Tout cela est
éclairant. Et c’est très bien dit. En effet, la Mauritanie est loin et même
très loin d’être une démocratie. Et pire encore, rien ne peut laisser penser
que c’est un pays en marche vers un modèle démocratique quelconque. Le
découpage électoral à lui tout seul démontre cet état de fait. En vérité, les
militaires mauritaniens n’ont pris le pouvoir que parce qu’ils se sont montrés
incapables de remplir leur fonction première : défendre l’intégrité
territoriale de la Mauritanie.
Le parti unique fondé
par feu Moktar Ould Daddah et ses compagnons fondateurs de la Mauritanie (à
partir rien !) n’était qu’une étape, mais une étape nécessaire étant
donné le vide politique absolu qui lui préexistait. Et le prétendu « multipartisme »
instauré par le dictateur Ould Taya, dans les années 90, n’a été qu’un leurre.
Et pour preuve, Ould Taya, dont la seule politique était de se maintenir, ad
vitam aeternam, au pouvoir (un pouvoir usurpé !) notamment par
l’instauration d’un système dictatorial essentiellement fondé sur la corruption
généralisée, ne prévoyait aucunement une alternance politique : il
s’imposait à la tête de la Mauritanie et cela lui paraissait tout naturel étant
donné les limites de son intelligence.
Quant aux grandes
puissances, qu’elles fussent coloniales ou non, hélas, elles ont tort,
parfaitement tort, de croire que seuls des putschistes mauritaniens ou
d’ailleurs sont en mesure de défendre leurs intérêts. En effet, les intérêts
bien réels de ces grandes puissances, dans des pays comme la Mauritanie, ne
peuvent être durablement garantis que s’il y a une stabilité durable. Une
stabilité, pour le moins, que les régimes militaires successifs en Mauritanie
n’ont pas pu assurer.
Et il est vrai que la
France, en particulier, a toujours privilégié un dialogue avec la composante
mauresque en Mauritanie. D’ailleurs depuis la France coloniale, il ne
s’agissait que du « Pays des Beïdane » : lire les écrits
nombreux et très précis des officiers supérieurs de la coloniale française.
Mais cette appellation se fonde sur le fait que cette composante mauresque (même
si on lui soustrayait la composante harratine mauresque) est la plus
nombreuse en Mauritanie. Il suffit de ne parcourir que les deux Hodhs pour s’en
convaincre (lorsque Ould Abdel*** parcourut ces deux régions, pour la
première fois, il s’était exclamé ainsi : « les électeurs c’est dans
les Hodhs qu’il faut aller les chercher… ! »). Et c’est
précisément parce que la communauté mauresque est majoritaire en Mauritanie que
l’esclavage, le tribalisme et le racisme qui en découlent y sont persistants.
Et ces fléaux, freins terribles à toute unité nationale, les régimes militaires
successifs en Mauritanie n’ont fait que les amplifier.
Quant aux civils qui
ont émergés sur la scène politique mauritanienne depuis le coup d’état de 1978,
ils sont, pour la plupart, issus, peu ou prou, d’une même fabrique : la
fabrique militaire putschiste. En effet, même lorsqu’ils ont été
opposants à tel ou tel pouvoir militaire, nombreux sont ceux qui ont été, à un
moment ou à un autre, les larbins d’un putschiste : système de corruption
généralisée oblige !
En Mauritanie, ce qui
manque le plus, c’est un vrai un projet de société dans lequel tout citoyen,
qu’il soit de l’Adrar ou du Walo, se considère pleinement partie prenante.
Pour cela il faut des équipes toutes nouvelles capables de faire du benchmarking
politique pour remettre ce pays sur la bonne voie.
Tant qu’un militaire,
même en smoking, sera au pouvoir en Mauritanie, ce projet de société sera
impossible à réaliser. Et tant qu’il ne sera possible d’écarter,
définitivement, toutes les personnes, physiques et morales,
qui ont participé activement à la mise en place de la gabegie généralisée qui
sévit en Mauritanie depuis 1978, ce projet de société ne sera pas
réalisable… !
Deyloule
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