En son temps, alors que les rues
de Libreville étaient en proie à une effervescence à nulle autre pareille, et
que les leaders des partis d’opposition, au premier rang desquels le Père
spiritain MBA ABESSOLE du « MORENA », devenu « Parti des
bûcherons », tenaient haut le Pavé, au Journaliste français qui faisait
observer au Président EL HADJ OMAR BONGO ONDIMBA, candidat à l’élection présidentielle
de décembre 1993, que « le pouvoir était dans la rue, le peuple gabonais
ayant pris fait et cause pour « le Curé » ainsi que le désignait en
privé OMAR BONGO, le successeur de Léon M’BA aurait eu pour réponse :
« Ecoutez, Monsieur, il ne s’agit que de rumeurs et à ce que je sache, il
n’existe pas encore au Gabon, un Ministère de la rumeur… ».
Pour anecdotique qu’elle puisse
paraître, la réponse du Président sortant, candidat à sa propre succession à la
première élection libre organisée au Gabon, est lourde de signification en ce
qu’elle traduit «un invariant anthropologique » des us, coutumes et mœurs
des populations gabonaises : la croyance en la rumeur.
Dans un contexte marqué par
l’unipolarisation du monde, émanation du néo-libéralisme américain ayant provoqué
« le démantèlement du Bloc de l’Est », « la Perestroïka »
en ex U.R.S.S., la chute du mur de Berlin qui a préfiguré puis conduit à la Réunification
des deux Allemagnes, la France sous François Mitterrand, se devait d’arrimer
les mécanismes de sa politique et de sa coopération à « la nouvelle
configuration géopolitique mondiale » en envoyant un signal fort à ses
anciennes colonies d’Afrique. « Le discours de la Baule », inscrit
dans la veine de « la littérature idéologique libérale », enjoignait
aux pays africains francophones « l’instauration du multipartisme »
en lieu et place « des partis uniques » frappés subitement
d’obsolescence, prescrivait aux Chefs d’Etat d’Afrique Francophone, l’urgence
de se conformer à la transparence du jeu démocratique et au respect scrupuleux
du verdict des urnes ; conditionnait l’aide au développement à l’exercice
des libertés ; mesurait la crédibilité des Etats et de leur Chef, à l’aune
de « la pratique démocratique ».
Le discours idéologique néolibéral
américain, admettait-il dorénavant la vulgate latine : « vox populi,
vox dei » hypocritement remise au « goût du jour » ?
Les slogans « carton
rouge aux partisans du parti unique ! » ; « à bas la dictature !» ;
« la souffrance est arrivée à son terme !» ; « pouvoir au
peuple ! », repris en écho par la quasi-totalité des populations
battant dans les années 90 le pavé des rues africaines, témoignent à suffisance
tant dans l’inconscient collectif que la conscience des peuples, le besoin de
l’expression des libertés individuelles et de rassemblement.
Ceux-là mêmes qui, dans un élan
brusque, dissimulaient mal les intérêts de « la nouvelle gouvernance
mondiale », prônant « la libéralisation politique » et dans le
même temps « le libéralisme économique », avaient-ils pris la
résolution de « décloisonner le jeu politique en Afrique », plus de
cent ans après l’instauration de « l’ordre westphalien » ayant
favorisé, sous Bismark, en 1885 « la balkanisation de
l’Afrique » ?
Des impérialismes européens
encouragés et suscités en Afrique par « une gouvernementalité politique
par la guerre » avec leurs conquêtes de « l’espace vital », au
« discours de la Baule », près de trente ans après les indépendances
africaines acquises pour certaines, de haute lutte, au prix du sang des martyrs
et des massacres à grande échelle des patriotes, d’autres octroyées aux anciennes colonies en leur infligeant une
élite destinée à perpétrer la main-mise de l’occident impérialiste sur « les
rentes de la colonisation » ; y avait-il eu entre 1885 et 1990, une
ligne de rupture abyssale ? Soucieux de la préservation des intérêts de
« l’ordre colonial », longtemps assimilé à « la paix armée au
sein des anciennes colonies », les impérialistes avaient-ils, dans un
sursaut de conscience, entrepris de remettre en cause « la
légitimité » de l’élite politique qu’ils avaient imposée à « la tête
des Etats » ?
Yambo Ouologuem, l’auteur de Devoir
de violence désignait par les néologismes « négrophilie
philistine », l’engeance au pouvoir ou à la tête des Etats, au lendemain
des indépendances africaines. Aimé Césaire, chantre de « la négritude
combattante », stigmatisait dans son recueil de poèmes, Cahier d’un Retour
au Pays Natal : «les nègres blanchis », ayant en commun d’être coupés
de leurs racines, « acculturés », « assimilés »,
« renégats fascinés par les mirages miroités par l’occident » et
devenus « bourreaux » de leur peuple « croupissant dans la
misère » et « clopinant de petitesses en petitesses ».
Ces
auteurs de la littérature noire francophone diagnostiquaient « les racines
du mal » au sein des anciennes colonies françaises d’Afrique et
d’Outre-Mer, lesquelles, au fil du temps ont certes connu des fortunes diverses d’un pays à
l’autre, mais assurément un destin similaire.
1°-
DES RACINES DU MAL GABONAIS…
Nommé Ambassadeur de France à
Libreville, pour rétablir l’ordre public menacé, Maurice Delauney, ancien
administrateur de la France d’Outre-mer dont la « triste réputation »
est associée à la répression sanglante des foyers d’insurrection et « maquis »
nationalistes de l’Ouest (Mifi – Haut Nkam), du Centre (Nyong et Kellé) et du
Littoral (Sanaga Maritime) au Cameroun, est installé au Gabon revêtu d’une
toute puissance digne d’un gouverneur des colonies. Jacques Focart, Secrétaire
Général aux Affaires Africaines et Malgaches
d’alors, dispose dans les années soixante d’une marge de manœuvre telle
que ses fonctions, s’apparentent à un redoutable Ministère des Colonies
Françaises d’Afrique. Ce d’autant mieux qu’il n’a, à l’époque, aucun compte à
rendre au « Quai d’Orsay ».
