Blog-Au secours des haratine : Sos-Abolition
reçoit le capitaine Ely Ould Krombolé, un ex-officier proche des cavaliers du changement réfugié politique en France, mouvement des jeunes officiers mécontents de la gestion chaotique du pouvoir de l’ex-dictateur Maaouiya Ould
Sid’Ahmed Taya en 2003, en leur tête le commandant Saleh Ould Hanana. Grâce à leur détermination,
le dictateur a fini par être trahi par ces plus proches collaborateurs, notamment
le colonel Ely Ould Mohamed et son cousin l’actuel général Mohamed Ould Abdel
Aziz qui est à la tête du pouvoir actuellement. Bonne lecture
-1-
Bonjour capitaine Ely Ould Krombolé, beaucoup de gens vous lisent mais vous connaissent
-très peu, présentez vous à nos lecteurs ?
Je tiens d'abord à rectifier
une erreur de jugement concernant mon appartenance aux « cavaliers du
changement » .Bien qu'ayant des rapports, souvent fraternels avec tous
ceux qui ont voulu renverser le pouvoir de Maawiya le 8 juin 2003.Parmi ceux-là
il y avait mon propre frère utérin, le CDT Cherif Ahmed Ould Krombelé
emprisonné une année durant. Le mois de Mai 2003 le CDT Saleh Ould Hanené, un
jeune cousin à moi est venu me rendre visite. Je lui fis part de mon départ
pour Madrid en consultation sanitaire le 4 juin 2003.Mon intention était de
rester en Europe jusqu'à ma retraite en 2004, n’ayant ni terrain ni maison,
travailler afin de réaliser quelque chose pour mes enfants en bas âge. Mon
salaire de capitaine avec sept ans anciennetés étant de trente deux mille
ouiguiyas (32000 Um) dont 6000 Um comme indemnité chef de section. Raison pour laquelle Saleh
ne m'a jamais peut être parlé de son projet de coup d'Etat,
lorsqu’il a constaté que mon départ était imminent.
Concernant
votre question proprement dite, il me sera difficile de parler de moi-même.
Cette prétention, même légitime ne m'est jamais arrivée à l'esprit. On entend
souvent dire faites « et laissez dire ». J'ajouterai
« soyez » aussi car l'être humain est par nature complexe. La
psychanalyse ne l'a pas encore disséqué ; il peut être lui-même et son
contraire. Combien de fois vous croyiez connaitre votre voisin de palier, votre
ami pour ensuite déchanter et rétorquer « mon Dieu, il est comme
tel? », je ne savais pas. Il est rare qu'un homme vous parle de ses
défauts, ne faisant ressortir que ce qui est destiné à la consommation, à
l'appréciation pro domo .Comme le dit bien le critique littéraire
Sainte -Beuve dans toute écriture il y a une part de biographisme. Autrement
dit à travers les écrits d'un auteur vous pouvez vous faire déjà une idée sur
sa façon de penser, son éducation, son éthique etc...Donc laissons les
lecteurs faire leur travail.
-2-
La situation du pays est confuse depuis la blessure du général Ould Abdel Aziz
victime d’un tir « ami » selon la version officielle, la crise
Malienne n’arrange non plus la position géographique de notre pays, donnez nous
votre lecture de ces situations dans lesquelles se retrouvent la
Mauritanie ?
Les raisons qu'ont poussée la
Mauritanie à intervenir au Mali, au-delà de la proximité géographique sont
antérieures au pouvoir du général AZIZ. Déjà du temps de Maawiya les Islamistes
profitant de la déconfiture de l'Armée Mauritanienne avaient-ils mené des coups
de mains meurtriers jusqu'au cœur du pays. La France acteur incontournable dans
cette contrée, concocta un deal avec le général AZIZ : reconnaitre son
régime issu du coup d'Etat du 6 Aout contre son implication effective dans la
lutte face aux terroristes sévissant dans l'espace sahélo-saharien.
Actuellement le général AZIZ est malade. Je lui souhaite un bon rétablissement.
Car je n'ai pas l'habitude de m'en prendre aux indigents encore moins tirer sur des ambulances.
