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mercredi 15 janvier 2014

L'article controversé du jeune Mohamed Cheikh Ould Lemkheityr a été à l'origine d'une telle agitation



Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA)
Communiqué de presse
              L'article controversé du jeune Mohamed Cheikh Ould Lemkheityr a été à l'origine d'une telle agitation qu'il nous a paru utile, en notre qualité d'organisation opérant dans le domaine des droits de l'homme, de préciser, aux yeux de l'opinion nationale et internationale notre position, notre vision et nos revendications en la matière.
              Nous dénonçons, au sein de l'Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), toute atteinte à l'image d'Allah, grand et miséricordieux, ou à Son prophète, paix soit sur lui. Sous aucun prétexte nous ne pourrons admettre la remise en cause de la justice du Prophète, paix soit sur lui. De la même façon, il nous est insupportable de voir que des foules hystériques s'apprêtent à rendre justice et à s'ériger en juges à la place des juges pour énoncer des verdicts à l'encontre d'individus ou de groupes d'individus. C'est ainsi qu'il nous a été donné d'apprendre qu'un homme d'affaires avait, publiquement, mis à prix la tête de l'auteur de l'article controversé ouvrant la voie à toute sorte de surenchère et remettant clairement en cause la confiance que les citoyens devraient avoir en leur système judiciaire et le monopôle de la violence que l'Etat devrait avoir en toute exclusivité. L'Etat aurait dû mettre un frein net et définitif à cette dangereuse tendance en arrêtant le dit homme d'affaires et en reprenant son rôle de seul dépositaire de la justice et de la défense de l'intérêt commun.
              Dans le même ordre d'idée, nous avons appris par l'intermédiaire de déclarations audio d'un prêcheur de notoriété publique qu'un certain nombre de personnes avaient exprimé leur disponibilité pour mettre à mort l'auteur de l'article en question. C'est là aussi une preuve supplémentaire de la défection de l'Etat et de l'abandon de son rôle premier et consubstantiel  de régulateur des affaires publiques. C'est là une situation inacceptable faite d'anarchie, de prolifération  des forces obscurantistes et de justice de rue qui met en danger mortel l'avenir du pays et l'essence même de la citoyenneté.
              Nous relevons, par la même occasion, les appels pathétiques, lancés par l'un des prétendus journalistes n'ayant jamais brillé par son intelligence, à constituer  des milices civiles qu'il dénommerait " l'Armée d'Allah" pour défendre nos soit disant "fondamentaux religieux". Il y a là un dangereux précédent et un défi inacceptable lancé à l'autorité de l'Etat et qui autoriserait tout un chacun à tuer ou à sévir en fonction de sa propre acception de la religion. L'Etat aurait dû interpeler le dénommé Abdel Vettah Ould Abeidna pour de tels agissements qui ne font que confirmer les antécédents connus du personnage.
               Considérant l'ensemble des éléments précédents, nous, au sein d'IRA:
              1- réitérons, comme nous l'avions fait lors de notre dernière conférence de presse tenue le jour de l'arrestation de Ould Emkheityr, notre ferme condamnation de toute atteinte à l'image du Prophète, paix soit sur lui;
              2- condamnons avec la même véhémence tous les appels au meurtre lancés contre le jeune Ould Emkheityr ainsi que les incitations à lever des milices privées à cette fin. De tels agissements mettent en grand danger la paix sociale et la cohésion nationale.
              3- exigeons de l'Etat qu'il mette fin aux tribunaux de rue et qu'il assume ses responsabilités de seul dépositaire de la violence et seule source de justice;
              4- refusons les appels au meurtre ou au châtiment de Ould Emkheityr. De tels appels, proférés au nom de l'Islam, ne font qu'assombrir l'image de notre religion, faite d'amour et de tolérance conformément à la vie du Prophète, paix soit sur lui. Nous nous appuyons en cela sur la Fatwa de l'érudit et penseur musulman, Mohamed El mokhtar Echeinguiti, qui interdit la mise à mort des apostats mais aussi sur l'ensemble des conventions et traités que la République Islamique de Mauritanie a signés en matière de droits humains;
              5- nous nous étonnons de l'usage systématique, tout au long de notre histoire, de la religion pour marginaliser la caste des "forgerons" et la communauté des Hratine alors que la même religion aurait dû être utilisée pour réhabiliter et affranchir de tels groupes sociaux.
              6- nous sommes persuadés que ce battage organisé contre la personne de Ould Emkheityr est complètement étranger à toute idée de piété ou d'exercice de notre sainte religion. Nul n'est dupe du fait que si l'intéressé n'était pas descendant du groupe socialement méprisé des M'almine   (forgerons), l'intensité d'une telle campagne aurait été bien plus faible. Nous évoquons pour preuve de cette affirmation le cas de jeunes issus de la "noblesse" qui furent, il y a quelques années, interpelés pour apostasie et conversion au christianisme puis relâchés sans autre forme de procès.  Nous nous rappelons aussi, à cette occasion, le qualificatif de "modeste présent" utilisé par un élément de la "noblesse mauritanienne" pour désigner le saint Coran sans que cela n’ait provoqué de vagues de l'ampleur du tsunami que nous vivons actuellement. Une autre personnalité de noble extraction avait, du temps de Moawya Ould Taya, menacé les Imams velléitaires de convertir leur mosquée en boulangerie sans qu'aucune personne n’ait pensé à demander sa tête. En fin, nous pouvons constater que les listes d'amis de Ould Emkheityr sur les réseaux sociaux ont été systématiquement épurées des patronymes  des fils de "grandes tentes" pour laisser le "forgeron" affronter tout seul l'ire et la vindicte populaire.
              7- Nous relevons, pour notre part, que l'intéressé avait, lors d'un écrit rendu public après la parution de son article controversé, exprimé ses regrets ce qui, du point de vue de la loi mauritanienne, le disculpe du crime de l'apostasie.
 
La Commission de Communication                                      Nouakchott  le 13 janvier 2014

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