Le
coup d’état militaire du 18 février 1964 qui avait destitué Léon M’BA, premier
Président de la République du Gabon et un moment installé Jean-Hilaire Aubame
au pouvoir est naturellement mal vécu par le Général de Gaulle, Jacques
Foccart, ainsi que Pierre Guillaumat, Patron du groupe ELF. « L’Emirat
pétrolier et orifère » de la France en « Afrique Equatoriale »
ne pouvait longtemps être en proie aux soubresauts
et désordres permanents de la déstabilisation. C’est donc sans concession que,
sur instruction du Général de Gaulle, l’armée française chasse les putschistes,
rétablit le Président Léon M’BA à la Présidence après qu’il a été libéré de
prison en même temps que son Directeur Adjoint de Cabinet, Albert Bernard Bongo.
L’évocation de cet épisode de la
vie politique du Gabon est une réminiscence utile à la compréhension des
« racines du mal gabonais ».
Historiquement, le Gabon souffre
de la convoitise par l’Occident, la France en l’occurrence, des richesses de
son sol et de son sous-sol. Très tôt, la manne pétrolière, l’exploitation des
essences forestières, les gisements orifères importants ont suscité plus que
l’intérêt de la France, la nécessité pour l’ancienne métropole d’en faire
« une chasse-gardée ».
Qui,
mieux qu’un ancien collaborateur africain de la France d’Outre-mer, pouvait
assurer à la France la préservation et la pérennisation « du pillage des
richesses du Gabon », au détriment de son développement et du bien-être de
ses populations ?
Albert
Bernard Bongo, devenu depuis son islamisation dans le courant des années 90, El
Hadj Omar BONGO, était dès 1950, agent du Service de Documentation Extérieure et
de Contre Espionnage (SDCE) de la France d’Outre-Mer, Directeur Adjoint de
Cabinet du premier Président de la République du Gabon, il est de 1964 à 1967,
« une pièce maîtresse » du « système Foccart » dont la
notoriété a fait dire du Gabon qu’il était une manière de « Foccart Land ».
Il va sans dire qu’à la mort de
Léon M’BA en décembre 1967, c’est sans obstacles majeurs et sans heurts que
Bongo accède à la Présidence de la République du Gabon, cumulant les fonctions
de Chef du Gouvernement et de Secrétaire Général du Parti Démocratique Gabonais
(PDG), parti unique. Tributaire d’un « système » l’ayant porté à la
magistrature suprême grâce notamment à une révision constitutionnelle,
savamment taillée à la mesure des pouvoirs conséquents conférés au Jeune
Président qui n’a alors que trente-deux (32) ans, Albert Bernard Bongo est très
vite confronté à « un dilemme ». Les termes du dilemme se résument au
choix que le jeune Président doit opérer, entre d’une part, la nécessité de faire allégeance à la France
qui vient de lui « mettre les pieds à l’étrier » et de l’autre, la
précaution de conserver des relations de « neutralité bienveillante »
avec le grand et puissant voisin Nigérian.
L’Est du Nigéria est en effet confronté à une sédition soutenue par
l’Espagne de Franco et le Portugal de Salazar. Fort de l’appui clandestin de
ces pays occidentaux, le Lieutenant-Colonel OJUKU a cru devoir proclamer le 30
mai 1967, l’indépendance du Biafra, nouvel Etat dont ENUGU serait la capitale.
A peine installé à la Présidence
de la République du Gabon, Albert Bernard Bongo subit d’énormes pressions de
ses mécènes français : Foccart-Delauney, afin que le Gabon serve de
« base arrière » au soutien de
la France à la « lutte armée » livrée au Nigéria Oriental par le
Lieutenant-Colonel OJUKU.
De
fait, la France est très sourcilleuse et extrêmement méfiante de la menace que
représente le Nigéria pour l’équilibre de « ses protégés »
Ouest-africains, au premier rang desquels la Côte d’Ivoire d’Houphouët Boigny.
Le Président camerounais, Ahmadou Ahidjo approché, a pris le soin de donner « une
fin de non recevoir » à la France,
objectant les accords de non-ingérence du Cameroun, tout comme il a précautionneusement
« fermé les frontières » avec son très proche voisin. Houphouët
Boigny dont l’immixtion est encouragée par la France s’inquiète de la prudence
et de l’indécision d’Albert Bernard Bongo, lesquelles, si elles venaient à
perdurer, l’esseuleraient et l’exposeraient aux représailles du « mastodonte »
Nigérian.
Le Président ivoirien avait
longtemps fait le siège de Bongo pour le convaincre de s’engager à son tour en
faveur du Biafra. Il est réellement soulagé, lorsqu’il reçoit, de ses
émissaires français, le 08 Mai 1968, la nouvelle de la reconnaissance par le
Gabon du Biafra.
Le Général de Gaulle aurait le
même jour exprimé sa satisfaction en ces termes : « C’est très
bien ! Bongo est un type courageux qui fait ce qu’il dit, ce qui est assez
rare ».
La
suite des évènements prouvera que Bongo n’avait pas le choix ou à tout le « moins
n’avait pas choisi de choisir », réduit qu’il était à ses derniers
retranchements.
On s’en aperçoit, la genèse du
séjour le plus long à la Présidence de celui qui deviendra « l’incarnation
la plus accomplie » de la françafrique ne fut pas de tout repos. Bien au
contraire, elle inaugurait un cycle de manipulations politico-politiciennes au
cours duquel la « vassalité » se le disputait avec « la
royauté », la richesse du pays jurait avec le difficile décollage
économique et le faible indice du développement humain ; les destins
individuels des politiques et rentiers des grandes entreprises comme des
sociétés d’Etat prenaient, du fait de l’enrichissement fulgurant et de l’impunité,
l’ascendant sur le bien-être des
populations.
Un autre évènement des premières
années Bongo, d’abord passé inaperçu, puis révélé au grand jour fut, « la
médiatisation d’enfants biafrais malnutris, affamés ou à l’article de la mort »,
laquelle était destinée à dédouaner la France, auprès de l’opinion publique
française et internationale, de son active participation à « la guerre du
Biafra ».
