"A force de jouer avec les
étincelles, on met le feu à toute la plaine
" Ce propos de Mao Zedong peut s'appliquer à ce qui se dessine
aujourd'hui dangereusement au Mali et dans toute la sous-région. Nous
savons que l'armée malienne, à elle seule, est incapable de
reconquérir le nord occupé. Cette armée, aujourd'hui déchirée et
divisée en plusieurs factions, ne sait même plus de qui elle doit
recevoir des ordres. Sont-ce les ordres émanant du" président"
Dioncounda Traoré qui priment ? Ou ceux du capitaine putschiste,
gonflé de prétentions et tapis dans l'ombre, qu'elle exécute ? Alors
que le premier ministre, Modibo Diarra, qui se prend pour le premier
personnage du pays et ne manque pas une occasion pour se mettre en
contradiction avec le "président", n'en fait qu'à sa tête ! Où est le
pouvoir central ?
Mais la principale question que nous devons nous poser est encore plus
inquiétante ! Peut-on encore parler d'état malien ? Les faits, tels
qu'ils se présentent, nous obligent à penser que non. Sinon qu'est-ce
qu'un état qui était sensé être indivisible et qui se retrouve avec
deux lois dont chacune se veut fondamentale ? Le Mali n'est pas et
n'a jamais été un état fédéral. Mais aujourd'hui nous avons, dans ce
pays, la loi de Bamako et celle du Nord. On serait même tenté de
parler des peuples du Mali au lieu du peuple malien ! Ce qui définit
un état, c'est sa capacité à monopoliser la violence légitime, à juger
et à punir, donc à édicter sa loi sur l'ensemble de son territoire. Or
ce que nous voyons aujourd'hui, c'est la loi qui punit, ampute des
mains et lapide des femmes. Cette loi obscure est imposée par des
hommes sortis des ténèbres, mais elle est appliquée dans une partie
d'un pays dont l'autre partie vit sous une autre loi ! Aussi je pense
que ceux qui continuent à parler d'un état malien font preuve de
cécité face à une situation qui, à tout moment, peut faire disparaître
le Mali tel que défini depuis son accession à l'indépendance en 1960
et embraser la sous-région. Le Nord-Mali est en train de devenir de
jour en jour, sans que l'on y prenne trop garde, la capitale de tout
ce que l'Afrique compte de fondamentalistes, de laissés- pour- compte
et, surtout, d'hommes n'ayant rien à perdre. Leur point de
convergences d'où, pensent-ils, ils pourront partir à la conquête de
nouveaux territoires. Et cela en brandissant des slogans éculés:
lutte contre la corruption et contre l'immoralité, retour aux valeurs
fondamentales de l'islam etc...Il faut dire que trop longtemps les
régimes de la sous-région se sont attelés à fabriquer l'homme qui n'a
rien perdre. Cet homme qui se sent méprisé et exclu du partage des
richesses, cet homme pour qui les gouvernements ne sont rien d'autres
que des associations de malfaiteurs, pour ne pas dire des sectes
féodales qui ne servent que les leurs. Pour cet homme, qui en arrive à
se dire qu'une fin effroyable est préférable à un effroi sans fin, le
Nord-Mali est une aubaine puisqu'on lui fait miroiter un monde juste
basé sur les instructions du Saint Coran. C'est un leurre mais il ne
le voit pas, tout absorbé par le mirage d'un idéal. Mais ce qui se
passe au Mali prouve, encore une fois, l'incapacité des pays africains
à se sortir seuls des situations de crise. Le manque de promptitude de
la C. D. E. A. O. et de L'union africaine n'a fait qu'aggraver une
situation. Si la C.D.E.A.O., fondée en 1975 et réunissant plus d'une
quinzaine pays, est incapable de mobiliser 33000 hommes, je dis qu'il
y' a franchement de quoi désespérer d'une telle organisation
sous-régionale. Nous savons tous qu'il faudra l'appui logistique de
certains pays occidentaux pour reconquérir le Mali, mais je doute de
la volonté politique des pays africains. Le Mali divisé est un enfer
aux portes des pays frontaliers, contrairement aux calculs politiques
et aux arrières pensées de salon. Aucune négociation ne doit être
entreprise avec ceux qui ont divisé le Mali. Ceux sont des idéologues,
et on ne peut convaincre un idéologue qui est dans un monde dont il
est le seul à comprendre les mécanismes. Négocier, c'est céder quelque
chose, car on ne peut négocier sans faire des concessions. Le Pays de
Filly Dabo Cissoko doit retrouver son unité. Toute son unité ! Et
ceci est l'affaire de tous les pays de la sous-région. Ceux qui se
mettront à l'écart doivent s'attendre à en payer les conséquences. Le
terrorisme n'ayant pas de terre d'élection, les fanatiques
interpréteront leur passivité comme une forme d'adhésion à leur vision
du monde. Il me semble que la première chose à faire est d'exhorter ce
qui reste de l'exécutif malien à parler d'une seule voix. Que le
premier ministre cesse de dire le contraire de ce que dit le
"président". Le temps de la politique " du cède-moi ta place" est
encore loin. Libérer le Mali est la seule et unique priorité du moment
si nous ne voulons pas être soumis à la loi des sauvages pour longtemps.
Car celui qui détruit la culture, et quelle Culture, n'a aucune autre
perspective que la sauvagerie ! Et c'est par peur des ténèbres que nous
pleurons Tombouctou. Et nous pleureront encore et encore jusqu'au jour
où l'espoir brillera sur cette ville qui nous appartient tous !
Sakho Mamadou.