Quant à la
confusion, elle ne peut que perdurer car les positions sont inconciliables de
par l'idiosyncrasie impérieuse du général-président, la paupérisation du
microcosme politique traditionnel mauritanien. Dans ce kaléidoscope qui donne
du tournis, la gestion de la crise malienne à nos portes doit être menée avec
professionnalisme. Jouer les procurateurs pourrait se retourner contre soi. Le
Mali est un et indivisible et seuls les maliens pourront venir à bout de
leur différend. Il serait souhaitable pour notre sécurité que nous
n'intervenions pas directement dans ce conflit en cas d'offensive de la CEDEAO
ou de la communauté internationale. Les partis politiques et leurs leaders
doivent mettre l'intérêt supérieur de la nation avant leurs ambitions et rester
vigilants à l'égard des intentions souvent belliqueuses des militaires. La
Mauritanie a d'autres priorités auxquelles elle doit faire face comme la lutte
contre la pauvreté, l'illettrisme, la gabegie, l'esclavage, le racisme etc..
-3-
Malgré les lois abolissant, incriminant l’esclavage, le phénomène perdure avec
la complicité des plus hautes autorités du pays, le général Mohamed Ould Abdel
Aziz en personne disait :
« n’est esclave que celui qui veut l’être », encore récemment, on
parle de criminaliser l’esclavage dans la constitution de la république
islamique de Mauritanie, pourquoi nie-t-on le phénomène et vouloir faire le
contraire ?
L'esclavage est l'une des
entreprises les plus abominables que l'humanité ait connues. Parler de son
abolition au 21eme siècle me semble une faute contre la dignité humaine .Mais
comme le disait HEGEL à propos de « l’Oiseau de Minerve », il n'est
jamais trop tard même la nuit tombée, après une éternité d'obscurantisme, de
niaiserie, de vouloir enfin penser juste. Puisque l'humanité toute entière est
passée par là, faut-il mettre l'esclavage sur le compte d'une nécessité
sociologique ou plutôt un épiphénomène entretenu par une
frange de la société perfide et mégalomane? En Mauritanie le système
d'esclavage pratiqué par les différentes composantes du pays (Maures, Negro-africains)
est malin voire pernicieux. Chez les Maures l'esclave même libre fera partie, s'il
le veut de la tribu, du clan, du fief. Dans ce cas il demeurera toujours une
tare .Pourvu de notoriété, il pourra même prétendre épouser son ancienne
maitresse, jouer un rôle prédominant au sein du groupe. La non célèbre
« maxime » du général AZIZ à savoir (n'est esclave que celui qui veut
l'être) va à mon avis dans ce sens. Mais le général oublie qu'en décrétant une
loi, il faut produire les outils nécessaires à son application. Pour les
Haratines, rabougris des siècles durant il faudra absolument une positive
discrimination quant à l'éducation, l'emploi surtout. Chez les
Negro-mauritaniens, l'esclave n'est pas sujet à l'exploitation mais il est
introduit dans un moule duquel il ne pourrait s'émanciper. Tant mieux s'il récolte
des miettes lors de pratiques cosmogoniques (mariages, baptêmes, funérailles
etc...)Un Maccudo (esclave en pular) ne pourra jamais prétendre épouser la
fille d'un noble Torodo ou un pasteur peulh se croyant le plus souvent le fils
de Jupiter.
L'esclavage existe
encore en Mauritanie du moins dans ses séquelles indélébiles. L'élite Haratine
a sa part de responsabilité. A chaque fois qu'un Hartani surgit jouant les
« Martin L. King », et juste au moment de gagner la compassion de ses
compatriotes, en ayant fait le plus difficile du parcours, il se mue
en..... « Oncle Tom ». On se demande si les élites Haratines ne
font la promotion que pour elles-mêmes oubliant les
masses laborieuses qui, sans mages seront à la merci d'hommes sans foi ni loi
dans un pays de tradition esclavagiste.
Enfin la constitution
mauritanienne a ses insuffisances, car produite à chaque fois par des
pouvoirs dont la doctrine s'écarte rarement d'intérêts égocentriques loin des préoccupations
légitimes d'une nation en gestation depuis 1960, année de notre indépendance. Les
Haratines doivent compter sur eux-mêmes d'abord au lieu de vouloir
« attendre Godot ».Car ce personnage mythique pourrait ne jamais être
au rendez-vous.
-4-
Certes nous avons besoin des lois fortes mais pourquoi elles ne sont jamais
appliquées ? Avez-vous une idée de ces forces hyper puissantes tapis sous
le sol qui bloquent l’application des lois de la république ? L’état
Mauritanien cherche-t-il à se couvrir
uniquement en ratifiant et signant des traités, conventions
internationaux sans jamais vouloir se conformer avec son engagement?