Albert
Bernard Bongo qui continuait de redouter les représailles du Nigéria, dans une
bravade dont il sera coutumier au fil des ans, au point d’en acquérir la
dextérité, s’engouffra dans le concept de « génocide » propagé dès
décembre 1968 par Paddy Davies, responsable biafrais de la propagande et,
surmédialisé par la France, pour déclarer en Janvier 1970, après la défection
d’OJUKU et son exil à Yamoussokro : « ( …) le Gabon a une seule arme
sur son territoire : ce sont les petits Biafrais qui sont chez nous. Ils
savent qu’ils sont Biafrais. Tôt ou tard ils le sauront (…) et je dis que la
seule arme que le Gabon a contre le Nigéria, ce sont ces petits enfants, parce
que l’histoire leur apprendra qu’ils sont Ibos et qu’ils ont été massacrés,
exterminés et, quel que soit le temps, nous reviendrons sur ce problème ».
Ces propos du Président Gabonais,
datés de sa troisième année à la tête du Gabon, s’inscrivaient au terme d’un
intervalle pendant lequel, sous l’impulsion de Jacques Foccart, la France
s’était ingéniée à utiliser le Gabon non seulement comme « base
militaire » mais aussi comme « plate forme d’accueil » des
petits enfants biafrais. En suscitant ici, les financements importants des
sociétés françaises installées au Gabon, là, la bienveillance, la solidarité et
le réveil de la « fibre humanitaire », la France s’employait à
favoriser l’adoption par les familles gabonaises des enfants biafrais, lesquels
étaient à dessein, présentés comme « des transfuges miraculés des camps de
concentration nigérians ».
La famille du Président du Gabon,
dans le même intervalle, avait été convaincue de la nécessité de s’impliquer
tant financièrement, matériellement qu’humainement à « la campagne
humanitaire de sauvetage des petits enfants biafrais » Dans cet élan de
générosité calculée visant de « blanchir » des accusations
américaines et onusiennes la France par un lobbying politique que financier et
militaire, pressant parviendra à faire baisser la garde » au Président Bongo
en obtenant de ce dernier qu’il donne l’exemple en adoptant au sein de la
famille présidentielle, des enfants biafrais qui seraient « la preuve et
la caution morale du caractère humanitaire de l’implication de son implication
au Nigéria ».
En recevant dans le courant de
1969, deux petits biafrais choisis à la mission Saint André située près de
l’Hôtel de la Résidence, un garçon et une fille qui auraient, au préalable, été
recueillis trois semaines plus tôt dans la famille de l’Ambassadeur Itinérant Pierre
Fanguinovény avant leur arrivée au
Palais présidentiel, la famille BONGO, conformément à la loi gabonaise qui
exige une présence minimale d’un an au sein de la famille adoptive, procédera
dans les normes et règles, à l’adoption officielle de la petite fille
visiblement plus grande de taille et le garçon qui va recevoir le nom d’Alain
Bongo.
Buffon
écrivait : « le style c’est l’homme ».
Le
style Bongo fait de simplicité désarmante et de ruse affinée, d’apparents
tâtonnements enveloppant la lucidité et la clarté de l’information, de réponses
sibyllines permettant d’échapper au piège tendu des questions embarrassantes,
est resté une constante de « l’univers de la parole » du Président
gabonais.
Un « Secret de Polichinelle »
veut que l’adoption des deux petits biafrais soit incidente à «l’attente
infructueuse » d’une descendance issue de KAMA Joséphine épse BONGO,
devenue après une « houleuse séparation », Patience DABANY.
Alain BONGO et « sa
sœur » sont pour ainsi dire, en 1970, des « membres incontestés »
de la famille présidentielle du Gabon avec « l’adoublement » de la
France, profondément impliquée dans « l’acte d’adoption ».
Notre modeste approche campe « le
propos d’époque » du jeune Président du Gabon, au pouvoir, depuis peu ou
prou trois ans, pour y relever au-delà de la ruse intuitive, l’envergure
prémonitoire et la portée historique que revêt « l’acte anodin
d’adoption », opéré dans des circonstances visant à maintenir la stabilité
d’un pays qu’il dirigera pendant quarante deux ans.
Nous convenons, toutes
proportions gardées, de ne pas nous aventurer dans des conjectures qui
pourraient biaiser notre analyse. Nous plaidons cependant qu’il nous soit
autorisé d’objecter que « les racines du mal gabonais » résident dans
la genèse même de l’accession au pouvoir d’Albert Bernard BONGO, qui, privé de
« coudées franches » et de « marge de manœuvre » à l’entame
de son « magistère présidentiel », s’est contenté de ruser avec la
contingence, et les actes «d’allégeance à la métropole » ; au final,
de « régner » au lieu de « gouverner ».
Est-il vraiment surprenant qu’à
la quarantième année de « son règne », OMAR BONGO ONDIMBA se soit
livré le 02 Décembre 2007, à une analyse acerbe de ses quatre décennies de
Pouvoir ? Dans cette diatribe « hallucinante », il accusait
notamment l’élite politique et la classe dirigeante gabonaises d’avoir fait
« main basse » sur les fonds destinés au développement :
« Je sais que l’état de notre réseau routier, de nos infrastructures
sanitaires et scolaires, de nos moyens de transport publics, a connu une grave
dégradation (…) l’Etat est aujourd’hui affaibli par l’ethnisme, le
clientélisme, l’affairisme, la corruption, une politisation outrancière, qui
ont gangréné les pouvoirs publics (…) les détournements (…) la course à
l’enrichissement illicite (…) l’impunité ambiante dans la haute fonction
publique (…) ont été autant de freins au développement (…)» d’un pays disposant
de considérables ressources en bois et en minerais. Dans ce même discours, Omar
BONGO stigmatisait la classe dirigeante, lui reprochant depuis le retour au
multipartisme, en 1990, « de consacrer beaucoup trop de temps à la politique
(…) au détriment de l’action publique ».
