Le prix pour la cause des droits de l’homme
que les Nations Unies m’ont octroyé a valeur de défaite cuisante pour le
pouvoir Mauritanien dans sa compétition diplomatique face à IRA-Mauritanie et
son président'
Le Calame: Partagez-vous l’avis de
Me Fatimata M’Baye, présidente de l’AMDH, qui trouve excessifs les propos du PM
sur le prix que vous ont attribué les Nations Unis ?
Biram Ould Dah Ould Abeid : Je partage tout
avec Me Fatimata Mbaye, qui est notre exemple dans l’engagement militant, notre
soutien indéfectible durant tout notre parcours et aussi notre avocate et
conseil pendant tous les procès qui nous ont été intentés par les autorités
racistes et esclavagistes de la RIM.
Je partage aussi l’opinion de Me Mbaye
concernant les propos malveillants du premier ministre mauritanien,
stigmatisant ma personne, la communauté hratine à laquelle j’appartiens et
stigmatisant aussi les Nations Unies qu’il a traitées, dans son interview avec
le journal égyptien, Al Ahram, comme une marionnette entre les mains de l’Etat
d’Israël.
M. Moulaye Ould Mouhamed Laghdaf, deuxième
personnage de l’Etat Mauritanien, un Etat membre des Nations Unies, s’est
permis de parler avec autant de légèreté, minimisant le Prix pour la cause des
droits de l’homme que les Nations Unies octroient tous les cinq ans à des
personnalités classées de haute probité morale, politique et idéologique dans
leur engagement en faveur de la cause de l’être humain.
Cette hardiesse à tenir des propos méprisants
à l’égard du système onusien, de ses décisions et de ses symboles est bel et
bien à l’image d’un Etat hors-la-loi et voyou comme l’Etat mauritanien qui
applique un code noir, un code d’esclavage à la place des principes de la
déclaration universelle des droits de l’homme, un Etat qui applique une
politique de discrimination raciale, de discrimination du genre et de naissance
; un Etat qui supprime le pouvoir judiciaire, combat la transparence, tolère
les génocides et encourage le grand banditisme.
Moulaye Mohamed Laghdaf, lui-même, traine des
handicaps moraux et de probité, à l’instar de cette rumeur répandue et
persistante qui lui prête le fait d’avoir usé du faux pour s’arroger un diplôme
et un titre académique appartenant à une défunte personne. D’autre part, le
premier ministre mauritanien a prétendu que Biram ne mérite pas le prix des
Nations Unies, parce qu’il est un Mauritanien inconnu; je voudrais signaler à
votre premier ministre que tel n’est pas un critère dans l’octroi de cette
distinction.
Je lui dirai par ailleurs que je suis
l’unique Mauritanien sur le sort duquel s’est réuni un cabinet gouvernemental,
c'est-à-dire le conseil des ministres qui s’est réuni le 2 mai 2012 uniquement
pour prendre des mesures contre moi. Entre autres évènements nationaux et
internationaux dans lesquels Biram Dah ABEID et IRA-Mauritanie ont été les
principaux protagonistes.
Concernant les propos de Moulaye Ould
Mouhamed Laghdaf disant que les Hratine sont une minorité manipulée par l’Etat
hébreu, je me permets de lui signaler la contradiction flagrante, car lui et
son gouvernement ont soutenu depuis toujours qu’il n’y avait pas de Hratine,
mais plutôt des Arabes. Il parait que votre premier ministre est entrain d’ôter
leur arabité aux Hratine, n’en déplaise à ses intimes alliés et nationalistes
arabes noirs.
En tout cas, la minorité est connue, mais
elle est au pouvoir et détient tous les leviers de ce pouvoir sans partage,
sans justice et sans aucun sens de prévenir les ras-le-bol et les explosions de
colère et de violence.
