L’ambassadeur de l’émirat du Qatar à
Nouakchott avait décidé, ce jeudi 13 décembre, de recevoir le docteur
Alassane Dia - coordinateur de TPMN, porteur d’une lettre réclamant le
rapatriement d’Ould Taya à qui est reproché des crimes odieux et qui vit
en exil au Qatar - avant de faire volte-face.
En réaction, monsieur Dia - qui était à
la tête d’un sit-in devant la représentation diplomatique du Qatar à
Nouakchott, a lancé un
appel à l’ensemble des Mauritaniens de l’étranger à suivre l’exemple de
TPMN, à se mobiliser devant les ambassades de l’émirat qatari partout
dans le monde pour réclamer le rapatriement de l’homme qui gouverna la
Mauritanie d’une main de fer 21 ans durant et dont le règne fut marqué
par des crimes et exactions odieux commis à l’encontre d’une frange
importante de citoyens mauritaniens. Monsieur Dia à l’image de
militants avec qui il a tenu sit-in a dénoncé ce qu’il a qualifié de
complicité de l’émirat du Qatar avec l’ex-président mauritanien.
Rappelons qu’Ould Taya vit - depuis sa chute intervenue en 2005 - en
exil au Qatar qui s’est s’accommodé de sa présence.
Lettre de TPMN
A son altesse Cheikh Hamid Al Thani, Emir du Qatar
Objet : Demande d’arrestation et de traduction en justice du dictateur Ould Taya
Votre altesse,
Le mouvement Touche pas à ma nationalité
qui se bat pour l’émergence d’une Mauritanie une et plurielle
débarrassée des démons du racisme et de l’esclavage et qui rétablirait
le citoyen noir dans sa dignité saisit l’occasion de la célébration du
64 anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme pour
vous demander de réparer une injustice dont le votre pourrait être
complice bien malgré lui. Le Qatar qui aspire aujourd’hui à jouer un
rôle de premier plan dans l’espace géopolitique mondial et en
particulier dans le devenir du monde arabe comme en témoignent vos
positions courageuses dans ce qu’il est convenu d’appeler les printemps
arabes, accueille sur son territoire le plus grand criminel que la
Mauritanie ait jamais connu en la personne de son ancien président,
Moâwiya Ould Sid’Ahmed Taya
Cet homme, qui a régné sans partage sur
la Mauritanie pendant plus de vingt ans, a sur les mains le sang de
milliers de mauritaniens dont le seul tort était d’être noirs et non
arabes. Sous son règne en effet, a eu lieu une opération d’épuration de
la Mauritanie de sa composante négro-africaine qui s’est traduite dans
les faits par l’assassinat de plus de cinq cents militaires entre 1990
et 1991 dans les camps mouroirs d’Inal, Jreida, Azlatt et autres. Dans
le même temps 355 citoyens noirs civils, cette fois, sont massacrés dans
la vallée du fleuve qui tient lieu de frontière avec le Sénégal et 476
villages peuplés de noirs sont détruits et leurs habitants déportés vers
le Sénégal et le Mali. Ils seront au total plus de 120.000 noirs de
Mauritanie à être déportés dans ces deux pays voisins.
Ces faits, dont la gravité n’a jamais
été égalée dans l’histoire de la Mauritanie et dont le paroxysme a été
atteint dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, avec la pendaison de 29
militaires noirs à Inal pour célébrer le trentième anniversaire de
l’indépendance nationale, relèvent des crimes de génocide et des crimes
contre l’humanité par leur caractère systématique et généralisé (toutes
les catégories socioprofessionnelles : civils et militaires, formel et
informel, etc.) et par leur orientation ethnico-raciale (seuls les
négro-mauritaniens sont touchés)qui démontrent, si besoin est, que
l’épuration ethnique était planifiée et savamment orchestrée au plus
haut niveau de l’Etat mauritanien.
Il est impensable en effet qu’une
opération d’une telle ampleur puisse se faire sans la bénédiction des
plus hautes autorités du pays ; d’autant plus que la Mauritanie vivait
alors sous la férule d’une dictature militaire qu’incarnait le colonel
Ould Taya.
Le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz qui
règne sur la Mauritanie aujourd’hui ne demandera jamais l’extradition
d’Ould Taya pour des raisons objectives : le système raciste et
esclavagiste qui régissait le pays reste entier et la meilleure preuve
en est que l’exclusion des noirs mauritaniens devient chaque jour plus
prononcée pendant que les exécutants des crimes cités ici trustent, en
guise de récompense, les plus hautes responsabilités de l’Etat.
Pour toutes ces raisons, nous vous
demandons de procéder à l’arrestation de ce criminel et, à défaut de
pouvoir le juger, de le livrer à des instances judiciaires à même de
prononcer la justice dans de tels cas (le tribunal pénal international
où la justice belge qui a enregistré une plainte contre Ould Taya, jugée
recevable).
Pour la grandeur du Qatar, pour
l’ambition que vous avez pour votre pays, pour les valeurs et principes
de notre sainte religion, pour la dignité humaine et pour bien d’autres
raisons encore, il est de votre devoir de faire en sorte que justice
soit rendue.
Nouakchott le 13 décembre 2012
La coordination
Source:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire