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jeudi 30 janvier 2014

Biram Ould Dah Ould Abeid, président d’IRA dans une interview exclusive:

Le prix pour la cause des droits de l’homme que les Nations Unies m’ont octroyé a valeur de défaite cuisante pour le pouvoir Mauritanien dans sa compétition diplomatique face à IRA-Mauritanie et son président'

Le Calame: Partagez-vous l’avis de Me Fatimata M’Baye, présidente de l’AMDH, qui trouve excessifs les propos du PM sur le prix que vous ont attribué les Nations Unis ?

Biram Ould Dah Ould Abeid : Je partage tout avec Me Fatimata Mbaye, qui est notre exemple dans l’engagement militant, notre soutien indéfectible durant tout notre parcours et aussi notre avocate et conseil pendant tous les procès qui nous ont été intentés par les autorités racistes et esclavagistes de la RIM.

Je partage aussi l’opinion de Me Mbaye concernant les propos malveillants du premier ministre mauritanien, stigmatisant ma personne, la communauté hratine à laquelle j’appartiens et stigmatisant aussi les Nations Unies qu’il a traitées, dans son interview avec le journal égyptien, Al Ahram, comme une marionnette entre les mains de l’Etat d’Israël.

M. Moulaye Ould Mouhamed Laghdaf, deuxième personnage de l’Etat Mauritanien, un Etat membre des Nations Unies, s’est permis de parler avec autant de légèreté, minimisant le Prix pour la cause des droits de l’homme que les Nations Unies octroient tous les cinq ans à des personnalités classées de haute probité morale, politique et idéologique dans leur engagement en faveur de la cause de l’être humain.

Cette hardiesse à tenir des propos méprisants à l’égard du système onusien, de ses décisions et de ses symboles est bel et bien à l’image d’un Etat hors-la-loi et voyou comme l’Etat mauritanien qui applique un code noir, un code d’esclavage à la place des principes de la déclaration universelle des droits de l’homme, un Etat qui applique une politique de discrimination raciale, de discrimination du genre et de naissance ; un Etat qui supprime le pouvoir judiciaire, combat la transparence, tolère les génocides et encourage le grand banditisme.

Moulaye Mohamed Laghdaf, lui-même, traine des handicaps moraux et de probité, à l’instar de cette rumeur répandue et persistante qui lui prête le fait d’avoir usé du faux pour s’arroger un diplôme et un titre académique appartenant à une défunte personne. D’autre part, le premier ministre mauritanien a prétendu que Biram ne mérite pas le prix des Nations Unies, parce qu’il est un Mauritanien inconnu; je voudrais signaler à votre premier ministre que tel n’est pas un critère dans l’octroi de cette distinction.

Je lui dirai par ailleurs que je suis l’unique Mauritanien sur le sort duquel s’est réuni un cabinet gouvernemental, c'est-à-dire le conseil des ministres qui s’est réuni le 2 mai 2012 uniquement pour prendre des mesures contre moi. Entre autres évènements nationaux et internationaux dans lesquels Biram Dah ABEID et IRA-Mauritanie ont été les principaux protagonistes.

Concernant les propos de Moulaye Ould Mouhamed Laghdaf disant que les Hratine sont une minorité manipulée par l’Etat hébreu, je me permets de lui signaler la contradiction flagrante, car lui et son gouvernement ont soutenu depuis toujours qu’il n’y avait pas de Hratine, mais plutôt des Arabes. Il parait que votre premier ministre est entrain d’ôter leur arabité aux Hratine, n’en déplaise à ses intimes alliés et nationalistes arabes noirs.

En tout cas, la minorité est connue, mais elle est au pouvoir et détient tous les leviers de ce pouvoir sans partage, sans justice et sans aucun sens de prévenir les ras-le-bol et les explosions de colère et de violence.