« Le gouvernement »
devrait-il poursuivre « ne saurait être un rassemblement de
roitelets ». A l’adresse de son premier Ministre Jean EYEGHE NDONG, il
prescrira de former « le moment venu », une nouvelle équipe
« resserrée », plus intègre et plus efficace. A ce sujet, il
dira : « Je constate, pour le regretter chaque jour, que nous n’avons
pas toujours fait ce qu’il fallait pour préserver les nombreux acquis engrangés au fil des ans ». Tout en
déplorant « le coût de la vie et le
chômage », il conclura en ces
termes : « il est grand temps que la classe dirigeante (…) cesse de
ne s’investir que pour elle-même au détriment de l’action publique ».
Le « bilan de son
règne » dressé le 02 décembre 2007 est autant justifié qu’accablant, même
si, à l’évidence, il omet de critiquer « le système Bongo » dont la
captation forcenée des flux d’argent par les « barons » a entraîné du
haut jusqu’en bas de la hiérarchie sociale, un esprit de lucre. C’est dire que
« le moteur du système Bongo », n’a jamais été « la recherche du
bien public » mais « la corruption ». En cela, la classe
dirigeante stigmatisée dans « le testament du 2 décembre 2007 » est
« sa propre création » et au sommet de cette classe, il y a Bongo
lui-même, sa famille et ses proches.
Se sachant affaibli par la
maladie et songeant sans doute à l’héritage à l’aune duquel la postérité le
jugerait, OMAR BONGO ONDIMBA a malgré lui ouvert « la Boîte de Pandore »
qui constituera « le cœur du mal gabonais», à savoir : sa «succession ».
2.
LE CŒUR DU MAL…
OMAR
BONGO ONDIMBA s’est préoccupé pendant son long « règne » d’asseoir
une fortune personnelle considérable en mesure de lui autoriser « l’achat
des consciences », le clientélisme politique, le contrôle du jeu
politique, « le verrouillage des sommets du pouvoir ». A la fin de
son « règne » il ne supporte plus ce monde qu’il a lui-même façonné,
lequel consistait à exacerber les jalousies en jouant les uns contre les
autres, promouvant les uns pendant qu’il rétrogradait les autres… Il est ulcéré
par les « reptations » devant lui de la classe politique française à
la recherche de ses « subsides ». Il peine à comprendre « la
rupture » annoncée par Nicolas Sarkozy en dépit de « l’aide
substantielle » qu’il lui a apportée. Il éprouve amertume et mépris à
l’endroit du Ministre français des Affaires Etrangères, Bernard KOUCHNER avec
qui il s’est montré si généreux. Il
avoue être « écœuré » par toute « cette engeance qui n’a pas la
reconnaissance du ventre ». Il s’inquiète des « déchirements »
qui pourraient survenir au sein de sa « descendance » estimée selon
certaines sources introduites, au nombre de 54 enfants reconnus par OMAR BONGO
lui-même.
Aux
dernières années du long règne d’OMAR BONGO,
la rumeur dont nous disions au début de ses lignes qu’elle est, au
Gabon, une redoutable machine de propagation d’informations justifiées ou non,
est mise en marche. Les signes de la fin du règne se précisent. Les luttes
politiques, familiales, lignagères sont exacerbées. La succession est ouverte,
« la Boîte de Pandore » aussi.
Quel
en est « pêle-mêle » le contenu ?
1986
André M’BA OBAME, Fang du Woleu-Ntem lié à Ali Bongo par l’amitié, la politique
et l’ambition, instruit ce dernier d’un projet dénommé « AKOMA M’BA »
vocable FANG désignant « le Roi des
rois ». Ledit projet vise à instaurer une monarchie héréditaire au
Gabon : Omar BONGO devenu « Roi », Ali BONGO serait « le
Prince héritier », l’ethnie majoritaire Fang du Woleu-Ntem dont les chefs
coutumiers sont réputés lui être opposés, ayant pris fait et cause pour « le Roi des Tékés » dans le Haut-Ogooué.
Comme de coutume, de volumineuses enveloppes circulent. L’opposition des
« Barons » du Woleu-Ntem, est violemment exprimée par l’un d’entre
eux, Julien M’POUHO, très introduit dans le cercle rapproché d’Omar
BONGO : « Si tu es fatigué, rends le pouvoir au peuple » aurait
dit au Président gabonais, le baron fang
qui n’entendait à aucun prix, entériner ou cautionner l’idée « ubuesque »
d’une « monarchie constitutionnelle »
au Gabon. Néanmoins, les partisans de « l’Akoma M’BA » sont tenaces.
Ils prétendent que le projet suscite un engouement populaire inégalé dans le
woleu-Ntem… Ledit projet est finalement rejeté par la France de la
« cohabitation ».
La
succession d’OMAR ne se fera pas selon les usages monarchiques : Ali BONGO
ne pourra par conséquent devenir « Prince héritier ».
Le
« Tandem » André M’BA OBAME (AMO) et Ali BONGO ONDIMBA (ABO) ne
désempare pas. Tous deux entendent « bousculer » les « gérontes »
du Parti Démocratique Gabonais (PDG), rajeunir la classe politique. Le
harcèlement assidu d’Ali et les fortes
pressions de Joséphine KAMA, ex-épouse
BONGO devenue Patience DABANY, finissent par faire plier Omar BONGO. Ali BONGO
ONDIMBA est nommé en 1989, Ministre des Affaires Etrangères dans le
Gouvernement de Casimir OYE M’BA.
1989-1991 :
Excédé par « les bourdes de son
fils » notamment à l’ONU et à Washington, Omar BONGO qui avoue à ses
proches, son exaspération au sujet de l’incapacité de son fils à exercer les
fonctions ministérielles, voudrait s’en séparer. En réalité, le Président est
mécontent de la proximité qu’entretient son Ministre des Affaires Etrangères
avec « la Vipère » ainsi qu’il désigne son ex-épouse dont il redoute
« l’influence » et « la grande capacité de nuisance »…
La
destitution d’Ali des fonctions de Ministre des Affaires Etrangères se fera par
le biais d’un décret, initié par Omar BONGO et mis dans les formes idoines par
Jean Pierre LEMBOUMBA, homme de confiance et Directeur de Cabinet du Président.
