Translate

lundi 23 décembre 2013

L’Armée mauritanienne ou la nécessité d’exister

 
Lors du »blitzkrieg »mené par la Russie contre la petite Georgie le 8 aout 2008,le président Nicolas Sarkozy avait demandé à Vladimir Poutine de definir enfin les limites du glassis russe qu’il souhaitait reconstituer depuis la chute du mur de Berlin en 1991 et la décomposition de l’URSS.Le maître du kremlin qui semble prendre une revanche sur l’Histoire avait répondu : « Nous nous arrêterons là où s’arrêtera l’Armée russe ! ».Après une absence sans doute dûe à la déconfiture de l’ancien système soviétique, l’ours russe tente de revenir sur la scène internationale en procedant cette fois à l’édification d’une zone d’influence baptisée « union eurasienne » composée d’Etats(Azerbaidjan,Moldavie,Georgie,Arménie,Biélorussie et l’Ukraine) qui jadis faisaient partie de la sphère traditionnelle de la « Russie éternelle »,soit pour des raisons historiques,soit pour des alibis confessionnels.De nos jours la Russie est une puissance europeenne qui pèse sur l’échiquier mondial et ayant sans doute les moyens de sa politique car nantie d’un sous-sol riche en minerais,une technologie de pointe et surtout en matière de defense elle est dotée d’un arsénal nucléaire dissuasif.En effet ce pays dispose depuis le début des années « 50 » de missiles balistiques intercontinentaux capables d’atteindre n’importe quelle contrée du globe,de bombardiers stratégiques à longs rayons d’action,de sous-marins atomiques lanceurs d’engins baignant dans toutes les mers avec la possibilité de frapper leurs cibles tous azimuts à de milliers de km ainsi qu’en stratosphère !C’est aussi le premier pays à avoir defié la  théorie gravitationnelle ou pesenteur en envoyant un cosmonaute dans l’espace.Comme toute nation tangible la Russie tisse la toile de sa diplomatie qui s’inscrit dans une stratégie à court ou long termes en fonction de ses besoins vitaux.Ceci doit être d’ailleurs l’apanage de tout pays crédible, petit ou grand, se souciant de son existence d’abord et ensuite du bien-être de ses populations.Comme on peut le constater la Russie,après un moment de doute,de débacle au sommet,a été sauvée par son Armée avec comme chef suprême un certain Vladimir Poutine,un officier du renseignement !Plus près de nous,cette vision est confirmée par l’attitude des diplomaties marocaine et algérienne par le biais de  leurs deux Armées interposées autour de l’épineuse question du Sahara occidental et qui empoisonne d’ailleurs leurs relations bilatérales depuis plus de trente ans.En effet les deux plus grands pays du Maghreb Arabe,voisins de la petite Mauritanie, trouvent leur compte dans une confrontation durable chacun defendant «son espace vital »avec des arguments inconciliables pour ne pas dire diamètralement opposés.Si le Maroc avance un alibi historique sur les provinces du Sud en feignant de minimiser la richesse  des côtes sahraouies en poisson et le sous-sol en phosphate,l’Algerie,elle, nous gave de la sacro-sainte intangibilité des frontières héritées de la colonisation,du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.Mais les Etats-majors des deux pays ont,sans doute dejà pris en compte leurs interêts stratégiques à long terme.Pour le Maroc le vœu secret c’est d’avoir une arrière-cour qui ouvre sur l’Afrique Noire par l’entregent de la Mauritanie-pays charnière qui constitue,selon les scribes chérifiens, le prolongement naturel de la dynastie alaouite.Quant à l’Algerie,elle a plutôt le souci de proteger et de valoriser le sud du pays où l’algerois,le constantinois,l’oranais habitués à vivre au bord de la mediterranée ou sur des terres verdoyantes du septentrion,detestent servir dans ce sahara lointain même en tant que militaires! Ainsi avoir le peuple sahraoui et ses vingt milles combattants l’arme au