مبادرة إنبعـــاث الحــــركة الانعتـــــــاقية
INITIATIVE POUR LA RÉSURGENCE DU
MOUVEMENT ABOLITIONNISTE EN MAURITANIE
Le 12 Aout
2016, le président d'IRA-Mauritanie, au cours de sa tournée Africaine, a été
reçu par la coalition ivoirienne des droits de l'Homme: CIDDH. La CIDDH est un
réseau constitué de plusieurs organisations ivoiriennes de défense des droits
humains, affiliée à la coalition de la société civile Ouest-Africaine et à
la coalition panafricaine de la société civile et à la commission Africaine des
droits de l'Homme et des peuples.
Les discussions
entre Marthe-Pedan Coulibaly, présidente de la CIDDH et les présidents des ongs
membres de la coalition d'une part, et le président d'IRA-Mauritanie d'autre
part, se sont focalisées sur les thèmes suivants:
1- Répression et
harcèlement des défenseurs des droits humains en Mauritanie, avec point focal
sur la série d'arrestations et simulacres de procès des détenus d'opinion issus
des mouvements IRA-Mauritanie, Le 25 février et Manicharigasoil.
2- L'esclavage
sous toutes ses formes sévissant en Mauritanie, la discrimination raciale, les
expropriations foncières et déplacements forcés, la torture; musèlement
de la presse, des partis politiques d'opposition, obstruction à la liberté
d'association et d'entreprise.
3- Les deux
partie ont décidé une série d'actions communes contre l'Etat très critiques des
droits humains et de la démocratie en Mauritanie à travers les canaux des
institutions sous régionales, panafricaines et internationales d'alerte,
d'interpellation et de sanctions.
En début de
réunion, Biram Dah Abeid a introduit les débats par la communication suivante,
ici en pièce jointe.
Note d’information pour la
Coalition Ivoirienne des Défenseurs des Droits de l’Homme
Abidjan (CI), 12 Août 2016
En Mauritanie, depuis 1978 les pouvoirs
militaires se succèdent mais l’exercice de l’Etat reste le monopole d’une
composante de la population, aujourd’hui minoritaire ; la domination de ce
groupe procède d’un système esclavagiste et anti-noir. Malgré la profusion de
textes législatifs contre la servitude héritée, le racisme et l’exclusion,
ainsi que des normes protectrices de l’enfants
et des femmes, les autorités ont toujours assuré, aux esclavagistes, l’impunité
totale ; parallèlement, elles couvrent, encore, les exécutions de masses
extrajudiciaires de civiles et de militaires noirs mauritaniens, opérées,
durant les purges ethniques de 1986-1991. Dans ce contexte historique, de ruse
sur le droit et de diplomatie de la dissimulation, les gouvernements successifs
s’évertuent à empêcher le fonctionnement normal des ONGs de défense de la
dignité de l’Homme et de l’égalité des citoyens. Emprisonnés et réprimés avec
violence, leur voix ne cesse de porter à l’intérieur et hors des frontières de
la Mauritanie.
La Mauritanie, championne des ratifications
de traités et de conventions internationales, répugne, en proportion inverse, à
consentir l’effort requis pour honorer ses engagements, grâce à leur mise en œuvre.
Le pouvoir ethno-tribal use de moyens substantiels et d’un zèle jamais démenti,
afin de réduire au silence les
défenseurs de droits de l’homme, mener des campagnes médiatiques et
diplomatiques d’occultation de son passif et démentir, ainsi, l’existence de
l’esclavage par ascendance, un fléau multiséculaire en Mauritanie, d’ailleurs
légitimé selon une fausse interprétation de l’Islam.
Concernant l’esclavage et ses
séquelles, lors de son dernier examen périodique universel (EPU) en novembre
2015 á Genève, la Mauritanie a reçu 40 recommandations sur un total de 200, contre
18, seulement sur 152, au précédent de 2010. Cette hausse démontre l’inefficacité des autorités dans la lutte
contre l’esclavage mais confirme, surtout, le succès, des groupes
abolitionnistes, à sensibiliser, la communauté internationale, sur les abus
contre l’intégrité de la personne en République islamique de Mauritanie.