N'ignorez jamais que les lois
tout comme la constitution sont élaborées par des hommes. Elles peuvent ne pas être
appliquées ou respectées pour la simple raison qu'elles vont souvent à
l'encontre de la doxologie érigée par l'oligarchie dirigeante et ses nombreux thuriféraires.
Et pourtant une loi votée à la chambre basse est l'expression de la volonté
populaire .Le pouvoir exécutif se doit de la propager sur tout le territoire
mauritanien .Ainsi le pouvoir judiciaire contre-poids des deux précédents peut être
saisi par toute personne ou entité quant à la non application de la loi. Encore
faut-il que « l'Esprit des Lois » de Montesquieu dont s'inspire le
droit français que nous copions, soit respecté dans ses fondements.
L'Etat ce n'est pas
Ould Abdel Aziz seulement, ce sont aussi les parlementaires, les partis
politiques, les présidents de partis, les universitaires, les syndicats, les
ouvriers etc... Pourquoi Messaoud Ould Belkheir ne tape-t-il pas du poing la
table pour l'application stricte de la loi concernant son domaine de prédilection,
je veux dire la défense des droits des Haratines, ses semblables? Il croit peut
être, comme tant d'élites haratines le combat pour la dignité, l'égalité des
chances terminé?
Enfin l'Etat
mauritanien est asymptomatique de ses dirigeants; s'ils
sont indigents l'Etat le deviendra; performants, l'Etat le sera.
-5-
Que pensez-vous de l’acte de l’incinération des livres supposés être
« religieux » par des militants abolitionnistes en guise de
protestation du contenu négationniste de l’esclave qu’enseignent les religieux
aux étudiants dont voici un extrait du contenu:
1-La femme esclave doit
entretenir son maître par sa chair.
2- Elle ne doit pas couvrir son corps du regard de son maître.
3- L'enfer promis à l'esclave qui n'obéit pas son maître
4-. Un maître peut vendre ou marier son esclave à qui il veut et a tout moment.
5- Le maître peut terminer le mariage de son esclave chaque fois qu'il le veut.
6- interdiction pour un esclave ou descendant d'esclaves de diriger la prière
7- Un maître peut à tout moment entretenir des rapports sexuels avec son esclave. ?
2- Elle ne doit pas couvrir son corps du regard de son maître.
3- L'enfer promis à l'esclave qui n'obéit pas son maître
4-. Un maître peut vendre ou marier son esclave à qui il veut et a tout moment.
5- Le maître peut terminer le mariage de son esclave chaque fois qu'il le veut.
6- interdiction pour un esclave ou descendant d'esclaves de diriger la prière
7- Un maître peut à tout moment entretenir des rapports sexuels avec son esclave. ?
Une erreur de casting,
l'incinération des livres de rite malékite était inopportune et sans effet
bénéfique, reflétant la même image de soldats américains entrain de
« pisser » sur les cadavres de combattants afghans ou de militaires israéliens
se torchant dans les toilettes avec des feuilles du livre sacré. L'incinération
de livres sacrés ou pas sacrés me fait penser à chaque fois à l'invasion
mongole de l'actuel Irak où les hordes de Gensis Khan ont saccagé la
prestigieuse bibliothèque de Baghdad. Un livre quel qu'il soit est une preuve
palpable soit du génie créateur de l'homme soit de sa bêtise. Comment les générations
postérieures au national-socialisme Hitlérien, peuvent-elles rebuter les idées
racistes du Fuhrer sans éplucher « Mein Kampf »? Ceux qui ont incinéré
des livres à Nouakchott devraient plutôt lire à chaque prière des passages désormais
incompatibles avec les mœurs de notre société d'aujourd'hui et dire aux
fideles croyants que ces exégèses ont plutôt peint
un monde à jamais révolu. Car tout ce qui n'est pas dans le Saint Coran est une
expression humaine, donc discutable.
Quant au droit du
maitre sur son esclave etc...Tout cela reflète les sociétés d'antan où les
prisonnières étaient à la merci des vainqueurs. Cela se passe même de nos jours
dans les pays où il y a des conflits. En Mauritanie, qui peut
violenter la sœur de Boidjel, la fille de Mohamed Ould Berbosse? En tout
cas l'instigateur risque de passer un mauvais quart d'heure selon l'expression
populaire.