Le décret stipule l’interdiction à tout Gabonais âgé de moins de trente cinq
ans d’occuper un poste ministériel. Ali BONGO a moins de trente-cinq ans en
1991, il sera donc destitué de ses fonctions.
Il
s’agit pour le Président et son Directeur de Cabinet, au-delà de la destitution
d’Ali BONGO, de lui « barrer la voie » de l’accession à la
Présidence du Gabon.
L’article
36 de la Constitution est révisé. Il stipule notamment que : « les
membres du Gouvernement sont choisis au sein du Parlement et en dehors de
celui-ci. Ils doivent être âgés de trente cinq ans au moins et jouir de leurs
droits civils et politiques ».
L’article
10, quant à lui, spécifie que « toute personne ayant acquis la nationalité
gabonaise ne peut se présenter comme candidat à la Présidence de la République.
Seule sa descendance ayant résidé sans discontinuité au Gabon le peut à la
quatrième génération ».
La
révision de la Constitution ainsi opérée conforte les « gérontes»,
« caciques » et « barons » de tous bords qui vont dès lors
se livrer sans merci, à des luttes, fratricide, à des « combats diurnes et
nocturnes ». On assistera à des divisions et rancœurs irascibles,
ressentiments et tentatives d’assassinat, crimes rituels et politiques au sein
de la classe politique gabonaise. Les « rénovateurs », mis à l’écart
par la révision de la Constitution perdent leurs portefeuilles. Le
rajeunissement de la classe politique pour lequel militent ardemment Ali BONGO
ONDIMBA et André M’BA OBAME, n’aura pas lieu. Pire, Omar BONGO, fidèle aux
pratiques de son système, a procédé au remplacement arithmétique d’Ali BONGO
par sa sœur Pascaline BONGO au Ministère des Affaires Etrangères.
L’inimitié
avec sa sœur Pascaline, née de cette période au cours de laquelle, après
l’avoir éloigné du pouvoir financier, son père a tenté de l’éloigner du pouvoir
politique, ne faiblira pas.
Jean-Pierre
LEMBOUMBA indexé par Omar BONGO comme l’auteur de la disgrâce d’Ali, essuiera
en Janvier 1992, une tentative d’assassinat que la rumeur fondée ou supposée, a
attribuée à Ali.
Après
son exil en France, Jean-Pierre LEMBOUMBA, « miraculé de la tentative
d’assassinat », devient en début 1993 un farouche opposant à Omar BONGO.
Le soutien de poids qu’il apporte au candidat de l’opposition Paul M’BA
ABESSOLE à l’élection présidentielle de décembre 1993, traduit « un
désamour » qui, à la suite d’âpres et longues négociations entre chefs
coutumiers Tékés Obambas, trouvera dix
ans plus tard, une issue digne d’une « véritable paix des braves ».
En
effet, pour sceller leur réconciliation devant les Tékés et Obambas, réunis au
sortir de la salle de conférences de la Cité du 12 mars, le Président Omar
BONGO adjoint à son nom « ONDIMBA », patronyme Obamba, et nomme le 10
mars 2003, Jean-Pierre LEMBOUMBA au poste de Coordinateur Général des affaires
présidentielles.
La
première élection présidentielle libre de décembre 1993, organisée par le Gabon,
ébranle considérablement « le système BONGO » décrié, conspué, et au
bord de « l’effondrement ». Les arrangements entre Omar BONGO et le
père spiritain Paul M’BA ABESSOLE pour un « partage du pouvoir »
tournent court. La France inquiète des menaces qui pèsent sur le séjour de son
importante communauté, épie toutes les inclinations à la radicalisation de
l’opposition, comme celles des « caciques » du pouvoir. Elle finit,
après de nombreux atermoiements, à se satisfaire du « coup d’état électoral »
d’Omar BONGO qui, avisé de n’avoir pas obtenu la majorité au premier tour,
savait périlleux « un second tour ». La proclamation de sa victoire à
ladite élection, est suivie d’un cycle de répressions, de menaces et de
cantonnements de l’opposition au prix de secrètes négociations, de prébendes
distribuées et de rentes attribuées…
L’ordre
règne. Le « système BONGO » revient de loin. Il n’est cependant pas à
l’abri des tourments propres aux « mystères » de la « forêt »,
de la « mer », et de la « savane », encore moins aux
turpitudes de « l’invisible », de « l’irrationnel » de
« la nuit » dont nul n’ignore en Afrique qu’ « elle accouche du
jour ».
2003-2009 :
Omar BONGO se sait malade. Il ne renonce cependant pas à se présenter à la
Présidentielle de 2005. Prépare-t-il sa succession ou songe-t-il à en retarder
le plus longtemps possible, l’échéance ?
Alors
qu’il a choisi de confier le pouvoir financier de la famille BONGO à son
« totem », Pascaline BONGO, et qu’il a tenté d’éloigner du
« pouvoir politique » Ali BONGO, son fils certes mal aimé, mais dont
il sait intacte l’ambition de lui succéder, Omar BONGO ONDIMBA affaibli par une
santé chancelante, affecté par le décès le 09 avril 2006, de son vieil ami
Georges Rawiri, Président du Sénat, se lasse de plus en plus du
« système » qu’il a mis sur
pied afin de s’assurer son « long règne ». Il est davantage tourmenté
par la très mauvaise relation entre Edith SASSOU épouse BONGO atteinte d’un
cancer de cerveau peu fréquent et hospitalisée à Rabat.
Le
03 mars 2008, la chaîne française France 2 diffuse une longue séquence sur « les
biens mal acquis » de la Famille BONGO, tout en insinuant « le
complot ourdi par André M’BA OBAME, Ali BONGO et « certaines autorités
françaises » pour pousser au plus vite Omar BONGO à la sortie. Se sentant
trahi par l’Elysée, résolu à s’opposer aux manœuvres « dans l’ombre »
comme « sous la lumière » d’Ali
BONGO, Omar BONGO conclut désemparé : « c’est le prix de
l’adoption !».
