Biram : les raisons du succès.
Le combat interne, mené par l’IRA, pour une Mauritanie égalitaire et réconciliée
est aujourd’hui internationalement couronné, pour le résultat irréfutable qu’il
a engrangé en seulement cinq années d’engagement ferme. Ce succès motive
davantage les activistes à poursuivre la
lutte pacifique pour un rééquilibrage inclusif des systèmes de gouvernance en
Mauritanie.
Contrairement à ce que pensent certains
compatriotes, malintentionnés et loin de la réalité des droits humains, telles
que perçus dans le monde civilisé, la distinction de Biram par les nations
unies est le fruit d’une lutte citoyenne ayant contribué à des changements
notoires dans la société mauritanienne. Cette lutte inclusive, pour les droits
fondamentaux du citoyen mauritanien, quelque soit sa couleur, son âge ou son
sexe, n’est pas orientée contre une communauté, mais s’attaque à un système de
domination qui favorise une catégorie de citoyen au détriment de la majorité.
Malgré les subterfuges des tenants du
pouvoir, l’action de l’IRA a conduit pour la première fois en Mauritanie, en
2010 et 2011, au jugement et à la
condamnation à des peines de prison fermes, des maitres esclavagistes :
cas Moulmnine Mint Bakar Vall, cadre de banque, condamnée puis relaxée (objet
du dossier N° 1442/2010, dont le procès avait eu lieu
le 16/01/2011), cas de la famille Hassine : le jugement de
la cour criminelle rendu le 20 novembre 2011 a prononcé une seule condamnation
à la prison ferme contre le principal accusé Ahmed Ould Hassine (deux ans de
prison ferme), les co-accusés ont été condamnés à des peines avec
sursis et 840 000 0uguiya à titre de dommages et intérêts. Ould Hassine a été relaxé
quatre mois après le jugement.
Le 28 avril 2012, pour avoir brulé des copies
de livres du code Malékite (véhiculant des thèses favorables à la pratique esclavagiste), Biram a été arrêté
manu militari, avec certains militants de l’IRA. Des manifestions sur l’ensemble du territoire ont
été orchestrées pour demander sa mort. Le but visé à travers l’incinération
symbolique de ce code médiéval a été en grande partie atteint. L’acte de Biram a en effet porté un coup aux
tabous qui entourent la question de l’esclavage et a déclenché un débat national sur les medias et les
Grand-Place, sur cette question cruciale et pour l’effectivité de la démocratie et des droits fondamentaux
en Mauritanie.
Pour contribuer à mettre fin à la campagne de
diabolisation de l’IRA, Biram a mis en place en 2011, un comité de paix, chargé
également de sa protection.
La «Caravane de la Liberté» initiée par l’IRA
en janvier 2013, avait traversé le pays
pour porter un message de paix et d’engagement ferme pour les droits civiques (plus
de 6000 km parcourus). Cette caravane était une révolution idéologique et
religieuse dont l’objectif « est d’ébranler le fondement millénaire de la
société et du pouvoir politique en Mauritanie ». Elle a ainsi permit de
sensibiliser des milliers de mauritaniens sur leurs droits fondamentaux. Biram a
ainsi contribué à l’éveille des consciences sur l’urgence d’une cohésion
nationale, profitable a toutes les composantes nationales.
Le 28 novembre 2011, IRA et ses partenaires
ont mis en œuvre, pour la première fois, le pèlerinage d’Inal, pour rendre hommage à des
centaines de militaires noirs, tués dans le cadre d’une épuration ethnique par
les dirigeants de l’Etat mauritanien. Prétendant défendre l’arabité de la
Mauritanie, ces dirigeants avaient ordonné la pendaison de 28 militaires noirs mauritaniens, le 28 novembre
1990, dans la caserne d’Inal, située à prés de 450 km au Nord de Nouakchott. « Des
sacrifices pour célébrer l’indépendance » avaient dit les tortionnaires.
Biram a initié ce voyage d’appel à la mémoire, à la vérité, à la justice et à
la réparation. Un voyage qui s’est déroulé non sans intimidation et menaces car
les tortionnaires sont encore vivants et occupent des postes clés de l’appareil
militaire et étatique. Ce pèlerinage a été l’occasion pour les veuves et
orphelins de se recueillir pour la première fois sur les fosses communes de
leurs maris et pères.