Le mouvement IRA-Mauritanie et
son président Biram Dah Abeid ont été primés, par plusieurs distinctions
internationales, en reconnaissance du combat contre l’esclavage traditionnel,
l’usurpation foncière, l’exclusion des noirs et l’expropriation des terres
arables dans la vallée du fleuve Sénégal. La réponse des autorités
mauritaniennes a toujours consisté en l’usage de la violence, sur les militants
désarmés, les arrestations arbitraires et les procès d’opinion, ponctués de
falsifications de preuves à charge.
Dans sa stratégie de détruire IRA
Mauritanie, le régime du General Abdelaziz a ordonné, en juillet 2016,
l’arrestation de toute la direction du mouvement et ce juste quelques jours
avant le dernier sommet de la Ligue
arabe, tenu à Nouakchott.
Les événements douloureux de
1986-1991 illustrent, quant à eux, une tentative de génocide de l’ethnie Halpullar, sur la frontière avec
le Sénégal. Le régime militaire avait déporté, par milliers, une partie de sa
propre population noire vers les pays voisins d’Afrique subsaharienne et mené
une campagne de dénégrification au sein des forces armées et de
sécurité ; ainsi, des centaines de
soldat et officiers furent torturés et exécutés, dans les casernes et camps de
détentions, dont 28, pendus, la veille du 28 Novembre 1990, en célébration de
la fête de l’Indépendance. Les tortionnaires et les commanditaires de ces
atrocités sont toujours libres, vivent une retraite paisible ou décèdent de
longévité quand ils n’occupent de hauts postes, protégés par une pseudo-amnistie,
licence d’un Parlement composé de leurs proches, alliés et parents.
Exemples de violences
physiques contre les membres de IRA-Mauritanie.
Actuellement, et ce depuis la fin
du mois de juin 2016,13 membres dirigeants d’IRA-Mauritanie croupissent dans
les geôles du pouvoir. Ces militants ont
été d’abord interpellés, avec brutalité, par des policiers en habits civils et
ce sans que ces derniers déclinassent leurs identités aux personnes arrêtées,
ni les informer des motifs. Les agents, parfois masqués, placent une bande de
tissu sur les yeux des activistes, pour les conduire dans des lieux impossibles
à identifier. Parvenus à destination, les futurs prévenus sont déshabilles,
jetés dans des cachots humides, nauséabonds et insalubres. Ils sont attachés
par des menottes en fer, qui lient la main au pied, et dans des positions
inconfortables, pendant plusieurs heures, avec renouvellement du supplice, par
alternances des postures. Les policiers, en charge de la torture, actionnent le
joug, à intervalle irrégulier, pour produire des maux aigus, surtout lors des
interrogatoires.
Les auditions sous contrainte
corporelle visent à obtenir des faux aveux de complaisance et de faux témoignages
qui étayeraient la thèse des services de renseignement selon laquelle
l’organisation IRA a planifié et exécuté les émeutes sur la scène du lieu-dit
« Adabaye Bouamatou » le 29 juin2016. Pour extorquer le propos à
l’appui de l’accusation, les policiers infligent d’anciennes recettes de
sévices, de la police politique. Par exemple, ils ont enchaîné certains détenus
comme Moussa Biram, Abdallahi Maatala Seck et Abdallahi Abou Diop, en nouant leurs
mains aux pieds, par derrière. Les tortionnaires attachent et serrent douloureusement les
prisonniers, par une corde et les suspendent, à distance du sol, sur des barres
de fer. Les autres, entendent les cris de douleurs, ce qui contribue à
affaiblir leur moral et les incite à « tout dire ».
D'autres, tel Amadou Tidjane Diop,
ont été complètement déshabillés, insultés copieusement et menacés de mort
s’ils n’acceptent d’avouer qu’ils ont participé á la violence contre la police.