(Mamadou Boubou Sakho)
" Ce propos de Mao Zedong peut s'appliquer à ce qui se dessine
aujourd'hui dangereusement au Mali et dans toute la sous-région. Nous
savons que l'armée malienne, à elle seule, est incapable de
reconquérir le nord occupé. Cette armée, aujourd'hui déchirée et
divisée en plusieurs factions, ne sait même plus de qui elle doit
recevoir des ordres. Sont-ce les ordres émanant du" président"
Dioncounda Traoré qui priment ? Ou ceux du capitaine putschiste,
gonflé de prétentions et tapis dans l'ombre, qu'elle exécute ? Alors
que le premier ministre, Modibo Diarra, qui se prend pour le premier
personnage du pays et ne manque pas une occasion pour se mettre en
contradiction avec le "président", n'en fait qu'à sa tête ! Où est le
pouvoir central ?
Mais la principale question que nous devons nous poser est encore plus
inquiétante ! Peut-on encore parler d'état malien ? Les faits, tels
qu'ils se présentent, nous obligent à penser que non. Sinon qu'est-ce
qu'un état qui était sensé être indivisible et qui se retrouve avec
deux lois dont chacune se veut fondamentale ? Le Mali n'est pas et
n'a jamais été un état fédéral. Mais aujourd'hui nous avons, dans ce
pays, la loi de Bamako et celle du Nord. On serait même tenté de
parler des peuples du Mali au lieu du peuple malien ! Ce qui définit
un état, c'est sa capacité à monopoliser la violence légitime, à juger
et à punir, donc à édicter sa loi sur l'ensemble de son territoire. Or
ce que nous voyons aujourd'hui, c'est la loi qui punit, ampute des
mains et lapide des femmes. Cette loi obscure est imposée par des
hommes sortis des ténèbres, mais elle est appliquée dans une partie
d'un pays dont l'autre partie vit sous une autre loi ! Aussi je pense
que ceux qui continuent à parler d'un état malien font preuve de
cécité face à une situation qui, à tout moment, peut faire disparaître
le Mali tel que défini depuis son accession à l'indépendance en 1960
et embraser la sous-région. Le Nord-Mali est en train de devenir de
jour en jour, sans que l'on y prenne trop garde, la capitale de tout
ce que l'Afrique compte de fondamentalistes, de laissés- pour- compte
et, surtout, d'hommes n'ayant rien à perdre. Leur point de
convergences d'où, pensent-ils, ils pourront partir à la conquête de
nouveaux territoires. Et cela en brandissant des slogans éculés:
lutte contre la corruption et contre l'immoralité, retour aux valeurs
fondamentales de l'islam etc...Il faut dire que trop longtemps les
régimes de la sous-région se sont attelés à fabriquer l'homme qui n'a
rien perdre. Cet homme qui se sent méprisé et exclu du partage des
richesses, cet homme pour qui les gouvernements ne sont rien d'autres
que des associations de malfaiteurs, pour ne pas dire des sectes
féodales qui ne servent que les leurs. Pour cet homme, qui en arrive à
se dire qu'une fin effroyable est préférable à un effroi sans fin, le
Nord-Mali est une aubaine puisqu'on lui fait miroiter un monde juste
basé sur les instructions du Saint Coran. C'est un leurre mais il ne
le voit pas, tout absorbé par le mirage d'un idéal. Mais ce qui se
passe au Mali prouve, encore une fois, l'incapacité des pays africains
à se sortir seuls des situations de crise. Le manque de promptitude de
la C. D. E. A. O. et de L'union africaine n'a fait qu'aggraver une
situation. Si la C.D.E.A.O., fondée en 1975 et réunissant plus d'une
quinzaine pays, est incapable de mobiliser 33000 hommes, je dis qu'il
y' a franchement de quoi désespérer d'une telle organisation
sous-régionale. Nous savons tous qu'il faudra l'appui logistique de
certains pays occidentaux pour reconquérir le Mali, mais je doute de
la volonté politique des pays africains. Le Mali divisé est un enfer
aux portes des pays frontaliers, contrairement aux calculs politiques
et aux arrières pensées de salon. Aucune négociation ne doit être
entreprise avec ceux qui ont divisé le Mali. Ceux sont des idéologues,
et on ne peut convaincre un idéologue qui est dans un monde dont il
est le seul à comprendre les mécanismes. Négocier, c'est céder quelque
chose, car on ne peut négocier sans faire des concessions. Le Pays de
Filly Dabo Cissoko doit retrouver son unité. Toute son unité ! Et
ceci est l'affaire de tous les pays de la sous-région. Ceux qui se
mettront à l'écart doivent s'attendre à en payer les conséquences. Le
terrorisme n'ayant pas de terre d'élection, les fanatiques
interpréteront leur passivité comme une forme d'adhésion à leur vision
du monde. Il me semble que la première chose à faire est d'exhorter ce
qui reste de l'exécutif malien à parler d'une seule voix. Que le
premier ministre cesse de dire le contraire de ce que dit le
"président". Le temps de la politique " du cède-moi ta place" est
encore loin. Libérer le Mali est la seule et unique priorité du moment
si nous ne voulons pas être soumis à la loi des sauvages pour longtemps.
Car celui qui détruit la culture, et quelle Culture, n'a aucune autre
perspective que la sauvagerie ! Et c'est par peur des ténèbres que nous
pleurons Tombouctou. Et nous pleureront encore et encore jusqu'au jour
où l'espoir brillera sur cette ville qui nous appartient tous !
Sakho Mamadou.
(Mamadou Boubou Sakho)
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