Cette minorité est représentée par les
segments arabo-berbères qui ont fondé leur machiavélisme pour la pérennité au
pouvoir sur l’exclusion des Hratine, l’extermination et la déportation des
Noirs ainsi que les alliances avec les régimes totalitaires Saddamien,
Kaddafiste, les royaumes argentiers du Golfe, l’Union Européenne ou les Etats
Unis d’Amérique mais aussi l’Etat d’Israël.
-Dans votre déclaration au retour
des New York, vous avez affirmé, en substance, que ce prix est une défaite pour
vos adversaires du système en place. Que pourrait changer ce prix pour votre
combat ?
-En effet, l’Etat et les groupes dominants
mauritaniens qui ont fondé leur mode de vie sur l’esclavage et leur système sur
une coercition physique, politique, idéologique et religieuse visant le
bâillonnement et l’écrasement des groupes dominés ont aussi misé sur une
diplomatie active de déni de l’esclavage, de la traite des personnes, des
délits et crimes racistes en vigueur en Mauritanie.
Ils ont adopté aussi la politique
d’exhibition de faux témoignages sur les violations des droits de l’homme, faux
témoignages exprimés dans les forums internationaux et dans les médias
nationaux par des cadres et personnalités issus de groupes victimes d’esclavage
et de racisme, cooptés par les services de renseignements et placés dans des
fonctions de ministre, de diplomate, de hauts fonctionnaires de l’Etat ou de
dirigeants de pseudo organisations de droit civil.
Tous ces rôles d’avocat de l’Etat contre les
opprimés, contre les justes, contre IRA et son président, ont été payés au
détriment du contribuable mauritanien. Donc des sinécures coûteuses des voyages
très chers, des hôtels de luxe et autre instruments de propagande ont été mis
par l’Etat à la disposition de cette armée de laudateurs, de délateurs et de
faux témoins qui ont sillonné le monde pendant cinq années et sillonné la
Mauritanie pour défigurer l’image d’IRA-Mauritanie et discréditer son
président.
Certes, l’Etat et ses milices susnommées ont
perdu toute bataille commençant par le premier procès intenté contre
IRA-Mauritanie le 13 décembre 2010 en passant par la bataille autour de la
sacralité des livres esclavagistes, jusqu’à notre obtention de distinctions
internationales. Le summum de ces distinctions a été le prix pour la cause des
droits de l’homme que les Nations Unies m’ont octroyé et qui a valeur de la
défaite cuisante et sans appel du pouvoir Mauritanien dans sa compétition
diplomatique sans merci face à IRA-Mauritanie et son président
-Une affaire de blasphème est en
train de défrayer la chronique. Certains ont même fait le lien avec votre
autodafé de certains livres du rite Malekite. Que vous inspire cette affaire ?
-Cette affaire m’inspire l’hypocrisie,
l’immoralité et l’injustice qui caractérisent l’Etat, les segments dominants,
les partis politiques et le clergé, arabo-berbères de Mauritanie.
Mouhamed Cheikh Ould Mkhaitir, un jeune homme
issu de la caste des forgerons (artisans), un groupe d’intouchables dans la
société Mauritanienne, méprisé et exposé à l’humiliation car traités de Juifs,
de pervers, de maudits et d’impurs par les écrits et lois dites religieuses en
Mauritanie, leur relégation et leur oppression est justifiée par le clergé
arabo-berbère dominant à travers une interprétation intéressée, erronée et
discriminatoire de la religion musulmane.
Tout ceci ne justifie pas, à mes yeux,
l’atteinte au prophète Mohamed, paix et salut sur lui, ni à Dieu, le Créateur.
Nonobstant tout cela, Ould Mkhaitir a soutenu dans un article paru avant son
arrestation qu’il n’a jamais eu l’intention de stigmatiser le prophète Mohamed
qu’il respecte et qu’il sublime comme tous les autres Musulmans.
Donc il est clair que Ould Mkhaitir est visé
par la société et l’Etat fondés tous les deux sur les inégalités, les
discriminations et les stigmatisations de caste et de naissance parce qu’il est
un forgeron et parce qu’il fait partie des membres de cette communauté qui
commencent à dénoncer les inégalités dont ils souffrent et les fausses
interprétations qui leur sont infligées par les écrits placés par l’Etat et les
groupes dominants au niveau du sacré et qui fondent et légitiment le pouvoir de
l’aristocratie religieuse et obscurantiste au pouvoir en Mauritanie.