pied,à la merci de l’érosion terrestre et de la dictature paternaliste du Front Polisario aux confins de  Tindouf, justement une province encore revendiquée par le Maroc et ayant été l’objet de la « guerre des sables »en 1963,s’avère une aubaine inestimable.Il n’est un secret pour personne que l’Algerie aspire encore à un debouché sur l’océan atlantique par le corridor sahraoui si cette contrée venait d’être independante.Parce que le géant algérien a toujours souffert d’une latente asphyxie de par la proximité à l’Ouest d’un Maroc  héréditairement hostile,à l’Est d’une Tunisie fragile, voisine d’une libye versatile(le printemps arabe vient de le confirmer).La seule possibilité de manœuvre pour Alger est donc verticale, allant du nord au sud et vis versa pour un pays grand deux fois comme la Mauritanie.Il parait évident et pour les raisons ci-dessus évoquées que le règlement du conflit du Sahara Occidental ne soit pas à l’ordre du jour pour les généraux algériens.Au contraire leur penchant velléitaire s’est étendu jusqu’au nord-Mali où,avec leurs alliés locaux,rien ne peut se decider durablement sans leur consentement.Ainsi pour revenir à la guerre du Sahara, il y a pour le moment deux gagnants :le Maroc et l’Algerie ;deux grands perdants :la Mauritanie et le peuple sahraoui qu’il soit de Dakhlé ou de Rabouni.
   Au maghreb,la Mauritanie fait figure de parent pauvre et fragile et la seule institution capable d’élaborer,de prevoir,de parer à l’irreparable c’est encore l’Armée.Mais cette dernière a,depuis sa création en 1961 quand même commis deux fautes majeures.La 1ère c’est la signature des « accords d’Alger » en 1979 où les militaires au pouvoir ont capitulé sans conditions face aux autorités algériennes.N‘oublions pas que c’est  l’esprit de ces « accords » ou diktat qui a été le prélude aux dissensions et aux révolutions de palais au sein de la hierarchie militaire mauritanienne.La guerre du Sahara pour laquelle notre pays a consenti d’énormes sacrifices humains et materiels est desormais refoulée dans l’inconscient profond du mauritanien.Une page noire de notre histoire moderne,humiliante,decevante qui rappelle l’anecdote du « tabassage du griot » !D’ailleurs les accords d’Alger doivent être revus,re-discutés car ne repondant pas aux attentes de notre peuple.Notre diplomatie doit s’activer à tendre la perche à nos frères de Dakhlé ,d’Aioun et de Rabouni au seul dessein de ne jamais laisser se briser la passerelle entre nous.
     La 2ème faute relève des exactions extra-judiciaires de 1990 à l’encontre de militaires negro-mauritaniens par leurs frères d’armes et qui ont fissuré notre cohésion sociale.Les courants nationalistes blanc ou noir sont tenus de deposer leurs «  emblèmes égoistes » dès lors qu’ils doivent penètrer la caserne .On a reproché aux negro-mauritaniens une tentative de coup d’Etat en 1987 ou leur impassibilité lors des évenements de 1989 qui aboutiront à un conflit larvé avec le Sénégal.Est-ce une raison suffisante pour liquider des compatriotes ?Et bien non, car il y a le règlement militaire qui revèle et sanctionne les fautes averées.Que doit faire alors notre Armée en vue de prévenir le vieil adage qui dit : « jamais deux sans trois ? ».Vu les rapports étriqués avec nos voisins du Nord,quelle doit être la nature de nos relations cette fois avec ceux du Sud que sont le Sénégal et le Mali ?Notre Armée peut-elle relever les deux defis  « stratégiques »à savoir préserver l’unité nationale et garantir l’intégrité territoriale ?A-t-elle les moyens humains et matériels qui permettent de concretiser ces deux objectifs indispensables à notre coéxistence pacifique ?
  A suivre dans la 2ème partie incha’Allah.
                                CAPITAINE ELY OULD KROMBELE   IVRY-SUR-SEINE

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire