COMMUNIQUE
CONJOINT ROADDH-CIDDH
« Cas BIRAM et membres d’IRA-MAURITANIE »
Le Réseau Ouest des Défenseurs des Droits
Humains/ West African Human Rights Defenders’ Network (ROADDH/WAHRDN) et la
Coalition Ivoirienne des Défenseurs des Droits Humains (CIDDH) sont
particulièrement préoccupés par la situation des Défenseurs des Droits Humains
en Mauritanie.
En effet, le ROADDH/WAHRDN et la CIDDH sont
consternés par la situation des membres de l’Initiative de Résurgence du
Mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA-Mauritanie), une organisation de
Droits de l’Homme dirigée par M. Biram Dah Abeid et qui travaille depuis
plusieurs années, en MAURITANIE, pour l’éradication de l’esclavage
traditionnel, l’usurpation foncière, l’exclusion des noirs et l’expropriation
des terres arables dans la vallée du fleuve Sénégal.
Les membres d’IRA-Mauritanie sont fréquemment
victimes de menaces, d’arrestations arbitraires et de procès d’opinion.
Depuis la fin du mois de juin 2016, 13
membres dirigeants d’IRA-Mauritanie, d’abord interpellés, par des policiers
déguisés en habits civils ont été gardés sans motif, et font l’objet d’acte de
torture, de traitement cruel inhumain ou dégradant de façon récurrente, suivi
de procès « chicanes ».
L’audience prévue pour se tenir le mardi 9
août 2016, a eu du mal à redémarrer et pour cause. Dans une lettre transmise
par le régisseur des prisons à la Cour, les prévenus expliquaient clairement
qu'ils ne comparaitraient plus, par eux-mêmes, devant les magistrats si la
police continuait à réprimer leurs camarades, les familles de ces derniers et
si elle s'obstinait à les empêcher d'accéder à la salle d'audience.
En dépit de cette correspondance, le nombre
de blessés par agression policière dans le lot des personnes désireuses
d’assister au procès des Défenseurs des Droits Humains, ne cesse de croitre et
le périmètre du palais de justice toujours interdit d’accès aux familles et
camarades des membres du mouvement IRA-Mauritanie.
Par un verdict en date du 18 Août 2016, les
13 membres dirigeants d’IRA-Mauritanie viennent d’être condamnés à des peines
de prison ferme allant de 03 à 15 ans, sur la base d’une prétendue «
appartenance à une organisation non reconnue ».
Le ROADDH/WAHRDN et la CIDDH condamnent avec
la plus grande fermeté ces violations flagrantes des droits des Défenseurs des
Droits Humains en Mauritanie en général, en particulier des militants
anti-esclavagistes, dont la situation est aggravée par des simulacres de procès
et de détentions arbitraires. 2
Le ROADDH/WAHRDN et CIDDH demandent aux
autorités mauritaniennes de :
I. Procéder immédiatement à la libération des
13 membres dirigeants d’Ira- Mauritanie condamnés lors du verdict prononcé le
18 Août 2016
II. Lever impérativement les interdictions,
les menaces et les arrestations arbitraires frappant des organisations des
droits humains sur le territoire mauritanien
III. Permettre la jouissance totale du droit
à la liberté d’association, de réunion, de manifestation, d’opinion et autres
droits de l’Homme connexes à toutes les organisations, politiques y compris
conformément aux dispositions constitutionnelles et aux engagements
internationaux de la Mauritanie
IV. Appliquer des lois et conventions sur les
crimes d'esclavage, de tortures, et d'épuration ethniques afin de protéger les
ethnies noires et serviles de Mauritanie
V. Poursuivre et punir tout auteur d’acte
raciste afin de favoriser le sentiment de vivre ensemble en Mauritanie
VI. Régler dans les meilleurs délais la
situation des mauritaniens noirs autochtones, déplacés de force par l’Etat
Mauritanien et qui s’est échelonné entre 1986 et 1992, en leur rétrocédant tous
leurs biens, terres et documents d’identité y compris afin d’éviter de
favoriser une situation d’apatridie à l’endroit d’une frange importante de la
population.
Procéder au recensement des populations
noires du pays au même titre que les autres populations
VII. Interdire toute campagne d’incitation à
la haine et toute propagande qui vise à insuffler à la communauté arabo-berbère
la peur d'un prétendu danger que représenteraient les Hratin, ou encore d'un
péril noir qui viserait l'extermination des arabo-berbères
VIII. Adopter d’urgence une loi de protection
des Défenseurs des Droits de l’Homme en Mauritanie et mettre en place un
mécanisme d’application effective de cette loi.
3
Pour les organisations signataires :
- Le Réseau Ouest Africain des Défenseurs des
Droits Humains/ West African Human Rights Defenders’ Network (ROADDH/WAHRDN) 1
1 1 Organisation
de protection et de défense des droits des défenseurs des droits de l’homme,
avec une vue d’ensemble sur la situation des droits de l’homme dans la
sous-région. Le ROADDH/WAHRDN existe depuis plus de 10 ans et rassemble les
coalitions et points focaux des défenseurs des droits humains dans 16 pays
(Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Cap-Vert, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau,
Ghana, Libéria, Mali, Mauritanie, Nigéria, Niger, Sierra Leone, Sénégal et
Togo.)
La CIDDH est un
regroupement d’organisations apolitique non confessionnelles, créé en Septembre
2004. La CIDDH a été créée pour répondre à la problématique de la sécurité des
Défenseurs des Droits Humains en Côte d’Ivoire. Elle est actuellement
constituée de quatorze (14) : ADJL-CI, APDH, AUHA, Amnesty-CI, CEFCI, Club
UA-CI, 3D, MIDH, LIDHO, OFACI, PLAYDOO-CI et SOS Exclusion.
- La Coalition Ivoirienne des Défenseurs des
Droits Humains (CIDDH)
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