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mercredi 26 décembre 2012

Passivité dans la lutte antiesclavagiste : Un ex officier tacle Ould Boulkheir.


Le président de la République est convaincu que l’esclavage n’existe pas, que seuls, ceux qui veulent être personnellement asservis le sont. Des leaders politiques comme le président de l’assemblée nationale et le dirigeant du parti El Wiam tiennent des discours qui corroborent cette absence de l’ordre esclavagiste dans le pays.

En plus de l’Ira, de Sos-esclaves et d’autres rares défenseurs des droits de l’homme, notamment des anciens esclaves, l’ex officier de l’armée en exil en France, le capitaine Ely Ould Krombolé vient, dans un entretien accordé à SOS-abolition, de livrer son point de vue sur ce casse-tête mauritanien, qui a fait l’objet dimanche dernier d’une unième adoption de lois sans suite criminalisant l’esclavage.

L’officier estime que l'esclavage est une faute contre la dignité humaine « comme le disait Hegel à propos de « l’Oiseau de Minerve », il n'est jamais trop tard même la nuit tombée, après une éternité d'obscurantisme, de niaiserie, de vouloir enfin penser juste » dit-il...

..., soulignant que toute l'humanité entière est passée par là, se demandant s’il faut « mettre l'esclavage sur le compte d'une nécessité sociologique » ou s’il agit plutôt d’ un épiphénomène entretenu par une frange de la société perfide et mégalomane?

Et d’ajouter : « En Mauritanie le système d'esclavage pratiqué par les différentes composantes du pays (Maures, Negro-africains) est malin voire pernicieux. Chez les Maures l'esclave même libre fera partie, s'il le veut de la tribu, du clan, du fief. Dans ce cas il demeurera toujours une tare. Pourvu de notoriété, il pourra même prétendre épouser son ancienne maîtresse, jouer un rôle prédominant au sein du groupe. La non célèbre « maxime » du général Aziz à savoir (n'est esclave que celui qui veut l'être) va à mon avis dans ce sens. Mais le général oublie qu'en décrétant une loi, il faut produire les outils nécessaires à son application ».

Et de poursuivre « pour les Haratines, rabougris des siècles durant il faudra absolument une positive discrimination quant à l'éducation, l'emploi surtout. Chez les Negro-mauritaniens, l'esclave n'est pas sujet à l'exploitation mais il est introduit dans un moule duquel il ne pourrait s'émanciper. Tant mieux s'il récolte des miettes lors de pratiques cosmogoniques (mariages, baptêmes, funérailles etc...). Un Maccudo (esclave en pular) ne pourra jamais prétendre épouser la fille d'un noble Torodo ou un pasteur peulh se croyant le plus souvent le fils de Jupiter. L'esclavage existe encore en Mauritanie du moins dans ses séquelles indélébiles.

Évoquant l'élite Haratine, Ould Krombolé dit qu’elle a sa part de responsabilité. « A chaque fois qu'un Hartani surgit jouant les « Martin L. King », et juste au moment de gagner la compassion de ses compatriotes, en ayant fait le plus difficile du parcours, il se mue en..... « Oncle Tom » indique-t-il, s’interrogeant si elles « ne font la promotion que pour elles-mêmes oubliant les masses laborieuses qui, sans mages seront à la merci d'hommes sans foi ni loi dans un pays de tradition esclavagiste ».

A propos de la loi fondamentale, l’ex officier estime qu’elle a ses insuffisances, car produite à chaque fois par des pouvoirs dont la doctrine s'écarte rarement d'intérêts égocentriques loin des préoccupations légitimes d'une nation en gestation depuis 1960.

Et d’ajouter que « les Haratines doivent compter sur eux-mêmes d'abord au lieu de vouloir « attendre Godot ».Car ce personnage mythique pourrait ne jamais être au rendez-vous ». Et de poursuivre ; « certes nous avons besoin des lois fortes mais pourquoi elles ne sont jamais appliquées ? Avez-vous une idée de ces forces hyper puissantes tapis sous le sol qui bloquent l’application des lois de la république ? L’état Mauritanien cherche-t-il à se couvrir uniquement en ratifiant et signant des traités, conventions internationaux sans jamais vouloir se conformer avec son engagement? (…) L'Etat ce n'est pas Ould Abdel Aziz seulement, ce sont aussi les parlementaires, les partis politiques, les présidents de partis, les universitaires, les syndicats, les ouvriers etc...

Et de conclure : « pourquoi Messaoud Ould Belkheir ne tape-t-il pas du poing la table pour l'application stricte de la loi concernant son domaine de prédilection, je veux dire la défense des droits des Haratines, ses semblables? Il croit peut être, comme tant d'élites haratines le combat pour la dignité, l'égalité des chances terminé? Enfin l'Etat mauritanien est asymptomatique de ses dirigeants; s'ils sont indigents l'Etat le deviendra; performants, l'Etat le sera.

MOML avec sos-Abolition

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