L’action de Biram contre l’esclavage, le
racisme et pour la justice a en outre contribué :
au lancement d’une initiative des pouvoirs
publique en vue d’identifier les sépultures des militaires tués et l
indemnisation de leurs ayants droit.
à la promulgation d’une loi pour la
réglementation du travail domestique et des bergers.
à la création du haut conseil de la fatwa qui
est une tentative timide de conformer la loi islamique aux droits humains (conséquence
de l’acte d’incinération symbolique du code Malekite).
au recrutement par le pouvoir public de 54
imams haratines et le débarquement d’un fqih (érudit musulman) qui soutenait la
pratique esclavagiste à la radio officielle,
à la création de l’agence Tadamoun, vidée de
sa substance et détournée de sa mission première.
Biram a pris des risques énormes et les prend
encore :
Accusé de
"violation des valeurs islamiques du peuple mauritanien" pour
avoir incinérés des copies de livres du rite Malékite (encourageant
l’esclavage), Biram risquait la peine de mort,
D’avril à septembre 2012, des oulémas, des hommes politiques, des
avocats pro gouvernementaux, ont manifesté pour l’application de la peine de
mort sur Biram et les militants des droits de l’homme emprisonnés
arbitrairement. Lors de ces
manifestations, le président de la république Mohamed Ould Abdoul Aziz,
laisse entendre explicitement à ses interlocuteurs, que l’Islam est supérieur à
la démocratie, que la Mauritanie est un Etat islamique et sous l’injonction de
ses soi-disant religieux, Biram sera sévèrement sanctionné pour violation
des valeurs islamiques.
Après son arrestation, la famille de Biram a
été déguerpie manu militari de la maison qu’elle occupait à Riad. Son épouse
Mme Leila Mint Ahmed et ses enfants se sont installés dans un bâtiment en chantier,
sans eau ni électricité et dépourvu de
portes et fenêtres.
En août 2012, Laila Mint Ahmed a été
interdite de visite, le jour de la fête d’El Fitr, à son mari Biram Dah en
détention à la maison d’arrêt de Dar Naim. En outre les services de sécurité de la prison ont
refusé de recevoir les repas destinés à Biram et aux membres de l’IRA en
détention,
Le 26 mai 2012, l’épouse de Biram est passée
à tabac par la police, lors d’une marche organisée, par des sympathisants de
l'IRA et du mouvement Touche Pas à ma Nationalité. Elle a été internée aux
services des urgences du centre hospitalier national où la police avait refusé
tout accès aux visiteurs.
Biram a été bannie de la fonction publique et
son salaire a été suspendu en février
2012.
En janvier 2012, le comité de la paix pour la
protection de Biram, a contrarié, un policier en civil engagé dans une
tentative criminelle qui visait l'assassinat du président de l'Initiative pour
la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA- Mauritanie). Pris en détention
d'un pistolet de type PA déjà dégainé, les membres du Comité de paix pour la protection
de Biram l'ont tiré de la foule et confisqué son arme avant de le remettre aux
services de sécurité.
Il a été victime de diabolisation à l’échelle
nationale et mondiale : dépeint comme ennemi de l’islam par le pouvoir en
place en Mauritanie.
Les ruses et autres actions «tape à
l’œil » pour masquer la réalité des opprimés, ne serviront à rien. C’est
dans la sincérité et la bonne foi, que les gouvernants doivent développer des
programmes équitables pour combattre les
disparités. Aucun citoyen n’est au dessus de l’autre. Les richesses du pays
appartiennent à tous. Chacun doit pouvoir profiter des opportunités offertes
par son pays. La justice doit s’appliquer à tous et ceux qui ont commis des
actes condamnables doivent y répondre devant les juridictions.
La paupérisation et l’exclusion sont inacceptables,
nous devons tous, nous engager sincèrement pour les éradiquer. Arabo berbère ou
noir, homme ou femme, jeune ou vieux, nous aspirons tous à de bonnes conditions
de vie.
Le prix des Nations Unies pour les droits de
l’Homme au frère Biram, est largement mérité. J’invite mes concitoyens à
soutenir les actions citoyennes des plus courageux parmi nous et à regarder sincèrement
dans la même direction pour construire ensemble un avenir honorable.
Malick Fall
Président d’ONG
Président d’ONG
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