Comment
expliquer ces propos, prêtés ou avérés qu’Omar BONGO aurait tenus en novembre
2008, au Monsieur Afrique de Nicolas SARKOZY, Robert BOURGI et que lui
contestent les proches du « vieux » : « désormais, il faut
que Nicolas reçoive Ali. Il doit me succéder à condition que ce choix soit
ratifié par le peuple. Et, il faut qu’il dirige en tandem avec Pascaline, qui a
davantage la pratique de l’exécutif. Pascaline, c’est mon totem… Mais, malgré
ce choix, celui qui n’a jamais disparu de ma tête, c’est André M’BA OBAME.
Il est pour moi comme un fils. J’ai une
totale confiance en lui. Nous sommes complémentaires… »
« Le
prix de l’adoption » avait-il pour rançon « la
succession » ? Contesté, indexé, combattu, écarté stigmatisé mais
toujours présent et pressant, Ali BONGO n’était-il pas dans « la foire
d’empoignes » à laquelle se livraient les membres de la famille présidentielle
et de « la cour » gabonaise, celui qui était le mieux initié,
introduit, informé et pétri des mœurs, pratiques et batailles qui avaient cours
dans les hauts lieux du pouvoir gabonais pendant quatre décennies ?
Sa
connaissance des arcanes de la politique française, du jeu politique et des
enjeux liés à la richesse du Gabon, laisse-t-elle penser autrement qu’il a été
« à l’ombre » préparé à « la succession » de son
père ? Préparé au sens d’être prêt… ?
En
focalisant la rumeur et en propageant les humeurs et ressentiments d’Omar BONGO
à l’endroit d’Ali, la « rumeur » n’a-t-elle pas permis au
« vieux » de cacher son jeu aux uns et aux autres : exposer son
fils Ali BONGO, moins pour « barrer » à ce dernier la voie du
pouvoir que pour lui-même, « durer » le plus longtemps au
pouvoir ?
Des
questions qui demeureront sans doute sans réponse.
Il
reste que le 06 Juin 2009, Omar BONGO ONDIMBA meurt. Adossé sur le solide maillage
de son réseau d’amitiés, les flux puissants de financements occultes ou avoués,
sa qualité de Ministre de la Défense, Ali BONGO ONDIMBA qui est loin d’ignorer
qu’il sera confronté à l’article 10 de la constitution, devenu le seul enjeu
majeur de l’élection présidentielle d’août 2009, comme cela aura été le cas
hélas, pour celles d’août 2016, s’est maladroitement prémuni d’un « vrai
faux acte de naissance » abondamment commenté par « la littérature
journalistique » gabonaise, bien que jugé recevable par la Cour
Constitutionnelle …
Revenir
sur l’article 10, sept ans après la présidence contestée d’Ali BONGO, n’a
permis que la réouverture de « la Boîte de Pandore » qui cantonnera
l’opposition gabonaise dans la « posture réductrice » des investives,
et l’entraînera sur la pente glissante, des « pétitions de
principe »,des menaces de soulèvements, des récriminations sur « la
légion étrangère » qui gouverne le Gabon, et pille sans vergogne ses
richesses.
Selon
l’opposition gabonaise toutes tendances confondues, les prédateurs qui ont, par
« une flagrante effraction » fait main-basse sur l’immense potentiel
gabonais, sont « des étrangers ». Elle stigmatise à tout va,
« le bilan jugé nul » d’Ali BONGO et de sa « légion étrangère »,
demande au peuple de se soulever pour réclamer « son droit au
développement », relève que la misère, la pauvreté, le chômage, la déscolarisation,
la dégradation des infrastructures sanitaires se sont accrus sous le septennat
d’Ali BONGO.
S’il
est de « bonne guerre » pour l’opposition gabonaise de tirer sans discontinuer
sur « le bilan » d’Ali BONGO, il demeure constant qu’elle
éprouve beaucoup de peine à se démarquer
par « un projet alternatif véritable »
« L’égrenage
du chapelet de promesses » du candidat Jean PING « héritier du
système Bongo » peut tout aussi laisser perplexe.
Pour
avoir fait de l’article 10 de la constitution son « cheval de bataille »,
Jean PING, « né au Gabon et nulle part ailleurs » suivant ses propres
termes, a-t-il la mémoire assez courte pour oublier qu’en Afrique et partout
dans le monde, « il n’y a de véritable paternité que d’adoption ?
Lui
sera-t-il possible de faire « oublier aux Gabonais » ses origines
« asiatiques » ?
Est-il
sûr qu’en s’engouffrant dans la querelle orchestrée de son propre chef sur
l’article 10 de la Constitution gabonaise, et qu’en ouvrant « grand »,
« la Boîte de Pandore »
destinée à écarter un « Africain » fût-il Ibo du Biafra, et adopté
dans les normes, au sein de la famille Bongo qui lui a tout donné, tout appris,
il ne ferme pas à son ascendance « les portes » de la présidence
gabonaise ?
C’est
à Omar BONGO ONDIMBA que Jean Ping doit son ascension à la tête de la
commission de l’Union Africaine. Les africains ont mal vécu son soutien à la
France et son immixtion dans l’éviction en Côte d’Ivoire de Laurent GBAGBO,
constitutionnellement déclaré vainqueur de l’élection présidentielle ivoirienne
de 2010, ainsi que son retournement spectaculaire adoubant Alassane DRAMANE
OUATARA, soutenu par « la Communauté Internationale » en réalité
« l’Axe France-Etats-unis ».
Les
Gabonais, les Africains de souche ou d’adoption « ont-ils la mémoire assez
courte » ?
Oublient-ils
que la France ne se ferait pas prier pour « imposer » celui qui, par
un « pacte non écrit », présenterait « l’offre la plus
alléchante » du Gabon, en « termes de sauvegarde des intérêts »
de l’ancienne métropole ?
Or
il est connu, dans ce « marché occulte de dupes » qu’Ali BONGO
ONDIMBA a négocié durant son septennat, la révision des «parts » revenant
au Gabon avec plus ou moins de succès et tient « le bon bout ».
