La classe ouvrière de France
mène la guerre pour la liberté d’expression
La classe ouvrière choisit ses
combats et c’est son droit. Depuis quelques années la classe ouvrière de France
a choisi de mener la lutte sur le front idéologique de la lutte de classe pour le
droit d’expression, le droit de réunion, le droit d’opposition, le droit
d’organisation et contre le délit d’opinion.
Quand le Ministre français de
l’Intérieur exprime publiquement son aversion pour un artiste et suggère qu’il
pourrait user de son titre ministériel pour poser des gestes inconstitutionnels
comme d’interdire les spectacles à venir – non encore rédigés – d’un humoriste
apprécié, l’accusant par contumace et par anticipation, d’être présumé coupable
avant que d’avoir sévit ; on atteint des sommets de déraison que l’on aimerait
voir condamné par le Président de la République pas encore fasciste. On voudrait
entendre le Premier Ministre, patron de ce Ministre délinquant, rappeler à
l’ordre ce garnement.
Au contraire, le collègue du
précédent, Ministre de l’Économie et des Finances, empêtré dans la crise
économique, le chômage et les scandales financiers, en rajoute et invite les
citoyens à empêcher l’artiste de gagner son pain. Il signe même de sa main les
affidavits administratifs de poursuite destinés à ce citoyen lambda somme toute
plutôt moyen. Le Ministre n’avait pas pris cette peine dans l’affaire Bettencourt
multimilliardaire héritière de la fortune l’Oréal ; ni dans
l’affaire Depardieu, multimillionnaire fuyant le fisc parisien ; non plus
qu’à propos d’Arnault, première fortune de France, s’éclipsant vers la
Belgique.
Comme le souligne Dieudonné,
comment va-t-il payer plus d’impôt si le Ministre des finances milite
activement pour le boycott de ses propos ? Une question tout aussi irritante me
tourmente : depuis quand un Ministre des finances tient-il inquisition et
joue-t-il les censeurs contre les spectateurs ?
Et voici s’avancée au milieu
de la mêlée, au centre de l’allée des strapontins ministériels, la daube noire
de service, désignée à la Justice, miss Christiane Taubira, fraichement
coopté Garde des Sceaux parmi les marguillers en procession vers
l’Élysée. La fugace Ministre tient mordicus à apporter sa contribution dans la
guerre contre le trublion, celui par qui la résistance s’organise. La dame
appel au lynchage public de l’inconscient, professe des menaces et exige des
sanctions toujours plus salaces. La Ministre de la Justice, redevable devant 66
millions de français, s’épand d’une déclaration dans les médias internationaux
à l’encontre d’un commettant, affirmant sa résolution à faire taire l’insolent.
Mais consciente de la guerre de classe en cours elle s’en prend également au
public du troubadour, créant séance tenante le délit de perversion humoristique :
«Faut-il que son talent soit stérile pour qu’il n’ait d’autres motifs pour
faire s’esclaffer des esprits irresponsables ou incultes ou pervers, qu’une
tragédie, un génocide (…)». La Dame des bayous, «Garde des Sceaux», en
rajoute : «Il faut donc descendre dans l’arène, disputer pied à pied,
pouce par pouce l’espace de vie commune, faire reculer cette barbarie ricanante
(sic) la refouler, occuper le terrain par l’exigence et la convivialité.» (1).
Depuis quand le lynchage, l’acharnement juridique, l’invective d’une Ministre
de la Justice contre le public français sont-ils les instruments exigés de la
convivialité? Assurément il y a quelque chose de pourri au royaume de Sacha
Guitry (2).
Force est de constater qu’il y
a bien une affaire Dieudonné M’bala un humoriste né en France de
mère française et de père camerounais. Trois questions nous interpellent
avec insistance. La première : quels sont les sources et les motifs de
l’affaire Dieudonné ? La deuxième : quels en sont les
protagonistes ? La troisième : Où espère-t-on aller à l’Élysée avec
cette persécution publique contre Dieudonné ?
Quels sont les sources et les
motifs de l’affaire Dieudonné ?
Pour répondre à cette question
il faut convenir de quelques prémices, jamais affirmé mais toujours appliqués
sans mots dires en ce royaume autocratique poujadiste.
La société française est une société
extrêmement hiérarchisée, normée, régulée, engoncée dans des protocoles imposés
par des poncifs qui se cooptent sans jamais avoir été accrédités par la
populace. La nouvelle oligarchie gouvernementale vient nécessairement des
Grandes écoles et pour mériter la notoriété de maire-député le candidat doit
avoir passé par ces «Tours d’Argent» obligées. Les aristocrates de la langue –
plastronnée à l’Académie française – imposent leur diktat sur la langue parlé
par des millions d’individus. La communauté francophone du monde entier traine
ce boulet d’une grammaire imaginée à une époque où l’aristocratie conservait
compliqué l’expression écrite comme son fief exclusif. Nous savons aujourd’hui
ce que les jeunes font de ce fourbi. Combien de fois n’ai-je entendu hébétée un
africain aliéné, plus français qu’un métropolitain, s’écrier que tout citoyen
doit respecter le Président de la République que ce dernier soit un saint ou un
vaurien. Un crétin en autorité devrait conserver sa renommée !
