceptionnel. La Rédaction vous souhaite bon Ramadan.

A bientôt.

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