N'exagérons rien
car en Mauritanie on peut être un bon musulman, respectueux des autres membres
de la Umma Islamique sans jamais avoir lu IBN ACHER ou même l'Imam MALEK.C'est
mon cas. L'islam c'est avant tout une profession de foi entre un être pensant
et une puissance qui le transcende. Chez nous les musulmans c'est ALLAH. ALLAH
m'a mis au monde libre. Je n'accepterai pas que d'autres individus mal
intentionnés veuillent jouer les intermédiaires entre mon Demuirge et moi. Ceci
nous ramène encore à l'expression du général AZIZ (est esclave qui veut) qu'on
peut interpréter de diverses manières. C'est aux défenseurs des droits de
l'homme de sensibiliser les anciens esclaves sur tout ce qui a trait à la
liberté, à l'émancipation .Ces défenseurs, nous les voyons toujours dans
les centres urbains, dans les colloques, les tribunes à Genève, Bruxelles, Washington,
Paris mais jamais à Debay Soungarou, Kerkeratt, ni Debay Litamé etc...Pourquoi
deux poids, une et une seule mesure ?
-6-
Très peu de jeunes arabo-berbères adhérent à la lutte contre l’esclavage, par
contre ils se livrent sur des scènes de diabolisations des ONG
anti-esclavagistes par tous les moyens, expliquez nous pourquoi un tel
comportement, vous qui êtes issu de cette communauté et milite contre le
phénomène?
Dans toute communauté vous
trouverez des extrémistes. La Mauritanie est un jeune Etat multiculturel et
multiracial .Les entités qui la composent souffrent d'un déficit d'identité. La
composante blanche ne veut pas se couper du monde Arabe dont elle est issue et
voit en l'autre l'alibi qui l'empêche de concrétiser son dessein. La composante
négro-africaine étalée sur la rive droite du fleuve Sénégal, s'accroche à ses
racines pour ne pas voir couper le cordon ombilical qui la relie à
l'ensemble noir dont elle partage la même cosmogonie. Reste le gros morceau, ce
sont les Haratines dont la majorité a tendance à s'arabiser. On oublie souvent
que le racisme n'est point une différence de couleur de peau, mais plutôt une
question de culture. Un Hartani évoluant chez des Maures, se comportera comme
eux et sera à la longue un Maure....noir. Si en Mauritanie il n y avait pas des
Arabo-berbères et des Négro-africains, la réticence de jeunes maures à l'égard
de l'émancipation des Haratines aurait passé inaperçue. Les Maures ne veulent
pas que leurs « protégés » avec qui, ils ont désormais des liens
indéfectibles, soient attentifs même aux cornemuses de la négritude, le seul
socle les liant aux Peulhs, Soninkés, Wolofs de Mauritanie.
L'appartenance de
toutes ces entités à l'Islam attenue la hargne ethniciste heureusement et ne
laisse la place qu'à des considérations de second rang .Cette question de
représentativité trouvera une réponse adéquate si les pouvoirs publics se
penchent sur le tryptique esclavage,
unité nationale, justice indépendante.
Là les frustrations vont se dissiper, les névroses s'atténuer. Et une fois tous
les deuils consommés, rien ne viendra gripper désormais les soupapes du
développement économique et social du pays du million de poètes.
-7-
On accuse souvent les militants abolitionnistes de taire l’esclavage dans le
milieu noir « négro-africain », des accusations graves allant jusqu’à
nous traiter de « racistes », l’esclavage arabo-berbère est il
comparable à celui de la féodalité noire mauritanienne ? Pouvez vous nous
faire votre aperçu ou approche sur la question de l’esclavage dans le milieu
des communautés noires : « Haratine, Haalpoular, Soninké, Wolof et
Bambara » ?
