De retour et Dieu merci saint et sauf, après
qu’il ait subi un traitement de choc pendant quarante jours dans l’un des
meilleurs hôpitaux parisiens, Ould Abdel Aziz est revenu à son troupeau. Mais
sitôt revenu le voilà reparti pour Paris et cette fois aussi par la même cause Et tout cela aux frais de Madame la Marquise.
Une Marquise déguenillée, pauvrement vêtue, qui suit inexorablement son chemin
vers sa dernière demeure : l’agonie dans le désert absolu, puis la mort
certaine. Et le premier retour d’Ould
Abdel Aziz fut un évènement si important qu’il a été relayé, et de façon lapidaire,
comme si la nouvelle avait une portée universelle, par RFI (Radio France
International) dans son édition du 24 novembre 2012 !
Une balle « perdue » aurait blessé l’homme
alors qu’il se serait lui-même « perdu », sur un chemin sinueux, dans
le vaste désert autour de Nouakchott. Il rentrait chez-lui, dans son palais
ocre, de retour, dit-on, d’un long weekend passé dans son ranch inchirien où
des mets exquis et des boissons fraiches enivrantes, à base de lait fermenté de
chamelle inchiriene (qui donne le plus
pur de tous les laits de chamelles) et autres boissons (interdites) sont servis aux convives du
prince, loin de l’atmosphère poussiéreuse de Nouakchott, notre vaillante
« capitale » grouillante de
misères véritables, balayée sans cesse par
le chergui vorace.
Tir de barrage ? Tir par erreur ? Tir avec ou sans
sommation ? Chacun a son avis. Selon ses propres intérêts. En tous les cas, m’est avis qu’il s’agit,
pour le moins, d’un tir précis, ajusté, réglé que tout laisse penser qu’il
était prévu et qui avait bel et bien atteint sa cible, sans pour autant, fort
heureusement, lui faire son sort ! Et de l’avis même des médecins de Paris, il
ne s’agissait pas d’un tir à blanc !
Mohamed Ould Abdel Aziz est arrivé au pouvoir par un coup de
force après avoir servi un dictateur-tyran, en qualité de majordome, pendant de
longues années. Principal homme de main durant toutes ces années, des décennies
d’un régime dictatorial qui fut particulièrement néfaste pour la Mauritanie,
Ould Abdel Aziz ne pouvait faire figure, au mieux, que d’ersatz, c’est-à-dire
de « substitut » encore
plus malfaisant que son mentor, le despote-criminel Ould Yaya.
Les tragédies des Ben Ali, Kadhafi, Moubarak et celle en
cours d’Al Assad, dont on ne connait que trop l’issue, nous rappellent que le
pouvoir, surtout lorsqu’il a été le butin d’une spoliation, par la force, des
peuples ne peut être une sinécure, une planque paisible et éternelle pour une
famille, pour un clan ou une tribu.
Ould Abdel Aziz, quant à lui, peut se réjouir d’avoir affaire
à un peuple écrasé par des décennies de gabegie et de pouvoirs militaires
despotiques qui se sont succédés en une débauche de coups d’État dont les
méfaits s’affichent et s’étalent à tous les niveaux de la société
mauritanienne. Et ceux qui forment « l’opposition » à Ould Abdel Aziz
font preuve d’un attentisme démoralisant qui démontre bien leur rôle vain.
Pour se donner du courage, pour continuer son œuvre
destructrice, Ould Abdel Aziz dit haut et fort que le régime qui était en place
en Libye n’était pas pire que ce qui s’y passe aujourd’hui. Et Ould Abdel Aziz a raison et même très
raison. Mais il oublie que le chaos qui frappe la Lybie aujourd’hui est le
résultat d’un despotisme bien plus éclairé que le sien dont une majorité du
peuple libyen ne voulait plus. Cependant, il est vrai qu’il est très injuste
que le très généreux mais sulfureux Kadhafi eut payé de sa tête alors que
d’autres dirigeants qui ne sont rien moins que des chefs de taïfas, sans
honneur aucun ni dignité, continuent à imposer, en toute impunité, leur tyrannie sanglante à leur peuple. « Les
excès de la tyrannie ne mènent qu’à la tyrannie ; celle-ci en nous
dégradant nous rend incapables d’indépendance », selon
Chateaubriand !