En
mettant « les pieds dans le plat d’un article » destiné à faire « durer »
le « vieux » et stigmatiser « l’adoption », Jean PING dont la
présidence à la commission de l’Union Africaine a prouvé qu’il ne « sent
Africain » que « par procuration », n’aurait-il pas promis en cas d’élection de
« procurer de meilleures garanties de sauvegarde des intérêts français au
détriment de ceux des Gabonais » ?
L’élection
présidentielle de 2016 se déroule certes au Gabon, mais son enjeu majeur nul ne
s’y trompe, réside dans « la capacité de négocier » avec la France, « les
garanties apportées », pour une future « révision des parts qui
reviendront à la France ». Qui, mieux que le Président sortant, peut poursuivre
et obtenir un partenariat gagnant-gagnant entre la France et le Gabon ?
Tabler
sur le mal-aimé, l’étranger, l’imposteur, pour affirmer « sa
gabonité », c’est commettre une « hérésie »
politique sur les " fleurs du mal"… gabonais.
3°- Les « fleurs du mal… »
Les "Fleurs du mal" gabonais…
sont la « métaphore » d’un pays doté d’immenses richesses qui eussent
pu en faire un véritable « Emirat » en Afrique Equatoriale au même
titre que les Emirats du Moyen-Orient. En somme, le Gabon est une
« Fleur » épanouie et odorifère en pleine forêt équatoriale dont les
« pétales » pour « la fragrance de leur parfum rare » subissent
les assauts répétés de la cueillette, une cueillette forcenée à des fins lucratives
et vénales qui ne profitent jamais aux jardiniers qui la cultivent et sont
censés en être « les gardiens ».
« Le trait est certes
forcé… » « L’idée demeure : celle du grand dessein » auquel
était prédestiné le Gabon du fait précisément de ses grandes richesses,
vendangées par l’exploitation effrénée de ses gisements de pétrole et de ses minerais
(or, manganèse), le pillage systématique des rentes qui en découlent, la mal
gouvernance orchestrée par une classe dirigeante, préoccupée de s’accaparer
toutes les rentes, de s’enrichir outrageusement, « de semer la peur »
pour en « récolter la misère silencieuse du peuple ».
Projeter
ou ambitionner de se hisser au magistère présidentiel du Gabon nécessite, à
l’analyse, une parfaite connaissance du
« mal » dont souffre le Gabon, à savoir : l’ahurissant contraste
existant entre l’immense potentiel du pays et le faible indice de son
développement humain.
La
problématique impérieuse de la
gouvernance future du Gabon est la suivante : là où « les
chasses-gardées se sont multipliées » faisant « main-basse » sur
les richesses, comment parvenir à inverser la tendance en réorientant vers le plus grand nombre,
l’investissement et la production des richesses ?
Comment transmuer les
« fleurs du mal » en « fleurs du bien-être, du mieux-être
collectif » ?
Les candidats les plus en vue de
l’élection présidentielle du 27 Août 2016 au Gabon en l’occurrence Ali BONGO
ONDIMBA et Jean PING sont de purs
« produits du système Bongo ». Ils sont donc comptables et
co-responsables des « maux dont souffre le Gabon », à la seule
différence que le Président sortant assume « les fleurs du mal », la
tête de liste « autoproclamée » de l’opposition les fustige comme
pour s’en dédouaner.
A ce jeu, l’opposition est dans
son rôle ; sauf qu’elle alimente « la peur » en s’ingéniant à
faire croire au peuple qu’«il ne doit plus avoir peur ».
En
se substituant au peuple déjà proclamé vainqueur, l’opposition prend ce même
peuple en otage des mots d’ordre qui suivront un résultat cntraire à
« savictoire ».
En
conditionnant le peuple à une victoire certaine de l’opposition, les candidats
réunis sous la houlette de Jean PING, y compris lui-même, appellent le peule à
la violence s’ils ne sont pas victorieux.
Le
tropisme antidémocratique du courant « PING » n’étonne pas. L’instrumentalisation
du peuple, mis à l’écart de la jouissance des richesses du Gabon, quand ils
étaient aux affaires, est une fois de plus la preuve du mépris, de la
manipulation politicienne, de l’irrespect du peuple qu’on prétend vouloir
servir à l’avenir.
« Le peuple vainqueur »,
n’a jamais été « la tasse de thé » des usufruitiers du « système
BONGO ». C’est connu, toutes les victoires à l’élection présidentielle du
Gabon ont été acquises à « l’étranger ». Jean PING, ancien Président
de la commission de l’Union Africaine, le sait mieux que quiconque, lui qui
s’est dédit, lorsque la France a décidé d’imposer Alassane DRAMANE OUATTARA à
la tête de la Côte d’Ivoire, en lieu et place de Laurent BAGBO, Président élu
et reconnu par la Cour Constitutionnelle Ivoirienne.
En se portant à la tête de
l’opposition, Jean PING a sans doute en tête « la transposition du
scénario ivoirien au Gabon ». Il se
trompe doublement : Primo, le Gabon
ne subit pas une rébellion armée ayant, comme ce fut le cas dix ans durant,
coupé la Côte d’Ivoire en deux ; secundo, les peuples de la savane sont
distincts de ceux de la forêt.
Le courant de l’opposition qui
soutient Jean PING « n’a de cesse, depuis le début de la campagne, de se
montrer virulent à l’égard d’Ali BONGO ONDIMBA. Ce courant « PING »
n’envisage, au mépris du peuple, aucun autre verdict que celui de sa victoire à
l’issue du scrutin du 27 août 2016. « La résistance populaire » que
l’opposition conduite par Jean PING promet, si « sa victoire lui est
volée », donne aux Gabonais la preuve par excellence, que leurs suffrages
comptent très peu dans « la ballade électorale » du 27 août, laquelle
serait assimilable à « une ballade de santé ».
Une telle attitude faite de
condescendance et de mépris serait-elle attribuable au soutien requis et obtenu
à « l’étranger » par Jean PING et ses affidés ?