L'esclavage pratiqué par les
Maures ou par les Bambaras, Soninkés etc... a la même finalité. Les deux
ensembles dénient à leurs semblables le droit de jouir de leur liberté,
d'entreprendre, voire de rêver. Si l'exploitation de l'homme par l'homme est
beaucoup plus visible chez les Maures, la différence de la peau faisant foi,
chez les Négro-africains les relations maitre-esclave sont beaucoup plus
subtiles, voire pernicieuse comme je disais tantôt. N'oublions pas que c'est
entre Noirs, souvent du même nom de famille où il y a des nobles, des esclaves,
des forgerons, des pécheurs, des tisserands, des cordonniers, des griots etc.. La
stratification de la société maure émane des coutumes de l'Empire du grand Mali
qui a atteint son apogée au 13eme siècle. La bataille de Kirina où Soundjata
Keita a défait le roi du Sosso l'ancêtre de tous les forgerons Soumaoro Kanté a
donné naissance au Mali qui comprenait la majorité de l'actuelle Afrique
occidentale, une partie de la Mauritanie.
Le problème
ici n'est pas de comparer l'esclavagisme en milieux maure ou negro-mauritanien,
mais plutôt comment s'en débarrasser. Les Haratines reprochent à l'élite
negro-mauritanienne de ne pas s'intéresser à leur émancipation. Les
negro-mauritaniens reprochent aux Haratines d'être les bras armés,
manipulés par les Maures surtout lors des événements de 1989-1991. Récemment
les clivages semblent s'estomper surtout avec le pèlerinage d'Inal en 2011, sur
l'initiative de L'IRA.
Personnellement, je
vois mal la féodalité Peule tisser des liens indéfectibles avec les
« Hardanés » comme elle le dit communément. L'ensemble Haratin est
pour le moment une communauté à part entière, certes plus proche des Maures de
par la culture, les mœurs, la langue. Une communauté laborieuse, pas
encore consciente de son poids démographique, de sa représentativité. Le jour
où cette communauté va se réveiller, elle pèsera sans doute sur l'échiquier
national et rien ne sera comme avant.
-8- Les haratine sont ils vraiment des
« arabes », pourquoi certains arabo-berbères font tous pour arabiser
les haratine qu’ils n’ont jamais considéré comme eux, c’est quoi l’intérêt
d’arabiser les haratine ? Le gouvernement recrute même certains cadres
haratine pour justement développer, cultiver l’idée d’aliénation, de greffer à
tout prix et maintenir les esclaves et anciens esclaves sous la coupe des
arabes, cherchent-ils à conforter leur hégémonie le plus durablement
possible ?
Lorsque les Arabes Beni Hassan
sont arrivés en Mauritanie vers le 16éme-17eme siècles, ils ont soumis les
berbères à leur civilisation. L'apport des Beni Hassan en matière de religion
est nul car ils ont trouvé les Berbères déjà islamisés, d'ailleurs héritiers
d'un des mouvements(les Mourabitounes) les plus prestigieux du monde
arabo-musulman. Les Berbères ont été assimilés, tenus de ne plus parler leurs
langues maternelles d'où le Hassanya. Dans l'actuelle région du TRARZA,
quelques rares tribus berbères (Ndeije GOURAR) par exemple, aux environs de
Tiguinte, ont pu résister au diktat des Beni Hassane et parlent leur dialecte
mais en cachette, c'est à dire entre eux.
Les Haratines
compagnons infortunés des Maures ne souffriront pas d'exception. Ils font
partie de l'histoire des Maures ou des Arabo-berbères comme beaucoup aiment le
dire et de manière souvent péjorative. Cependant de par leur originalité, leur
spécificité au sein de l'ensemble Maure avec lequel ils partagent la langue,
instrument majeur de communication, les mœurs etc... Les Haratines
ont le droit d'évoluer dans un couloir autonome jusqu'à
l'émancipation effective du dernier esclave. L'émulation entre Maures et Negro-mauritaniens
quant à la captation des Haratines ne doit en aucun cas faire dévier ces derniers de leur dessein
imputrescible. La lobotomie subie par les Haratines des siècles durant doit
céder la place à une conscientisation des masses populaires, seul prélude à
l'émergence d'une Mauritanie moderne, multiraciale et multiculturelle.
-9- Les douloureux événements 1989 sont toujours
présents dans nos esprits, donnez nous votre témoignage sur ces événements,
pourquoi l’armée Mauritanienne s’est livrée à des exécutions sommaires des soldats noirs, c’était quoi le motif, les
ordres venaient de qui ?
