Le Collectif de défense des dirigeants d'IRA
accusés dans le cadre du dossier n° 558/2016
Communiqué
Suite aux événements survenus le 29/06/2016
entre des éléments des forces de l'ordre et les habitants du bidonville situé
près de l'Hôpital Bouaamatou, un groupe appartenant à cette population,
refusant d'être expulsés par la force, a été arrêté.
Un jour plus tard, treize membres dirigeants
de l'organisation IRA ont été arrêtés puis déférés devant le Procureur de la
République sous le coup de chefs d'accusation décrits comme étant du flagrant
délit de rébellion, d'usage de la violence et d'appartenance à une organisation
non reconnue.
Ces mesures ont été entachées d'un grand
nombre d'irrégularités juridiques et d'atteintes aux libertés de nos clients
dont nous citons les points suivants:
1- la garde-à-vue de nos clients s'est
déroulée dans des taudis hors des commissariats de police qui sont les lieux
habituellement destinés à ce genre de procédure. Pendant cette garde-à-vue, nos
clients ont été privés de tous contacts avec les leurs et leurs avocats en
violation flagrante de l'article 58 du code de procédure pénale. La durée de
cette garde-à-vue a dépassé les 10 jours.
2- Les détenus ont été torturés, frappés,
déshabillés et entravés sans que le Parquet général, lors de leur déferrement,
n'accepta qu'ils soient examinés par un médecin
en vue de constater les traces de la torture qu'ils ont subie en
violation manifeste des lois et conventions internationales qui font de la
torture un crime contre l'humanité et que la Mauritanie avait ratifiées allant
jusqu'à créer des commissions ad hoc pour les faire appliquer.
3- Le détenu Diop Amadou Tidjani qui souffre
d'une maladie chronique du cœur a subi une crise aigue causée par les
conditions de détention décrites plus haut et a été empêché de recevoir son
traitement habituel.
4- Le flagrant délit, qui est la
qualification retenue par le Parquet Général, se heurte aux faits que nos
clients furent arrêtés à leur domicile ou sur leur lieu de travail respectifs
donc loin du théâtre des affrontements et ce pendant les jours qui ont suivi
ces mêmes affrontements, tout comme le fait de transférer leur dossier immédiatement
à la Cour Pénale sans passer par le juge d'instruction. Cette qualification de
flagrant délit, qui parait incohérente, touche au droit de nos clients à
bénéficier d'un procès équitable et empêche la manifestation de la vérité qui
doit être le fondement de toute action judiciaire.
5- Même après leur admission à la prison
civile, nos clients ont continué à subir des mauvais traitements sans
justification. Ils ont ainsi été entassés dans une cellule collective
notoirement exigüe, ne répondant à aucun critère de salubrité et loin de toute conformité aux exigences
attendues pour les maisons d'arrêt telles que décrites dans les lois nationales
et internationales.
Considérant tout ce qui précède, nous
engageons l'ensemble des autorités judiciaires et administratives à interagir
avec ce dossier conformément à la loi et avec respect de la dignité du citoyen.
Nous exprimons notre espoir de voir la justice produire des preuves
irréfutables des acquisitions proférées loin de toutes interférences notamment
d'ordre politiques.
Nouakchott le 02/08/2016
Le Collectif de défense
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