De l’axiome qui précède, il découle que
chaque classe sociale et chaque segment de classe joue son rôle social global.
Il ne viendrait pas à l’idée d’un petit-bourgeois de durement critiquer son
Président sur les ondes sous peine d’être saqué. Les dernières entrevues
téléguidées par Sarkozy montraient cette animatrice se contorsionnant pour ne
pas poser la question qui tue à son ami et Président
La société française entretient une
relation singulière avec la culture et les médias censés propager la culture
élitiste. Il est là aussi des règles non-écrites mais respectées par tous (ou
presque). L’une d’elle dit que le terrain des médias à la solde est la chasse
gardée de la petite-bourgeoise intellectuelle qui ne doit en faire usage qu’au
bénéfice de ses maîtres. Ceci étant admis – les chefs d’antenne, les directeurs
de pupitres, les éditorialistes, les animateurs radio et télés peuvent exposer
toutes les insignifiances qu’ils voudront à condition que la classe ouvrière n’y
soient jamais représentée – la vie d’un esclave salarié n’offrant rien de
palpitant pour les téléspectateurs aliénés qui doivent être abreuvés des
péripéties de la vie de Johnny et de la propagande-informative – prédigérée –
analysée et interprétée, ne laissant que les onomatopées à déclamer par
le spectateur passif et compassé. Les artistes, les écrivains, les
journalistes, les politiciens sont soumis à cette loi d’airain tout comme
l’animateur télé dont le rôle est de leur faire faire leur tour de piste,
chacun selon son cirque : «Parlez beaucoup pour ne rien dire ça devrait
suffire, de toute façon le temps d’antenne vous est compté».
Ce pattern d’ensemble ne souffre aucune
incartade – aucune initiative intempestive – aucune saute d’humeur non
approuvée par les autorités et aucune originalité incontrôlée sur les plateaux
fragilisés où à la fin on vous dira que cette salade a toujours été servi aux
différents publics desservis qui ne réclament rien de plus exquis. Les audimats
(côtes d’écoute) identifient celui qui déroge à cette routine et qui le paie
par des tarifs publicitaires en déprime. Comme ceux qui réclament et ceux qui
achètent la réclame sont les mêmes – la machine programmatique et l’appareil de
propagande fonctionnent en tandem, de la façon convenu, ce que confirment les
sondages. Jusqu’au jour où un grain de sable se glisse dans l’engrenage. En
France aujourd’hui ce grain de sable a pour nom Dieudonné M’bala M’bala.
Qui sont les protagonistes de
cette controverse idéologique ?
Un artiste, un humoriste, un
journaliste, un politique, un intellectuel déviant (Jean-Paul Sartre pendant sa
phase maoïste étant l’exemple probant) qui ne respecte pas ce code d’éthique
inédit – jamais dit mais toujours admis – complique la vie des Égéries. Arrive Dieudonné
croyant naïvement à la liberté d’expression, faisant fi des tabous – des
non-dits, manquant de respect envers les intouchables-innommables, ceux dont on
ne prononce le nom qu’après avoir fait génuflexion, négligeant le fait que
cette immense machine de propagande n’est pas faite pour informer mais pour
désinformer et pour tromper en ayant l’air d’interroger des commentateurs
ignares – venus faire la promotion de leur dernier manuscrit – toujours prompt
à retourner l’ascenseur à l’animateur lui-même éditeur de quelques pensées
plagiées.
Qu’un débutant s’enfarge faute
de maîtriser le rituel du cérémonial télévisé; qu’il dise des choses non
admises, à la limite du proscrit, il n’y a là rien d’inédit. L’animateur lui
présentera une question complémentaire accompagné de la réponse à braire – ou
alors un autre intervenant sur le plateau, planquer là pour ce boulot, se
chargera de rappeler le béotien à l’ordre de la pensée unique – prête à
consommer et au service des riches.
La sélection des privilégiés
du quotidien et de l’antenne ayant lieu avant-scène, Il arrive rarement qu’un
artiste, un journaliste, un analyste, un politique fasse la sourde oreille et
continue à déblatérer pour faire croire que les médias sont là pour informer.
Car aussitôt l’amicale des chacals – animateurs, chef de plateau,
éditorialistes et plumitifs – lance le mot d’ordre de boycott général – et si
certains ne semblent pas avoir compris alors un thuriféraire accrédité – un
intellectuel abouché avec les autorités – lance une «fatwa» contre le malfrat.
Jusqu’ici inutile d’ameuter les Ministres et les plénipotentiaires accrédités
auprès des chancelleries.
C’est ici qu’un humoriste,
coupable d’outrage au pouvoir idéologique despotique, devient le «cas Dieudonné».