L'exécution de militaires
negro-mauritaniens en 1990-1991, abominable n'est pas survenue ex nihilo. Rien
ne justifiait cette barbarie même si les deux entités Maure et Négro-africaine
se jaugeaient, se défiaient pour ne pas dire voulaient en découdre. Des
deux cotés de la rive du fleuve Sénégal les extrémistes aiguisaient leurs
sicaires en entrainant avec eux de paisibles citoyens .L'attitude des deux
chefs d'Etats du moment, Abdou Diouf du Sénégal et Maawiya n'a pas apaisé les
esprits belliqueux. Si Maawiya est nationaliste Arabe, Abdou Diouf a été
manipulé par les habitants du Fouta avec lesquels il tenait des réunions dont
la dernière a eu lieu le mois de Mars 1989.Juste après, il eut l'incident de
Diawara entre pasteurs peulhs et agriculteurs Soninkés. On connait le reste conflit,
déportations, exactions, etc..L'Armée se disait combattre sur deux fronts, face
au Sénégal d'abord et ensuite face à l'attitude passive des militaires noirs
mauritaniens. Cela peut se comprendre car la Mauritanie a eu le même
cas avec Ehel Sahel supposés proches du Polisario lors de la guerre du
Sahara. On a commencé à vider les militaires negro-mauritaniens qui
constituaient selon le colonel Mohamed Ould Sid’Ahmed Lekhal alors chef d'état-major
adjoint plus de 51 pour cent des effectifs de l'Armée. Cela n'a probablement pas
suffi et il fallait inventer autre chose : un complot venu de la
7eme région militaire. Entre temps on a muté la majorité des noirs vers les régions
du Nord (1ere, 2eme régions, Atar, AKjoujt) d'où le nombre important de morts
dans ces zones militaires.
J'étais à Nouadhibou en
1990-1991 au pk 55 où les negro-mauritaniens étaient beaucoup plus nombreux que
les maures et haratines réunis, même si la majorité des commandants étaient blancs. Chaque
militaire avait une arme (kalach) et sa dotation en minutions, soient 600
cartouches 7,62 mm. Les Peulhs pouvaient contrôler la situation lorsqu'ils
voyaient leurs camarades, frères, cousins appelés par seulement le cdt de
sous-groupement (pk 55) et deux soldats hartanis, chauffeurs de citerne et de
camion 1113 pour être tabassés, ligotés, balancés dans un véhicule direction
Inal. Comment peut-on voir son frère ligoté et être conscient que votre tour
viendra sans avoir eu la présence d'esprit de tirer sur tout ce qui bouge? Et
surtout en tant que militaire en pleine campagne. Ils
se sont laissés massacrer comme des pigeons sans avoir eu l'opportunité de
tirer une seule cartouche pour l'Histoire.
Malheureusement ce sont
tous les Maures qui payent les pots cassés et à la communauté noire la
compassion du monde entier à cause de quelques extrémistes blancs. A se
demander comment un combattant imbu de sa dignité peut tirer sur un homme
désarmé. Dans ce contexte mieux vaut être du coté des victimes.
-10-
Le 18 novembre 1987, trois Officiers, les lieutenants Saydou
SY, Amadou SAAR ET Seydi BA furent condamnés à la peine de mort et exécutés le
6 décembre 1897 à Jreida. Ils sont accusés
de tentative de putsch, est ce qu’il y a
eu putsch ou simple tentative ? Ces hommes ont-ils mérité cette sentence suprême, alors qu’en 2003, il y a eu
un putsch avec effusion de sang mais les auteurs n’ont pas été condamnés au même
sort ?
Malheureusement l'histoire de
la Mauritanie post-coloniale est émaillée d'exécution d'officiers qui ont tenté
de changer les régimes en place en période d’exception (1978-1992).Les
cavaliers du changement ayant bénéficié de la période où Maawiya croyait en sa
démocratie. Le 16 Mars 1981 des officiers valeureux ont tenté de renverser
Ould Haidalla. Ahmed Salem ould Sidi, un st-cyrien fils d'Emir, Abdel Kader
Ould Bah, un pilote sans égal encore
dans l'Armée de l'Air, Doudou Seck et Niang Sala au courage
incommensurable ont peu de temps été exécutés à Jreidé.
Quant aux officiers Ba
Saidi,Sy Saidou, Sarr Amadou, ils ont vu leur sort scellé en 1987,année où
j'étais en stage en France. Je ne peux ni infirmer ni confirmer ce dont ils
étaient accusé. Parmi ces officiers je ne connais que le seul Sarr Amadou, qui fut
mon premier commandant d'unité à Kaédi en Novembre 1980. L'actuel
président Aziz était avec nous comme cdt
d'unité également, tous coiffés par le lieutenant Lebatt Ould Mayouf.