Leurs yeux et visages ont été bandés jusqu’au bord de l’asphyxie, incapable de respirer,
leurs narines bouchées par un tissu. Sur plusieurs jours du Ramadan, les
tortionnaires assoiffaient les détenus, leur refusant de l’eau et les
affamaient tout le long de l’interrogatoire ; le peu de repas qu’ils recevaient a été mélangé
à du sable et des déchets solides, en
quantité variable, d’un détenu à l’autre. Les coups de cravache et de matraques
constituaient le lot quotidien de certains parmi eux, en particulier durant les
séances de questions. Les vagues de supplice s’étalent, en général, de 20 à 30 minutes, entre 2 et 7h du matin, sur
plusieurs jours.
Perspective de la lutte
Il convient de rappeler le contexte de la répression du mouvement abolitionniste en Mauritanie, dès le lendemain du coup d’Etat militaire du 6 août 2008, contre le premier Président élu à la faveur d’un scrutin pluraliste, Sidi Mohamed Ould Cheilh Abdellahi. L’année suivante, le Général auteur du putsch, actuel Chef de l’Etat, se présente au suffrage universel direct qu’il remporte par la fraude, et avec le soutien de la France.
- Réélu en 2014, par des opérations de fraudes massives, l’instrumentalisation des différents corps de l’Etat, ainsi que par l’usage des symboles et argent, publiques, il tend, depuis, à exacerber le communautarisme pour exciter la communauté arabo-berbère, celle des anciens maitres, à se souder, autour de lui, afin de faire barrage au prétendu péril démographique noir. Au travers des média, des mosquées, tribunaux et force de l’ordre, le message est ainsi dupliqué, diffusé, martelé : pour cette propagande officielle, les nègres, en particuliers, ceux descendants d’esclaves, incarnent une menace majeure à l’ordre et à la cohésion nationale, c’est-à-dire le statuquo, fruit de la domination ethno-tribale.
- Les populations maures arabo-berbères, dans leur grande majorité, vivent dans le conditionnement par cette propagande ; celle-ci produit l’effet de les arrimer au noyau de l’hégémonie, qui se cristallise autour de son expression la plus immédiate, l’institution militaire, en somme le commandement des forces armées et de sécurité. Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz s’érige gardien et continuateur de ce lien social par la panique ; ses services de renseignement fabriquent et entretiennent, à l’usage des fils et petits-fils d’anciens maîtres, la crainte exagérée, démultiplié, dramatisée, de l’éveil des noirs à la citoyenneté.
- En parallèle, les partis politiques, personnalités indépendantes, mouvements de jeunes et hommes d'affaires, issus du groupe dominant arabo-berbère, s’exposent à la persécution et à la spoliation, dès lors qu’ils osent se désolidariser de cet esprit de corps ou en déconstruire les ressorts idéologiques. Aujourd’hui, non sans courage et en dépit de leur nombre modeste, les maures progressistes se retrouvent emprisonnés, exposés à la diabolisation et, pour certains, réduits à l’exil.
Quelques témoignages des victimes de l’esclavage par ascendance
Dans
le but d’aider le public à se faire une idée de la souffrance morale et
physique, subie de génération à la suivante, par des descendants
d’esclaves, l’Initiative pour la
Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) recommande la lecture des
témoignages joints à la présente note. Il est à noter que tous les cas, portés
devant les autorités du pays, sont été classés, sans suite. La justice les
relègue, toujours, au chapitre, soit des
litiges familiaux soit des rapports de travail, car l’interprétation locale de
Charia Islamique (l’unique source de référence légale, selon la Constitution) définit
l’esclave comme propriété du maitre ; le dernier exerce, sur le premier, droit
de vie et de mort.
1.
Document produit 2013 par IRA-Mauritanie sur le cas
de Mm
Salma mint Meydouwa et sa
famille.
- Interview avec Mm Mbeyerka Vall Mint Mahmoud, publié par le journal Le Calame 2013 (http://www.lecalame.info/contenu_news.php?id=5701)
- Communiqué de presse de IRA-Mauritanie de 2013 sur le cas de Mm Khdeija mint Dada et sa descendance qui avait vécu quatre générations sous le joug des pratiques d’esclavage domestique
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