A Madame la Ministre chargée des Mauritaniens de l’extérieur,
Nous vous remercions tout d’abord d’avoir suggéré cette rencontre
avec la Diaspora en votre qualité de représentante des mauritaniens de
l’extérieur. Nous sommes très touchés par votre disponibilité et souhaitons que
cette rencontre permette à tous d’avancer des propositions durables pour
améliorer les démarches administratives des citoyens mauritaniens de
l’extérieur.
Problèmes du recensement
L’objet de notre démarche touche des dizaines de milliers de
citoyens mauritaniens en Europe et dans le monde. A l’occasion de votre
présence, la Diaspora Mauritanienne en France se permet de vous exposer les
problèmes rencontrés par les citoyens mauritaniens.
Historique du recensement en Mauritanie
Comme vous le
savez déjà, le recensement de la population lancé le 28 novembre 2010 en
Mauritanie par le Gouvernement en vue de doter notre pays d’un fichier
d’état-civil plus fiable dans le prolongement de celui de 1998.
C’est dans ce contexte qu’une commission de recensement a été
créée en France. Cette commission logée dans les locaux de l’Ambassade de
Mauritanie a commencé ses opérations d’enrôlement sans délivrer auparavant des
convocations. Venus en famille de toute la France et de l’Europe pour enrôler
tous ses membres, les compatriotes mauritaniens patientent très souvent dès 6
heures du matin alors que seule une cinquantaine de personne ne sera reçue et
enrôlée par jour ouvrable. Les autres sont renvoyés chez eux sans explications
et sans proposition d’un rendez-vous. Cette longue attente et le nombre
important de candidats à l’enrôlement occasionnent de la gêne sur la voie
publique et un mécontentement croissant à la fois des mauritaniens et des
riverains envers l’Ambassade de Mauritanie qui n’a pas été en mesure de
présenter une organisation et des informations claires pour apaiser la
situation.
Conditions exigées
Les conditions exigées pour l’enrôlement des mauritaniens de
France et d’Europe ne nous paraissent pas acceptables parce que ladite
Commission exige pour procéder à l’enrôlement, que le candidat soit en
possession d’une carte de séjour établie par les autorités du pays dans lequel
il réside. Or nous considérons que le citoyen en possession d’un passeport,
d’une pièce d’identité ou même d’une copie intégrale établie valablement par
des autorités mauritaniennes compétentes doit pouvoir se faire recenser
d’autant plus que ce dernier se déroule dans l’enceinte même de l’Ambassade de
la Mauritanie. La question est de savoir : comment un pays qui, pour
justifier de la véracité des documents qu’il a lui-même établis, doit demander
le titre de séjour d’un pays étranger ? Ce qui nous permet aujourd’hui de
nous interroger sur l’indépendance de notre administration nationale.
L’exigence de la carte de séjour a en effet pour conséquence
d’écarter du recensement de catégories entières de mauritaniens :
Les mauritaniens dont les titres de séjour sont en cours de
renouvellement, ne pourront retirer leur titre de séjour parce qu’ils n’ont pas
encore le nouveau passeport faute d’avoir été recensés auparavant ;
Les mauritaniens qui n’ont pas de titres de séjour, disposant de
pièces d’identité valablement établies par les autorités mauritaniennes.
Nous constatons avec regret que dans l’état actuel, ce recensement
vise à écarter le maximum de mauritaniens du registre de l’Etat-civil donc à
terme, de nous priver de la nationalité mauritanienne pour devenir malgré nous
des apatrides. Nous avons identifié beaucoup de compatriotes mauritaniens qui
ne peuvent plus voyager faute de passeport, d’autres qui devraient renouveler
leur titre de séjour en France et qui vont par conséquent tomber dans la
clandestinité avec toutes les conséquences qui en découlent.
Nous craignons que ces conséquences en particulier ce statut
d’apatride se répercutent sur nos enfants qui au terme de ce processus
d’enrôlement pourront perdre leur droit à la nationalité mauritanienne. Nous ne
pouvons pas accepter que l’Etat Mauritanien refuse de recenser les enfants
mauritaniens nés de parents mauritaniens en France ou ailleurs car ce
recensement est lié à une affiliation parentale. Il s’agirait d’une remise en
cause de la nationalité des mauritaniens nés à l’étranger et donc le droit de
sang. C’est de plus une infraction au code de la nationalité puisque pour qu’un
enfant se recense, il faut que ses parents s’enrôlent.
Le recensement des mauritaniens de l’extérieur dans leurs pays de
résidence n’est pas une faveur. Il s’agit d’une question de justice, d’équité
et d’égalité de traitement entre tous les citoyens mauritaniens de l’intérieur
ou de l’extérieur du pays.
Problèmes des étudiants et revalorisation de la bourse
d’étude
Nous estimons qu’il est important d’attirer votre attention sur
les problèmes rencontrés par les étudiants mauritaniens à l’étranger afin que
ces derniers ne soient pas lésés par la Commission Nationale de Bourse.
Le taux d’attribution est très faible par rapport non seulement au
nombre de demandes, mais aussi au budget alloué.
Le montant alloué est très
faible pour des jeunes qui ont quitté leur pays d’origine. Une des principales
difficultés des étudiants demeure liée au manque de moyens financiers. En
quittant leur pays avec l’espoir d’avoir de meilleures opportunités, ils se
heurtent le plus souvent à la cherté de la vie dans le pays d’accueil. La
revalorisation de la bourse d’étude s’avère nécessaire pour permettre aux
bénéficiaires de poursuivre leurs cycles universitaires dans de meilleures
conditions.
Absence de consulat : incidence dans les démarches
administratives courantes
La
création d’un ministère chargé des mauritaniens de l’extérieur est une bonne
initiative que nous saluons car cette décision permettra de replacer les
préoccupations des mauritaniens de l’extérieur au cœur de la politique
nationale et internationale du pays.
Dans la pratique, la protection des ressortissants revient de fait
aux consulats. Malheureusement le consulat de Mauritanie autrefois installé à
la rue Cherche midi à Paris 6ème a été supprimé. Nous souhaitons le
rétablissement du consulat qui nous permettra de régler rapidement les
procédures administratives.
Fait à Paris, le 5 avril 2014,
L’Organisation des Travailleurs Mauritaniens en France et la
Diaspora
Contacts:
Sao Ousmane : Tel: 06 16 78 90 81 /
(faawru@yahoo.fr) ou
Sidibé Moro : Tel : 06 52 91 58 69 / (morosidib@yahoo.fr)
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