Et plutôt que de faire amende honorable et de se taire après s’être confondu en
décharge, jurant de ne plus jamais récidivé – l’humoriste tient tête et en
remet. Le voici qui use du droit d’expression, d’opinion, de réunion,
d’organisation, d’opposition, sans restriction et sans autorisation. C’est la
profession même de meneur d’antenne, de faiseur d’opinion, de créateur de
consentement, de lèche culs des puissants et de leurs adjudants que cet artisan
du spectacle joue à la roulette des audimats.
Où va l’État bourgeois
français si tout un chacun peut émettre et diffusés publiquement des idées non
normées – non politiquement approuvées ? Si n’importe quel croquant peut
quitter son studio et monter sur le plateau pour être entendu par la multitude
des frustrés, des enragés paupérisés qui n’attendent que cela pour maugréer
contre le pouvoir dépravé ? Pire, avec les nouveaux moyens de
télécommunication un artiste comme Dieudonné peut déposer une vidéo sur
Youtube qui sera visionnée par quelques millions de révoltés. Le monopole
de la parole n’est plus respectée et même la ligue des biens pensants –
accrédités parce qu’assujettis – ne parvient plus à colmater l’hémorragie de la
pensée libérée.
Où espère-t-on aller à
l’Élysée avec cette persécution contre Dieudonné ?
Les salariés de France ne s’y
sont pas trompé, qui se mobilisent pour défendre le droit d’expression et
d’opinion de Dieudonné, pour défendre le porte-parole des sans voix, comprenant
parfaitement que ce sont les droit d’opinion, d’expression, d’opposition, de
réunion et d’organisation qui sont remis en question. L’État policier ne doit
pas imposer le délit d’opinion. C’est un niveau de conscience populaire qui ne
fait pas l’affaire des thuriféraires qui se liguent et appel au boycott totale
du résistant afin de rétablir leur autorité despotique malmenée. Encore un peu
et leurs patrons exigeront des comptes à ces poltrons incapables de faire taire
l’humoriste grégaire et populaire.
Voilà pourquoi chacune de ses
paroles est devenue une affaire d’État policier. C’est le pouvoir de
manipulation de l’information et de l’opinion qui sont en jeux et la
propagation de cette fronde populaire menace l’édifice étatique
capitaliste. L’intervention du CRIF et de la section sioniste du patronat et
des banquiers français n’est que fortuite. Pour des raisons historiques cette
section du grand capital français est mieux organisé et plus prompte à se
mobiliser pour une répartie planifiée. Dieudonné a même eu le courage de
prendre fait et cause pour le valeureux peuple Palestinien attirant de ce fait
l’opprobre du contingent sioniste et de tous les autres segments des
capitalistes français.
La rancœur gronde à Matignon.
Une exécution médiatique et artistique sommaire a échoué. L’affaire est en
train de prendre des proportions internationales. Ce sont les coolies du
stylo, du clavier et des plateaux qui ont appelé les apparatchiks
gouvernementaux à la curée afin d’étouffer cette fronde sociale pour le droit
d’expression, d’opinion, de réunion et contre le maintien de l’hégémonie des
riches sur les idées véhiculées dans la société.
Le crime de Dieudonné ce n’est
pas l’antisémitisme, pas même l’antisionisme, c’est la résistance flamboyante
au despotisme idéologique des riches. Pour ces milliers de coolies de la radio,
des journaux et des plateaux, perdre la guerre Dieudonné c’est de voir
contesté leur autorité et se vider l’auge où ils ont l’habitude de se goinfrer.
Pour les ouvriers et les
salariés paupérisés et révolté, les quenelles et Dieudonné sont devenus des
symboles de résistance populaire contre l’oligarchie honnie. La guerre de
classe est engagée sur le front idéologique d’une lutte à finir. Les ministres
Vals, Moscovici, Taubira ne s’y sont pas trompés et lancent l’offensive afin de
faire taire ce pestiféré, gênant pour la puissante machine de l’État policier.
Mais ce faisant, chaque agression menée contre le citoyen Dieudonné montre la
fragilité de l’État tétanisé. Pensez donc, un homme seul contre tout un
gouvernement et une coterie de médias propriétés de milliardaires déchaînés. Mais
en réalité ce que Dieudonné est en train de démontrer c’est qu’un homme
ostracisé par les célébrités, qui ose affronter l’appareil de répression
gouvernemental et médiatique, trouve des milliers et des milliers de salariés
pour le secondé et l’appuyer.
Désormais, chaque exaction
contre Dieudonné, y compris «l’anataxe-shohananas», agrandira et
galvanisera le cercle de ses amis qui ira en s’élargissant tandis que la quenelle
ira en s’amplifiant. Je crois que 2014 verra l’effondrement de ce gouvernement
délirant, battu par «David» M’bala M’bala à la quenelle géante et insolente.
Robert Bibeau/Canada
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