Cette minorité est représentée par les segments arabo-berbères qui ont fondé leur machiavélisme pour la pérennité au pouvoir sur l’exclusion des Hratine, l’extermination et la déportation des Noirs ainsi que les alliances avec les régimes totalitaires Saddamien, Kaddafiste, les royaumes argentiers du Golfe, l’Union Européenne ou les Etats Unis d’Amérique mais aussi l’Etat d’Israël.

-Dans votre déclaration au retour des New York, vous avez affirmé, en substance, que ce prix est une défaite pour vos adversaires du système en place. Que pourrait changer ce prix pour votre combat ?

-En effet, l’Etat et les groupes dominants mauritaniens qui ont fondé leur mode de vie sur l’esclavage et leur système sur une coercition physique, politique, idéologique et religieuse visant le bâillonnement et l’écrasement des groupes dominés ont aussi misé sur une diplomatie active de déni de l’esclavage, de la traite des personnes, des délits et crimes racistes en vigueur en Mauritanie.

Ils ont adopté aussi la politique d’exhibition de faux témoignages sur les violations des droits de l’homme, faux témoignages exprimés dans les forums internationaux et dans les médias nationaux par des cadres et personnalités issus de groupes victimes d’esclavage et de racisme, cooptés par les services de renseignements et placés dans des fonctions de ministre, de diplomate, de hauts fonctionnaires de l’Etat ou de dirigeants de pseudo organisations de droit civil.

Tous ces rôles d’avocat de l’Etat contre les opprimés, contre les justes, contre IRA et son président, ont été payés au détriment du contribuable mauritanien. Donc des sinécures coûteuses des voyages très chers, des hôtels de luxe et autre instruments de propagande ont été mis par l’Etat à la disposition de cette armée de laudateurs, de délateurs et de faux témoins qui ont sillonné le monde pendant cinq années et sillonné la Mauritanie pour défigurer l’image d’IRA-Mauritanie et discréditer son président.

Certes, l’Etat et ses milices susnommées ont perdu toute bataille commençant par le premier procès intenté contre IRA-Mauritanie le 13 décembre 2010 en passant par la bataille autour de la sacralité des livres esclavagistes, jusqu’à notre obtention de distinctions internationales. Le summum de ces distinctions a été le prix pour la cause des droits de l’homme que les Nations Unies m’ont octroyé et qui a valeur de la défaite cuisante et sans appel du pouvoir Mauritanien dans sa compétition diplomatique sans merci face à IRA-Mauritanie et son président

-Une affaire de blasphème est en train de défrayer la chronique. Certains ont même fait le lien avec votre autodafé de certains livres du rite Malekite. Que vous inspire cette affaire ?

-Cette affaire m’inspire l’hypocrisie, l’immoralité et l’injustice qui caractérisent l’Etat, les segments dominants, les partis politiques et le clergé, arabo-berbères de Mauritanie.

Mouhamed Cheikh Ould Mkhaitir, un jeune homme issu de la caste des forgerons (artisans), un groupe d’intouchables dans la société Mauritanienne, méprisé et exposé à l’humiliation car traités de Juifs, de pervers, de maudits et d’impurs par les écrits et lois dites religieuses en Mauritanie, leur relégation et leur oppression est justifiée par le clergé arabo-berbère dominant à travers une interprétation intéressée, erronée et discriminatoire de la religion musulmane.

Tout ceci ne justifie pas, à mes yeux, l’atteinte au prophète Mohamed, paix et salut sur lui, ni à Dieu, le Créateur. Nonobstant tout cela, Ould Mkhaitir a soutenu dans un article paru avant son arrestation qu’il n’a jamais eu l’intention de stigmatiser le prophète Mohamed qu’il respecte et qu’il sublime comme tous les autres Musulmans.