La rumeur, nous l’avons dit, est
un invariant des us et coutumes au Gabon. Mieux, elle est au Gabon, ce
qu’Aragon écrivait au sujet de « la littérature » :
« un mensonge qui dit la
vérité ».
D’après la rumeur qui ne tranche
malheureusement pas avec la posture du courant de l’opposition dont Jean PING
est la tête de liste, « le devoir de violence » préconisé, vise à
asseoir la mobilisation de ceux qui veulent en découdre avec « le système
Bongo », et ils sont nombreux mais précisément « en dehors du système »
auquel « PING et ses colistiers » appartiennent. Obtenir au besoin
par « la force », « la victoire » qu’ils n’ont pas pu
obtenir par « les urnes » est une aventure périlleuse.
L’instrumentalisation « des mécontents du système » peut dès lors
être approchée comme « le blanchiment » des exactions et actions
posées alors qu’ils étaient les privilégiés et bénéficiaires du « système
BONGO ». Elle s’assimile ainsi à la recherche d’une «caution morale et
populaire » pour les exactions futures qui mettront en péril la vie des
Gabonais, sacrifiés à l’autel d’une victoire déjà proclamée à l’étranger.
N’est-ce
pas, en l’espèce, l’occurrence la plus plausible ?
Le
nom de l’avocat Robert BOURGI est avancé. Le Monsieur Afrique de l’ex-Président
français Nicolas SARKOZY qui, en 2008 a contribué activement à faire d’Ali
BONGO ONDIMBA, le candidat de l’Elysée à l’élection présidentielle du Gabon
d’août 2009, aurait-il jeté son dévolu sur Jean PING ?
Le « changement de chaises
musicales » au Palais du bord mer, conçu par le lobbying de Robert BOURGI,
au profit de Jean PING, est de notre point de vue, une nouvelle insulte
adressée au peuple gabonais qui aspire à mieux que « les faits d’armes »
du « Leader de l’opposition 2016 » dont le « larbinisme »
vis-à-vis de la France, alors qu’il siégeait
à la tête de la Commission de l’Union Africaine » se doit d’être invoqué,
le 27 août 2016, pour éviter au Gabon, « l’arrivée à sa tête, d’un « ange »
qu’il ne connaît pas, et lui préférer «un diable» qu’il apprend à
connaître ».
Les cris d’orfraie qui s’élèvent
pour stigmatiser la confiscation des médias publics gabonais, dénoncer la CENAP
(commission électorale nationale autonome et permanente) accusée d’être inféodée
au Parti Démocratique Gabonais, participent de la stratégie de
l’opposition : ébranler le moral des électeurs en leur prédisant
« preuves » à l’appui que l’élection ne serait pas transparente, que
sa victoire lui serait volée, avec pour objectif, favoriser le maximum
d’abstentions, le jour du vote.
Notre avis à la veille du scrutin
présidentiel du 27 août 2016, est que la forte mobilisation médiatique au cours
de cette élection, a offert un large champ médiatique à tous les candidats. La
preuve en est que chaque candidat a pu s’exprimer. Certains, notamment Ali
BONGO et Jean PING ont bénéficié d’un traitement de faveur dans des médias dont
ils sont proches. Le candidat Jean PING se serait même offert le luxe de
décliner sa participation à l’émission « Le Débat », sur la chaîne
publique gabonaise. Par ailleurs, René ABOGHE ELLA, Patron de la CENAP, donc
des élections au Gabon, est, c’est de bonne guerre, contesté pour son fichier
électoral, alors que le devoir de l’opposition devait consister à veiller en
amont », au lieu de se satisfaire de « supputations ».
Pour les premières élections
biométriques de l’histoire du Gabon, Ali BONGO ONDIMBA ne peut s’appuyer que
sur son bilan. Tout comme Jean PING, il connaît la sociologie, les rouages et
mœurs politiques du Gabon. A la différence de l’autoproclamé « leader de
l’opposition », Ali n’a pas 74ans mais 57ans. Il est donc proche de la
« jeunesse » que les « caciques » ont encagoulée, pendant
plus de « quarante ans ».
Dans une confidence qui a retenu notre
attention, le Président sortant, évoquant une entrevue avec son père,
révélait : « J’applique à la lettre ses préceptes. Il m’a bien dit
que, avec tout ce qu’il avait fait pour les uns et les autres, je ne devais
rien à personne, sauf au peuple gabonais (…) et que certains avaient fait leur
temps et n’étaient plus en mesure, compte tenu de leur passif de réclamer quoi
que ce soit ».
Suivez mon regard. Il
poursuit : « les gabonais (…) savent ce qui se passe ailleurs dans le
monde. Ils aspirent à autre chose qu’à des débats qui n’ont ni queue ni tête,
entretenus par des hommes du passé, des ingrats qui n’ont que l’injure, le
négativisme, la violence et la haine à prodiguer ».
« Aléa Jacta es ». Les
dés sont jetés.
La
prophétie d’Albert Bernard BONGO de Janvier 1970, son « testament »
contre son propre système alors qu’il est Omar BONGO ONDIMBA, le 02 décembre
2007 ne doivent-ils pas faire entendre et comprendre aux Gabonais que « la
Pierre que les bâtisseurs ont rejeté » était destinée à servir de
« pierre d’angle» à «la construction du Gabon » et à son émergence à
l’horizon 2020 ?
La seule réponse qui nous vient à
l’esprit est le mot du psalmiste :
« Qui
sème dans la douleur récolte en chantant ! ».
Quand
l’inénarrable a lieu, que l’ineffable finit par se produire, que « Celui à
qui on a jeté la pierre » devient le seul à pouvoir conduire ceux qui
« l’ont lapidé », il faut avoir suffisamment de hauteur pour
comprendre que « le destin » a des sinuosités qui échappent à « l’entendement
humain » et rend « possible, l’impossible ».
A
bon entendeur salut !
Paris
le 27 août 2016
Guy Samuel NYOUMSI
Président de Solidarité Africaine de France
Vice-président du Conseil Représentatif des
Associations Noires de France (CRAN),
Chargé des Relations avec l’Afrique et des Affaires
Internationales
Contact : gsnyoumsi@gmail.com
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