AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE CONJOINT
AILRC-FR
1er août 2016
Mauritanie. Il faut
abandonner toutes les charges retenues contre des militants anti-esclavagistes et
les libérer
Les autorités mauritaniennes doivent abandonner
toutes les charges retenues contre 13 militants anti-esclavagistes et les
libérer immédiatement et sans condition. Ils ont été arrêtés arbitrairement en
vue d'intimider et de réduire au silence les défenseurs des droits humains, ont
déclaré Amnesty International et 16 organisations de la société civile
lundi 1er août 2016.
Les 13 militants comparaîtront le 3 août
devant un tribunal de la capitale Nouakchott pour rébellion, usage de la
violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et
appartenance à une organisation non reconnue. S'ils sont déclarés coupables,
ils encourent une amende et jusqu’à deux ans d’emprisonnement.
« Ces militants sont des prisonniers d'opinion
accusés à tort et incarcérés en vue d'entraver leur travail légitime.
Régulièrement pris pour cibles en raison de leurs opinions, ils doivent être
libérés immédiatement et sans condition, a déclaré Kiné Fatim Diop, chargée de
campagne pour l'Afrique de l'Ouest à Amnesty International.
« Cette persécution de longue date n'a aucun
fondement légal. Les autorités doivent mettre fin à leur règne de la peur et cesser
de réprimer les militants anti-esclavagistes. »
Les 13 militants anti-esclavagistes sont
membres de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA
Mauritanie), ONG de défense des droits humains qui lutte contre l'esclavage en
Mauritanie.
Ils ont été arrêtés entre le 30 juin et le
9 juillet, après une manifestation organisée par les habitants d'un
bidonville de Nouakchott qui étaient menacés d'être expulsés car la ville se
préparait à accueillir un sommet de la Ligue arabe.
Parmi ces 13 militants, aucun n'a organisé ni
participé à la manifestation. Depuis leur inculpation, ils n'ont pu entrer en
contact avec leurs avocats et leurs familles qu'une seule fois.
« Rien ne justifie de les empêcher de
communiquer avec leurs familles et leurs avocats. Toute personne privée de
liberté a le droit de bénéficier de l'assistance d'un avocat, de communiquer
avec ses proches et de recevoir leurs visites », a déclaré Mamadou Sarr, président
du Forum des organisations nationales des droits de l'homme (FONADH).
Deux autres militants anti-esclavagistes ont été
arrêtés entre le 20 et le 21 juillet et détenus au secret jusqu'au
26 juillet, avant d'être libérés sans inculpation.
Selon des informations reçues par Amnesty
International, ils ont été arrêtés uniquement parce que les autorités
craignaient qu'IRA ne cause des troubles lors du sommet de la Ligue arabe, qui
s'est déroulé le 25 juillet.
Amnesty International et les organisations signataires
exhortent les autorités à mettre fin à la répression croissante contre les
militants anti-esclavagistes et à veiller à ce que les défenseurs des droit
humains puissent faire leur travail dans un climat favorable et sûr. La
Mauritanie a récemment adopté une loi qui définit l'esclavage en tant que crime
contre l'humanité.
Les défenseurs des droits humains et les
organisations de la société civile qui font campagne contre l'esclavage sont
souvent en butte à des restrictions injustifiées quant à l'exercice de leurs
droits. Or, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
(PIDCP), auquel la Mauritanie est partie, protège les droits à la liberté
d’expression et d'association.
Document public
Pour obtenir de plus amples informations ou organiser
un entretien, vous pouvez prendre contact avec le Service de presse d’Amnesty
International pour l'Afrique de l'Ouest et centrale à Dakar, au Sénégal : +221 77 658 62 27 ou courriel : sadibou.marong@amnesty.org
Twitter : @amnestyWaro.
Complément d’information
En Mauritanie, l’esclavage a été aboli
officiellement en 1981 et, depuis 2007, il est reconnu comme un crime par le droit
national. Cependant, cette pratique se perpétue et IRA Mauritanie et d’autres
organisations, notamment SOS-Esclaves, recensent et dénoncent des cas
d’esclavage. Les autorités ont pour habitude de restreindre indûment les droits
à la liberté d’expression et d'association des défenseurs des droits humains,
des militants et des organisations qui luttent contre l’esclavage.
En janvier 2015, un tribunal de la ville de Rosso,
dans le sud du pays, a condamné deux membres d’IRA Mauritanie, Brahim Bilal
Ramdane et Biram Dah Abeid, ancien candidat à l’élection présidentielle, à des
peines de deux ans d’emprisonnement pour appartenance à une organisation non
reconnue, participation à une réunion non autorisée et violences à l’encontre
d’agents des forces de l'ordre. Leurs peines ont été confirmées en appel au
mois d'août 2015. Cependant, la haute cour a ordonné leur libération le
17 mai 2016, alors qu’ils avaient déjà passé 18 mois derrière les
barreaux.
Parmi les 13 militants accusés récemment
figurent le porte-parole d'IRA, Hamady Lehbouss, et son vice-président, Amadou
Tidjane Diop. Selon sa famille, ce dernier souffre d’une pathologie cardiaque
pour laquelle il n'a pas reçu les soins médicaux requis en détention.
Liste des signataires :
1. Action des Chrétiens pour
l’abolition de la Torture ;
2. Africtivistes ;
3. Agir Ensemble pour les Droits de
l’Homme (France) ;
4. Amnesty International ;
5. Article 19 Afrique de l’Ouest
6. Anti Slavery International ;
7. Association des Femmes Chefs de
Famille (Mauritanie) ;
8. Association mauritanienne des
droits de l'Homme (Mauritanie) ;
9. Collectif Touche pas à ma
nationalité (Mauritanie) ;
10. Comité de Solidarité avec les
Victimes des Violations des Droits Humains (Mauritanie) ;
11. Forum des Organisations
Nationales des Droits de l’Homme en Mauritanie (Mauritanie) ;
12. Groupe d’études et de
recherches sur la démocratie et le développement économique et social (GRDS) ;
13. Initiative de la Résurgence du
Mouvement Abolitionniste (Mauritanie) ; Initiative de la Résurgence du
Mouvement Abolitionniste, IRA (États-Unis) ;
14. Kawtal Ngam Yellitaré
(Mauritanie) ;
15. Rencontre Africaine pour la
Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) ;
16. SOS Esclaves (Mauritanie).
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