Donc il est clair que Ould Mkhaitir est visé par la société et l’Etat fondés tous les deux sur les inégalités, les discriminations et les stigmatisations de caste et de naissance parce qu’il est un forgeron et parce qu’il fait partie des membres de cette communauté qui commencent à dénoncer les inégalités dont ils souffrent et les fausses interprétations qui leur sont infligées par les écrits placés par l’Etat et les groupes dominants au niveau du sacré et qui fondent et légitiment le pouvoir de l’aristocratie religieuse et obscurantiste au pouvoir en Mauritanie.

Par ailleurs, il n’est un secret pour personne que le blasphème proprement dit et la transgression du sacré sont le fait de ceux qui dirigent l’Etat, les mosquées et les tribus en Mauritanie, car, au nom de la religion, les groupes dominants et les clergés justifient l'infamie des pratiques esclavagistes, les atrocités et crimes racistes, le mensonge, le faux témoignage et la délation, bref toutes les abominations et péchés que représentent les grands interdits dans la religion musulmane.

Je réitère ici encore que les codes d’esclavage, de fornication et de viol que j’ai incinérés n’ont rien à voir, ni avec Malick Ibn Eness, ni avec son rite ni avec la religion musulmane. Ce sont des lois de pratiques 'jahelites', fascistes et obscurantistes qui visent à assouvir les vices et pulsions de personnes et de groupes sans foi, ni loi, ni religion. Je continuerai à défier ceux qui veulent dire le contraire à me confronter directement et publiquement dans les médias, dans les mosquées ou dans un procès publique qu’ils peuvent m’intenter et auquel je serais volontairement présent pour vider ce compte par un jugement en bonne et due forme ?

-Jusqu’à quand Ira et le parti politique RAG vont attendre toujours leur récépissé du ministère de l’intérieur ?

-IRA et le parti RAG ne se sont jamais résignés à placer leur sort entre les mains d’un gouvernement acquis à l’arbitraire, à la répression au racisme et à l’esclavage. IRA et le RAG n’ont cessé de mener des actions à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, de remporter des victoires et d’avancer vers le but ultime qui est l’éradication des injustices par la déconstruction du système qui les fonde .

-La Mauritanie vient de sortir des élections municipales et législatives. Pensez-vous qu’elles ont soldé la tension politique entre le pouvoir et la COD?

-Ces élections sont les plus lamentables et les plus controversées de l’histoire de la Mauritanie. Ce ne sont pas des élections qui peuvent solder les tensions et écarter les dangers qui guettent la paix civile et la pérennité au sein de l’Etat mauritanien, mais un changement total de la politique d’exploitation des Hratine, de discrimination contre les Noirs, de redistribution des richesses, de restitution des terres spoliées, de réparations des crimes commis à grande échelle et c’est après ces mesures seulement que des élections peuvent signifier quelque chose.

-Vous tirez aussi bien sur le pouvoir que sur l’opposition. Où se situent alors Ira et le RAG?

-IRA et le RAG sont dans une position d’opposition totale au serpent qui est le système d’esclavage de racisme, de prédation économique et de perversion morale et religieuse, un système inique et réfractaire au droit international, un système qui nargue la communauté internationale, ce système est un serpent à deux têtes aussi venimeuses l’une que l’autre, ses deux têtes sont le pouvoir et l’opposition. Cette question de l'esclavage est une question de société, de valeurs, de mentalité.

Ce n'est pas qu'une question politique. Or si l'Opposition affronte le Pouvoir sur le plan politique, tel n'est pas toujours le cas sur le plan des mentalités, des valeurs et des projets de société. Les esclavagistes, actifs ou passifs, se recrutent dans tous les partis dirigés par le groupe de domination et parfois les dirigent.

Si, au sein de l'Opposition, des partis se réclament anti-esclavagistes ou progressistes, qu'ils le prouvent, qu'ils le manifestent et qu'ils nous rejoignent sur le pont de la lutte pour la dignité humaine. Pour le moment, nous ne les y voyons pas souvent, bien au contraire, ils ne ratent pas une occasion pour nous enfoncer.

Propos recueillis par Dalay Lam

Source : Le Calame (Mauritanie) 

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