Touche pas à ma nationalité à la lecture des pages les plus sombres de l’histoire de la Mauritanie
Le mouvement « Touche pas à ma nationalité » a effectué en compagnie de plusieurs autres organisations issues de la société civile et du landernau politique les pèlerinages de Sorimalé et d’Inal qui ont eu lieu respectivement les vendredi 23 et mercredi 28 novembre 2012.
Sorimalé ou le cauchemar de la vallée du fleuve
A Sorimalé, TPMN était représenté par une délégation en provenance de Nouakchott conduite par son coordinateur national, le Dr Alassane DIA, et renforcée par une autre envoyée par la section de Kaédi. La cérémonie d’hommage aux victimes de la folie génocidaire de l’Etat raciste de Mauritanie s’est déroulée à Niaki, à quelques encablures du village martyr, où avaient été entassés les corps de Mamadou Oumar LY (né en 1918 à Sorimalé), Dia Samba Diouldé (né en 1918 à Sorimalé), Thierno Moctar Diallo (né en 1946 à Sorimalé), Abou Mamadou Ly (né en 1967 à Sorimalé), tous assassinés le 18 Mars 1990, sans autre forme de procès et dont le seul tort était d’être noirs. Mais qu’on ne s’y trompe pas : la liste macabre des victimes de la barbarie raciste à Sorimalé et dans les villages environnants ne s’arrête pas là ; sept autres personnes ont été exécutées dans les mêmes conditions dont le chef du village de Sorimalé lui-même, assassiné en 1992.
La tragédie de Sorimalé, à l’image de celle de toute la vallée du fleuve qui a vu 476 de ses villages déportés et 355 de ses ressortissants lâchement assassinés (fosses communes de Wothie, Wending et Teydoumal localité qui détient le triste record de la fosse commune regroupant le plus grand nombre de corps, 21) continue puisque le village reste une zone de non droit où l’Etat et ses pontes confisquent et distribuent les terres comme ils veulent et où les fonctionnaires censés assurer la sécurité font la pluie et le beau temps.
Cette visite a permis à TPMN de renouer avec sa base naturelle et de renouveler le pacte de faire en sorte que le Noir de Mauritanie recouvre sa dignité et soit reconnu comme un citoyen à part entière. Le coordinateur l’a rappelé lors de sa prise de parole : les crimes dont il est question ont été commis sous le règne de Ould Taya mais ils restent le fait de l’Etat mauritanien qui refuse jusque-là de faire la lumière sur la tentative de génocide dont ils résultent. Pire, aujourd’hui encore ; la vallée vit toujours un état d’exception : les confiscations de terre, les intimidations et les humiliations demeurent le lot quotidien des habitants comme en témoignent le problème pendant des terres de Sorimalé et d’ailleurs et les exactions commises à Maghama (assassinat de Lamine Mangane) et Ould Yengé actes de (torture sur de jeunes peuls).
Inal ou l’indépendance souillée
A Inal, TPMN était tout aussi bien représenté pour la journée de deuil et recueillement du 28 novembre en souvenir des 28 militaires négro-mauritaniens sacrifiés sur l’autel de la bêtise humaine pour célébrer le trentième anniversaire de l’indépendance nationale en 1990. Le mouvement a dépêché pour l’occasion la quasi-totalité des membres du bureau de la coordination, accompagnés d’un nombre important de militants. Il faut noter aussi la présence de M. Malick Sall coordinateur de TPMN en Belgique. Dans la localité d’Inal, d’emblée inhospitalière, perdue sur le chemin de fer reliant Zouerate à Nouadhibou et rendue tristement célèbre par l’hécatombe des militaires négro-africains dont elle a été le théâtre en 1990, s’est déroulée une cérémonie riche en émotions. Après la lecture du coran pour le repos des âmes des martyrs, les pèlerins sont allés à la découverte des fosses communes dans lesquelles sont entassés les corps des militaires négro-mauritaniens qui sont au nombre de 250 à avoir été massacrés dans la sinistre base militaire de la ville.
Un pays commun mais une nation toujours en projet
Les crimes odieux commis dans la vallée et ceux dont ont été victimes les militaires, ajoutés aux exactions de toutes sortes recensées à travers le pays et qui ont visé la seule communauté négro-mauritanienne, relèvent véritablement d’une volonté affichée d’épuration ethnique et doivent être qualifiés de génocide et de crimes contre l’humanité au lieu de cette hypocrisie bien mauritanienne qui les réduit à une histoire de passif humanitaire, qui ne veut d’ailleurs rien dire.
A ce titre, TPMN se battra avec la dernière énergie pour l’abrogation de la scélérate loi de 1993 qui absout les criminels. En attendant, TPMN se propose, en synergie avec les autres organisations de la société civile, de porter ces crimes devant les tribunaux internationaux ; car aussi longtemps qu’ils resteront impunis, l’unité nationale restera un vœu pieux.
La pendaison des 28 militaires dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990 scelle d’ailleurs l’échec du projet de nation né de l’accession de la Mauritanie à souveraineté internationale puisque cette date a désormais, et pour toujours, des significations diamétralement opposées selon que l’on appartienne à telle ou telle autre composante du pays. En effet avec les pendus d’Inal, est morte l’idée de la Mauritanie telle qu’elle a été conçue au lendemain de l’indépendance et le pays ne peut faire l’économie d’un autre contrat du vivre ensemble sous peine de reproduire ce qui s’est passé au Soudan ou au Mali.
La Coordination
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