Par ailleurs, il n’est un secret pour
personne que le blasphème proprement dit et la transgression du sacré sont le
fait de ceux qui dirigent l’Etat, les mosquées et les tribus en Mauritanie,
car, au nom de la religion, les groupes dominants et les clergés justifient
l'infamie des pratiques esclavagistes, les atrocités et crimes racistes, le
mensonge, le faux témoignage et la délation, bref toutes les abominations et
péchés que représentent les grands interdits dans la religion musulmane.
Je réitère ici encore que les codes
d’esclavage, de fornication et de viol que j’ai incinérés n’ont rien à voir, ni
avec Malick Ibn Eness, ni avec son rite ni avec la religion musulmane. Ce sont
des lois de pratiques 'jahelites', fascistes et obscurantistes qui visent à
assouvir les vices et pulsions de personnes et de groupes sans foi, ni loi, ni
religion. Je continuerai à défier ceux qui veulent dire le contraire à me
confronter directement et publiquement dans les médias, dans les mosquées ou
dans un procès publique qu’ils peuvent m’intenter et auquel je serais
volontairement présent pour vider ce compte par un jugement en bonne et due
forme ?
-Jusqu’à quand Ira et le parti
politique RAG vont attendre toujours leur récépissé du ministère de l’intérieur
?
-IRA et le parti RAG ne se sont jamais
résignés à placer leur sort entre les mains d’un gouvernement acquis à
l’arbitraire, à la répression au racisme et à l’esclavage. IRA et le RAG n’ont
cessé de mener des actions à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, de
remporter des victoires et d’avancer vers le but ultime qui est l’éradication
des injustices par la déconstruction du système qui les fonde .
-La Mauritanie vient de sortir des
élections municipales et législatives. Pensez-vous qu’elles ont soldé la tension
politique entre le pouvoir et la COD?
-Ces élections sont les plus lamentables et
les plus controversées de l’histoire de la Mauritanie. Ce ne sont pas des
élections qui peuvent solder les tensions et écarter les dangers qui guettent
la paix civile et la pérennité au sein de l’Etat mauritanien, mais un
changement total de la politique d’exploitation des Hratine, de discrimination
contre les Noirs, de redistribution des richesses, de restitution des terres
spoliées, de réparations des crimes commis à grande échelle et c’est après ces
mesures seulement que des élections peuvent signifier quelque chose.
-Vous tirez aussi bien sur le
pouvoir que sur l’opposition. Où se situent alors Ira et le RAG?
-IRA et le RAG sont dans une position
d’opposition totale au serpent qui est le système d’esclavage de racisme, de
prédation économique et de perversion morale et religieuse, un système inique
et réfractaire au droit international, un système qui nargue la communauté
internationale, ce système est un serpent à deux têtes aussi venimeuses l’une
que l’autre, ses deux têtes sont le pouvoir et l’opposition. Cette question de
l'esclavage est une question de société, de valeurs, de mentalité.
Ce n'est pas qu'une question politique. Or si
l'Opposition affronte le Pouvoir sur le plan politique, tel n'est pas toujours
le cas sur le plan des mentalités, des valeurs et des projets de société. Les
esclavagistes, actifs ou passifs, se recrutent dans tous les partis dirigés par
le groupe de domination et parfois les dirigent.
Si, au sein de l'Opposition, des partis se
réclament anti-esclavagistes ou progressistes, qu'ils le prouvent, qu'ils le
manifestent et qu'ils nous rejoignent sur le pont de la lutte pour la dignité
humaine. Pour le moment, nous ne les y voyons pas souvent, bien au contraire,
ils ne ratent pas une occasion pour nous enfoncer.
Propos recueillis par Dalay Lam
Source : Le Calame (Mauritanie)
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