Le même Ould Abdel Aziz, en convalescence, s’est invité au palais de la présidence
française pour rappeler à son hôte, que lui, Ould Abdel Aziz, est le seul rempart contre les bandes
terroristes qui opèrent dans le Sahel tels des chacals et qui ont réussi à
dépecer, sous nos yeux, le Mali voisin de la Mauritanie. Monsieur Ould Abdel Aziz ceux qui ont pu
attaquer le Mali n’ont pas besoin d’envahir la Mauritanie car ils ont pu
démontrer plus d’une fois que c’est un terrain qui leur est acquis et qu’ils
pouvaient y opérer en toute quiétude. Et demain ce sera sans doute pour eux un
terrain de replis si jamais ils quittaient le Mali, de gré ou de force.
Monsieur Ould Abdel Aziz le Mali est plus qu’un pays frère
pour la Mauritanie. Et les liens de fraternité entre les populations voisines
de ces deux pays sont millénaires et ont été, depuis toujours, bien plus
constants que ceux que la Mauritanie nouent avec l’Algérie, le Maroc et le
Sahara Occidental. Et ce ne sont pas seulement des liens entre frontaliers. Ce
sont aussi des liens de sang. Ce sont des liens d’une histoire commune Les mêmes marabouts, les mêmes chefs
religieux sont vénérés de part et d’autre. Les pâturages étaient partagés,
depuis bien avant la colonisation et sans heurts. Pendant des siècles, les
marchandises venaient dans Sud-est mauritanien de Nioro, de Kayes, de
Toumbouctou, de Ségou. Brefs se sont des échangent qui sont plus anciens que
les naissances des deux nations malienne et mauritanienne. Donc qui attaque le
Mali, attaque aussi la Mauritanie. Un point c’est tout. Mais votre mépris évident de tous ceux qui
se trouvent au sud-est de Nouakchott vous a conduit à dire que le Mali est un
pays lointain et donc tout ce qui touche à son intégrité ne peut concerner la
Mauritanie. Monsieur Ould Abdel Azi, il est établi que de jeunes mauritaniens
et sahraouis, ignorants de leur histoire, des aventuriers désœuvrés, exaltés
par une idée de jihad complètement révolue et surtout par la haine du Noir que
véhiculent des esprits malfaisants ont pris part à l’invasion du Nord Mali. N’est-ce
pas là l’une des raisons principales qui font que vous avez dit qu’aucun soldat
mauritanien n’ira mourir pour le Mali ? Monsieur Ould Abdel Aziz vous avez
raison et même très raison. La guerre est une chose affreuse. Mais aujourd’hui il ne s’agit pas seulement
du Mali, il s’agit aussi et surtout de la Mauritanie. Les leaders des
assaillants qui occupent le Nord Mali sont essentiellement des Mauritaniens,
des Algériens et des Sahraouis. Il est donc, ne serait-ce que sur cet aspect
fondamental de la question du Nord Mali, difficile pour la Mauritanie
d’observer une stricte neutralité dans ce conflit qui se déroule à ses
fondrières. Et c’est le Mali qui est agressé. Donc ne pas être avec le Mali
dans cette épreuve c’est être résolument du côté des groupes armées. Mais les
Maliens s’en souviendront…
72 ans après l’indépendance de la Mauritanie, de nombreux
problèmes se posent à nous de façon tragique : L’unité nationale sans
laquelle aucun avenir commun ne peut être envisagé est bien mise à mal ; le spectre d’une guerre civile plane sur le
pays ; les plus pauvres d’entre nous ne savent plus à quel saint se vouer. Certes
les rues de Nouakchott ont été retapées et de nouvelles voies ont été ouvertes.
Mais tout cela pour le petit confort du prince. Le peuple quant à lui se meurt
et son réveil est devenu des plus improbables. Telle est notre situation.
Deyloule : 02/12/12
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