INITIATIVE
POUR LA RÉSURGENCE DU MOUVEMENT ABOLITIONNISTE
Note d‘information sur la caravane de
commémoration des martyrs de Sorimalé
Le mouvement abolitionniste IRA Mauritanie a tenu sa promesse d’organiser et mener une
caravane de commémoration des martyrs de Sorimalé. Dans cette localité du sud
de la Mauritanie, des exécutions extrajudiciaires ont été planifiées par l’armée
mauritanienne, entre 1989 et 1991, contre des membres de la population négro-africaine.
La population noire, vivant majoritairement sur les bords du fleuve Sénégal, a été l’objet
d’un génocide, d’une extermination sans précédant, traduit par l’élimination physique,
la torture, la déportation forcées et l’expropriation. Sur tout le territoire mauritanien, les
citoyens de la communauté noire de Mauritanie sans exception, qu’ils soient
civils, militaires, policiers ou
gendarmes ont subit toute sorte de violence et de racisme: viols des
femmes, torture dans les prisons,
humiliations, expatriation
forcée, refus des documents d’Etat civil,
assassinats et enterrements dans des fosses communes.
Selon les témoignages des villageois, des dizaines
des leurs ont été froidement assassinés par les militaires pendant ces années
de braise (1989 et 1991) dans les
localités de Sorimalé, Wothy, EL-Azlat, Mbagne, Wending, … ect.
Jusqu’aujourd’hui, aucune enquête n’a été faite pour déterminer les
responsabilités. Au contraire, l’Etat Mauritanien, en se souciant seulement de
couvrir les bourreaux, a promulgué une amnistie en faveur des criminels, qui
profitent jusque-là d’une impunité totale.
A travers cette caravane initiée et organisée par
IRA-Mauritanie, les survivants et les orphelins ont eu l’occasion unique et sans précédant de pouvoir prier sur leurs
morts et de se recueillir sur leur fosse commune situé á 3Km du village dans la
forêt.
La caravane a quitté la capitale Nouakchott dans la nuit de Jeudi à Vendredi avec une
vingtaine de véhicules transportant une
centaine de militants et dirigeants d’autres organisations des droits de
l’homme, notamment TPMN, SOS Esclaves, OMDH,
KAWTALE, Covicim, CJH et CR, ainsi qu’une dizaine de journalistes nationaux.
Les villageois de Sorimalé ont réservé un accueil
chaleureux et enthousiaste á la délégation qui est arrivée sur le lieu Vendredi
á Midi. Prenant la parole devant un
public de plus 500 personnes, le chef du village de Sorimalé, après avoir
souhaité la bienvenue aux pèlerins, a souligné que malgré que cet événement a
eu lieu il y a plus de 20 ans, et malgré leur inoubliable souffrance, ils n’ont
jamais osé venir en masse se recueillir sur la tombe commune de leur martyrs. Il a alors remercié les initiateurs de cette caravane de commémoration historique
qui constitue pour eux une nouvelle lueur d’espoir de voir les bourreaux
traduits en justice pour répondre de leurs forfaits.
Par la suite, les participants ont organisé une
prière et une lecture du courant en
faveur des victimes. Les participants
ont eu droit à des témoignages émouvants qui ont retracé les événements suite
auxquels ces génocides ont eu lieu. Sur le visage des participants, on note
clairement les signes de douleur, tristesse et de sympathie ; beaucoup de
larmes ont coulé chez les témoins et les auditeurs.
Ensuite les représentants des organisations
participantes se sont succédé devant le micro pour donner leurs interventions.
Ils ont tous dénoncé le peu d’intérêt de la part des autorités du pays à ces
malheurs vécus par les populations du sud mauritanien durant les années de
braise, mais aussi et surtout l’impunité accordée á ces militaires racistes et
zélés. Ils ont enfin exigé une enquête indépendante pour mettre la lumière sur
ces exactions extrajudiciaires qui ont laissé des blessures encore
béantes.
La
commission de la communication
24/ 11/
2012
Anne
Oumar Samba, 70 ans, Handicapé à vie, il est né à Sorimalé et a servi la Garde
Nationale pendant 24 ans :
"C’est à ma sortie de prison que je suis devenu ce
que je suis aujourd’hui. Avant j’avais la force de marcher, d’aller et de
revenir. Maintenant, on fait tout pour moi. Chacun est responsable de ses agissements. Du moment que
les malfaiteurs sont connus qu’on les traduise en justice pour connaître la
vérité sur les purges à caractère ethnique, les disparitions et les cas de
torture"
Balla Toure, secrétaire aux relations extérieures d’IRA-Mauritanie : «Pour le
moment les auteurs de ces faits ne peuvent pas être poursuivis par
la justice en raison d’une loi d’amnistie de 1993 votée par le Parlement
mauritanien. Mais la page n’est pas encore tournée. Le
pardon n’est pas non plus à l’ordre du jour. Les victimes et les ayants-droits
demandent la vérité et la justice »
La Fosse commune de
Sorimalé découverte le 18 Décembre 1990 par les villageois, ou repose une
douzaine de victimes, dont seulement 4 sont identifiées: Ly Amadou Oumar né en 1918, Dia Samba Diouldé né en 1918, Diallo Thierno né en 1946 et Ly Abou Mamadou né en 1967. "On a découvert leurs dépouilles
mortelles complètement décomposées et elles ont pu être identifiées grâce à
leurs habits et les talismans qu’ils portaient"
Mouhamed Lamine
Djiba Ba, d’une quarantaine
d’années et originaire de la localite
voisine de Thiodji Ngoulé, explique : « C’est vrai que beaucoup de temps a coulé mais on n’a pas
oublié. Je suis là pour prier pour le repos des âmes des victimes des
évènements de 1989. Mon oncle, Mamadou
Hamady Malal, gardien de champs agricoles, a disparu après les
évènements de 1989. Jusqu’à présent, on n’a pas retrouvé son corps»
Abou Sarr,
Villageois : « Avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz, des militaires victimes d'événements situés dans
la période 1981-2004 (coups d'Etat et purges à caractère ethnique) ont
bénéficié d'indemnisations, dans le cadre du règlement du génocide. Il a
également régularisé des fonctionnaires et agents de la fonction publique
victimes des évènements de 1989.
Ces mesures le pousseront à déclarer à Atar, en août 2012, que "le règlement du passif humanitaire est clos ". Il n’a pas eu de proches parents victimes des évènements de 1989. Il n’a aucune légitimité pour pardonner à notre place. Nous, on veut la justice. Si la Mauritanie est un Etat de droit qu’on fasse la lumière sur ce qui s’est passé dans la vallée »
Ces mesures le pousseront à déclarer à Atar, en août 2012, que "le règlement du passif humanitaire est clos ". Il n’a pas eu de proches parents victimes des évènements de 1989. Il n’a aucune légitimité pour pardonner à notre place. Nous, on veut la justice. Si la Mauritanie est un Etat de droit qu’on fasse la lumière sur ce qui s’est passé dans la vallée »
Ira Mauritanie
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