Heureusement que ce genre de mort d'hommes est difficilement admissible de nos
jours et que les revendications à caractère ethnique sont l'œuvre de militants
sans armes.
-11-
Capitaine Ely Krombolé, vous avez connu,
côtoyé le général Mohamed Ould Abdel Aziz, après l’incident qu’il a eu le 13
octobre 2012, quel message avez-vous à son adresse ?
Je vous ai déjà dit tant
qu'AZIZ n'est pas en mesure de pratiquer son sport quotidien, la course à
pieds, je ne parlerai pas de lui. Son intervention au chevet de l'ancien président
Moustapha Ould Welaty, le transport de sa dépouille à Nouakchott me
réconfortent dans cette décision. Oui, j'ai côtoyé AZIZ, du
moins AZIZ m'a côtoyé car nous vivions chez un cousin à moi au quartier
« Moderne » de Kaédi de novembre 1980 jusqu’à son départ en fin 1981
ou 1982 en Algérie pour un stage d'officier Automobile, ce qui est différent de
la mécanique comme beaucoup le prétendent. D'ailleurs il était avec le Lt Sarr
Amadou, son collègue de promotion sortant comme lui de Meknès le 1er
Aout 1980. Le 13 Octobre AZIZ a été victime d'un tir à balles réelles. En
tant que président rien ne le prédisposait à cette mésaventure. Est-ce un
message de Dieu pour qu'il fasse un « flash-back » et amender toute
sa stratégie politique, de communication, de géopolitique etc... ? A sa place
je le ferai et ce n'est point une faiblesse.
-12- Le docteur Mohamed Yahya Ould Ciré, membre
fondateur et président de l’association des haratine de Mauritanie en Europe
(A.H.M.E), association fondée en juillet 2001 a soutenu sa thèse sur « L'abolition
de l'esclavage en Mauritanie et les difficultés de son application »,
éditée en livre, avez-vous lu le livre ? Si oui quelle est votre
impression ? Quel regard portez-vous sur les activités de L’ A.H.M.E
depuis sa création 2001 ? Êtes-vous prêt à y adhérer un jour ?
Malheureusement je ne connais
Mohamed Yahyé Ould Ciré que de nom et je n'ai pas eu le
privilège de lire sa thèse pour la simple raison que j'ignorais son existence.
Un descendant d'esclave qui lutte pour l'émancipation effective de ses frères trouvera
en moi un allié indéfectible. Car je suis toujours du coté des faibles, des
spoliés, des damnés de la terre. La lutte contre l'esclavage est l'affaire de
tous, pas seulement des descendants d'esclaves, de tous les hommes épris de
justice, d’égalité des droits. Cependant il arrive que des Haratines, profitant
de l'acuité du problème s'adonnent à des promotions pro domo dans le seul but
d'emprunter l'ascenseur social pour accéder à l'olympe, à la différence des
escaliers sûrs mais lents et sans intérêt hédoniste. Combien de
cadres Haratines ont tronqué la noblesse de leur lutte contre la volupté du poème
d'Horace du "carpe diem"? Ah oui le désert militantiste est
souvent amer, l'altruisme pas payant dans l'immédiat, ce qui
pousse des hommes pourtant de bonne foi au début de leur engagement à
changer de procédure .La lutte contre l'esclavage sera longue et ennuyeuse et
la récolte ne se mesurera ni en Bentham, ni en Dirham mais plutôt par la
position du curseur du cœur de chaque.
Quant à mon éventuelle
adhésion à l’A.H.M.E, elle ne se traduira pas par un scoop. Je
suis prêt à œuvrer dans n'importe quelle entreprise humaniste
de bonne foi. Par attitude empirique, je me méfie de la kyrielle d'ONG,
d'ASSOCIATIONS dont le seul but est à caractère lucratif. Et je crois que les
Haratines de France en ont assez vu lorsque du temps des « Abdallahi Ould
Hormetallah » les dols étaient la chasse gardée des prétendument
défenseurs des droits de l'Homme.
Merci de m'avoir donné
l'occasion de m'exprimer.
Le
Blog au Secours des haratine : Sos-Abolition vous remercie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire